Lucarne Opposée
·20 novembre 2024
Lucarne Opposée
·20 novembre 2024
La première mi-temps de ce troisième tour de qualification s’est achevée et déjà certaines dynamiques semblent définitives. Voici l’heure des matchs retour avec beaucoup d’affronts à laver de part et d’autre.
Cruellement défait à Doha avec un but au bout du temps additionnel, l’Ouzbékistan devait reprendre sa marche en avant face à la Corée du Nord à Vientiane. Comme souvent face à cet adversaire, chaque match ressemble à un piège. Comme d’habitude, l’Ouzbékistan a un mal fou à concrétiser ses nombreuses occasions, pas aidé par l’absence de Shomurodov, blessé. Mais il reste un autre joyau dans l’équipe, le joueur du CSKA Moscou Abbosbek Fayzullaev. Bien servi en retrait par Bobur Abdikholikov, il expédie un missile dévié par un défenseur nord-coréen qui finit au fond (0-1, 43e). Le verrou est enfin débloqué. Il manque toujours ce deuxième but pour faire le break et l’Ouzbékistan recule toute la deuxième mi-temps, sans pour autant être ultra-dominé. Jusqu’à la 80e. Umar Eshmurodov se rend coupable d’une petite mimine dans la surface. Combo penalty – carton rouge. Utkir Yusupov s’interpose et sauve les siens ! Le gardien sort encore une parade exceptionnelle à la 89e. Les huit minutes d’arrête de jeu sont un supplice. Les Ouzbeks balancent des chandelles devant. Perclus de crampes, ils tombent comme des mouches. Le coup de sifflet final tombe enfin, tout comme les joueurs. Le sort leur sourit pour une fois, et ce sont trois points importantissimes qui tombent dans l’escarcelle de l’Ouzbékistan.
Vainqueur à l’aller par la plus petite des marges, l’Iran continue son petit bonhomme de chemin. Sa résilience lui a permis de venir à bout de la Corée du Nord à dix contre onze et il aborde donc ce match plein de confiance. Il ne faut pas longtemps pour forcer les cages kirghiz, Mehdi Taremi reprenant astucieusement un ballon repoussé par le gardien (0-1, 12e). L’Iran gère et double la mise sur une merveille de transition conclue par Saleh Hardani (0-2, 32e). Mais les Kirghiz poussent et réduisent l’écart par Joel Kojo, l’attaquant du Dynamo Samarcande, qui place une superbe tête tout en puissance (1-2, 50e). Et ce qui devait arriver arriva. Comme contre la Corée du Nord, l’Iran connait un trou d’air inexplicable et concède un penalty, que transforme Kojo (2-2, 61e). Heureusement pour eux, Sardar Azmoun coupe parfaitement le centre de Milad Mohammadi et remet la Team Melli aux commandes (2-3, 76e). L’Iran s’agrippe fermement à la première place et valide officiellement sa place parmi les quatre premiers. N’ayant plus qu’un seul déplacement à négocier, on voit mal les protégés d’Amir Ghalenoei ne pas se qualifier haut la main.
Ce derby de la Péninsule avait incroyablement souri aux Émirats lors du match aller avec une prestigieuse victoire 3-1 à la clé en terres qataries. Depuis lors, les hommes de Tintín Márquez soufflent le chaud et le froid, et peinent à convaincre. De leur côté, les protégés de Paulo Bento n’avaient pas envie de s’arrêter en si bon chemin. Trois minutes à peine et voilà Fabio Lima qui propulse les Émirats devant sur une belle contre-attaque (1-0, 3e). Le Qatar pousse mais les Émiratis ont du répondant et Al-Ghassani fracasse la transversale à la demi-heure de jeu. Malin, Harib Sultan vient gratter un penalty dans les pieds du héros du match précédent, Lucas Mendes. Lima transforme et donne de l’air aux Émirats (2-0, 44e). Le match vire à la correction lorsque Lima s’offre un triplé sur un coup-franc monstrueux avant la mi-temps (3-0, 45+3e). L’humiliation se poursuit avec un nouveau penalty de Lima (4-0, 56e) et une banderille de Yahya Al-Ghassani (5-0, 73e). La honteuse demi-finale de 2019 face à ce même Qatar est effacée, place aux espoirs pour les Émiratis qui reviennent à trois points de la deuxième place ouzbek. Pour Tintín Márquez, ça commence à sentir le roussi.
Tenue en échec sur sa pelouse lors du match aller, la Corée du Sud était attendue pour son match retour face à la Palestine. Après un entraînement réussi face au Koweït, les Sud-Coréens faisaient face à un adversaire beaucoup plus solide. Bien en place défensivement et efficace au pressing au milieu de terrain, la Palestine a posé de gros problèmes aux Guerriers Taeguk dans l’utilisation du ballon. D’autant plus que la paire Park Yong-woo – Hwang In-beom n’était pas assez active pour proposer des solutions aux défenseurs centraux dans la volonté de repartir de l’arrière. Le match s’est donc déroulé sur un rythme lent propice aux Palestiniens. Ces derniers ouvraient même le score à la suite d’une passe en retrait manquée de Kim Min-jae pour Jo Hyeon-woo. Zaid Qunbar en profitait alors pour récupérer le ballon et tromper le portier sud-coréen. Mais rapidement, Son Heung-min égalisait après une superbe action collective sur le flanc gauche de l’attaque. Un score de parité qui restait inchangé après quatre-vingt-dix minutes frustrantes au cours desquelles Hong Myung-bo n’a jamais paru en mesure d’influer sur son équipe et notamment son milieu de terrain aux abonnés absents. Preuve en est, aucun changement dans ce secteur n’était effectué par l’ancien entraîneur d’Ulsan. Avec deux points sur six possibles face à la Palestine, la Corée du Sud ne convainc toujours pas, mais reste en tête du groupe B avec une avance assez confortable sur la troisième place.
Frustré par la Jordanie au match précédent, l’Irak avait à cœur de reprendre sa marche en avant pour arracher la deuxième place. Pour se faire, il fallait battre Oman à Mascate, là où les Omanais viennent de prendre les trois points face à la Palestine quelques jours plus tôt. Et sur un joli numéro d’Ali Jasim, Ahmad Yasin centre pour Youssef Amyn qui ouvre le score pour l’Irak (0-1, 36e). La machine est lancée, les soldats sont prêts pour le combat. Une longue bataille s’ouvre, durant laquelle les Irakiens tiennent bon, contrôlent le match et placent des contres malheureusement inefficaces. Dans les cages, Ahmad Basil a déjà fait oublier Jalal Hassan et rassure une défense solide et puissante. Au coup de sifflet final, les joueurs s’enlacent car ils savent que c’est une très belle opération qu’ils viennent d’effectuer. Coup d’arrêt pour les Omanais qui pointent à cinq points de la deuxième place et devront quand même regarder dans le rétro pour ne pas se faire éjecter des barrages.
Au match aller, le Koweït était venu arracher un point inespéré à Amman. Outrée, la Jordanie a décidé de laver l’affront face à un adversaire loin de son standing d’antan. À la 21e, Yazan Al-Naimat exécute un numéro de soliste conclu d’un superbe enroulé dans la lucarne (0-1). On pense les Nashama sur la voie du succès, mais le Koweït a du répondant. Mohammad Al-Daham, déjà buteur contre la Corée du Sud, remet le couvert et les deux équipes à égalité (1-1, 67e). La fin du match est électrique, l’ambiance tendue et les occasions se succèdent de part et d’autre. En vain. La Jordanie manque l’occasion de revenir sur l’Irak, tandis que le Koweït arrache son quatrième match nul sur six matchs joués.
L’Indonésie, qui avait signé un des gros coups du début des qualifs en ramenant un point de Riadh, doit maintenant engranger des victoires, et doit surtout se faire pardonner le massacre contre le Japon jeudi passé. Pour les Saoudiens, il est aussi l’heure de passer la seconde, pour le grand retour d’Hervé Renard. Le début de match est à l’avantage des Indonésiens mais ceux-ci manquent encore une fois cruellement de finition. L’Arabie saoudite reprend progressivement le dessus, mais à la demi-heure de jeu, le petit prodige Marselino Ferdinan nettoie la lucarne sur une superbe percée de Ragnar Oratmangoen (1-0, 30e). L’Indonésie est en confiance et passe à plusieurs reprises à deux doigts de doubler la mise. La délivrance arrivera finalement à l’heure de jeu, avec un nouveau but de Ferdinan qui fait exploser le stade sur un bon service de Calvin Verdonck (2-0, 56e). La célébration est iconique. Dans les cages, Maarten Paes fait le taf. L’Indonésie contrôle et l’Arabie saoudite s’énerve. Paes dévie une frappe monstrueuse sur la transversale. Solidité et dévouement. Le coup de sifflet final libère 278 millions de personnes grâce à l’un des plus beaux succès de l’histoire du football indonésien. La Team Garuda se replace dans la course à la qualif, pendant que Renard ne peut que constater la déchéance progressive du football saoudien.
Il y a encore quelques mois, le Japon infligeait l’une des plus grosses défaites de son histoire à la Chine (7-0). Depuis lors, les Chinois semblent remonter la pente tout doucement et comptent sur ce match à domicile pour prendre leur revanche. C’est que le passif est lourd entre les deux nations… La Chine rend les coups, mais le Japon prend progressivement le dessus. Il faudra attendre la 38e pour que les Japonais passent devant, avec une belle tête de Koki Ogawa consécutive à un corner de Take Kubo (0-1). Le plus dur est fait. Un deuxième corner plus tard, Ko Itakura propulse une déviation de Koki Machida dans les filets chinois (0-2, 45+5e). On croyait la Chine abattue, mais celle-ci réduit l’écart sur un superbe mouvement aux retours des vestiaires par Lin Liangming (1-2, 49e). Le stade n’aura pas le temps de rugir, Koki Ogawa convertissant un superbe centre de Ito pour creuser l’écart (1-3, 52e). La logique est respectée, le Japon peut commencer à regarder les hôtels américains. Pour les Chinois, la messe n’est pas encore dite dans ce groupe ultraserré et bien malin qui pourra deviner le classement final.
Dans la cohorte de surprises du match aller, la victoire de Bahreïn en Australie était probablement la plus retentissante. Depuis lors, Graham Arnold a laissé sa place à Tony Popovic et, si le jeu n’est toujours pas des plus flamboyants, les bonnes habitudes reviennent. Il ne fallait pas arriver en retard à Manama puisque dès la première minute, Kusini Yengi ouvre le score en devançant Ebrahim Lutfalla (0-1). Les Socceroos passent en mode gestion, c’est-à-dire défi physique conséquent contre lequel les Bahreïnis font pâle figure. L’Australie semble sereine, mais sur un ballon anodin perdu au milieu de terrain, Mahdi Abduljabar sort une inspiration de génie et lobe Joe Gauci trop avancé (1-1, 75e). Gros coup de bambou sur les têtes australiennes. La magie opère car deux minutes plus tard, Abduljabar remet le couvert et assomme l’Australie en reprenant une tête australienne qui s’était échouée sur le poteau. Scènes de liesse sur le terrain et dans le stade. Bahreïn fait alors ce qu’il sait faire de mieux : le dos rond. Les Guerriers de Dilmoun tiennent mais concèdent quand même un nouveau but de Kusini Yengi de près (2-2, 90+6e). Qu’importe, Bahreïn est invaincu face à l’Australie et nous laisse un groupe C hyper serré ! Derrière l’intouchable Japon, l’Australie a 7 points, suivis des quatre équipes à six points. Le vrai groupe qui sent la poudre, c’est bien celui-ci.
Avec Baptiste Mourigal (Corée du Sud). Photo une : Lintao Zhang/Getty Images