Lucarne Opposée
·8 de enero de 2025
Lucarne Opposée
·8 de enero de 2025
Al-Hilal perd enfin, Ittihad en profite, Ettifaq s’enfonce...voici le bilan des mois de novembre et décembre 2024 en Saudi Pro League.
Une seule fausse note pour Al-Hilal, mais qui pourrait coûter cher et qui rompt la série d’invincibilité de quarante-sept matchs en championnat. Après un match nul décevant dans le derby contre Al-Nassr puis une belle victoire pour se relancer face à l’Ettifaq de Steven Gerrard, Al-Hilal se déplaçait à Saihat pour affronter un Al-Khaleej certes séduisant, mais tout de même bien plus faible sur le papier. Jorge Jesus avait fait quelques changements dans son onze, en titularisant notamment le jeune milieu offensif Mohammed Al-Qahtani, qui avait fait une excellente entrée contre Ettifaq. À ses côtés, Salem Al-Dawsari ainsi que Marcos Leonardo, en grande difficulté depuis plusieurs matchs. Ruben Neves toujours absent, tout comme Malcom, laissé au repos. Le début de match était maîtrisé pour Al-Hilal, qui menait deux buts à zéro après trente-sept minutes. Juste avant la mi-temps, Al-Khaleej poussait et Abdullah Al-Salem réduisait l’écart. Puis dans la foulée, Mohammed Al-Qahtani voyait son but refusé. Le début d’une chute imprévisible, puisque cette saison, Al-Hilal encaisse régulièrement des buts, mais marque beaucoup. Tout d’abord, le gardien Ibrahim Sehić faisait un peu chauffer ses gants en détournant quelques tentatives des attaquants Bleu et Blanc. Puis en contre, Al-Khaleej trouvait deux fois et renversait le match. Un résultat assez marquant malgré le discours de Jorge Jesus, qui cherche à rassurer ses joueurs. Contre Al-Shabab ensuite, la victoire de son club était presque un petit braquage. Puis face à Al-Raed, il fallait attendre la quatorzième minute du temps additionnel pour qu’Al-Hilal l’emporte. La trêve hivernale a sûrement fait du bien pour reconcentrer l’effectif.
Profitant de la défaite d’Al-Hilal, Al-Ittihad a pris la première place de championnat. Le club n’a pas connu de passage à vide automnal, auquel il était pourtant accoutumé ces dernières années. Les Jaune et Noir comptent onze victoires en douze matchs, avec une seule défaite contre Al-Hilal. Ces deux derniers mois, les hommes de Laurent Blanc n’ont encaissé qu’un seul but, face à Al-Nassr. Et ce grâce à un roulement très intéressant mis en place par le coach français. Contre Al-Orobah, c’est Saad Al-Mousa et Abdulelah Al-Amri qui étaient titularisés, deux défenseurs assez rapides, avec une bonne couverture de la profondeur, afin de se protéger des contres explosifs menés par Emmanuel Boateng et Fahad Al-Zubaidi. Face à Ettifaq et son jeu un peu plus construit reposant beaucoup sur la puissance de Moussa Dembélé, c’est Danilo Pereira et Hassan Kadesh qui étaient préférés. La charnière peut aussi compter sur le travail de Mario Mitaj. L’international albanais s’impose comme l’un des meilleurs latéraux de SPL, grâce à un apport aussi bien défensif que dans la construction. Ce travail défensif vient soutenir un front offensif aussi régulièrement remodelé. Avec neuf buts encaissés, Al-Ittihad retrouve la solidité défensive de sa saison 2022/23 et est deuxième meilleure défense du championnat. Mais contrairement à l’époque Nuno Espirito Santo, le club de Jeddah produit aussi du jeu et compte la deuxième meilleure attaque également.
Après un mois d’octobre terminé sur une fausse note, Al-Nassr a vécu deux mois très mitigés. Tout d’abord un match nul quand même positif face à Al-Hilal, mais qui peut laisser des regrets. Les coéquipiers de CR7 ont mené au score pendant soixante-dix-sept minutes, avant une égalisation de Sergej Milinković-Savić. S’en suit un match assez moyen face à Al-Riyadh, mais finalement remporté grâce à Sadio Mané. Mais le match suivant, et malgré une nette domination, les Jaune et Bleu d’inclinent contre Al-Qadsiah deux buts à un, en ayant pourtant une nouvelle fois mené au score. Outre quelques lacunes défensives, le problème cette saison à Al-Nassr est surprenant : l’incapacité des attaquants à être tous réguliers. En octobre, Talisca était excellent. En novembre, il est transparent. Idem pour Sadio Mané. Pour Cristiano, c’est l’inverse. Si l’on rajoute les performances décevantes d’Angelo, Al-Nassr est bien trop inefficace. Et marque trop peu. Seulement six buts en cinq matchs en novembre et décembre. Des tensions se sont créées entre les offensifs, et elles semblent amplifiées par l’arrivée de Stefano Pioli à la place de Luis Castro, qui n’a pas grandement fait évoluer son club depuis sa nomination.
Cinq matchs, cinq victoires et un petit but encaissé pour Al-Qadsiah. Le promu s’est même permis de doubler Al-Nassr et de grimper sur le troisième marche du podium. Les deux mois n’étaient pourtant pas simples, avec des matchs pièges. Contre Ettifaq, Al-Fayha et Al-Nassr, les hommes de Michel n’ont pas hésité à subir et faire le dos rond. La densité et la qualité de positionnement du trio défensif composé de Nacho, Gaston Alvarez et Jehad Thakri oblige l’adversaire à des frappes lointaines un peu désespérées, qui finissent à côté ou dans les gants de Koen Casteels, irréprochable depuis août. Sur leurs quelques occasions, menées par Julian Quiñones et Pierre-Emerick Aubameyang, les Rouge en Blanc sont ensuite chirurgicaux. Le Mexicain fait d’ailleurs une saison très convaincante, bien qu’un petit peu irrégulière, et est sans aucun doute parmi les meilleurs offensifs du championnat. Excellent bilan pour le piston Mohammed Abu Al-Shamat également, indiscutable et déjà très complet à vingt-deux ans, pour sa première saison en première division.
Tombeur d’Al-Hilal, le club d’Al-Khaleej fait une excellente première partie de saison. Le club de Georgios Donis est huitième au classement, avec dix points d’avance sur le premier relégable, des points précieux pour assurer le maintien, objectif du club. Contrairement à d’autres petits, Al-Khaleej essaie de produire du jeu et de construire proprement, en profitant aussi de la qualité technique des latéraux Pedro Rebocho et Saeed Al-Hamsal. Le quatuor offensif est aussi assez complémentaire. Khaled Narey apporte de la percussion, Fabio Martins est assez complet et peut combiner dans son dos avec Rebocho. En pointe, Abdulelah Al-Salem fait preuve d’une efficacité redoutable, lui qui fait la meilleure saison de sa carrière avec déjà sept buts en douze matchs, autant que lors de ses trois dernières saisons de SPL. Et enfin, l’organisation est confiée à Konstantinos Fortounis, l’ancien prodige de l’Olympiacos. En novembre et décembre, Al-Khaleej a remporté trois de ses cinq matchs. Néanmoins, face à une équipe très en place et disciplinée comme Al-Qadsiah, les Vert et Jaune ont été inexistants. Le club de Saihat reste un modèle de construction d’effectif et ce, malgré l’un des plus petits budgets.
Georginio Wijnaldum, Seko Fofana, ou encore Moussa Dembélé ; l’effectif d’Ettifaq est très intéressant. Garni également par les internationaux saoudien Abdullah Madu ou Abdulelah Al-Malki, le club est censé viser le top six. Il est pourtant actuellement onzième, derrière des petits comme Al-Khaleej, Damac et Al-Riyadh. Pire, avec onze buts inscrits en treize matchs, le club est la deuxième pire attaque, ne dépassant qu’Al-Fayha. Avec trois défaites, dont deux leçons de réalisme par Ittihad et Al-Qadsiah, et un nul contre Al-Riyadh, le mois de novembre a été cauchemardesque pour Steven Gerrard qui semble totalement désintéressé du projet. Lui qui avait été conservé un peu miraculeusement après une première année déjà très médiocre. Malgré les mauvaises performances, l’élimination en Coupe par un club de deuxième division et le manque de progression de l’équipe, il est resté assez serein, et montre un grand détachement en conférence de presse. La presse saoudienne a aussi révélé que l’Anglais décale les entraînements lors des matchs de Liverpool, afin de les regarder, quitte à finir certaines sessions très tard le soir. Ettifaq est un club ambitieux. Même s’il semble serein concernant son avenir, l’Anglais pourrait finir par être limogé si les mauvais résultats se poursuivent. Un gâchis quand on voyait la qualité de cette équipe en août et en septembre.
La Saudi League a toujours vu passer dans son histoire pléthore de présidents plus à l’aise derrière un micro que dans leur bureau. Néanmoins, cette saison, cette tendance n’a jamais été aussi poussée. Cet été par exemple, le président d’Al-Orobah annonçait la venue d’un grand défenseur central, qui serait selon ses mots le troisième plus grand joueur du championnat après CR7 et Neymar. Quelques jours plus tard, le nom de Sergio Ramos fuitait. Les fans étaient donc très surpris en voyant débarquer à la place Kurt Zouma et Ismaël Kandouss. Et les journalistes qui avaient encensé le président Munis Al-Dhawi sont très silencieux désormais en constatant que le club de Sakakah est la deuxième pire défense de SPL.
Idem quand Loay Mashabi, ancien président d’Al-Ittihad, annonçait avoir bouclé la venue de Yannick Carrasco. Un joueur qui au final n’a pas quitté Al-Shabab. Le même, très coutumier de laver son linge sale en public, qui avait fortement critiqué Marcelo Gallardo après son départ, lui reprochant les résultats sportifs alors que le club était au bord de l’explosion. Ce dernier enfin, qui avait annoncé boucler toutes les recrues du club avant le 12 juillet et le retour à l’entraînement. Au final, aucun joueur n’a signé avant cette date. La liste pourrait être encore longue et redondante pour ces hommes qui ne chaussent pas les crampons mais aimeraient tout de même être au centre de l’attention. Et pendant ce temps, leur club coule, les salaires sont parfois impayés, et les fans sont mécontents.
Photo : Yasser Bakhsh/Getty Images
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