Après Salomón Rondón, le nouveau Venezuela s’expose en Espagne | OneFootball

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Furia Liga

·28 juin 2019

Après Salomón Rondón, le nouveau Venezuela s’expose en Espagne

Image de l'article :Après Salomón Rondón, le nouveau Venezuela s’expose en Espagne

Darwin Machis, Mikel Villanueva, Juanpi Anor, Yangel Herrera ou encore Roberto Rosales. Tous ont un point commun, faire partie de la sélection du Venezuela qui affronte l’Argentine pour une place en demi-finale de la Copa America 2019. Cette belle liste fait aussi le bonheur de l’Espagne du football. Arrivés après dans la sillage de Salomón Rondón, tous sont maintenant des footballeurs reconnus en Liga ou en Segunda. Bien sûr, ils n’ont pas encore l’aura du buteur, mais ils sont la partie visible d’un projet qui a vu le jour au début des années 2000. Retour sur la manière dont le Venezuela a voulu changer son image.

L’histoire est belle, intéressante et finit bien, dans l’ensemble. Au tournant des années 2000, le Venezuela alors tenu par Hugo Chavez en a marre d’être le sac de frappe de tout un continent sur le plan footballistique. Rare pays d’Amérique du Sud à ne pas ériger le football en sport roi, la Vinotinto n’a jamais vraiment pesé sur les campagnes de qualifications pour les différents Mondiaux ou lors des Copa America. Une situation qui agace alors le chef d’état va mettre sur pied un plan d’investissement pour faire grandir le football local.


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Symbole et fer de lance d’une nouvelle Vinotinto

En 2001, l’arrivée de Richard Paez en tant que sélectionneur national va matérialiser la volonté Chaviste en matière de football. Comme pour les clubs, le nouvel homme fort du football vénézuélien veut que toutes les équipes nationales jouent de la même façon, avec les mêmes codes. En 2007, se sont toutes les infrastructures du pays qui se paient un rafraichissement en vu de la Copa America. Pour les éliminatoires 2010 et 2014, et même pour la Copa 2011, les progrès sont notables que ça soit dans le jeu ou en matière de résultats.

Ce nouveau Venezuela est aussi permis par une vague de joueur qui vont s’exporter hors du pays, surtout en Amérique du Nord et en Europe. Avant, seul Juan Arango ou Rincón avaient réussi à performer hors du Vénézuéla. Depuis 2010, c’est la majorité de la sélection qui a fait ses gammes dans des ligues de haut niveau. Cette exportation permet de montrer le bon en avant réalisé par le football vénézuélien mais lui permet aussi de les faire progresser encore et toujours avec le même objectif à terme : participer à un Mondial.

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L’un des meilleurs joueurs vénézuéliens en Europe n’est autre que Salomon Rondon, fer de lance de la sélection au Brésil et surtout meilleur buteur de l’histoire de la sélection. Il vient tout juste de dépasser la première légende du pays : Juan Arango. Les deux ont des points communs notamment : avoir fait le grand saut en Europe en signant en Liga dans les Baléares. Quand Juan a quitté Mallorca, c’est Salomon qui posait ses valises à Las Palmas en 2009, avec succès. Après une bonne saison en Segunda, celui qui deviendra le Gladiator rejoint Malaga pour passer dans une autre dimension.

Adoubé par Pellegrini, Rondón a ouvert la voie à toute une génération talentueuse

En Andalousie, Rondón va faire ce qu’il sait faire de mieux : marquer des buts. À chaque fois il passe la barre des 10 buts en championnat, une régularité qui va offrir à Malaga une place en Ligue des Champions notamment. Sous les ordres de Manuel Pellegrini, Salo expose sa palette technique qui fait de lui un attaque moderne. Le natif de Caracas est rapide, il a une frappe de mule, sait se placer entre les lignes ou attendre le ballon dans la surface pour faire parler son physique et son jeu de tête. Buteur, il reprend le flambeau d’un Arango en pré-retraite. Incisif, il montre que le Venezuela peut former des talents capable d’être des titulaires en Europe.

Manuel Pellegrini est très vite tombé sous le charme de cette bestia qui culmine proche du mètre 90. « C’est un jeune homme qui aime travailler dur ». Le Chilien rajoute : « Depuis le début, il a toujours montré sa volonté d’évoluer et d’apprendre, jour après jour. Il est encore à ce stade où il a encore beaucoup de chemin à faire, mais c’est un privilège de l’avoir dans l’équipe ».

L’autre rencontre qui va bouleverser la carrière de Salo n’est autre que Ruud Van Nistelrooy qui sera son coéquipier à Malaga. Salo le considère même comme son « ange gardien » en Andalousie. Le Néerlandais distille de nombreux conseils notamment sur l’aspect mental au buteur. « Si je restais quatre ou cinq fois sans marquer et que j’étais stressé, il venait me voir et me disait: « Ne baisse jamais la tête, Salomon, n’abandonne jamais. Même dans vos pires moments, continuez de croire que les objectifs seront atteints, car ils le seront ». Ces mots sont devenus sacrés pour moi. »

L’histoire entre Malaga et Rondon ne dure que 2 ans, le buteur ne vivra même pas l’épopée en C1 de son club. Poussé vers la sortie pour faire rentrer de l’argent dans les caisses du club, le natif de Caracas s’envole alors pour la Russie en 2012 avant de revenir par la grande porte en PL. Cependant son passage en Liga a été déterminant comme l’explique Calors Tarache, PDG du site Solovenex : «Le parcours réussi de José Salomón Rondón dans la Ligue espagnole a joué un rôle important. Bien que court Rondón a ouvert la porte laissée par Juan Arango dans les pays ibériques. ». Il rajoute : « Aujourd’hui, les nôtres sont de plus en plus pris en compte sur le sol espagnol, en partie à cause de la grande référence laissée par ces représentants. Ils sont de plus en plus nombreux dans les ligues les plus renommées du monde. »

Des baby Rondón au succès inégal en Liga

Le premier à suivre les traces du formidable buteur n’est autre que Juanpi Anor en signant à Malaga dans la foulée de l’ancien de Las Palmas. À El pais il s’était confié sur son arrivée :« J’ai toujours voulu jouer en Espagne, depuis que je suis petit. C’était la Ligue dans laquelle je rêvais de jouer. J’ai eu la chance que Malaga ait signé Rondón et que mon agent, qui était aussi le sien, me recommande d’arriver avec Salomon. Ils ont regardé une vidéo de moi, j’ai été testé une semaine et je suis resté. » La Liga mais surtout Malaga vont devenir un carrefour pour de nombreux footballeurs vénézuéliens après ces deux arrivés.

Quand il signe, Juanpi est très jeune et se post-forme avec la B des Andalous. En 2014, quand il commence à jouer régulièrement, la colonie vénézuélienne s’est agrandie. Rosales, un latéral droit a rejoint le club et Darwin Machis a rejoint Grenade via Udinese. Le deuxième nommé, enchaîne le très bon mais aussi le très mauvais et manque de continuité. De son côté, le défenseur plus vieux et surtout plus expérimenté, est très vite au niveau et devient vite un incontournable. L’année d’après, c’est Mikel Villanueva qui rejoint l’équipe B de Malaga pour lui aussi se post-former. Le mirage Adalberto Penaranda rejoint la même année Granada via le même montage que Darwin Machis.

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L’histoire de ce Mikel Villanueva est assez particulière. Il l’explique à AS en 2016 : « Ma famille du côté du père est Basques. De Bilbao. De plus, ma grand-mère est galicienne et j’ai de la famille là-bas que je ne connais pas encore. Mes autres frères s’appellent Iker et Iñaki. Des noms basques. »

Son arrivée dans le football montre bien l’importance mineure du football au Venezuela aussi. « Depuis que je suis petit, je joue au baseball et il y a quatre ans, j’ai commencé à jouer au football. Et maintenant je suis à Malaga. Tout a été très rapide! Comme je ne pouvais pas être un professionnel du baseball, je suis allé étudier à l’université et j’ai commencé à jouer au football. Ensuite, j’ai rejoint une équipe, Deportivo Tachira, celle de ma ville. J’ai pu faire mes débuts en première division ! Grâce à mon agent (le même que Rondón et Juanpi), j’ai pu faire le saut à Malaga. Ils ont contacté leur conseil d’administration parce qu’ils se connaissaient déjà parce qu’ils avaient aussi Salomón Rondón et Juanpi. Et je suis arrivé à Malaga ».

Un autre Vénézuelien rejoindra par la suite la Liga : Yangel Herrera en janvier 2019. Sous le giron de City depuis la superbe CDM U20 2017 qui a vu la Vinotinto perdre en finale, le milieu a fait ses gammes en MLS avant de faire la bascule et d’être prêté à Huesca. Sentinelle de formation, disposant d’un très bon bagage technique et surtout l’âme d’un leader, le natif de la Guaira peut même dépanner dans le rôle de piston droit.

Cependant, lui comme ses coéquipiers en sélection auront des réussites bien différentes. Rosales, Juanpi et Villanueva vont être poussé dehors de Malaga après la relégation du club en 2018. Les trois seront donc prêtés, avec succès en Liga pour les deux premiers, en Segunda pour le deuxième. Machis confirmera son talent en Segunda après quelques déboires liés à l’empire Pozo mais n’a toujours pas réellement gouté à la Liga. De son côté, Penaranda a disparu des radars cette saison.

Football et politique, le cocktail quotidien au Venezuela

Ce bon niveau sportif rejaillit sur la sélection qui va de mieux en mieux. Le projet initié dans les années 2000 continue de porter ses fruits même si les investissements se sont taris et surtout que les critiques envers Nicolas Maduro, successeur de Hugo Chavez sont de plus en plus fortes. Pris dans une crise politique avec notamment Juan Guaidó, plusieurs footballeurs expatriés se sont positionnés contre la politique menée actuellement par le chef d’état vénézuélien. Rosales, Villanueva et Juanpi ont porté le message en Espagne quand Rondón a surtout mis le doigt sur les problèmes à la fédération.

Juanpi n’a par exemple pas hésité à se payer Diego Maradona, fidèle soutien de Nicolas Maduro : « On sait pourquoi Maradona s’intéresse au Venezuela, les intérêts qu’il a avec Maduro. Il est le pire exemple qu’un jeune footballeur peut avoir aujourd’hui, avec son comportement et ses propos. » Inquiet pour la situation de son pays, le joueur de 25 ans espère une issue positive au conflit. « Les Vénézuéliens qui manifestent chaque jour veulent juste un meilleur Venezuela. Trouver une démocratie dans laquelle ils peuvent vivre, avoir une qualité de vie, des médicaments, de quoi manger, toutes les choses nécessaires au quotidien. »

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Comme l’explique Rondon dans une interview au Guardian, tous sont conscient d’une chose : porter le maillot de Venezuela s’est être plus qu’un simple footballeur, ils doivent être des relais et des portes voix. « Ma responsabilité est de rendre les Vénézuéliens fiers. Lorsque nous jouons pour l’équipe nationale, nous essayons de leur faire oublier les mauvaises choses, rien que pour ces 90 minutes. Je n’ai pas de tatouage, mais si je le faisais, ce serait le drapeau de mon pays. Je suis très fier d’être un Vénézuélien. Ceci est ma carte d’identité. » Roberto Rosales s’était par exemple exprimé clairement sur le blocage de l’aide humanitaire par Maduro. « Il est temps d’agir. Nous devons élever nos voix pour que l’aide humanitaire entre le 23 février » Plus d’enfants mourant de malnutrition, plus de malades sans médicaments. Le Venezuela a vraiment besoin de cette aide »

Rafael Dudamel, patron de la sélection depuis 2016 n’est pas non plus épargné par les tensions politiques qui secouent le pays. Après avoir été proche de la démission à cause de pression, il a du faire jouer au pompier après qu’un ambassadeur nommé par Juan Guaidó est rendu visite au groupe après une victoire sur l’Argentine en Espagne. Il avait notamment déclaré : « Nous vivons dans des eaux très troubles parce que nous sommes très politisés« . Une prise de positon plus neutre que celle qu’il avait réalisé avant la finale du mondial U20 en 2017 où il avait appelé à l’arrêt des violences gouvernementales.

Une Copa America 2019 pour matérialisé une progression

Les baby Rondon qui commencent à s’émanciper sont donc au Brésil. Accompagné de quelques jeunes qui ont épatés alors du mondial U20 de 2017 comme Soteldo et Farinez. Ce groupe bourré de talent s’est qualifiée une nouvelle fois pour les quarts de finale de la compétition. La 4e fois en 5 éditions. Rappelons qu’avant 2007, la Vinotinto n’avait jamais passé les poules, preuve que le Venezuela progresse.

Dans le jeu, le 4-1-4-1 mis en place par Dudamel assure une solidité défensive à toute épreuve. Avec son passif comme sélectionneur des U17 et des U20 il connait parfaitement ses joueurs. Sur le terrain, Juanpi et Herrera échangent souvent leur place en fonction des besoins de l’équipe. Villanueva, devenu latéral gauche en club est toujours défenseur central dans l’esprit de son sélectionneur. Rosales est indéboulonnable sur le côté de la défense après deux ans d’absence pour des raisons floues. Offensivement, le Venezuela n’a marqué que 3 fois en 3 matchs essentiellement par le biais de Machis, l’ancien de Cadiz s’est offert un doublé face à la Bolivie. Ailier gauche capable de marquer très souvent, il est une arme redoutable et qui devrait être titulaire face à l’Argentine en quart.

Avant ce quart de finale qui peut encore être historique face à l’Argentine pour la Vinotinto, un esprit très ambitieux flotte autour de la sélection. La victoire face à la Bolivie a semblé libérer l’équipe comme l’a expliqué Juanpi.  « L’approche consistait à chercher le rival, à avoir plus de ballon que dans les autres matches. C’est comme ça que les choses se sont déroulées. Je pense que l’équipe a joué un match complet ». Rafael Dudamel a rajouté. « Nous sommes venus jouer six matches, nous en avons joué trois et nous allons travailler pour gagner le quatrième ».

Benjamin Bruchet

@BenjaminB_13

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