Wahbi Khazri : droit de réponse | OneFootball

En début de semaine dernière, le milieu offensif tunisien s’offrait deux sorties cinglantes dans les médias. En l’espace d’une interview écrite auprès de l’Equipe et d’une invitation au micro de Jérôme Rothen sur RMC, Wahbi Khazri a très explicitement répondu aux critiques, alternant entre des argumentations factuelles et des justifications bancales.

Certes, monsieur Khazri, la carrière est aboutie : une admirable longévité en Ligue 1 mise en lumière par quelques buts fantasques, le cap des 300 matchs disputés, mais aussi un passage en Premier League, des matchs d’Europa League et des même des réalisations en Coupe du Monde.

Avec un CV éloquent, la réponse aurait du être donnée sur le terrain, une telle intervention dans les médias sonne plutôt comme un échec. Dommage, car la promesse était belle et la concurrence a rarement été rude, si on écarte le débat sur un positionnement préférentiel plus axial. Il est d’ailleurs surprenant de voir que les deux actuels parias de cette équipe sont les deux supposés meneurs de jeu se disputant un unique fauteuil depuis 3 saisons.

Non, l’actuel numéro 10 du MHSC n’est pas “le principal artisan de la descente”. Mais quel manque de classe de la part de celui à qui on peut continuer à reprocher beaucoup de choses ne serait-ce que sur le terrain ; celui dont le rendement a fait grincer des dents dès son arrivée. Ce n’est pas faute d’avoir été patient avec ce joueur sur ce site, en ayant vite pris conscience qu’un manque de rythme et des matchs disputés sur l’aile ne servaient pas ses qualités. Mais saison après saison, les opportunités s’accumulent et les statistiques parlent d’elles-mêmes : inoffensif, hors tempo, le meneur de jeu s’est plus souvent illustré par son indiscipline. Le bilan est affligeant, puisqu’au cours de son séjour en Hérault Khazri a été plus souvent sanctionné (16 cartons jaunes et 1 rouge) que décisif (6 buts, 3 passes décisives).

Crédit Pierre Costabadie / Icon Sport

Ce mélange de caractère et de manque de réussite a été particulièrement observable lors de son dernier match à la Mosson. Dans le blockbuster qui s’écrit dans sa tête, l’esseulé vilain petit canard se voyait peut-être concrétiser sa seule action dangereuse et faire taire les critiques d’une célébration charismatique à hauteur de la performance. Il n’en est rien : sifflé pour son entrée, Khazri n’a pu qu’afficher un sourire narquois et jouer tant bien que mal à agacer les foules sans rien concrétiser, malgré une envie flagrante mais assez pathétique de faire parler l’orgueil balle au pied.

De quoi nourrir des regrets, car en inscrivant son unique but de la saison contre Brest pour le match anniversaire du club, délivrant un temps le MHSC d’une menace de descente, le joueur avait manifesté une joie palpable et s’était empressé d’étreindre Laurent Nicollin. Cette scène d’attachement paraît désormais très loin, même si notre président conserve la sympathie du tunisien.

Au final, cette sortie ne fait que conclure un passage fade dans l’Hérault. Quelques images resteront en mémoire, mais, malheureusement, pas de compilation de buts ou de dribbles fantasques. Plutôt les souvenirs décevants d’un joueur marchant sur la pelouse de Pau pour son premier match de coupe de France avec le MHSC, désintéressé du scénario alors que les contre-performances pailladines commençaient déjà à devenir récurrentes et n’auguraient rien de bon. Après de fréquents gestes d’humeur et attitudes négatives, c’est maintenant un je-m’en-foutisme navrant qui fige les dernières minutes de Khazri sous le maillot orange et bleu. Délibérément souriant et détendu dès le match qui suivit l’officialisation de la descente, l’international tunisien passe donc du coq à l’âne en jouant la grande gueule dans les médias mais en restant muet sur le terrain chaque week end.

Crédits Iconsport

En synthèse, non Wahbi Khazri, vous n’êtes pas le bouc émissaire. Vous êtes le symbole d’un club qui a fait beaucoup d’erreurs, de dépenses évitables, vous êtes l’un des joueurs les mieux payés et les plus susceptibles d’inscrire un but au sein d’une équipe qui ne marque jamais, vous êtes tout simplement au même titre que tous les autres l’un des joueurs de la Paillade reléguée lors de la saison censée célébrer 50 ans d’existence. Vous avez pourtant déjà vécu cette situation sportive et la dignité aurait voulu opter pour une déclaration patiente et décente en fin de saison, à l’issue d’une relégation douloureuse pour beaucoup. Vous auriez également pu montrer un regain de fierté avec une quelconque contribution offensive.

Le Montpellier Hérault n’a pas la dimension ni la rigueur d’un cador, tout n’y est pas réalisé dans les règles de l’art, et les imperfections font l’identité de ce club. Joueurs et entraîneurs y découvrent une affection parfois intense qui peut aussi rapidement tourner au vinaigre. Pourtant, ceux qui ne se cachent pas et qui savent prouver leur attachement au club ne sont jamais vraiment oubliés et gardent l’estime du peuple orange et bleu. A l’image, simple exemple, d’un certain Michel Der Zakarian… ça vous parle ?

D’autres ont plus déçu que vous, d’autres se sont plantés en venant chez nous, d’autres ont même réussi à laisser un plus mauvais souvenir pour leurs derniers instants passés à Montpellier. Mais qui peut prétendre avoir été aussi bien payé ? Avoir autant manqué de classe ? A l’inverse, rares sont les joueurs qui ont participé à une relégation du MHSC. Attachés à certaines valeurs et habitués aux relations compliquées, les supporters pailladins préfèreront sûrement se remémorer des joueurs moins insipides lorsqu’ils penseront à tous ceux passés par Montpellier depuis 50 ans.