Furia Liga
·6 octobre 2021
Furia Liga
·6 octobre 2021
Avec 3 buts et une passe décisive en 8 matches, Raúl de Tomás réalise un début de saison encourageant pour le retour de l’Espanyol en Liga. L’attaquant formé au Real Madrid, grand artisan de la remontée perica, a tout dans son jeu pour être convoqué par Luis Enrique, en manque de profils offensifs comme celui de RDT.
Quelque part entre Peaky Blinders, Las Chicas del Cable et Kid Creole sans chapeau, Raúl de Tomás ne passe pas inaperçu sur un terrain. Une dégaine à la Rudolph Valentino et un sens du but très aiguisé. À une époque où l’Espagne compte ses vrais 9 sur les doigts d’une main, RDT regardera pourtant le Final 4 de la Ligue des Nations sur son canapé. Sans Álvaro Morata ni Gerard Moreno, blessés, Luis Enrique composera avec des ailiers reconvertis attaquants de pointe. C’est tellement la dèche que c’est Gavi qui portera le 9, car personne n’en a voulu !
Jamais avare en surprises, la convocation de Gavi et le retour de Sergi Roberto en attestent, le sélectionneur aurait pu se doter d’une vraie solution en pointe. A ce titre, Raúl de Tomás coche toutes les cases : authentique buteur, capable de participer au jeu, doté d’une vraie intelligence de placement comme le prouve son but contre le Real Madrid dimanche dernier. Or manifestement, cela ne convient pas à l’Asturien. Et c’est bien dommage. Car RDT n’est pas un inconnu. Il a connu la formation du Real Madrid, la Segunda avec Córdoba, Valladolid, le Rayo Vallecano et l’Espanyol, l’échec à Benfica. A chaque fois, il s’est adapté pour rebondir.
Lancé le 14 octobre 2014 par Carlo Ancelotti au… RCDE Stadium lors d’un tour de Copa del Rey contre la UE Cornellá, RDT n’a jamais pu se faire une place avec les Vikingos, au milieu des Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, Chicharito et Jesé Rodríguez. 14 minutes sans lendemain.
« Ce fut un moment très spécial pour moi et je serai toujours reconnaissant envers Ancelotti. Je valorise toujours énormément la reconnaissance que les entraîneurs ont à l’égard des joueurs de la cantera. Je n’ai pas beaucoup coïncidé avec lui, mais c’est un entraîneur top, il suffit de voir son palmarès. Et comme personne, c’est un 10. Pour sa façon de traiter les joueurs et sa capacité de décision en toutes circonstances » Raúl de Tomás dans Diario AS, le 1er octobre 2021
De quoi lui assurer une promotion à la Casa Blanca auquel il appartient toujours ? Pas vraiment. Pendant 3 ans, RDT sillonne les terrains de Segunda avec Córdoba (24 matches, 6 buts, 2 passes décisives), Valladolid (36 matches, 14 buts, 2 passes décisives) et le Rayo Vallecano (32 matches, 24 buts, 4 passes décisives).
Avec ces 3 prêts concluants, Julen Lopetegui envisage de le conserver pour la saison post-ZZ mais après une présaison médiocre l’attaquant refuse. Il comprend qu’il ne jouera que les utilités et poursuit l’aventure à Vallecas qu’il a amplement contribué à faire remonter en Liga. Sa saison 2018-2019 sous les ordres de Míchel Sánchez est une réussite malgré la descente : 14 réalisations et 1 passe décisives en 33 matches de championnat. À nouveau, le Real Madrid aurait pu faire de l’attaquant une doublure de Karim Benzema mais le club préfère claquer 63M€ sur Luka Jovic. RDT est transféré à Benfica pour 20M€, une somme extravagante pour un joueur avec une seule saison parmi l’élite. La hype est immense, la déception tout autant. Aucun but marqué dans un rôle de seconde pointe au côté du Suisse Haris Seferovic, une blessure à la malléole et c’est tout. A peine quelques mois à Lisbonne et dès janvier 2020, il revient en Liga. L’Aigle devient une Perruche. L’Espanyol le rapatrie pour 22.5M€ !
« Si je n’étais pas allé à Benfica, je ne serais pas aujourd’hui à l’Espanyol. Les choses arrivent parce qu’elles doivent arriver. Il faut être reconnaissant et pour être heureux maintenant, il fallait qu’il arrive quelque chose de mal là-bas, même si je l’ai très mal vécu » RDT dans Diario AS, la 1er octobre 2021
Photo by Sergio Ruiz / Pressinphoto / Icon Sport
Grand admirateur de Benzema qu’il qualifie de miroir pour sa faculté à se démultiplier sur le terrain, Raúl de Tomás est dans la lignée de Gerard Moreno et Borja Iglesias, les deux dernières grandes stars de l’Espanyol. RDT se veut complet et se donne les moyens d’y parvenir. Depuis 6 ans, il est épaulé par un coach personnel qui veille notamment à son alimentation. Par ailleurs, il n’est jamais contre un peu de boxe, histoire de développer les réflexes et s’améliorer dans les duels.
« Le buteur a une pression supplémentaire, avec une fonction très difficile. Je crois qu’il n’y a rien de plus compliqué que de marquer, mettre le ballon au fond. Cependant, ça te rend très fort. Quand ça ne va pas, tu sais que les projecteurs seront braqués sur toi car le football, ce sont les buts. Mais c’est ce qui te renforce pour y parvenir le match d’après » RDT dans Diario AS, le 1er octobre
Malgré la relégation en Segunda, il est resté chez les Blaquiazules. Bien lui en a pris. Sous les ordres de Vicente Moreno Peris, il retrouve définitivement la confiance : 37 matches, 23 buts et 3 passes décisives. L’Espanyol remonte. Et RDT continue de performer… sauf quand la VAR s’en mêle. Contre Alavés et Séville, il a marqué 4 buts mais seulement 1 a été validé, contre les Babazorros (1-0). Après 8 journées, il en est à 3 buts, soit 50% des buts de son club auxquels il faut ajouter une passe décisive contre le Betis (2-2). L’Atlético et le Real Madrid ont pu observer de près l’état de forme du Perico, preuve qu’il sait hausser son niveau dans les partidazos.
Pour autant, cela n’a pas convaincu Luis Enrique qui a cruellement besoin d’une pointe du registre de Raúl de Tomás. Une décision étonnante car le sélectionneur revendique le fait de voir de nouveaux joueurs quand il y a des blessés. Cela ne semble pas s’appliquer aux attaquants purs. Contre l’Italie, la Roja évoluera donc avec des ailiers reconvertis 9 ou faux 9. A un an du Mondial, il aurait tout de même été essentiel de tester RDT dans un voire 2 matches à enjeu en cas de qualification en finale de la Ligue des Nations. ¡Raúl Selección! : le remix.
François Miguel Boudet