Derniers Défenseurs
·17 septembre 2021
Derniers Défenseurs
·17 septembre 2021
Ce jeudi 16 septembre s’est écrite une nouvelle page du football balte. En disputant son premier match en phase de groupes de l’Europa Conference League, le Flora Tallinn est devenu le premier club estonien à participer à la phase finale d’une compétition européenne. Présentation des champions d’Estonie.
L’histoire du Flora Tallinn commence en 1990, au moment de la chute de l’URSS et du bloc de l’est. Le 30 mars 1990, le parlement estonien adopte une résolution qui amorce une période de transition vers l’indépendance du pays. Considéré comme un championnat régional pendant toute la période d’incorporation de l’Estonie à l’URSS, le championnat estonien doit alors se relancer. C’est dans ce contexte que le 10 mars 1990 (soit 20 jours avant le vote du Parlement), Aivar Pohlak fonde le Flora Tallinn. Pour sa première saison en 1991, le club participe à un championnat encore disputé sous le format URSS, termine bon dernier et est relégué. Mais dès la saison 1992 se produit un tournant dans l’histoire du football estonien lorsque ce dernier s’affranchit des vestiges du football soviétique et reprend son sort en main en créant la Meistriliiga. Le début de la gloire pour le Flora.
Aivar Pohlak remet le trophée de champion d’Estonie de l’année 2017 au capitaine du Flora Tallinn
A ses débuts, la Meistriliiga est un championnat semi-professionnel auquel participent des équipes d’amateurs. Les performances du Flora sont rapidement celles d’un cador. Le club termine 4ème puis second lors de ses deux premiers exercices en Meistriliiga avant de remporter le championnat lors de la saison 1993-1994 dans des circonstances rocambolesques. Alors que le Tevalte Tallinn est premier à une journée de la fin, le club est disqualifié à cause de soupçons de trucage de matchs. Le Flora est second à égalité avec le Norma Tallinn. Les deux équipes disputent un match d’appui remporté par le Flora 5-2 pour s’octroyer son premier titre. Dès lors, les Triibulised (les “Rayés” en estonien) se sont affirmés comme les poids lourds du football local. Ils sont d’ailleurs le club qui a remporté le plus de championnats depuis l’apparition de la Meistriliiga avec 13 victoires en 30 éditions.
Sur la scène européenne en revanche, le Flora n’a jamais su passer les tours préliminaires d’une quelconque compétition. Le club a joué son premier match européen en 1994-1995 lors des tours de qualification pour la coupe UEFA, il est alors battu 6-0 par Odense. Mais depuis les choses ont changé. Le Flora a mûri et le championnat estonien est devenu entièrement professionnel depuis 2020. D’autre part, la création de l’Europa Conference League a permis d’ouvrir à des clubs plus modestes les portes du football européen.
Alors après avoir glané son 13ème titre en novembre dernier (en Estonie la saison se déroule de mars à novembre), le Flora a pris part aux tours préliminaires des coupes d’Europe. Ils ont d’abord concouru pour la Ligue des Champions le temps d’une double confrontation avec le Legia Varsovie. Les Polonais l’ont emporté 3-1 sur l’ensemble des deux matchs. Le Flora a ensuite été reversé dans la course à l’Europa League dans laquelle il a été éliminé aux tirs au but par l’Omonia Nicosie.
C’est donc consécutivement à deux désillusions que les hommes du tout jeune coach Jürgen Henn se sont retrouvés à disputer le dernier tour de qualification pour l’Europa Conference League contre Shamrock Rovers. Face au club de Dublin, deux victoires 4-2 à domicile puis 1-0 en Irlande ont assuré au Flora une première participation aux phases de groupe de l’Europa Conference League. Déjà auteur d’une performance historique, c’est décomplexé que le Flora Tallinn va se mesurer à ses adversaires.
A la tête de l’équipe, on retrouve le jeune entraineur Jürgen Henn, 34 ans et en place depuis 3 ans. Passé par le Flora en 2011 en tant que joueur, il s’est tourné vers le banc de touche dès ses 25 ans en prenant les rênes des U19. A partir de ce moment, il n’a cessé de gravir les échelons. Il est devenu entraineur adjoint de l’équipe première, puis entraineur principal de l’équipe réserve avant de signer son contrat à la tête de l’équipe première en 2018.
Jürgen Henn lors d’un match de qualification pour l’Europa League contre le Dinamo Zagreb à l’été 2020
Le groupe actuel a pour particularité d’être exclusivement composé de joueurs estoniens et de faire la part belle à la jeunesse (22 ans de moyenne d’âge). Cet effectif compte dans ses rangs plusieurs internationaux estoniens des plus expérimentés, comme Konstantin Vassiljev (115 sélections), aux plus novices d’entre eux comme Markus Poom (1 sélection).
Voici la liste des joueurs inscrits par le Flora Tallinn pour disputer l’Europa Conference League :
Gardiens : Ingmar Paplavskis (22 ans), Karl-Romet Nomm (23 ans), Matvei Igonen (24 ans), Evert Grünvald (20 ans)
Défenseurs : Märten Kuusk (25 ans), Oliver-Aleksander Otti (17 ans), Marco Lukka (24 ans), Erko Tougjas (18 ans), Andrei Smirnov (18 ans), Oliver Niit (17 ans), Karl Orren (16 ans), Henrik Pürg (25 ans), Ken Kallaste (33 ans), Kristo Hussar (19 ans), Michael Lilander (24 ans), Markkus Seppik (20 ans), Joonas Vahermägi (18 ans)
Milieux de terrain : Martin Miller (23 ans), Konstantin Vassiljev (37 ans), Rocco Shein (18 ans), Henri Välja (19 ans), Markus Soomets (21 ans), Markus Poom (22 ans), Martin Valkiainen (18 ans), Gregor Gritsenko (17 ans), Sten-Egert Paap (18 ans), Georg Vende (17 ans), Danil Kuraksin (18 ans), Ivan Timofejev (19 ans)
Attaquants : Sten Reinkort (23 ans), Henrik Ojamaa (30 ans), Rauno Alliku (31 ans), Rauno Sappinen (25 ans), Sergei Zenjov (32 ans)
Bien que l’effectif du Flora soit juvénile, les joueurs sur lesquels devrait s’appuyer Henn ne sont pas les plus jeunes. Ainsi le leader défensif et vice-capitaine du Flora est Marten Kuusk. Pas forcément brillant par ses qualités physiques, ce défenseur central se distingue plutôt par ses qualités de leader. Sa capacité à bien lire les trajectoires et le timing de ses interventions sont aussi au nombre de ses qualités.
Au milieu de terrain, le joueur déterminant s’appelle Konstantin Vassiljev. Le vétéran de l’effectif reste un des hommes de base dans le cœur du jeu où son expérience et sa qualité de passe font de lui le métronome de l’équipe. Son expérience (115 sélections) a convaincu Henn d’en faire son capitaine.
Finalement, l’attaquant vedette de cet effectif est Rauno Sappinen, buteur qui affiche des statistiques assez impressionnantes en championnat avec 26 buts en 28 matchs en 2020 et 14 buts en 18 matchs en 2021. International estonien depuis 2015 et meilleur buteur de l’histoire du Flora avec 134 unités, sa vitesse et son sens du déplacement devraient lui permettre de se faire remarquer durant ces phases de groupe.
Konstantin Vassiljev (de dos) et Rauno Sappinen (de face) après que ce dernier ait inscrit le seul but du match retour contre Shamrock Rovers
Pour leurs premiers pas en phase de groupes d’une compétition européenne, les Triibulised peuvent s’estimer heureux. Ils ont évité les favoris de la compétition au tirage au sort.
Opposés aux Belges de Gent dès la première journée, les Estoniens ont été battus sur la plus petite des marges malgré une performance encourageante. Leur prochain match les opposera au Partizan Belgrade. Les vice-champions de Serbie représentent un sacré morceau pour le Flora. Actuellement leaders de leur championnat, les hommes d’Aleksandar Stanojevic recevront le Flora le 30 septembre avec la ferme ambition d’enchainer après leur entrée en lice réussie contre l’Anorthosis Famagutsa (0-2). Finalement, les troisièmes adversaires des Estoniens seront donc les Chypriotes de Famagusta. Arrivé quatrième du dernier championnat, l’Anorthosis s’est qualifié en disposant de l’Hapoel Be’er Sheva. Renforcés cet été par le recrutement de l’international nord-irlandais Kyle Lafferty, les Bleus et Blancs sont les adversaires les plus abordables pour le Flora. Les Estoniens se déplaceront d’abord à Chypre en octobre avant d’accueillir le match retour en novembre.
Comme ils l’ont montré face à Gent, le Flora Tallinn saura être accrocheur face à chacun de ses adversaires. Malgré cela, le manque d’expérience européenne de ce groupe pourrait lui porter préjudice.
Un grand merci à @EstonianFBP (Twitter) pour leur aide dans la rédaction de cet article.
Crédits Photos : IMAGO
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