Un maillot de l'ASSE porté fièrement à L'Élysée | OneFootball

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·4 December 2024

Un maillot de l'ASSE porté fièrement à L'Élysée

Article image:Un maillot de l'ASSE porté fièrement à L'Élysée

C'est le genre de petite histoire qu'on aime. Invité au Palais de L'Élysée pour la remise d'un prix, le Stéphanois Walid Bekhti, producteur de cinéma, a fièrement affiché ses couleurs en face du Président de la République, Emmanuel Macron.

Walid Bekhti est un producteur de cinéma stéphanois. Depuis une dizaine d'années, il a quitté la cité forezienne pour des raisons professionnelles mais n'en oublie pas ses racines. Récompensé du prix "Talent des Cités" cette année avec la société de production "Malfamé" qu'il a créée, Walid a été invité à L'Élysée fin novembre. C'est avec le maillot vert sur les épaules qu'il a décidé de se rendre en face du Président de la République Emmanuel Macron comme il l'évoque à notre micro : "Je suis né à Sainté, j'ai grandi à Firminy, toute ma famille est stéphanoise. On a une société à Paris (Malfamé Cinéma, ndlr) mais également une association à Saint-Étienne (Malfamé Academy, ndlr) pour faire de l'éducation à l'image sur le territoire stéphanois. Je redescends souvent à Saint-Étienne. On est fort attachés à la maison. Ça fait dix ans que je suis parti de Sainté mais même à Paris, on retrouve les potes de Sainté. Même loin de la maison, on retrouve la maison quelque part. (...) Avec nos activités de production dans le cinéma, on a gagné un prix qui s'appelle le prix "Talent des Cités". Ce sont les talents issus de territoires "sous valorisés" qui sont mis en avant pour ce prix. On a été invité à L'Élysée après avoir reçu ce prix. À la base, il ne devait pas y avoir Emmanuel Macron. On arrive et les mecs de la sécurité avec qui on rigolait nous ont dit qu'on allait avoir une surprise. D'un coup Macron est arrivé, c'était marrant. J'étais avec ma soeur (Sherianne Leïla Bekhti) qui est également mon associée qui a eu l'occasion d'échanger avec lui."


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Ce n'est pas la première fois que ce maillot-là l'accompagne dans un moment important de sa carrière professionnelle. Walid le portait déjà lors du dernier festival de Cannes : "Ce maillot-là, c'est mon frère qui me l'a offert. Sur le devant, c'est écrit Manufrance et derrière on a fait floquer Malfamé, le nom de notre société de production. L'été dernier on avait un film qui était présenté au festival de Cannes ("Après le Soleil", film de Rayane Mcirdi, produit avec Sherianne Leïla Bekhti et Yannis Zaccharie Bekhti, ndlr), mon frère m'a offert ce maillot en me disant : "tu monteras les marches avec le maillot". C'était pour rigoler parce qu'on est obligé d'être en costume pour monter les marches. J'ai quand même pris ce maillot et je l'avais pendant le festival. Ce cadeau c'était aussi pour me dire : "Peu importe où tu iras, jusqu'où la vie te mènera avec le cinéma, il ne faut pas oublier d'où on vient." Quand je suis parti pour L'Élysée, je me suis dit qu'il fallait que je le ressorte, c'est le maillot porte-bonheur !"

Walid confie également dans quelle mesure les valeurs stéphanoises l'accompagnent dans son quotidien de producteur : "Ce prix-là on le gagne aussi pour ça : ils nous disent : "vous venez d'endroits sous-valorisés, la France reculée, et vous eu l'audace d'entreprendre et de porter des récits." Nous dans l'absolu, L'Élysée on s'en fout. Ce qui nous importe c'est de montrer que les endroits comme Saint-Étienne, les Stéphanois et les récits qui viennent d'ici, ont de la valeur. C'est ça qui nous importe. On veut imposer notre récit, imposer notre manière de voir les choses. Sainté ce sont des couleurs mais pas que. On le voit nous quand on retrouve les potes de Saint-Étienne à Paris : Sainté c'est aussi une culture ! C'est familial, ce sont des valeurs de solidarité, d'ouverture, de générosité, et ces valeurs-là, on veut continuer de les propager peu importe le chemin qu'on emprunte. On essaye à chaque fois de porter fièrement nos couleurs."

Néanmoins, il ne se fait pas d'illusion. Cette identité n'est pas encore assez comprise dans les plus hautes sphères de l'État et regrette que des villes comme Saint-Étienne ne disposent des mêmes chances que d'autres : "Dans l'absolu, ils ont besoin de nous. Pour moi, Saint-Étienne c'est comme Marseille, Lens ou même Roubaix, la France c'est ça. Ce n'est pas que Paris. Les Français ne sont pas tous dans le onzième arrondissement de Paris. Ils savent qu'ils ont besoin de nous pour montrer qu'ils sont proches du peuple et qu'ils le comprennent. C'est ça qui est particulier parce qu'ils ont besoin de nous et du coup ils nous valorisent, c'est super, mais au fond, quand on voit les politiques entreprises, je me demande si Emmanuel Macron et tous les ministres comprennent vraiment ce que c'est. Je n'ai pas l'impression par exemple qu'ils ont compris ce que Saint-Étienne et la culture stéphanoise pourraient apporter à la France. (...) Nos copains qui ne sont pas Stéphanois nous disent souvent en rigolant : "C'est quoi votre truc de mafia à Sainté ? Vous êtes une mafia !" C'est qu'en fait, on est une famille ! Un Stéphanois en aidera toujours un autre même s'ils ne sont pas de la même culture, qu'ils n'ont pas la même religion, qu'ils n'ont pas le même statut social, qu'ils ne sont pas de la même génération. J'ai toujours vu les Stéphanois s'entre-aider parce qu'on appartient à un territoire. Et ce territoire, même s'il est malfamé, notre société s'appelle comme ça pour cette raison, on en fait une fierté ! Cet esprit-là de solidarité malgré les différences sociales et mêmes politiques, ils n'arrivent pas à le comprendre je pense. (...)

Nous on est une exception, on nous donne la chance d'être soutenu à un moment donné mais je connais beaucoup de copains stéphanois, qui font un travail dingue, qui ne reçoivent pas de prix ou qui sont mis sur le carreau. On gagne un prix aujourd'hui mais pour ce faire, on a dû partir de Sainté, ce qu'on fait aujourd'hui on ne pourrait pas le faire à Sainté. Ça c'est malheureux."

Walid Bekhti termine néanmoins avec un message d'espoir, puisque le vert, la couleur le caractérisant, a encore fait son effet à L'Élysée : "L'ancienne génération est touchée. C'est là où il y a un peu d'espoir. Quand ils voient les Verts, ils voient Manufrance, une France fière d'elle-même. Ils voient aussi un club de foot d'une ville de province, d'une ville d'ouvriers, cosmopolite qui a connu l'immigration avec des travailleurs. Ils voient cette France-là avec une ville qui dans le football a réussi à rayonner et à rendre fier le pays. Ils sont touchés. Même les Ministres sont nostalgiques de cette France-là, je pense qu'au fond ils aimeraient pouvoir s'approprier ces valeurs-là mais c'est juste qu'ils ne les comprennent pas assez. (...) À L'Élysée, j'ai eu des remarques comme à Cannes : "Allez les Verts !" ; "Ça c'est la France qu'on aime !" ; "Ah, la belle époque !" Il y avait de la nostalgie."

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