Dans l’intimité des Pailladins #3: Téji Savanier, des hauts et débat | OneFootball

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·19 December 2024

Dans l’intimité des Pailladins #3: Téji Savanier, des hauts et débat

Article image:Dans l’intimité des Pailladins #3:  Téji Savanier, des hauts et débat

De plus en plus critiqué par les supporters du MHSC, Teji Savanier semble avoir amorcé un déclin sportif qui coïncide avec la dernière place de l’équipe en Ligue 1. Crédité d’un 5 dans L’Équipe contre Nice (2-2), c’est comme si « TJ » ne mettait plus tout le monde d’accord. Problème ou solution ? Le débat fait rage autour du capitaine pailladin.

C’est l’histoire d’un enfant du club à l’éclosion contrariée. Un petit prodige parti faire ses classes chez le rival gardois. Puis le retour du « Hérault » (je sais, c’est nul !) quelques années plus tard. La fable du Fils Prodigue à la sauce MHSC. Mais l’usure du temps a fait son œuvre. Les droits TV aussi. Et la brebis s’est à nouveau égarée. Cette fois, sur le terrain. Des matches quelconques qui ont provoqué la colère d’une frange des supporters et des débats sans fin sur X ou Allez Paillade. Les grognards ne pardonnent plus rien à Teji Savanier, maître à jouer aux statistiques extraordinaires : 146 matches, 41 buts & 26 passes dé à Montpellier. Quand Jean-Louis Gasset déclare : « Savanier est peut-être victime de sa réputation », Rahan34 répond : « Ça faisait longtemps que nous n’avions pas parlé de l’idole, futur ex-sélectionnable en EDF, le roi des Masterclass ». Paulan embraye : « Nous sommes désormais une bonne poignée à ne plus être dupes de la fumisterie qui entoure cette présumée légende » Bamogo34290 approuve : « Merci ! Je ne suis pas le seul à voir qu’il est d’une nullité affligeante » Bien sûr, d’autres volent au secours de Savanier. Lionel34, plus pondéré, affirme : « Pour le bien du club, j’aimerais qu’il trouve un contrat en Arabie Saoudite, qu’il prenne un max de monnaie tant qu’il est encore temps et nous laisse un montant convenable pour recruter ».


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En toute objectivité, difficile de quantifier la part des « pro » et des « antis » actuellement. Difficile également de classer Savanier dans une case bien définie. Si son talent exceptionnel saute aux yeux, on oublie souvent que notre Maestro sait aussi aller au charbon. Teji ne triche pas, mouille le maillot Orange et Bleu et affiche une grinta de tous les instants. Bien sûr, « TJ » a sa part d’ombre avec un côté impulsif qui lui a valu pléthore de cartons rouges. Mais alors que certains cadres boudeurs et mal intentionnés ont savonné les planches successives, déjà bien glissantes, de ODO et MDZ – à tel point qu’on confondait parfois la pelouse de la Mosson avec le tapis à bulles d’Intervilles – au moins reconnaissons à Savanier un amour de l’institution sincère et respectable. Contrairement à d’autres, lui n’a pas joué avec le destin des salariés du club. Et, quand les fatigués se faisaient porter pâles, Savanier s’arrachait aux côtés des joueurs de N3 dont il se demande pourtant parfois ce qu’ils font là.

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Sa fidélité fut récompensée par le président Laurent Nicollin qui en a fait « le Mbappé local » avec un projet totalement tourné vers « Monsieur Penalty » (coucou Rémy Cabella !). Toutefois, Savanier n’est pas non plus Machiavel et a parfois joué les catalyseurs entre le tandem des vachettes infernales Ferri/Khazri et Der Zakarian, au moment de l’affaire Sakho ou sur d’autres dossiers. Son envie de faire revenir Andy Delort n’a pas été suivie. Il serait faux de fantasmer sur un marionnettiste de l’ombre qui ferait la pluie et le beau temps au MHSC, selon son humeur au réveil. En revanche, le vestiaire a toujours été derrière le magicien de la Cité Gély. Le débat qui existe dans la communauté montpelliéraine est un non-sujet entre les murs de Grammont. À part un ou deux administratifs qui gesticulent pour avoir sa peau, on s’étonne bien souvent de l’ampleur des critiques extérieures. « Sans Savanier, on serait Arles-Avignon », nous a-t-on même rétorqué.

Qu’en pense le principal intéressé ? Déjà, il n’est pas déconnecté. Notre « gitan » préféré est au courant de ce qui se dit sur lui. Ça le touche. À 32 ans, Savanier sait que ses meilleures années sont derrière, mais estime faire ses matches. Il déplore les contours d’un effectif de plus en plus faible et confie à son cercle intime qu’il était plus facile de faire marquer « AD9 », Laborde, Mavididi ou Wahi qu’Akor Adams ou Tanguy Coulibaly. Les profils recrutés ne lui rendent pas service. Al-Tamari, par exemple, est un joueur de ballon qui aime la recevoir dans les pieds et multiplier les dribbles, même s’il nous aura fait mentir sur sa formidable contre-attaque niçoise ce dimanche. Or, « TJ » adore lancer ses potes en profondeur mais considère que la relation technique avec ses coéquipiers actuels n’est pas assez fluide. « Quand Wahi faisait 3 appels, Akor n’en fait qu’un », a-t-il déjà lâché en privé au sujet du Nigérian, qu’il apprécie humainement. Il faut savoir que Savanier passait de longues minutes à discuter avec Elye Wahi il y a deux ans, pour peaufiner les automatismes à l’entraînement, s’adapter à ses courses, à la façon dont le néo-Marseillais aimait réceptionner le ballon et le timing des ouvertures. Avec Adams, il a essayé mais entre son anglais de vache espagnole et le QI football plus limité de son interlocuteur, ce fut une impasse. Sans parler de ces ballons mal calés et des contrôles américains qui exaspèrent « TS11 ». « Avec Andy, on se comprenait au moindre regard », assure-t-il souvent quand il repense à Delort, comme un mari divorcé et presque chauve repense à son amoureuse du lycée en allant screener, la nuit tombée, son profil Facebook avec nostalgie. Ce feeling ne s’improvise pas. À l’image de cette scène à Lens (2-0), en fin de match, ou Savanier leva la tête pour voir qu’Adams, Ndiaye et Khazri étaient tous à l’envers de ce que le jeu demandait. Résigné, le numéro 11 passait le ballon en retrait. Dans un haussement d’épaule comme un aveu d’impuissance.

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Crédits Iconsport

De plus, Teji a la poisse. Le meilleur match de la saison s’est joué sans lui. C’était contre Brest, la terreur européenne (3-1). Ce jour-là, Wahbi Khazri occupait la position de meneur de jeu et les esprits chagrins avait malicieusement sauté sur l’occasion pour prouver par A + B que « ça joue mieux sans Savanier ». Sauf que le lobeur fou avait devant lui l’attaque « Premium » : Tamari, Adams, Nordin (la « TAN »). Une ligne offensive alignée une seule fois cette saison, contre Strasbourg à la 1ère journée (1-1), puis de nouveau face à Nice (2-2).

En d’autres termes :

  1. Avec la « TAN » : 5 points pris en 3 matches.
  2. Sans la « TAN » : 4 points pris en… 12 matches.

Et si finalement, le problème du MHSC était d’avoir ses « Premiums » disponibles ? Là où « TJ » a dû se coltiner les « seconds couteaux » (Maamma, Khazri à gauche, Yssoufou, Khazri faux 9, Coulibaly, Ndiaye), Khazri a eu la chance d’évoluer avec l’attaque de feu. Le « Wahb’ » aurait-il la même réussite sur la durée ? Est-il le meilleur des deux pour sublimer un collectif ? Chacun se fera sa propre opinion. Cependant, le total effrayant de ses 22 ballons perdus contre Nice ne plaide pas en faveur de Savanier ! Avant, notre Petit Mozart caressait le piano pour jouer sa partition. Le voici qui fracasse subitement les touches comme Richard Clayderman. 22 pertes de balles ? Le bouliste est passé en quelques mois de Dylan Rocher à Kylian Caillou.

Tactiquement, je préférais son utilisation lors du premier passage du génie arménien : meneur du 3-5-2 ou relayeur du 4-3-3 avec Jordan Ferri en pointe basse et Florent Mollet à ses côtés. Le Paul Scholes nantais est le seul joueur de l’ère Savanier à avoir été assez talentueux, tout en gardant un volume de courses largement supérieur à la moyenne, pour occuper symétriquement une moitié de terrain avec Savanier. Car, soyons réaliste, être le pendant de « TJ », c’est pratiquement impossible. Entre sa façon de penser le football et son indiscipline géographique, comment être « Savanier-compatible » ? Mollet avait trouvé la clé. Las, Olivier Dall’Oglio a imposé son 4-2-3-1 avec « TJ » en 10, une solution à laquelle je n’ai jamais vraiment cru : deux récupérateurs trop exposés, des latéraux beaucoup trop faibles, les ailiers un peu tire-au-flancs, Savanier incapable de couper la première vague adverse). J’avais même proposé l’idée d’un « quaterback » reculé à ODO à la sortie de l’escapade londonienne à Crystal Palace (4-2). « Teji, c’est pas le Pirlo du Milan AC ! On en est loin », m’avait répondu le coach des bas quartiers dans un sourire assassin. Plus Savanier avance en âge, plus le niveau des attaquants s’affaisse, moins j’y crois. En 6 comme en 10, un rôle purement axial devient trop lourd à supporter. Pourtant, à ma grande surprise, Romain Pitau n’a rien changé. Pas plus que Michel Der Zakarian, une fois de retour aux manettes. Ce vilain 4-2-3-1 a même survécu aux premières inventions de Jean-Louis Gasset, qui a au moins le mérite de varier les plaisirs.

Malheureusement, la position de lanterne rouge qui nous fait honte en Ligue 1 n’incite plus à la patience. En désespoir de cause, c’est le plus fort qui prend. Un départ à la trêve est-il envisageable ? Sans doute pas. Savanier ne se voit pas quitter le navire en plein marasme. Mais il avait senti le vent tourner l’été dernier et avait pris la température à droite, à gauche. « Tu penses que ce serait le moment de partir ? » « Tu m’en voudrais si je signais dans un autre club ? » Cette douloureuse fin de règne a touché les plus grands, de Ronaldo au Real Madrid à Totti à la Roma, en passant par Gerrard à Liverpool, Guardiola à City, Mbappé au PSG, Messi au Barça ou Federer à Wimbledon (c’est gratuit). On dirait qu’il n’y a jamais de bons moments pour voir les légendes quitter « leur » scène. Comme Dalida, ils voudraient mourir dessus. Mais qui supporterait de voir un « TJ » vieillissant, repositionné 6 faute de mieux, donc de jambes, distribuant le jeu comme un vizir corpulent dans le rond central. Je refuse de voir ce joueur unique terminer en nabab BKT, trottinant sur les pelouses asséchées de Rodez ou Dunkerque. Bref, un poids pour l’équipe, engoncé dans un maillot L trop étriqué.

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Plusieurs paramètres s’ajoutent néanmoins à l’équation : Savanier est casanier. Pour rien au monde, il ne quitterait son terrain de pétanque et aux dernières nouvelles, les cochonnets se font rares à Al-Nassr. Son hygiène de vie a été ouvertement remise en cause par Der Zakarian, sans qu’on sache vraiment si c’était un éloge ou une épitaphe : « Si Teji avait voulu faire du football son métier, il aurait joué au Real Madrid ». Manque de pot, le Zizou de Figuerolles a préféré le couscous à Tony Kroos. Désormais plus Casimir que Casemiro dans ce football moderne qui pue la Data, Savanier fait moins recette. Ce qui faisait son charme, jadis, se retourne contre lui. Jusqu’à devenir le bouc émissaire des suiveurs apeurés par le spectre de la Ligue 2.

Que faire, donc ? Gasset doit-il sortir Savanier du 11 ? S’accrocher à lui comme une rustine sur le Titanic ? Le mettre dans le premier avion pour Riyad ? Le futur de l’ancien chouchou pailladin a des relents de Juke Box. « Comment te dire Adieu » ou « Ne me quitte pas » ? Dans la chanson de Brel, il y a ces mots : « On a vu souvent rejaillir le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux ». Alors vas-y, Teji. Remets une pièce dans cette putain de machine et offre-nous ces perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas. Car en ce triste mois de décembre, ce sont juste des larmes qui coulent sur nos joues.

Cédric DROUET

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