Stéphane Lamant (Dinan-Léhon) : "Mes joueurs font 35 heures et s'entrainent le soir de 19h30 à 21h" | OneFootball

Dinan-Léhon a battu les Girondins de Bordeaux au match aller (2 buts à 1), et se déplace au Matmut Atlantique ce samedi à 18h pour la 18e journée de National 2. L'entraîneur Stéphane Lamant se livre sur cette rencontre et nous présente son club, et son fonctionnement avec enthousiasme. C'est le Grand Format N2.

Entretien à écouter en podcast ou sur notre chaîne YouTube.

WebGirondins : comment abordez-vous ce déplacement à Bordeaux ?

Stéphane Lamant : Sans crainte particulière. C'est un bon match à jouer pour août. On est très contente de pouvoir aller jouer dans des conditions particulière. C'est un match à part. On est dans la peau de tous les adversaires des Girondins qui ont fait ce déplacement. On est un petit club avec un budget restreint. Bordeaux sera le seul déplacement de l'année où nous partons la veille du match, car il y a 6 heures et demie de car.

"Je suis cadre bancaire au Crédit Agricole"

Comment organisez-vous vos entraînements avec des joueurs qui travaillent à côté du football ?

L'année dernière, sur un groupe de 23 joueurs, 22 joueurs travaillaient. Cette saison, nous avons 5 joueurs en alternance, et 18 qui travaillent, staff compris. Je suis cadre bancaire au Crédit Agricole, l'entraîneur adjoint travaille dans la commune, et l'entraineur des gardiens est pompier professionnel.

Vous étiez la meilleure attaque de la poule l'année dernière. Cette saison c'est différent. Comment l'expliquez-vous ?

Cela fait 8 ans que l'on termine dans les meilleures attaques du championnat, que ce soit en N3 et N2. J’aurais bien aimé continuer cette saison. Si on avait été plus adroit, je peux vous assurer que nous serions dans les 5 meilleures attaques du championnat. On n'a pas été efficace offensivement. Sur le plan défensif, on a perdu nos deux capitaines qui sont partis. Donc, nous avons dû reconstruire l'aspect défensif. On a progressé et je cherche l'équilibre comme tous les coachs. Il faut rappeler que cette saison, le niveau de la N2 est monté d'un cran avec la refonte des championnats Nationaux. Les matchs sont tous difficiles pour nous, et on s'accroche. On fait avec nos moyens en défendant un peu plus.

Vous êtes meilleure à l'extérieur cette saison

Oui, c'est surprenant. À la maison on a gagné face à Bordeaux et Bourges. Il faut rappeler qu'il y a deux ans, on a été invaincu à domicile pendant 18 mois. Cette année on a beaucoup travaillé sur l'organisation des matchs à l'extérieur : alimentation, échauffement, etc.

"On se structure doucement sans se mettre en danger"

Bravo à votre club pour cette belle qualification en Gambarella face à Brest

Merci pour nos jeunes et la Gambardella. C'est une vraie performance que nous avons réalisée. Cette génération joue ensemble depuis plus de 10 ans et arrive à maturité. C'est un beau clin d'œil pour notre club, merci de l'avoir noté.

Le niveau augmente, la Ligue 3 pointe son nez, comment votre modèle peut perdurer avec des joueurs qui travaillent à côté du football ?

C'est dur pour nous. Mes joueurs font 35 h et s'entrainent le soir de 19h30 à 21h, trois fois par semaine. C'est un modèle qui ne pourra pas tenir dans le temps quand on voit comment nos adversaires se préparent. Le club grandit et le niveau est important. Donc, on essaye de ne pas faire n'importe quoi. On a longtemps hésité à accepter la montée en N2 il y a deux ans. Finalement, on a structuré le club en achetant un car, en construisant une salle d'échauffement, on a investi dans de la cryo. Ce sont des choses pérennes pour le club. On n’investit pas dans les salaires. On a aussi recruté un préparateur physique. Nous avons aussi renforcé l'administratif pour nous solidifier.

On est passé en deux saisons d'un budget de 550 000€ à presque 1M€ aujourd’hui. On se structure doucement sans se mettre en danger. Ce sont des chefs d'entreprise qui pilotent le club, et, comme cadre bancaire, je gère du risque. Nous sommes structurés. On a aussi un terrain hybride grâce à la mairie qui fait des efforts. Nous mettons beaucoup d'engagements.

Dans ce groupe de National 2, c'est le grand écart structurel entre les clubs, comme par exemple, entre vous et Saint-Malo.

Saint-Malo avait l’année dernière 4 fois notre budget, aujourd'hui c'est 3 fois notre budget. Ils ont des salariés, une équipe féminine en deuxième division, tous les joueurs sont sous contrat à s'entrainer, le staff est composé de 9 personnes avec des entrainements filmés avec des drones. On est sur une autre dimension. Nous le matin même, je ne sais pas sur quel terrain je vais jouer. Nous sommes dans l'adaptabilité, c'est aussi notre charme et notre force. On est content d'être ici, et on a de l'ambition, la preuve, la saison dernière, on termine à la 5e place.

Avez-vous des absents pour cette rencontre ?

Les Girondins c'est un club pro en National 2. Il n'y a pas de sujet. C'est un plaisir de venir pour nous au Matmut. De plus, nous sommes fortement diminués pour ce déplacement. J'ai des absents, des suspendus. Des joueurs ont dû poser une journée de congé pour venir jouer, au départ, ils étaient incertains. C'est un match de Coupe de France pour nous. Notre ambition est de les faire déjouer, et qu'ils ne fassent pas un bon match. On mettra cette stratégie en place.

Un joueur bordelais vous impressionne-t-il dans l'équipe ?

Je ne retire pas d'individualité. Je vois surtout un collectif qui joue ensemble. Je suis impressionné par leur puissance athlétique qui peut faire toute la différence. Ils ont basculé dans l'état d'esprit, cela à démarrer avec la construction. Chapeau au coach de l'avoir fait dans le calme. Aujourd’hui, ils ont basculé et ils sont en mission. J'ai beaucoup aimé Louveau au match aller, et aussi Malhory Noc.

N.P et l'équipe du Talk et socios

À lire >> N2. Édouard Daillet (Saint-Malo) : "On doit inverser la tendance, c’est tout"