Amiens SC : « Une équipe entreprenante », « une communion » avec le public – Caen, le point de bascule de la saison ? | OneFootball

Ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune ici Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, retour sur la précieuse victoire contre Caen (2-1), la lanterne rouge du championnat.

Bruno, êtes-vous pleinement rassuré après la victoire de l’Amiens SC, une victoire importante dans l’optique du maintien ?

Le problème avec l’Amiens SC, c’est qu’être rassuré est un doux euphémisme. Cette victoire est rassurante sur ce match. Mais peut-on être forcément rassuré en prévision des matches à venir ? Je me garderais bien de le dire. On s’est souvent trompés avec cette équipe qui nous habitue au chaud comme au froid.

Avez-vous ressenti cette notion de match de la peur, avec un parfum particulier, une forme de tension ?

On a vu un scénario classique. C’est-à-dire une équipe qui est dans l’obligation de gagner, qui a été d’une extrême prudence, Caen. Et l’Amiens SC a joué avec ses vertus. En première mi-temps, les deux équipes jouaient à deux à l’heure, personne ne voulait vraiment se découvrir. Et comme attendu, le match s’est débridé après le premier but. Peut-être aussi parce que les équipes étaient au courant des résultats. Puis, Caen a lâché ses dernières forces dans le dernier quart d’heure de la deuxième mi-temps, laissant un peu plus d’espaces. Amiens a également montré qu’il fallait plus que de l’envie et de l’engagement physique pour gagner ce genre de match. On a vu une équipe bien en place, qui occupait les trois zones du terrain. On a aussi vu du talent sur le deuxième but de Nordine Kandil, bien servi par Kylian Kaïboue.

L’entraîneur de Caen estime que son équipe a offert les deux buts à Amiens. Partagez-vous cet avis ? Estimez-vous que les hommes d’Omar Daf ont été chercher le match ?

On sent quand même une équipe de Caen au fond du trou. Bien sûr, il y a des joueurs de qualité. Maintenant, dans l’engagement, dans l’envie, j’ai l’impression qu’ils n’ont plus trop envie de faire les efforts. Ce sont aussi des joueurs habitués au combat pour les premières places. Là, il faut combattre pour sa survie. Je ne sais pas si ces garçons-là ont encore assez d’énergie mentale pour se battre. Au mieux, je pense qu’ils peuvent finir barragistes. Maintenant, Amiens a aussi su forcer la décision en étant une équipe entreprenante, notamment en seconde période. Amiens ne s’est pas contenté de laisser venir son adversaire le harceler pendant 90 minutes, comme on a pu le voir dernièrement.

A défaut de pas décisif, peut-on parler de pas très important dans la course au maintien ?

Oui. D’autant qu’on a revu des joueurs faire surface, comme Nordine Kandil. A partir du moment où on ne demande pas à ce genre de joueurs de défendre à outrance, je pense aussi à Antoine Leautey, on voit leurs qualités. Ils étaient davantage dans leur élément. Sur ce match, on a d’abord vu une équipe d’Amiens sérieuse, appliquée défensivement. Ensuite, elle a su forcer son destin pour aller chercher un résultat important dans la course au maintien.

L’autre point positif de cette soirée, c’est l’opération reconquête du public qui s’effectue avec une victoire, dans un stade de nouveau vivant…

Franchement, on a parfois été, moi le premier, assez dur avec tout ce qui tourne autour de la direction et de ses agissements. Là, on peut reconnaître qu’ils ont bien fait les choses. Je pense que cette cloche résonne encore dans toutes les têtes. C’était une bonne idée, une bonne initiative de la part du club. Grâce à ça, on a vu des gens réagir, mettre l’ambiance. Cela fait du bien d’avoir assisté à un match dans une ambiance agréable au stade de la Licorne. On aimerait voir ça plus souvent, encore plus avec le résultat au bout. Le temps d’un match, tout le monde a laissé tomber les rancoeurs et les griefs qui faisaient que l’ambiance était morose. Cela pouvait peut-être avoir de l’influence sur la manière d’appréhender les matches chez les joueurs. On a vu une communion, je m’en réjouis.

Comment voyez-vous la fin de saison de l’Amiens SC, qui a encore sept matches à disputer après la trêve internationale ?

Déjà, on pense toujours que la trêve va faire du bien aux joueurs, qu’ils ont besoin de se reposer. Force est de reconnaître que, depuis quelques temps, deux saisons tout du moins, les trêves apportent leur lot de soucis et de problèmes, avec des joueurs qui partent en sélection. Maintenant, partir en trêve sur une victoire a donné du baume au coeur à tout le monde. Je pense aussi au personnel du club, qui en avait besoin pour mieux respirer. Il faut désormais essayer de surfer là-dessus et préparer dans les meilleures conditions possibles le déplacement à Clermont, une équipe qu’on n’attendait pas non plus à cette place. Au match aller, on peut dire qu’il nous avait tenus la dragée haute. Le succès d’Amiens était un peu heureux. La semaine à venir doit permettre à tout le monde de respirer un peu avant d’aller vite chercher les points pour assurer le maintien.

Louis Mafouta une « ténacité » saluée mais…

Anthony Bibard/FEP/Icon Sport

Fil rouge de la saison de l’Amiens SC, Louis Mafouta n’a toujours pas mis fin à sa série noire devant le but. Pour autant, le numéro 9 a délivré une nouvelle passe décisive pour Antoine Leautey. A son sujet, Bruno Paris demeure toujours très réservé. « On l’avait vu très touché, sur le banc, lors du match contre le Red Star. Le retrouver sur le terrain contre Caen, une semaine plus tard, ça prouve quand même sa ténacité. Il s’est battu comme un lion, il a eu le bonheur d’adresser un centre qui est relativement facile. Cela reste quand même insuffisant pour un buteur qu’il doit être. On l’a encore vu rater des contrôles, des frappes. Ce n’est clairement pas sa saison, même s’il compense tout ça par une grosse débauche d’énergie. Cela reste quand même un 21e match sans marquer dans le jeu. »

Propos recueillis par Romain PECHON

Retrouvez Bruno Paris et l’ensemble des polémistes de La Tribune ici Picardie ce lundi dès 18 heures.

Crédits photo : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport