Furia Liga
·27 novembre 2020
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·27 novembre 2020
L’Athletic Club s’est imposé lundi par un surprenant 4-0 face au Real Betis, alors que les Basques s’enfonçaient plus que jamais dans la crise sportive. Gaizka Garitano, décrié par les supporters zuri-gorriak, aurait d’ailleurs reçu un ultimatum avant ce match. Lors d’une performance offensive remarquée, l’Athletic a prouvé être en mesure de trouver le chemin des filets. Mais cette victoire est-elle le signe d’un renouveau ou d’une nouvelle désillusion ?
La fin de la trêve internationale de novembre n’a finalement rien changé dans l’effectif basque. Gaizka Garitano est resté en poste malgré les critiques croissantes à son encontre. Son entêtement à proposer le même dispositif peu importent les performances a lassé les supporters. Difficile également de se faire une place dans le cœur des socios du San Mamés lorsqu’on n’accorde que peu de temps aux jeunes. Mais Garitano sait également exaucer les vœux des aficionados du club. Du moins, quand il n’en a plus le choix. La charnière à trois défenseurs centraux a ainsi été enterrée la saison dernière, quand les résultats n’ont fait qu’empirer.
Aujourd’hui, c’est un dispositif autrefois adulé qui se retrouve être la cible des supporters. Iñaki Williams n’est plus la panthère qu’il était, Raúl García est un faux 9 et c’est bien le problème, d’autant plus lorsque le meilleur buteur de la saison passée n’a toujours pas trouvé le chemin des filets. Le peuple bilbotarra réclame Asier Villalibre et davantage d’opportunités aux jeunes talents.
« Il joue sa place » pouvait-on lire à la Une de Mundo Deportivo (l’édition de Bizkaia) la veille du match contre le Manquepiedra. Contrairement à ce qu’il avait affirmé en conférence de presse, Gaizka Garitano jouait sa continuation sur le banc. S’il a perdu depuis quelques semaines la confiance des supporters, il risquait cette fois de perdre celle de l’administration et donc son poste. Pour améliorer sa situation, il a réitéré une option qu’il ne connaît que trop bien, celle de satisfaire les fans.
La nouvelle a filtrée quelques heures avant le match. Garitano a opté pour un double pivot totalement inédit, composé de Mikel Vesga et Unai Vencedor. Si le premier est peu soutenu, le second est régulièrement réclamé. La véritable révolution se trouve à l’avant-centre, avec la titularisation d’un certain Asier Villalibre. L’attaquant de 23 ans envoie le vieillissant Raúl García sur le banc et Williams sur l’aile droite. Avec Álex Berenguer et Yuri Berchiche à gauche, le couloir est assuré d’être force de propositions belliqueuses. Iker Muniain se positionne là où sa création d’espace a toutes les chances de s’épanouir, en 10.
À l’arrière, aucun changement notable. Le but victorieux d’Unai Núñez avec la sélection basque (victoire 2-1 contre le Costa Rica) n’aura pas convaincu Garitano. Le défenseur central est sur le banc, laissant Yeray et Iñigo Martinez confirmer leurs performances irréprochables à ce poste.
Dès l’entame de jeu, Berenguer s’illustre dans le camp andalou. Toujours accompagné de Villalibre, ils mettent rapidement en danger les hommes de Manuel Pellegrini. Il ne faudra pas attendre plus de dix minutes pour qu’el Búfalu envoie un bon ballon sur le défenseur Victor Ruiz, qui ne parvient pas à le dégager ailleurs que dans ses propres cages. Il ne faudra pas attendre trop longtemps avant que Villalibre s’illustre à nouveau. Après une tête parée de justesse par Claudio Bravo, Ander Capa profite de sa position avantageuse pour que son crâne obtienne le 2-0.
Iker Muniain et Iñaki Williams profitent des espaces crées par les joueurs du Betis, qui se montrent dépassés par l’imagination des Leones. Même Vesga se tente à la frappe, sans pour autant parvenir à la cadrer. Le jeu est rapide et les deux formations se partagent équitablement le ballon. Les milieux de terrain basques sont moins sollicités qu’à l’accoutumée. Le jeu se calme légèrement en début de seconde période.
Le calme avant la tempête. En début de 2e période, Iker Muniain est lancé dans la surface. Sa première frappe est écartée par Bravo, qui ne pourra cependant rien faire contre la tête réactive du milieu de terrain. Le jeu se poursuit, regagnant à nouveau en dangerosité. Les Basques ne se laissent pas distraire par le score et agissent comme s’ils ne menaient pas 3-0. Avant la 70e, une nouvelle action collective permet à Yuri Berchiche de trouver Berenguer dans la surface. L’ancien joueur du Torino croise sa frappe et inscrit son second but de la saison.
Après le quatrième but de son équipe, Garitano décide d’effectuer ses premiers remplacements. Les deux derniers buteurs iront se reposer. Pas touche à la défense. Si certains espéraient voir le nouveau gardien de la Roja à l’œuvre, la déception a dû être forte. Unai Simón a peu été sollicité, captant uniquement une frappe lointaine de Joaquín en première période.
À l’exception d’un cafouillage dans le premier quart d’heure – où un hors-jeu empêche l’égalisation du Betis – la défense basque est irréprochable. Les rares erreurs de Yeray sont corrigées dans la foulée par le principal concerné. L’international espagnol Iñigo Martinez assure son clean-sheet, lui qui est en concurrence avec le talentueux Pau Torres pour la place avec la Roja.
Comme lors des belles heures de la saison passée, les ailiers ont beaucoup apporté offensivement. Yuri Berchiche n’a pas manqué de s’élancer dans le camp adverse à chaque contre-attaque. Même chose du côté droit avec un Ander Capa qui profite de ses montées pour inscrire le second but de la rencontre. Au final, seul le double pivot s’est quelque peu dissipé durant la rencontre. Vencedor a insisté sur la transition du ballon, s’attachant à l’envoyer avec précision vers un créateur. De son côté, Vesga s’est illustré défensivement, comme à son habitude.
Si une telle victoire inspire une suite réjouissante, il est important de ne pas se précipiter. Les supporters espéraient une sortie de l’eau après la victoire 1-2 contre Eibar en début de saison. Il se passa tout le contraire, avec une violente défaite 0-1 contre Cádiz. « Il y a un autre match très important cette semaine » n’a pas manqué de souligner Garitano après la victoire contre le Betis. Sur la pelouse de Getafe dimanche prochain, l’Athletic devra confirmer sa performance. Celle-ci prouve les capacités d’une équipe qui s’enlisait dans ses problèmes.
En conférence de presse, Garitano a adopté une attitude surprenante, consistant à dire que la victoire n’a pas été le fruit des remplacements. « Nous avons fait de bons déplacements, mais nous l’avions également fait avant. Nous avons manqué de chance lors des matchs précédents » a reconnu le natif de Derio, avouant quand même que son équipe « a été plus efficace ». Peut-être par fausse modestie, Garitano a argué qu’il s’agissait de « trois points, rien de plus » et qu’il fallait voir « si nous continuerons sur cette bonne tendance ». Les supporters de l’Athletic ont espoir, mais davantage dans les joueurs qu’envers l’entraîneur.
Sans marquer, Villalibre a prouvé son apport essentiel dans le jeu offensif des Basques. Sa présence ce week-end est non-négligeable. Garitano l’a-t-il compris ? « Nous avons besoin de lui pour ses mouvements, mais il sait très bien entrer depuis le banc » a-t-il répondu. La réponse sera donnée dimanche après-midi à Getafe. Malgré tout, il fait ce qu’il doit tenter pour n’avoir rien – ou presque – à se reprocher.
Jérémy Lequatre-Garat @Euskarade
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