VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution » | OneFootball

VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution » | OneFootball

Icon: le11

le11

·25 de marzo de 2025

VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution »

Imagen del artículo:VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution »

Alors que le ministre de l’Intérieur s’apprête à dissoudre deux groupes de supporters de l’AS Saint-Etienne, l’Association nationale des supporters (ANS) a décidé de couper court à tout dialogue avec les autorités. Membre du groupe les Ultras Roisters, Stéphane nous explique la situation et les conséquences que cela pourrait avoir sur l’animation des tribunes au stade du Hainaut. Entretien.

Comment en est-on arrivé là-bas ? Pourquoi le dialogue est-il rompu entre l’Association nationale des supporters (ANS) et les autorités ?

Depuis la fin de l’année dernière, il y a des rumeurs de dissolution de groupes de supporters et c’est en passe de se concrétiser. Deux groupes ont reçu une notification préalable à leur dissolution, ce sont les Magic Fans et les Green Angels (deux groupes de supporters de Saint-Etienne, NDLR). Ils passent en commission le 1er avril pour se défendre, la veille d’un conseil des ministres où leur dissolution pourrait être actée. C’est urgent de se mobiliser et d’en parler. C’est pour ça qu’il y a eu une Assemblée Générale de l’ANS samedi dernier. C’est pour ça qu’il y a eu des décisions fortes qui ont été prises à la suite de celle-ci.


OneFootball Videos


Des groupes ultras menacés de dissolution, les supporters stoppent le dialogue avec les autorités

Avez-vous le sentiment que cette décision résulte d’une volonté de rompre le dialogue avec les groupes de supporters ?

Oui. D’autant plus quand on sait que les deux porte-parole des groupes de supporters menacés de dissolution sont dans le bureau de l’ANS. Ce sont des personnes qui sont régulièrement présentes sur Paris de manière bénévole, pour participer aux réunions, aux séminaires, pour dialoguer. On a le sentiment que c’est avant tout fait pour tous nous faire taire. A travers eux, c’est tout le mouvement ultra et même le mouvement supporter de manière générale qui est visé.

Ça ne concerne pas que les ultras, mais vraiment tout le monde associatif autour du football et du monde des supporters.

Ce n’est pas pour rien que 163 groupes ont signé notre communiqué. Seulement un tiers de ces groupes sont apparentés à des supporters ultras. Le reste, ce sont des supporters « classiques », venant de tout horizon, des groupes familiaux, des groupes de supporters qui peuvent se trouver ailleurs dans le stade que dans les tribunes actives. Cela prouve aussi que ça ne concerne pas que les ultras, mais vraiment tout le monde associatif autour du football et du monde des supporters. On ne compte pas en rester là.

Justement, quelle suite comptez-vous donner à ce combat ?

La première chose, c’est qu’on se met en retrait de l’instance nationale du supporterisme (INS, ndlr : l’organe d’échange entre les supporters et les pouvoirs publics). On est sûrement la partie la plus active là-dedans. En réponse aux décisions prises par le ministère de l’Intérieur, on a demandé une réunion exceptionnelle de l’INS refusée par la nouvelle ministre des sports. A partir de là, ce n’est plus possible pour nous de travailler avec eux.

La deuxième chose, c’est qu’on a coupé tout contact avec les autorités. On ne leur informe plus des modalités de nos déplacements, le nombre de bus qu’on faisait, le nombre de personnes qu’on serait. Idem, on a communiqué plus ces informations à nos SLO (référent supporter, NDLR). La troisième chose, sans doute dans quelques mois, en fonction de l’évolution du sujet, pourrait être une auto-dissolution de tous les groupes de supporters en France.

Dès lors, il n’y aurait plus aucun interlocuteur, plus aucun groupe structuré en France et que tout ce beau monde se débrouillera tout seul. De notre côté, on continuera à aller au stade, de manière individuelle et structurelle, ce qui serait un vrai bordel (sic) pour les autorités. On veut leur rappeler l’importance de notre mode de fonctionnement actuel, en groupes structurés, avec des interlocuteurs identifiés. Ils doivent prendre conscience de cela.

En quoi cela peut-il mettre la pression ?

Jusqu’ici, on a toujours été transparent. On joue le jeu depuis des années et des années. Aujourd’hui, on nous donne un coup de couteau dans le dos en ne nous respectant pas. J’espère qu’il y aura une prise de conscience des autorités avant qu’on ne soit obligé d’en passer par là. On le répète, le dialogue est la solution contrairement aux dissolutions. Maintenant, cela fait des années que le ministère de l’Intérieur ne daigne même pas venir aux réunions de l’INS. Cela prouve l’importance donnée à ce sujet et c’est d’autant plus malheureux.

Imagen del artículo:VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution »

Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport

Si on se fait l’avocat du diable, on peut se dire que les supporters de Saint-Etienne ont également donné le bâton pour se faire battre avec quelques débordements en tribune ces dernières années. Pour autant, cela ne justifie d’en arriver à la dissolution des groupes de supporters selon vous ?

Non, il n’y a rien qui justifie cette décision les concernant. On le répète, nous sommes pour les sanctions individuelles, pas pour les sanctions collectives. Pour ce qui concerne les groupes de supporters à Saint-Etienne, l’incident le plus grave concerne le match contre Auxerre (en barrage d’accession à la Ligue 1 en 2022). C’est le point noir de leur dossier. Et pourtant, il y a eu des arrestations, des interdictions de stade et des amendes. Les concernés ont été sanctionnés individuellement. Pourquoi, trois ans plus tard, remettre ce dossier sur la table ? Si on prend le cas de Geoffroy Guichard, il y a plus de 200 caméras qui filment à chaque match, ils sont tout à fait capables de repérer les fauteurs de trouble et de les sanctionner. En agissant de la sorte, ils prennent le risque de ne plus avoir le moindre interlocuteur à Saint-Etienne et ça peut vite devenir n’importe quoi.

Ce sont des groupuscules politiques. Ils ne sont ni là pour le match ni pour le football, mais pour transmettre leurs idées nauséabondes d’extrême droite et néonazis.

Le ministère de l’Intérieur vise également des groupes qui ont des positions identitaires, d’extrême-droite, à Strasbourg ou autour du Paris FC. Comprenez-vous leur choix sur ce cas spécifique ?

Absolument, de toute façon, il n’y a qu’à lire notre communiqué et toute notre communication depuis plusieurs jours. Aucun de nous ne défend ces deux groupes-là. En attendant, les seuls qui ont reçu des notifications, ce sont les deux groupes de Saint-Étienne (la Légion X, collectif de supporters du Paris FC a fait l’objet d’une procédure de dissolution de la part du ministère de l’Intérieur juste après notre entretien, NDLR). De toute manière, ce ne sont pas des groupes à part entière, ce sont des groupuscules politiques. Ils ne sont ni là pour le match ni pour le football, mais pour transmettre leurs idées nauséabondes d’extrême droite et néonazis.

Ce sont des gens qu’on combat dans les stades et ce sont eux que le ministère de l’Intérieur doit cibler, pas les ultras. Maintenant, on a le sentiment qu’ils servent de pare-feu pour justifier l’action gouvernementale et finalement s’en prendre aux ultras. Dissoudre ces petits groupuscules qui ne représentent rien, ça peut être fait rapidement. Mentalement, on change de ministre des Sports tous les six mois en ce moment, c’est difficile de travailler avec eux. On aimerait aussi que la nouvelle ministre ne se cache pas derrière son ministre de l’Intérieur. On aimerait qu’elle prenne position sur le sujet.

Quelle est la position des élus locaux sur ce sujet ?

On a contacté les députés de la région, En particulier celui de la circonscription de Valenciennes (Salvatore Castiglione, NDLR), qu’on va rencontrer prochainement pour parler de ce sujet avec lui. On compte sur nos élus locaux pour faire pression et nous aider dans ce dossier. On va déjà lui demander de prendre position officiellement. Sachant que 61 parlementaires (majoritairement de gauche, NDLR) ont déjà signé une tribune. À l’heure actuelle, les députés du Nord ne sont pas signataires, mais on compte bien les convaincre soit d’être signataires, soit d’intervenir autrement pour que le ministre de l’Intérieur revienne sur sa décision.

Imagen del artículo:VAFC : Après un « coup de couteau dans le dos », les Ultras Roisters envisagent « l’auto-dissolution »

Hugo Pfeiffer/Icon Sport

Concrètement, quel impact cela peut-il y avoir sur l’ambiance au stade du Hainaut sur cette fin de saison ? Peut-on craindre des mouvements de contestation allant jusqu’à la mise en retrait des groupes de supporters ?

Non. Il n’y en aura pas. A l’heure actuelle, aucune grève, aucun retrait de groupes de supporters n’est à l’ordre du jour. Il nous reste quelques matchs pour viser la montée. Ça va être dur, mais nous, on continue à y croire. On prépare un tifo pour vendredi, on est pleinement mobilisé. Maintenant, il y aura sûrement des messages qui vont sortir, parce que c’est notre façon de nous exprimer. Ensuite, comme évoqué, on verra si on doit en arriver jusqu’à l’auto-dissolution pour se protéger et faire comprendre à tout le monde que le dialogue est important. Même si on n’est pas en première ligne, on sait que notre tour viendra si le mouvement de dissolution est lancé.

Avez-vous parlé de tout ça avec le club ?

Ils sont au courant. De toute manière, on a déjà rompu la remontée d’informations. Ils comprennent, même si ça les embête. Et ça nous embête aussi, ça ne fait pas plaisir de faire ça. Aujourd’hui, on s’entend bien avec les dirigeants du club, qui sont plutôt actifs sur le plan national dans ce dossier. On sait que ça discute en « off », on espère que le dossier pourra avancer dans les prochains jours et aboutir sur des choses très positives.

Sans dénigrer le travail des autres, de son prédécesseur, cela fait du bien d’avoir un vrai coach.

Ce week-end, le VAFC dispute un derby qui s’annonce déjà crucial dans la course à la montée. Comment voyez-vous ce match et la fin de saison dans son ensemble ?

Derby, c’est un bien grand mot. Boulogne, c’est un peu loin et on s’entend très bien avec les mecs de Boulogne. Il n’y a plus de rivalité que ça. Maintenant, c’est un des matches très importants de la saison. On aimerait bien le gagner et pouvoir s’enflammer un peu sur les derniers matches. Après toutes ces années de galère, ça nous ferait du bien. Cela devrait être un match intéressant sur le terrain et en tribunes, et c’est ça qui est bien. On apprécie de retrouver des sourires chez les gens qui vont au stade, surtout depuis l’arrivée du nouveau coach.

Vous ressentez un retour de flamme, le retour d’une vraie dynamique depuis le début de l’année civile ?

Depuis quelques semaines, depuis l’arrivée du nouveau coach (Vincent Hognon, NDLR). Sans dénigrer le travail des autres, de son prédécesseur, cela fait du bien d’avoir un vrai coach. On n’est pas là pour porter un jugement sur les personnes, mais les résultats sont ce qu’ils sont. Il y a une bonne dynamique autour du club, dans le stade, au sein des tribunes. Même la communication du club fait plaisir. Il faut continuer sur cette lancée et puis tout faire pour essayer de monter cette année. Et si ce n’est pas le cas, malheureusement, on va construire quelque chose pour être encore plus fort l’année prochaine ensemble, dirigeant, supporter. Et puis on finira par remonter et montrer à la France qu’on est encore là.

Tous propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Daniel Derajinski/Icon Sport

Ver detalles de la publicación