TLMSenFoot
·12 juin 2018
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·12 juin 2018
En mars dernier, je me suis retrouvée embarquée dans un voyage en Corée du Nord dans le cadre du tournage d’un documentaire autour du football et du sport.
Pendant que le monsieur du comptoir Air France nous expliquait qu’il était impossible d’aller en Corée du Nord, malgré nos authentiques et beaux visas coréens, mon esprit était déjà ailleurs, je venais de voir le programme du séjour et noir sur blanc il y avait écrit : Assister à un match au stade Kim Il-sung. Il fallait au moins cela pour me convaincre de mettre les pieds dans un avion et faire 13h heures de vol.
Quelques dizaines de crises de paniques et quelques jours plus tard nous y étions !
Le match en question était le dernier match de qualification pour la Coupe d’Asie des nations de football, opposant la Corée du Nord à Hong Kong.
Le stade est situé dans le centre de Pyongyang et il est accessible par tous les transports en commun : métro (station Kaeson), bus, tram. Nous nous y sommes rendu en car mais la plupart des personnes y venaient à vélo ou à pied.
Nous n’avons pas eu besoin de passer par la billetterie nous-même, mais la personne chargée de notre séjour s’était donnée beaucoup de peine pour nous obtenir des invitations en tribune présidentielle. Pas de vente en ligne, il faut passer par les guichets au stade. Etant donné qu’en Corée du Nord vous êtes toujours accompagnés par un, voir plusieurs guides, ces derniers se chargeront de prendre les billets pour vous et ils organiseront le transport.
La veille du match, nous avions pu visiter le stade encore vide et nous avions assisté à la mise en place tactique du coach norvégien Jorn Andersen.
Les vestiaires
De l’extérieur la façade est d’emblée imposante, avec les portraits des leaders Kim Il-sung et Kim Jong-il qui vous toisent d’en haut.
La capacité du stade est de 50000 places et fait office de maison pour l’équipe nationale et accueille également les matchs à domicile de l’équipe de la ville : Pyonyang City SC.
L’intérieur du stade est agréable et propre. Une buvette est à disposition et l’alcool y est autorisé. La pelouse est naturelle mais la piste d’athlétisme (ce fléau) gâche un peu le spectacle.
Juste au-dessus de la tribune présidentielle, une grande baie vitrée tintée derrière laquelle on nous souffle que le Maréchal Kim Jong-un assiste parfois aux matchs en toute discrétion.
Pyongyang veut dire « l’endroit calme » et c’est particulièrement vrai tant la ville est calme malgré les quelques 2,5 millions d’habitants qu’elle réunit. Cela est dû en grande partie au fait que très peu de Coréens possèdent des voitures particulières.
C’est pour autant une ville très vivante grâce à ses grands immeubles colorés et sa population assez jeune. Pyongyang est une très grande ville, ce qui rend les trajets d’un coin à l’autre assez longs, mais autant dire ce n’est pas là que vous verrez des bouchons.
Le stade se situe juste en face de l’arc de triomphe, monument à la gloire de Kim Il-sung. De part et d’autre il est entouré du grand parc Kaeson. On peut d’ailleurs voir la cime des arbres depuis l’intérieur du stade.
En termes de sécurité, la ville est l’une des plus sûres au monde. Même dans une foule ou au stade vous pouvez avoir l’esprit serein, personne ne viendra vous faire les poches.
Seul inconvénient, pas de vie nocturne dans la capitale. Les restaurants/bars ferment assez tôt. Mais beaucoup de restaurants proposent des diners accompagnés de spectacles de danse et de musique.
Avant le match le sélectionneur nous avait prévenu que l’ambiance était exceptionnelle dans les tribunes et en effet il ne nous avait pas menti. Le stade était rempli d’étudiants en uniforme qui ont exécuté des chorégraphies et chanté tout le long du match. Les tribunes se répondaient à travers le stade et les capos donnaient le ton. Les chants entonnés pendant les matchs sont majoritairement des chants patriotiques, on sent encore là l’empreinte laissée par les luttes qu’a connu le pays.
Ici pas d’Ultras, pas de sifflets ni de banderoles. Le contrôle d’ailleurs à l’entrée du stade est presque inexistant et concerne uniquement les billets.
Une tribune est réservée entièrement aux femmes, bien qu’elles puissent se mettre là où elles le souhaitent.
Le football coréen a longtemps été une combinaison de kick and rush et de jeu axé sur l’impact physique. Tout pour l’attaque. Le sélectionneur nous confiait d’ailleurs qu’il avait eu beaucoup de mal à mettre en place un style de jeu basé sur les combinaisons « Quand je suis arrivé, les joueurs ne se faisaient pas de passes. Ils prenaient le ballon et ils filaient tout droit. Ils ont un physique hors norme mais une culture tactique très pauvre ».
Le match contre Hong-Kong était quasiment une formalité tellement la sélection coréenne était supérieure à tous points de vue. Le jeu déployé était intéressant et on a pu constater les progrès apportés par Jorn Andersen, dont c’était également le dernier match à la tête de la sélection.
Score final 2-0 et une qualification au bout.
Un très grand merci à Hind pour son témoignage !