le11
·10 janvier 2023
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Titulaires lors de l’élimination de l’Amiens SC à Thaon-les-Vosges, Hassane Bandé et Sebastian Ring n’ont clairement pas marqué des points à l’occasion de cette rencontre. Dans la lignée d’une indigente première partie de saison, les deux joueurs ont incarné un effectif de l’Amiens SC qui montre ses limites et un recrutement estival contestable. Explications.
Recruté pour être « a priori le titulaire au poste de latéral gauche« , selon les propos tenus par Philippe Hinschberger en juin dernier, Sebastian Ring n’a jusqu’ici jamais réussi à confirmer les espoirs placés en lui par la cellule de recrutement de l’Amiens SC. Peu convaincant durant la préparation, en dépit d’un temps de jeu conséquent afin de lui permettre de prendre ses marques avec sa nouvelle équipe, le Suédois n’a finalement débuté que 5 des 17 premiers matches de championnat. La faute à un profil qui ne colle pas parfaitement au plan de jeu selon son entraîneur : « Ce n’est pas forcément quelqu’un qui a les qualités pour jouer piston gauche dans une défense à trois comme je l’entends. » Or, cela fait désormais plus d’un an que l’Amiens SC évolue en 3-5-2. Dès lors, on peut légitimement se demander pourquoi John Williams a été chercher « quelqu’un plus à l’aise dans une défense à quatre » selon l’analyse de son entraîneur.
Le problème est sensiblement le même au sujet d’Hassane Bandé, qui reconnaît lui-même être plus à l’aise « en haut à gauche dans un 4-3-3« . C’est à dire dans un rôle d’ailier aujourd’hui inexistant dans le système de jeu de Philippe Hinschberger. Et si cela ne peut suffire à justifier ses prestations insipides depuis son arrivée en Picardie, le Burkinabé semble lui aussi avoir été choisi sur des critères assez inadaptés. « C’est difficile de tout deviner en avance quand on recrute, tempère le coach de l’ASC. On essaie de se tromper le moins possible, je ne veux pas dire qu’on s’est trompé. Hassane Bandé a été stoppé pendant deux ans pour une sale blessure, il faut juste qu’il retrouve ce pour quoi l’Ajax l’a transféré à un certain moment. »
Précisément en juillet 2018, soit déjà quatre ans et demi, et pour un montant de huit millions d’euros. Quant à sa rupture des ligaments croisés, celle-ci date de la même période et l’intéressé a tout de même disputé 77 matches depuis son retour sur les terrains. A l’heure actuelle, Hassane Bandé semble surtout être le « digne » successeur d’Adama Diakhaby. A savoir un joueur promis à un brillant avenir, qui a fait l’objet d’au moins un gros transfert, qui n’a pas réussi à confirmer et qui peine à se relancer sous la tunique amiénoise. Et s’il est arrivé libre l’été dernier, l’international burkinabé (23 sélections) s’est engagé pour trois ans avec l’actuel quatrième de Ligue 2. De quoi faire grincer quelques dents aujourd’hui.
De là à se montrer inquiet pour l’avenir de Sebastian Ring et d’Hassane Bandé en Picardie ? « Je n’en sais rien. J’essaie toujours de trouver la juste cause et de protéger quand le besoin s’en fait ressentir. Pour l’instant, ce sont des garçons qui ont de bons comportements, note Philippe Hinschberger. Arriver dans un nouveau club, c’est toujours plus compliqué. Ce sont peut-être des garçons qui ont besoin de plus de temps. Sur la première partie de saison, il est vrai qu’ils ne sont pas arrivés au niveau qu’on pouvait attendre. Ils n’ont jamais postulé pour un rôle de titulaire. Comme je l’ai dit, le match de coupe n’était ni un cadeau ni une punition mais un match où les gens doivent tirer leur épingle du jeu. » D’une neutralité assez affligeante, les intéressés n’ont fait que confirmer les doutes à leur sujet.
Et comme à chaque intersaison depuis maintenant un certain temps, les recruteurs de l’Amiens SC semblent donc s’être pris les pieds dans le tapis en recrutant des joueurs en inadéquation avec les profils nécessaires au bon équilibre de l’effectif. Ainsi, le club picard se retrouve en quête d’un numéro 9 solide et régulier alors qu’il dispose en son sein de joueurs offensifs au profil d’ailiers (Bandé, Chibozo) finalement peu utiles. Défensivement, les solutions sont tellement limitées que Youssouf Assogba se retrouve à dépanner en défense centrale, pendant qu’Owen Gene – milieu de terrain de formation – fait toujours office de doublure à Antoine Leautey dans le couloir droit.
Et alors que la deuxième partie de saison va s’apparenter à un véritable marathon et que l’apport du banc pourrait bien s’avérer décisif, comme ce fut le cas en 2016/2017, Amiens ne semble clairement pas le mieux armé dans ce domaine. La faute à un recrutement estival qui montre déjà ses limites, derrière les réussites Gélin et Leautey.
Romain PECHON