Argentine : l’histoire mouvementée du format du championnat | OneFootball

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Lucarne Opposée

·26 janvier 2025

Argentine : l’histoire mouvementée du format du championnat

Image de l'article :Argentine : l’histoire mouvementée du format du championnat

Le championnat argentin de football se distingue par sa capacité à se réinventer constamment. Depuis sa création en 1893, cette compétition n'a cessé d'évoluer, modifiant régulièrement son format, le nombre d'équipes participantes et son format. Cette instabilité chronique, qui pourrait paraître chaotique, reflète en réalité l'identité même du football argentin.

La période amateur, qui s'étend de 1893 à 1930, est marquée par une grande hétérogénéité dans l'organisation des compétitions. Cette époque voit se succéder différents formats, tandis que des scissions au sein des associations organisatrices complexifient encore davantage le paysage footballistique argentin. L'avènement du professionnalisme en 1931 apporte une première forme de stabilité. Pendant trente-cinq ans, jusqu'en 1966, le championnat adopte un format unique : une seule compétition annuelle, disputée en matches aller-retour, regroupant entre quinze et vingt équipes. Cette période, considérée comme l'âge d'or du football argentin, se caractérise par sa simplicité et sa constance même si très centralisé, la majorité des clubs venant de Buenos Aires et sa périphérie, les clubs de Rosario puis quelques exceptions venues de Santa Fe notamment.


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Ouverture et protection

Un tournant majeur intervient en 1967 avec la création du tournoi Nacional. Cette nouvelle compétition, qui vient s'ajouter au championnat Metropolitano traditionnel, répond à la volonté de fédéraliser le football argentin en intégrant des équipes de l'intérieur du pays (la province), jusqu'alors exclues de l'élite. Le Nacional adopte un format proche de celui d'une Copa de la Liga connue récemment, tandis que le Metropolitano conserve la structure historique. Ce système à deux compétitions perdure jusqu'à la saison 1985/86, où l'on revient à un championnat unique. Cette période de cinq ans est marquée par quelques expérimentations, notamment un système original où les matches nuls sont départagés aux tirs au but, offrant un point supplémentaire au vainqueur. 1990 marque le début d'une nouvelle ère avec l'introduction des tournois courts : le Clausura (paradoxalement disputé en ouverture de saison) et l'Apertura. Cette formule, qui voit vingt équipes s'affronter en matches simples, prévoit initialement une finale entre les vainqueurs des deux tournois pour désigner le champion de la saison. Cette année-là, le Newell's Old Boys de Marcelo Bielsa s'impose face au Boca Juniors d’Óscar Tabárez aux tirs au but. Cependant, la controverse née de la finale 1990/91 (Boca, invaincu lors de son tournoi en décembre 1990, perd la finale en juillet 1991 avec une équipe privée de ses meilleurs éléments, notamment ceux partis préparer la Copa América) conduit à modifier le règlement dès la saison suivante. Les vainqueurs du Clausura et de l'Apertura sont désormais sacrés champions sans disputer de finale. Ce format, qui permet aux clubs modestes de rivaliser avec les grandes écuries grâce à des compétitions plus courtes, s'installe durablement jusqu'en 2011/2012. Parallèlement, en 1983, est introduit le système des moyennes pour les relégations. Les descentes ne sont plus déterminées par le classement de la saison en cours, mais par une moyenne calculée sur les trois dernières années. Si ce système semble initialement favoriser les grands clubs, les relégations historiques de River Plate (2011) et d'Independiente (2013) viennent bouleverser cette perception.

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Instabilité et enjeux politiques

La période 2011-2024 est marquée par une instabilité chronique. Les tournois Apertura et Clausura sont rebaptisés Initial et Final, avant un bref retour au système de la finale entre vainqueurs, rapidement abandonné. En 2015, une expansion incroyable porte le nombre d'équipes à trente, mais ce format s'avère peu attractif. S'ensuivent diverses tentatives de réorganisation, avec des tournois de transition, des systèmes de zones et des modifications constantes du nombre d'équipes participantes. L'augmentation du nombre de clubs en première division argentine révèle une stratégie politique subtile de la fédération. En multipliant les équipes modestes dans l'élite, l'AFA s'assure un soutien majoritaire lors des votes, chaque club disposant d'une voix égale indépendamment de sa taille ou de son histoire. Les petits clubs, reconnaissants de leur accession et soucieux de la conserver, tendent naturellement à s'aligner sur les positions du président de la fédération. Cette inflation du nombre d'équipes a également eu pour effet de diluer la compétition, rendant la relégation des clubs historiques presque impossible mathématiquement. Quand le risque sportif devient malgré tout trop pesant pour certains, la fédération n'hésite pas à suspendre purement et simplement les relégations, protégeant ainsi les « intérêts » des grands clubs tout en conservant le soutien des petits, satisfaits de leur maintien garanti.

Officiellement, la pandémie de COVID-19 en 2020 vient encore perturber l'organisation du championnat, suspendant notamment les relégations prévues. Depuis 2021, le format s'est stabilisé autour d'une ligue classique complétée par une Copa de la Liga, avec vingt-huit équipes participantes. Pour 2025, rebelote. Annulation des descentes annoncé peu avant la fin de la saison, saupoudrée d’une nouvelle formule : deux groupes de quinze équipes, avec une première phase de seize journées incluant des matches de groupes, un match interzonal tiré au sort et une journée de clásicos. Les huit meilleures équipes de chaque groupe se qualifient pour une phase finale à élimination directe, culminant avec une finale sur terrain neutre. Une formule tirée de la Copa de la Liga déclinée donc en deux tournois Apertura et Clausura. Une formule qui ne cesse d’entretenir la profonde instabilité vécue par le football local.

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