FerveurLyonnaise
·14. November 2024
FerveurLyonnaise
·14. November 2024
L’Olympique Lyonnais s’apprête à vivre un véritable tournant pour son avenir dans les prochaines heures. Le club, par le biais de son président et actionnaire américain John Textor est convoqué devant la DNCG ce vendredi. Avec une situation financière catastrophique et une dette d’un peu plus de 500 millions d’euros, l’OL risque très gros et pourrait suivre le même chemin de croix que les Girondins de Bordeaux…
Club coté en Bourse, l’OL où plutôt ‘Eagle Football Group’ anciennement ‘OL groupe’ est dans l’obligation de rendre public ses résultats financiers. Jeudi dernier, un peu après 23 heures, le groupe a publié des informations concernant sa gestion financière et malheureusement aucune amélioration, c’est même tout le contraire. Déjà endetté depuis de nombreux mois, la situation ne fait qu’empirer et aujourd’hui la dette totale s’élève à 505,1 M€ au lieu de 458,4 M€ précédemment. Pour rappel, en 2019, la dette ‘d’OL Groupe‘ s’élevait à 244 millions d’euros, autrement dit une augmentation vertigineuse pour le groupe détenu par John Textor.
Des chiffres qui font peur, mais qui sont loin de surprendre Vincent Chaudel invité de l’After Foot sur les ondes de ‘RMC’ : « Ce n’est pas une surprise. Les chiffres sont têtus, c’est forcément inquiétant. La situation était déjà inquiétante avant même que John Textor ne prenne la main sur le club. Il a mis beaucoup d’argent dans le rachat et plus dans le sportif. Ça a créé une spirale négative. On est rentré dans un cercle vicieux », révèle le directeur de l’Observatoire du Sport Business. Une analyse qui fait froid dans le dos pour un OL qui doit rapidement trouver des fonds pour tenter de sortir la tête de l’eau et commencer à redresser la barre sous peine de grosses sanctions.
Détenu par le groupe et la holding américaine ‘Eagle Football Group’ depuis la vente de Jean-Michel Aulas à John Textor, l’Olympique Lyonnais fait partie de la galaxie Eagle. Une galaxie, groupe composé de deux autres clubs, le RWD Molenbeek en deuxième division belge et Botafogo au Brésil et en multipropriété. Si l’OL est aujourd’hui en grand danger, c’est toute la pyramide ‘Eagle’ qui est menacée. Racheté en grande partie avec l’aide d’un fonds d’investissement américain, très célèbre du nom d’Ares Management, l’OL et John Textor doivent désormais rembourser leur prêt. Les deux parties ont même un accord comme annoncé par ‘Eagle Group’ dans un communiqué. « Il y a des apports de 75 millions d’euros d’ici fin décembre 2024 sous la forme de capitaux propres et/ou de produits de cessions de joueurs détenus par des clubs du groupe d’Eagle Football Holdings. L’apport d’un montant maximum de 100 millions d’euros en début d’année 2025 de la part d’Eagle Football Holdings et la réalisation de cessions de joueurs lors du mercato de janvier 2025. » Peut-on lire.
Un engagement suffisant pour éviter un destin similaire à celui des Girondins de Bordeaux ? « On ne peut pas prendre l’exemple de Bordeaux, car c’est une situation où il y a plus d’actifs », rappelle Vincent Chaudel. « Le rachat ne s’est pas fait qu’avec des fonds de John Textor, il y a eu des créanciers. Quand on commence à leur devoir de l’argent, ça met de plus en plus de pression. Le fait d’avoir des actifs (le Groupama Stadium pour l’OL), ce que Bordeaux n’avait pas assez, peut sauver Lyon. 500 millions d’euros de dettes, c’est colossal. Rappelons-nous que le Barça, il y a deux ans, c’était 1,3 milliard de dettes. La différence entre ce qu’a fait le Barça et l’OL est qu’ils ont vendu une partie de leurs actifs, sans tout vendre. Si on prend le cas de l’OL, ils se sont séparés de la section féminine, de la LDLC Arena et il ne reste plus que le stade » explique-t-il brièvement. Si Textor est en grande partie responsable, on peut cependant le dédouaner concernant les droits TV et la gestion absolument catastrophique de la Ligue cet été qui a mis de nombreuses équipes de Ligue 1 et Ligue 2 dans le pétrin financièrement.
Vous l’aurez compris, les comptes de l’Olympique Lyonnais sont dans le rouge vif et la situation est aujourd’hui critique. Récemment vainqueur du derby face à l’AS Saint-Etienne dimanche soir, Lyon pourrait très clairement recevoir une énorme sanction. Comme indiqué il y a quelques heures sur nos réseaux sociaux, John Textor et son directeur général Laurent Prud’homme sont attendus ce vendredi devant la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), pour faire simple le gendarme financier du football français. Le traditionnel entretien de mi-saison pour se pencher sur les comptes du club et valider ces derniers pour la suite de la saison. Au vu de la situation actuelle, la DNCG pourrait frapper très fort et infliger de lourdes sanctions.
La plus « légère » concerne l’encadrement du recrutement et de la masse salariale et peut aller jusqu’à la relégation à titre conservatoire en fin de saison (une descente en Ligue 2 voire National), si l’argent n’est pas trouvé d’ici la fin de saison. « Vu la volatilité des recettes, la vraie question, c’est la capacité d’Eagle à rembourser la dette. Ils ont des charges récurrentes énormes, une structure de coûts très élevée, le poids de la dette est disproportionné. Il faudrait qu’un apport de cash réduise la dette et les frais financiers, pour permettre un répit. Mais l’exploitation va rester tendue, même avec cette réduction, le club reste en perte. » Explique un expert de la finance forcément inquiet pour l’avenir.
En gros, la DNCG veut voir du concret et les Rhodaniens devront transmettre des garanties et non des hypothèses. L’OL doit trouver de l’argent et un apport d’une somme comprise entre 100 et 200 millions d’euros afin de pouvoir rassurer une DNCG qui ne devrait pas se montrer clémente. John Textor doit assurer l’instance de la pérennité financière de son club. Pourtant, « bien qu’optimiste » quant à sa stratégie, Eagle Football Group précise qu’un échec de celle-ci pourrait « remettre en cause le principe de continuité d’exploitation de la société et de ses filiales. »
Actuel cinquième du championnat de France avec 18 points en 11 journées et bien parti pour assurer sa qualification en barrage de l’Europa League voire en huitième de finale, l’OL doit rapidement trouver des solutions.
La première alternative concerne la vente de joueurs et donc se séparer des plus grosses valeurs marchandes comme Malick Fofana ou encore Rayan Cherki, mais rien ne garantit que l’enveloppe sera suffisamment conséquente. « Quand tout le monde sait que vous devez vendre, c’est rarement là que vous faites les plus belles ventes. Ceux que vous allez vendre sont ceux qui ont une valeur marchande, donc une valeur sportive », complète Vincent Chaudel. Le hic, c’est qu’en cas de départ de ses meilleurs éléments au mercato, l’OL toujours dans l’obligation de retrouver la Ligue des champions (environ 20 millions d’euros) en fin de saison se tire une balle dans le pied et l’objectif européen dans un championnat compétitif s’éloigne. Des départs pour permettre également d’alléger la masse salariale en constante augmentation.
Une autre solution ou du moins celle envisagée par John Textor est de procéder à un plan social d’envergure. Ainsi, ‘Tex 44’ comme il se surnomme sur son maillot voudrait licencier entre 90 et 120 salariés et ce plan est déjà en cours. Réduire le nombre de salariés pour limiter les coûts. Une option très clairement discutable et qui ne sauvera pas le club pour autant, alors que le club devait également verser de l’argent à certains prestataires, il y a encore quelques semaines.
Une autre solution qui pourrait permettre au club de redresser la barre concerne les actifs. Depuis son arrivée à la tête de l’OL, John Textor a tout liquidé. La vente de la LDLC Arena à Jean-Michel Aulas, celle de la section féminine à Michele Kang ou encore celle d’OL Reign, le club féminin détenu par l’OL aux Etats-Unis et désormais propriété d’un nouveau groupe. Reste un dernier actif et le plus important, à savoir le Groupama Stadium. Pour trouver de l’argent rapidement, le patron d’Eagle pourrait donc mettre en vente le stade où du moins une grande partie de celui-ci. Une option également pointée du doigt et qui devrait faire grincer des dents, alors que le Groupama, projet de vie de ‘JMA‘ n’a toujours pas été remboursé à 100 %.
John Textor dispose également d’une solution annexe au sport. Détenteur de trois clubs et actionnaire minoritaire de Crystal Palace en Angleterre, « Johnny la magouille » a pour objectif d’intégrer la Bourse de New York au premier trimestre 2025. Toujours à la recherche d’un club anglais, il était candidat pour le rachat d’Everton avant que le propriétaire des Toffees ne se tourne vers un autre profil. Un échec de plus d’autant que Textor n’a toujours pas trouvé preneur pour la vente de ses parts à Palace (45 %), dont il est minoritaire et dont il espère récupérer environ 200 millions d’euros. Vendre ses parts pourrait permettre de gagner un peu de temps, mais qui aujourd’hui va payer autant et investir de l’argent dans un club où il ne sera pas le principal décisionnaire ?
La dette colossale de la holding ‘Eagle‘ n’aide pas non plus à convaincre les commissaires des comptes de valider l’entrée à la Bourse de New York. Pour en avoir le droit, il faut respecter un cahier des charges très strict et aucun passe-droit n’existe. « Les commissaires aux comptes du groupe envisagent d’émettre une impossibilité de certifier sur les comptes sociaux et consolidés d’Eagle Football Group. » Une phrase prononcée par le groupe et qui laisse très clairement dubitatif sur la possibilité ou non de répondre favorablement aux critères pour intégrer la Bourse. Une entrée qui pourrait générer 600 millions de dollars de capitaux propres, ce qui permettrait de stabiliser les comptes du groupe américain et de sauver l’OL.
L’avenir de l’Olympique Lyonnais semble bel et bien s’assombrir. Cependant, le club pourrait tout de même être ‘sauver’ par ‘Ares Management.’ Banque d’investissement (qui pèses des milliards) à l’origine des prêts contractés par John Textor, cette dernière pourrait ainsi décider de mettre un terme au contrat, accord passer avec Textor pour défaut de paiement et prendre le contrôle du club rhodanien. Une solution en dernier recours, mais qui permettrait à Lyon de se débarrasser de la sangsue Textor qui aimerait également mettre un terme à ce contrat avec Ares pour retirer définitivement cette épée de Damoclès qu’il a toujours au-dessus de la tête.
Malgré tout, Ares n’a pas vocation à gérer le club et devrait aussitôt chercher un repreneur. Spécialisé dans la finance et la restructuration de dettes, Ares devra gérer l’OL en plaçant de nouvelles personnes à sa tête et envisager un système low-cost, comme ce fut déjà le cas par le passé avec l’AC Milan ou le LOSC. Pour faire simple, si Ares reprend les commandes, l’objectif sera de laisser un club plus sein, présentable pour trouver un nouvel investisseur, mais avec des ambitions sportives moindres. Outre l’histoire avec Ares, l’OL doit aussi penser très sérieusement à son passage devant la DNCG ce vendredi qui pourrait bien faire preuve de sévérité.
Il se murmure que l’homme d’affaires originaire du Missouri reste optimiste et que ‘Eagle‘ annonce l’arrivée de 75 millions d’euros d’apport d’ici fin décembre 2024 « sous la forme de capitaux propres et/ou de produits de cessions de joueurs détenus par des clubs du groupe d’Eagle Football Holdings. » Un premier pas positif suffisant pour convaincre la DNCG ? Réponse dans moins de 24 heures sous peine d’assister à une immense catastrophe pour un club historique du football français…