Doit-on durablement installer Eduardo Camavinga au poste de numéro 6 ? | OneFootball

Cette saison, le Real Madrid fait face à une cascade de blessures, particulièrement au milieu de terrain. De Bellingham à Ceballos, en passant par Camavinga lui-même, les options de Carlo Ancelotti étaient souvent limitées. Si les postes plus défensifs bénéficient d’un certain bricolage, celui de sentinelle reste largement tributaire de Tchouaméni, l’unique spécialiste du rôle dans l’effectif. Dans ce contexte, Eduardo Camavinga devient une pièce maîtresse par défaut.

Camavinga, le numéro 6 parfait ?

Jeune, talentueux, audacieux, technique, intelligent, mature : qu’est-ce qui manque réellement à Eduardo Camavinga pour prétendre au statut de référence parmi les meilleurs milieux d’Europe ? Certains évoquent un besoin de punch offensif supplémentaire, d’autres pointent une certaine irrégularité ou des pépins physiques à surmonter. Mais une chose est claire : Camavinga figure déjà parmi l’élite européenne. À 22 ans, l’ancien Rennais arrive à maturité. Plus lucide dans ses choix, plus précis dans ses gestes, il sait désormais tempérer ses élans tout en prenant davantage d’initiatives. Le « rookie » d’hier s’est mué en un joueur mature et accompli.

En tant que sentinelle, Eduardo Camavinga a déjà marqué les esprits. On se souvient de son rôle dans le 5-2 face à Liverpool en 2023, de sa prestation XXL au retour contre Manchester City (1-1, 5-4 tab), ou encore de son impact en finale de la Ligue des champions face au Borussia Dortmund (2-0). Certes, les débuts de ces rencontres ont parfois révélé quelques tâtonnements, mais l’issue a toujours été positive. Camavinga en numéro 6, c’est une arme redoutable : capable de hausser le tempo, de relancer proprement et de projeter son équipe vers l’avant, tout en insufflant un équilibre indispensable.

L’ancien numéro 12 madrilène apprécie évoluer plus bas sur le terrain, un penchant déjà perceptible lorsqu’il dépannait au poste de latéral gauche. Désormais installé en position de sentinelle dans l’entrejeu, il bénéficie de plus d’espaces qu’en tant que relayeur pour déclencher ses percées, un exercice qu’il affectionne tout particulièrement. Malgré quelques ajustements nécessaires, notamment sur des erreurs de placement parfois liées à sa polyvalence ou à une certaine fougue qui peut le trahir, Camavinga possède toutes les qualités pour devenir un pilier incontournable du milieu madrilène.

L’équation Tchouaméni

Et Aurélien Tchouaméni dans tout ça ? L’ancien Monégasque semble avoir perdu une partie du soutien des Madridistas. Neutralité frustrante, jeu trop académique, erreurs notables : difficile de plaider sa cause au milieu de terrain cette saison. Bien qu’il s’efforce de suivre à la lettre les consignes de Carlo Ancelotti, cela reste insuffisant pour se démarquer ou apporter ce supplément d’âme qui ferait de lui un pivot.

Prise d’initiatives, relances propres, aisance sous pressing et personnalité balle au pied : « Tchou » titube face à ces mots pendant que  « Cama » coche toutes les cases.

Nombreux sont ceux qui souhaitent voir les deux Français cohabiter sur le terrain. Mais au milieu ? Peu probable. En installant Camavinga en 6, au détriment de son compère, Tchouaméni pourrait alors retrouver un rôle de défenseur central, une position qui lui avait particulièrement réussi la saison passée. Douze matchs seulement, mais largement suffisants pour convaincre tout le monde de sa fiabilité à ce poste. Ses qualités naturelles s’y prêtent parfaitement : intelligence tactique, placement impeccable, récupération propre, solidité dans les duels au sol et dans les airs. On ne lui demande rien de plus, et il excelle dans ce registre.

Camavinga semble être une solution solide en 6, mais la question reste ouverte sur sa pérennité à ce poste. Quant à Tchouaméni, sa baisse de niveau le contraint à évoluer en défense, un choix qui, même s’il profite à l’équipe, soulève des interrogations sur son avenir au Real Madrid.

Walid Soltani.