Derniers Défenseurs
·15 octobre 2021
Derniers Défenseurs
·15 octobre 2021
Après une saison encourageante qui les a vu décrocher une deuxième place synonyme de participation à la 58e édition de la CAF Champions League, les étoilistes débutent officiellement ce samedi leur saison 2021/2022. L‘occasion de découvrir une Etoile new look, après un mercato marqué par le départ de plusieurs cadres. Entre stabilité et renouveau, quelles seront les ambitions du club pour ce nouvel exercice ?
Cela faisait depuis 2017 que l’Etoile du Sahel n’avait pas débuté une nouvelle saison avec l’entraineur ayant conclu la précédente. Quatre ans et treize techniciens plus tard, Lassad Dridi met fin à cette triste série après avoir survécu à l’été. En poste depuis le mois de janvier, Dridi a rempli l’objectif principal qui lui était fixé : retrouver la plus prestigieuse des compétitions africaines. Arrivé au club dans un contexte défavorable marqué par d’importantes difficultés financières, le jeune coach de 44 ans a su redonner un nouveau souffle à un collectif pétri de talent, permettant l’éclosion de plusieurs jeunes du centre de formation (Ghofrane Naouali et Fraj Kayramani pour ne citer qu’eux).
Seul point noir : une élimination précoce de la Coupe de la Confédération Africaine dans un groupe largement à la portée de l’Etoile, et ce après des contre-performances aussi évitables les unes que les autres. Plusieurs circonstances atténuantes ont néanmoins rapidement fait oublier ce revers (non-qualification des recrues, accumulation de blessures), la consolidation de la deuxième place de LP1 permettant à Dridi et son staff de rassurer les supporters quant à la bonne santé de l’équipe.
Lassad Dridi (à droite), aux cotés de la légende du club Yassine Chikhaoui.
Il est également important de souligner que la saison 2020/2021 représentait avant tout une saison de transition pour l’Etoile. Loin de son stade, le club a accusé un mauvais démarrage, lié à des erreurs de casting au poste d’entraîneur. La métamorphose de l’équipe qui a coïncidé avec l’arrivée de Lassad Dridi a donc rapidement offert au technicien une certaine crédibilité aux yeux du public et des dirigeants étoilistes. Solide au poste, ce dernier ne s’est pas laissé déstabiliser par les problèmes de gouvernance touchant le club. Cela a donc permis à l’Etoile de renouer avec une certaine stabilité qui lui manquait cruellement depuis plusieurs années.
Désormais, l’enjeu principal pour Dridi et son staff sera de confirmer les six premiers mois prometteurs. Cela passera par la consolidation du travail entamé sur le plan tactique, tout en composant avec un effectif partiellement renouvelé cet été. Car si la saison 2020/2021 pouvait être considérée comme un exercice de transition, les mois à venir seront cruciaux pour un club dont les ambitions ont naturellement été revues à la hausse, et qui devrait faire ses premiers pas dans son nouveau stade courant 2022.
L’équipe pourra également profiter du changement de gouvernance récent et de l’arrivée de Maher Karoui au poste de président. Celui-ci cherche à donner un nouveau visage au club, notamment à travers les succès de la section football. Son premier discours rempli d’ambition adressé aux joueurs de l’équipe première nous donne une idée claire sur les objectifs qui seront fixés à Dridi et son staff : disputer le championnat à l’Espérance, tout en jouant les premiers rôles en CAF Champions League.
Perdre quatre titulaires lors d’un même mercato n’est jamais facile. Cela l’est encore moins lorsque l’on retrouve parmi eux deux internationaux, le meilleur buteur du club, ainsi qu’un des plus grands espoirs tunisiens à son poste. Ainsi, l’Etoile a été contraint de laisser partir librement ses deux latéraux, Mortadha Ben Ouannes (Kasimpasa) et Wajdi Kechrida (Salernitana), qui étaient jusque-là deux pièces maitresses du dispositif de Lassad Dridi. A ses deux départs viennent s’ajouter les ventes de Mohamed Haj Mahmoud au club suisse de Lugano, ainsi que celle de Aymen Sfaxi, meilleur buteur du dernier exercice de LP1, vers le promu égyptien Future FC.
Ces deux transferts, estimés respectivement à 650 000 et 720 000 euros (selon le site Transfermarkt), représentent une rentrée d’argent non-négligeable pour un club qui devrait, selon le président sortant Ridha Charfeddine, accuser un déficit de 42 millions de dinars sur les quatre prochaines années. Si l’on rajoute à cela le transfert de Firas Belarbi vers le club émirati de Ajman estimé à 350 000 euros, ainsi que l’allégement de la masse salariale notamment dû aux départs de Mohamed Omar Konaté et Iheb Msakni, il devient évident que l’austérité sera le maître-mot pour les prochains mois. Cette idée est par ailleurs renforcée par le fait que l’intégralité des recrutements sont des prêts ou des arrivés de joueurs libres. L’Etoile n’a donc déboursé aucune indemnité de transfert.
La question qui se pose désormais est de savoir si ce recrutement « low cost » permettra de répondre aux ambitions affichées. Pour tenter d’y répondre, voici un tour d’horizon rapide des nouveaux arrivants étoilistes :
A première vue, cette liste de nouvelles recrues consiste en un savant mélange de joueurs d’expérience confirmés à la recherche d’un nouveau challenge, et d’éléments talentueux souhaitant se relancer ou retrouver du temps de jeu dans une équipe compétitive, pouvant davantage être considérés comme des « paris ». Il est également important de souligner que les postes qui ont connu des départs importants, ou qui étaient considérés comme prioritaires dès l’arrivée de Dridi du fait d’un manque de qualité, ont été comblés par des recrutements de « valeurs sûres » (Yaken, Laouafi, Masmoudi).
Autre fait important, ces recrues débarquent au sein d’une équipe en nette progression depuis l’arrivée de Lassad Dridi, composée elle-même d’une association efficace de joueurs expérimentés et de jeunes pousses. Ainsi, la présence de légendes de l’Etoile comme Yassine Chikhaoui et Aymen Balbouli, dont le rôle est aussi important sur le terrain qu’en dehors, ou d’éléments comme Mohamed Amine Ben Amor et Saddem Ben Aziza, au club depuis de très longues années, permet de créer un environnement sain dans lequel des talents tels que Malek Baayou (22 ans), Zinedine Boutmene (20 ans), Ghofrane Naouali (22 ans) ou encore Aly Soumah (21 ans) peuvent évoluer sereinement.
Aymen Mathlouthi dit “Balbouli”, lors de la Coupe du Monde des clubs disputée par l’Etoile du Sahel en 2007.
Au-delà de cet équilibre entre jeunesse et expérience, il semble désormais évident que Lassad Dridi bénéficie d’un effectif complet. Bond qualitatif sur des postes clés, l’intégralité des postes doublés avec un faible écart de niveau entre les potentiels titulaires et leurs remplaçants, présence de plusieurs internationaux et internationaux espoirs à des postes clés : il devient aujourd’hui possible d’affirmer que l’Etoile du Sahel bénéficie d’un des meilleurs effectifs du continent africain, étant en capacité de jouer les premiers rôles en CAF Champions League et en LP1.
Cet effectif fourni offre la possibilité à Lassad Dridi de faire évoluer l’équipe dans plusieurs systèmes de jeu. Ayant initialement débuté son aventure à l’Etoile avec un dispositif préférentiel en 4-2-3-1 ou 4-3-2-1, le coach a ensuite su s’adapter à ses adversaires et aux nombreuses absences en optant pour une organisation à trois défenseurs centraux, que l’on a surtout retrouver en Coupe de la Confédération. Aujourd’hui, l’effectif pléthorique offre au staff technique de l’Etoile l’embarras du choix et pose plusieurs « problèmes de riche ». Voici les possibilités qui s’offrent à Dridi, en présence d’un effectif complet :
Dispositif “classique” de Lassad Dridi en 4-3-2-1 .
Système en 4-2-3-1 utilisé par Lassad Dridi à ses débuts, avec un milieu offensif qui évolue très proche du numéro 9.
Dispositif en 3-4-3, pouvant se muer en un 3-5-2, également utilisé par Dridi de manière occasionnelle.
Alors qu’il existe certains doutes quant à l’état de forme d’éléments tels que Mohamed Amine Ben Amor ou encore Lyes Benyoucef, d’autres joueurs qui bénéficiaient d’un rôle important lors de la saison précédente semblent partir avec un handicap dans l’esprit de l’entraineur étoiliste (Coulibaly, Sallemi, Kayramani). Dans tous les cas, l’ESS semble disposer des armes suffisantes pour être compétitive sur tous les tableaux. Premiers éléments de réponse dès ce samedi, à Kigali, sur la pelouse de l’APR Rwanda.
Crédits Photos : Etoile Sportive du Sahel, Getty Images