Malgré un match qui laisse « un petit goût amer », l’Amiens SC peut avoir de « l’espoir » après Metz | OneFootball

Ancien membre de la commission technique du district de la Somme et polémiste de l’émission La Tribune ici Picardie, Bruno Paris délivre son décryptage après chaque match de l’Amiens SC. Ce lundi, retour sur la défaite sur le gong contre Metz, en dépit d’une résistance honorable des Amiénois.

Bruno, quelle analyse faites-vous après cette nouvelle défaite de l’Amiens SC ?

Il y a un petit goût amer dans la bouche, pour moi, je pense pour l’ensemble des acteurs, des spectateurs. C’est une défaite qui reste cruelle, même si au fond Metz a insisté pour forcer la décision. C’est une équipe qui était venue pour l’emporter, mais sur la physionomie du match, je pense qu’un nul aurait été plus équitable. Metz a dominé, mais les deux gardiens ont fait leurs arrêts. Il a fallu qu’ils s’en remettent à deux individualités pour l’emporter. Et pas n’importe lesquelles, Benjamin Stambouli et Gauthier Hein, deux joueurs très adroits contrairement à d’autres. On a encore manqué d’efficacité et c’est ce qui fait la différence au bout. Maintenant la prestation, par rapport à ce qu’on avait vu à Rodez une semaine plus tôt, est un motif d’espoir. Une fois la déception passée, il faut y voir de l’espoir. On n’a pas été bouffé par cette équipe de Metz, loin de là.

Néanmoins, Amiens a encore craqué sur le fil, sans que cela ne soit une surprise pour personne…

Cette défaite ne sort pas de nulle part. Maintenant, il faut quand même un peu s’attarder sur cette fameuse 82e minute où nous aussi, on a une occasion de mener 2-1. On peut penser que, nous aussi, on a le droit de marquer des buts, même si les Messins ont des joueurs d’un calibre supérieur. On commence à s’impatienter de voir Louis Mafouta retrouver le chemin des filets dans le jeu, ça fait quand même 19 matches maintenant.

Avez-vous le sentiment qu’il joue bien le coup sur cette fameuse occasion de la 82e minute ?

Non. Ceux qui jouent bien le coup, ce sont Benjamin Stambouli et Gauthier Hein. Ce dernier ouvre son pied et met le ballon dans la bonne zone, prouvant qu’on peut marquer sans frapper comme une mule. Cette fois-ci pour Louis Mafouta, c’est de la tête, mais on peut reprendre tous les épisodes précédents. Le gardien messin fait un bel arrêt, mais à cette distance, il doit mettre le ballon hors de portée du gardien. On est quand même en droit de se dire que cette occasion-là, il fallait la mettre au fond. On va encore accepter combien d’excuses à propos de Louis Mafouta ? Cela devient un impératif de le voir marquer. Amiens joue sa survie et a besoin d’un attaquant efficace. C’est malheureux qu’on lui tombe dessus, mais on attend plus d’un attaquant qui a mis 15 buts la saison dernière. Je pense que ça commence aussi à devenir assez lourd à porter pour lui.

Ne craignez-vous pas que cette défaite, de par son scénario, et parce qu’elle entretient une série négative, ne laisse des traces ?

Déjà tous les joueurs n’ont pas vu le même match. Rémy Vita pense qu’Amiens était largement au-dessus, alors que d’autres sont plus modérés, peut-être parce qu’ils ont un peu plus de métier. C’est vrai que dans certaines têtes, ça peut laisser des traces, mais il y a aussi des joueurs qui apportent un sang neuf, de l’énergie. On peut penser à Junior Fofana, qui marque et fait un match plus que correct, alors qu’il a récemment été qualifié de joueur de R1 par certains. C’est aussi le cas de Victor Lobry, dans un rôle un peu plus offensif qui est intéressant. Antoine Leautey a aussi retrouvé du jus, c’est aussi mieux quand il n’a pas 80 mètres à faire pour se porter vers le but adverse. On a quand même vu une équipe bien en place, qui a su poser de réels problèmes à son adversaire, presque séduisante même.

Les résultats du week-end sont plutôt négatifs pour Amiens, qui glisse à la treizième place, avec désormais six points d’avance sur le premier relégable. Comment abordez-vous cela ?

Dans les équipes qui ont gagné ce week-end (Troyes, Pau, Red Star, Martigues, Caen), certaines ont déjà battu Amiens cette saison. On ne peut donc pas les prendre de haut. Ce sont aussi des équipes qui n’ont plus à calculer pour certaines, comme Martigues et Caen, qui doivent presque tout gagner. Maintenant, on peut aussi noter que Clermont va vraiment très mal. De toute manière, Amiens n’a pas le choix sur les trois matches qui arrivent, d’abord contre le Red Star, puis face à Caen et Clermont. Est-ce qu’on sera capable de renouveler le match produit contre Metz face à des adversaires qui jouent aussi leur survie ? Quoi qu’il en soit, il reste neuf matches pour assurer la survie du club dans le monde professionnel. Et pour y parvenir, il va falloir aller chercher des points chez des équipes qui sont encore plus mal classées que nous. Tout en sachant que ces adversaires ne se livreront sans doute pas autant que Metz.

Sur les dix derniers matches, Amiens n’a pris que 7 points, le tout avec la plus mauvaise défense et la deuxième moins bonne attaque sur la période. Comment croire que cela peut tenir sur la distance ?

Peu d’équipes ont subi ce que l’Amiens SC vit pratiquement chaque saison et encore plus cette année. On s’est quand même séparé de deux défenseurs et de deux milieux de terrain durant l’hiver, pour faire venir des gamins et deux joueurs qui n’avaient pas joué depuis plusieurs mois. Et aujourd’hui, faire semblant de s’apercevoir qu’on joue avec une défense centrale de 19 ans de moyenne d’âge… Un peu de respect pour tout le monde. Maintenant, je reste confiant, parce qu’on voit une équipe qui se bat, qui reste motivée, qui semble retrouver un peu de fraîcheur physique, si on se fie au dernier match d’Antoine Leautey. Malick (Mbaye), qui n’a pas pu jouer contre Metz, va peut-être aussi apporter quelque chose sur les prochains matches. Abdelhamid Ait Boudlal fait de bons débuts. J’attends avec impatience le match contre le Red Star. Je serai peut-être moins optimiste après, ou beaucoup plus en fonction du résultat. On a quand même encore 5 points d’avance sur le barragiste.

Selon vous, c’est le premier point de bascule dans ce sprint final ?

Oui. C’est une équipe qui alterne le bon et le moins bon (4 victoires, 2 nuls, 4 défaites sur les 10 derniers matches, NDLR). Je pense que certains garçons vont vouloir relever la tête très vite après la déception du résultat contre Metz. Des joueurs ont envie de montrer qu’ils valent mieux que leur classement actuel (13e). Maintenant, ce qui m’embête, ce sont les suspensions, avec Kylian Kaïboue et Mohamed Jaouab qui ne seront pas là. Il va falloir faire des choix et j’ai confiance en Omar Daf pour bien gérer ce genre de situation. Contre Metz, on a vu une équipe équilibrée. Et si l’équipe est dans les mêmes dispositions, affiche les mêmes valeurs, dispose d’un brin de fraîcheur amené par les nouveaux, peut-être qu’on aura à nouveau surprise pour faire souffler un attaquant qui n’a plus marqué depuis 19 matches, on peut espérer un résultat. Il faut profiter de la belle prestation contre Metz pour retrouver un allant, ne pas perdre au Red Star et se rassurer.

Propos recueillis par Romain PECHON

Retrouvez Bruno Paris et l’ensemble des polémistes de La Tribune ici Picardie ce lundi dès 18 heures.

Crédits photo : Christophe Saidi/FEP/Icon Sport