Girondins4Ever
·14 May 2025
[Interview Girondins4Ever] Jacques Pichard (Locminé) : “C’est quand même magique. Si on me dit d’aller jouer à Bordeaux tous les week-ends je dis oui”
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Girondins4Ever
·14 May 2025
Avant la rencontre entre le club de Saint-Colomban Locminé et celui des Girondins de Bordeaux, comptant pour le match de la 30ème et dernière journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Jacques Pichard, entraîneur de cette équipe. Un échange encore une fois très agréable avec une personne qui œuvre beaucoup pour mettre en place un vrai projet dans son club de cœur. Nous évoquons sa première saison en National 2, son bilan, la réception des Girondins de Bordeaux, le match aller et cette défaite au Matmut Atlantique, le match à venir, l’intersaison, les sollicitations de joueurs, la saison prochaine…
Vous allez finir cette première saison en National 2 entre la 6ème et la 8ème après avoir été promu. Est-ce que vous auriez imaginé ça l’été dernier ?
Je dirais qu’effectivement, finir à cette place on aurait signé tout de suite. Maintenant, on savait déjà que l’aventure était belle par rapport à ce qu’on venait de produire depuis trois ans. Sachant qu’on savait que ça allait être difficile parce qu’on est passé à 30 matchs, donc c’est une saison qui est longue et difficile Le niveau, on savait qu’il était plus élevé, avec beaucoup plus d’impact et beaucoup plus d’intensité. Après, on avait quand même fait le choix de garder la grosse ossature de nos joueurs même si on a plutôt complété par des jeunes. On avait quelques joueurs qui avaient connu le niveau N2 puis on avait recruté Faussurier, qui avait quand même joué pas mal de matchs en Ligue 2, Le Nédic, Freitas. Donc on a bien complété et c’est vrai que la mayonnaise a pris rapidement. Par contre on a été surpris quand, dès les premiers matchs on a pris des rafales (rires), même si on a bien débuté. Mais on savait qu’au fil du temps, avec un effectif quand même assez réduit, l’augmentation du rythme, de l’intensité et de l’impact, qu’on pouvait avoir des moments difficiles. D’un autre côté, on était préparés mentalement puisqu’on avait souffert il y a trois ans. L’année d’avant on s’est dit qu’il fallait être plus forts. Je pense que c’est mentalement qu’on est forts, on est préparés à souffrir (rires). En se disant que c’est quand même beau d’être en N2 pour notre commune de moins de 5 000 habitants. On a quand même des choses à défendre, à faire valoir puisqu’on est le deuxième club du Morbihan après Lorient. Il y avait donc un engouement et sincèrement on l’a bien pris. On a modifié certaines choses, on a augmenté quelques entraînements même si, contrairement à beaucoup d’équipes, on joue le soir puisque les joueurs travaillent, ils ont des familles. On a mis en place la récupération le lundi, tout ce qui est balnéo. On a aussi ce côté médical avec un osthéo qui est à notre disposition pratiquement tous les jours. C’est important parce que dès qu’il y avait un petit bobo par le passé, on entendait ‘Il faut que j’aille voir un kiné, il faut que j’aille voir un médecin, on ira la semaine prochaine…’ Puis le petit bobo ne se répare pas. Tandis que là, les joueurs ont tout de suite pris conscience que c’était important, même si ce n’est pas grand-chose, de consulter.
Quel bilan pouvez-vous déjà tirer de cette saison même s’il reste encore un match à disputer ?
Je dirais que c’est quand même très, très bon ce qu’on a fait parce qu’on est quand même assez réguliers, même si on a eu deux petites périodes de creux. Sur les matchs aller, on a quand même une période de quatre matchs et quatre défaites. On a bien rebondi. Et aux matchs retour, on a eu une période de trois matchs et trois défaites. Mais on a autant de points aux matchs aller qu’aux matchs retour. Quand on regarde, quelles que soient les équipes, il y a des cycles positifs et des cycles négatifs. Quand on est positif on dit qu’on a eu de la chance et que c’est normal, et quand on est en cycle négatif on se dit qu’on aurait pas dû perdre, qu’il y a eu un fait de jeu, si on avait égalisé… On s’aperçoit que la spirale négative entraîne la défaite et la spirale positive… Mais c’est comme ça. Honnêtement je pense qu’on a bien géré l’effectif. Il y a une chose qu’on doit améliorer, c’est la gestion de nos émotions et la partie des cartons. Je pense qu’aujourd’hui l’arbitrage fait plus attention à l’intégrité physique des joueurs donc peut-être qu’ils dégainent un peu plus vite. Des fois, nous on réagit mal aussi donc ce sont des choses dont on a pris conscience et auxquelles on fait plus attention. De toute façon, il faut respecter l’arbitrage, même si on n’est pas d’accord à un moment donné. Je trouve qu’on a quand même eu des bons arbitres. C’est une très belle saison pour le club, une première année en National 2. Là on est septième, on aurait signé tout de suite.
Vous avez pu voir une grosse différence de niveau entre le championnat de N2 et celui de N3 ?
Ouais, et puis on a des joueurs d’exception quand même. On voit qu’ils ont joué au-dessus. Il y a de l’efficacité dans les deux zones de vérité, que ce soient défensives et offensives, où effectivement, sur le plan athlétique il y a des beaux bébés.
Vous allez recevoir les Girondins de Bordeaux pour clôturer de la plus belle des façons. Comment le club s’est préparé à accueillir les nombreux supporters ?
On y travaille tous les jours (rires). On y travaille, on s’était posé la question à un moment donné de jouer à Vannes. J’avais proposé à ce qu’on joue à Vannes parce que j’avais en tête qu’il y aurait eu de l’enjeu (rires). Puis au fil des semaines on a vu que Bordeaux rétrogradait. Nous, ce n’était pas non plus sûr qu’on se sauve et en fin de compte, s’il y a de l’enjeu pour le coup il y a 10 000 places là-bas. Après il y a eu un gros débat entre oui, peut-être, etc… Les dirigeants ont pris la décision ces dernières semaines de le faire à la maison pour accueillir Bordeaux dans notre petit stade. Donc les locaux sont heureux parce que c’est à Locminé. Le stade va être plein, on va avoir 2 900 personnes. Il faut faire les deux parcages donc la sécurité, avec le préfet, avec la gendarmerie, tout est calé. Même avec les Girondins, il n’y a rien à dire. Il y a eu un échange avec la sécurité, les deux kops où effectivement il y a de l’encadrement. Au vu de ce qu’on a entendu à l’extérieur, où ils sont allés, ça s’est plutôt très bien passé, donc je pense qu’il faut faire confiance. Puis ce sera une belle fête. Quand je vois l’engouement et les supporters quand on est allé à Bordeaux. C’est magnifique d’avoir un public comme ça.
Au match aller, vous vous êtes imposés 2-1 dans une fin de match qui avait été houleuse. Comment avez-vous vécu cette rencontre au Matmut ?
C’est quand même magique. Si on me dit d’aller jouer à Bordeaux tous les week-ends je dis oui. Même s’il y a 45 000 places, il y a 10 000 supporters qui sont derrière. Ils sont derrière les joueurs, c’est magnifique. On a été impressionnés à demi-mot parce qu’on a eu la chance de jouer quelques semaines avant au Mans en Coupe de France, contre Le Mans, avec un stade qui est magnifique. Même s’il y avait moins de spectateurs, l’enceinte est impressionnante, Bordeaux encore plus avec 45 000. Mais ce match du Mans nous a servi. On s’est fait piéger par l’arbitrage mais c’est comme ça, c’est la vie, ce n’est pas grave. Donc du coup on a été moins impressionnés et sincèrement on l’avait bien préparé. Je l’avais dit, on ne va pas changer nos habitudes, on ne va pas changer notre façon de jouer, on est une équipe qui joue. Je crois qu’on l’a bien fait. Si on n’était pas passés par Le Mans, peut-être qu’on aurait été plus impressionnés. c’est après coup qu’on s’est dit qu’effectivement, tout ce qu’on avait dit, on l’a fait.
Quelle avait été la consigne pour faire déjouer une équipe de Bordeaux qui était en forme début Janvier ?
C’était de jouer notre football, avec le même schéma, la même animation, parce qu’on sait jouer au foot. On a des bons joueurs de foot donc évidemment on savait qu’ils avaient un jeu direct très athlétique. Quand on joue sur Andy Carroll, il ne fallait surtout pas les regarder jouer. Donc c’était de jouer notre football, d’aller de l’avant et puis d’oser. Ce n’était qu’un match qui valait trois points. On a pris confiance au fil des minutes parce qu’on s’est rendu compte qu’on était bien et qu’on menait 1-0. Après on a quand même pris une rafale pendant 25 minutes. Ils égalisent, c’est logique, après ils peuvent marquer. Par contre, là où on a quand même été forts c’est qu’on n’a pas lâché, en se disant qu’on pouvait y croire jusqu’au bout. La sanction a été pour eux. Ça nous a servi pour prendre conscience qu’on avait des capacités et un potentiel pour rivaliser avec les plus forts.
Même s’il n’y a plus réellement d’enjeux pour ce match retour, les Girondins auront à cœur de se rattraper du match aller. Allez-vous utiliser les mêmes leviers ou certaines choses ont évolué depuis ?
Non, on ne va pas changer. Ce qu’il y a de bien effectivement, c’est qu’au vu du classement, quatrième et septième, ça va être une superbe affiche. Deux équipes qui vont jouer. Est-ce qu’on peut parler de revanche pour Bordeaux ? Je n’en sais rien. Pour des joueurs, ça va laisser des souvenirs, pour d’autres ça va être une belle fête pour remercier le public, les supporters, les partenaires, les bénévoles et les dirigeants. Bien accueillir Bordeaux, c’est ça l’objectif qu’on a, mais aussi le carré vert. Comme je le dis toujours, c’est le carré vert et les joueurs, quand je vois ce qu’ils ont montré à Bourges (victoire 3-1), dans leurs têtes c’est très bien de finir comme ça. Je ne vais pas dire que ça va être un match de gala, ça dépend comment on définit ce terme. Pour moi ça va être un beau match, très ouvert de part et d’autre, où ça va jouer.
Quelles seront les clés du match selon vous ?
De continuer à jouer notre football. On ne va pas changer maintenant (rires). On ne va pas changer, surtout pas. Après, de toute façon on sait jouer donc ce n’est qu’une histoire de concentration, d’attitudes et de comportements individuels au service du collectif. Si la motivation n’est pas là, elle n’y sera jamais.
Photo District de la Gironde
Vous avez plusieurs joueurs qui se sont distingués cette saison, notamment Marvin Luciathe, Achille Degan, Ronaldo Freitas ou encore Fodiba Danso. Est-ce qu’il va être compliqué de les conserver quand on est un club avec un petit budget ?
… La question est bonne… Comme tout à chacun, la saison est difficile, l’intersaison est encore plus difficile (sourire) parce qu’effectivement, les joueurs vont être sollicités. On nous appelle, il n’y a pas une minute où il n’y a pas un coup de fil. Aujourd’hui je pense qu’effectivement on a dégagé une belle image au niveau du club, au niveau de la ville. On est bien reçus, on est respectueux, on ne va pas changer nos valeurs : respect, convivialité et ambition. Et en même temps on a des bons mecs. On a des bons mecs parce qu’on a construit cet effectif-là au fil des années. C’est notre quatrième saison. On va faire les entretiens des joueurs et l’objectif est de garder l’ossature et de bonifier comme d’habitude. Après, chacun prend sa décision d’un côté comme de l’autre. On va tout faire pour garder les joueurs qu’on a envie de garder, c’est un peu l’objectif car on est une vraie famille. La réussite de notre classement c’est tout simplement parce que le groupe vit bien. Il y a un très bon état d’esprit qu’on a construit au fil des années. Comme je le dis toujours, t’es le meilleur joueur de l’équipe sauf que l’équipe est meilleure que toi. Chez nous, on ne va pas changer notre ADN. Aujourd’hui les joueurs sont conscients de ce que l’on fait, de ce qu’ils font. Après, c’est aussi à nous de les accompagner parce que l’objectif effectivement est de pérenniser le club dans la durée. Côté budget, si j’avais le budget de Bordeaux je pense que pourrais faire des choses (sourire).
Est-ce que ce serait une belle récompense pour eux dans l’optique où le staff bordelais aurait coché leurs noms pour le mercato estival ?
… Je ne sais pas. Effectivement c’est une bonne question. J’ai toujours aimé les Girondins parce que dans ma jeunesse… et j’ai toujours le maillot. D’ailleurs j’en ai un que je n’ai pas envie de donner samedi, et que j’ai promis. J’ai eu le maillot d’Andy Carroll, j’ai eu le vice président ce mardi matin (sourire). C’était pour une œuvre caritative, que j’ai demandé au match aller. J’ai envoyé un mail à Monsieur De Carli pour m’assurer qu’il venait avec Andy Carroll. Je veux faire la remise du maillot que j’ai reçu il y a quelques semaines pour une œuvre caritative, je me dis que je le garderais bien mais je l’ai promis donc non. Du coup on va le remettre samedi, Andy va le remettre à l’association, c’est magnifique. Puis si demain on m’appelle à Bordeaux, j’arrive (rires). J’ai ma fille qui n’est pas très loin, c’est parfait, j’arrive à Bordeaux (sourire). Je ne pourrais pas refuser, même si je ne sais pas comment ça va se passer côté financier. Pour revenir aux joueurs que vous avez cités, partir à Bordeaux, je ne sais pas. Il y en a quelques-uns, c’est normal qu’ils soient sollicités, c’est le jeu aussi. Après, être sollicité et être pris… Tout le monde contacte tout le monde.
Quelle sera votre ambition la saison prochaine ? De mieux figurer ou de se concentrer d’abord sur le maintien ?
A notre niveau il faut dire les choses. Avec notre petit budget il ne faut pas rêver, ce sera le maintien. Ce sera déjà une très belle performance. Quand on voit toutes les grosses cylindrées, on dira ce qu’on voudra mais quand on voit les budgets, ceux qui sont devant, sont devant. Ils ont les budgets. Que ce soient Saint-Malo, Bordeaux, Les Herbiers, des équipes comme Avranches… Ils ont un vécu, ils ont un palmarès ces clubs. Bourges aussi, Poitiers peut-être un peu moins, Saumur un peu moins, mais on voit bien quand même que les équipes qui sont devant sont celles qui ont le budget.
Photo District de la Gironde
La saison prochaine Bordeaux annonce vouloir tout faire pour remonter. Est-ce que cela pourrait être une locomotive pour les autres clubs du groupe ou au contraire se dire qu’avec une préparation et un recrutement, la première place sera très compliquée ?
Moi je dis qu’au contraire, qu’il y ait une locomotive qui emmène tout le monde c’est formidable. Quand on a vu à l’intersaison que c’était Niort qui était rétrogradé, puis c’est Bordeaux qui est arrivé… Si vous avez l’ambition de finir premier, parce qu’il n’y a pas qu’une équipe qui avait envie de monter. Saint-Malo avait envie de monter donc ‘Oui, Bordeaux ce n’est pas normal…’ On aurait pu critiquer, on est promu et on n’a pas joué le premier match. On ne joue pas le premier match parce que Bordeaux n’a pas d’équipe et on se retrouve à jouer le match en retard le 4 Janvier. Il y a des premiers matchs qu’ils n’ont pas forcément gagnés donc on aurait pu dire que ce n’était pas très correct (rires). Je l’ai pris autrement en disant que c’est un honneur de jouer contre Bordeaux, quelle que soit l’équipe et basta ! Ce ne sont que trois points. Donc, que je trouve qu’il y ait une locomotive… Quand je vois des équipes comme Saint-Malo, Les Herbiers, qui n’ont pas lâché l’affaire non plus. Avranches a quand même connu le National, Granville… Mais on n’est pas dans la même cour donc quelque part ça ne me dérange pas. Au contraire, s’ils restent dans le groupe… Et pour nous c’est de bien figurer. Maintenant il y a tellement de paramètres qu’on ne maîtrise pas aujourd’hui.
Vous serez donc toujours à la tête de l’équipe en compagnie de Florent Besnard la saison prochaine ?
Oui, ça a été acté (sourire). On a vu le communiqué l’autre jour, je ne savais même pas (rires). Ils nous ont demandé, ils nous demandent encore plus. J’ai tous les partenaires aussi, la partie jeunes qu’on est en train de continuer à structurer pour pérenniser parce qu’on a de plus en plus de demandes. Donc on reste à la tête.
Avant le match aller vous nous aviez dit être supporter des Girondins plus jeune, et avoir le maillot avec le scapulaire en V. Avez-vous retrouvé ce maillot ?
Il est bien dans mes cartons, je l’ai toujours (rires). Je n’ai pas été bon mardi matin, j’aurais dû dire à Monsieur De Carli de me prévoir un autre maillot pour moi (rires). Je demanderai à la fin du match (sourire). Je suis déjà content parce qu’on va rendre les gens heureux. Il n’y avait pas de maillot quand j’avais demandé à Monsieur De Carli, mais il a répondu favorablement. Il viendra en plus donc c’est génial. Si on peut installer des relations humaines, c’est toujours important. Puis les gens du Morbihan se déplacent, ils vont venir. D’autres gens vont venir pour Bordeaux aussi, mais on voit bien qu’on a plein de gens aujourd’hui qui ne venaient pas aux matchs. C’est là que je me dis que le football attire encore. C’est vrai qu’il y a du spectacle. On n’est pas au niveau de la Champions League, mais quand on voit ce qui se passe au niveau émotion, plaisir, sourire… Quand on allume la télé tous les jours, il n’y a que des mauvaises nouvelles. Les infos en boucle sur BFM, CNews et compagnie, ce ne sont que des mauvaises nouvelles. Les gens viennent au stade, pensent à autre chose et ils vivent des belles émotions. Bon, des fois des mauvaises, mais bon… C’est au travers du sport qu’on vit des bons moments (sourire).
Un Grand Merci à Jacques Pichard pour cet entretien et sa disponibilité.