EXCLU - Jacques Siwe : « Je sais que j’ai de la chance d’être footballeur » | OneFootball

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·18 janvier 2025

EXCLU - Jacques Siwe : « Je sais que j’ai de la chance d’être footballeur »

Image de l'article :EXCLU - Jacques Siwe : « Je sais que j’ai de la chance d’être footballeur »

La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l'ombre. Après un début de carrière plein de rebondissements, Jacques Siwe (23 ans) s’épanouit à Guingamp. Déjà décisif à plusieurs reprises, celui que l’on surnomme « 43 Dedans » est une véritable révélation. Coup de projecteur sur la vie tumultueuse du killer guingampais.


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Enfance

Comment s’est déroulé ton enfance ?

J'ai grandi à Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne. Je suis né à Saint-Maurice, dans le 94. Nous sommes deux, j’ai un petit frère. On vivait dans le quartier de la Cité Rose. J’ai passé la plupart de ma jeunesse là-bas. Un événement tragique s’est ensuite produit, quand j’avais 8 ans, j’ai perdu mon père. Après ça, tout était compliqué, ma mère était souvent absente, elle travaillait énormément. Pour mon petit frère et moi, c’était dur à l’école. On a pu se reposer sur l’épaule du beau-père, heureusement. On a eu un beau-père assez rapidement. Il a poursuivi l'éducation que notre père avait commencé à nous inculquer. À l'âge de 11 ans, on a déménagé dans une maison, à 500 mètres de la Cité Rose. C’était un choix de ma mère pour qu’on grandisse mieux.  Elle ne voulait pas qu’on reste dans notre appartement, avec tous les mauvais souvenirs qu’on avait dedans. Elle voulait créer un vrai cocon familial. Ma mère travaillait dans les hôtels en tant que femme de ménage. Elle a ensuite passé ses diplômes pour devenir esthéticienne. Après, elle a bossé chez Marionnaud, et maintenant, elle est chez Sephora.

Tu étais quel type de garçon ?

J'étais virulent, agité, excité. Je voulais toujours sortir, m’amuser, rigoler. J'étais un enfant attachant, mais très, très excité. Pareil à l’école. Très, très excité, même si les profs m’aimaient bien, car j’étais attachant. J’étais un garçon qui essayait beaucoup, même si je n’y arrivais pas. J’ai arrêté l’école après le bac, j’ai obtenu mon bac-pro commerce pendant le Covid.

As-tu une anecdote marquante concernant ta jeunesse ?

La perte de mon père, une anecdote tragique malheureusement. Au début, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je n’avais même pas 8 ans, mon frère n’avait pas 4 ans. On n’avait pas conscience. En grandissant, on a compris qu’il manquait quelqu’un à la maison.

Comment le foot est venu à toi ?

J'ai commencé le foot assez tard, à 11 ans. Au début, ma mère m’avait inscrit dans beaucoup de trucs différents. J'ai fait du hip hop, du breakdance, du théâtre, de l'athlétisme. À l’école, je jouais toujours au foot entre midi et 14 heures. Certains animateurs étaient coachs à l’AS Choisy-le-Roi, ils me trouvaient bon, donc ils ont parlé avec mes parents et leur ont demandé de m'inscrire au foot. Quand je suis arrivé, je ne connaissais pas mon poste, je ne savais pas à quoi servaient des crampons. J’ai démarré en tant que latéral gauche, j’ai joué à ce poste pendant trois ans. Et durant tout ce temps, mon pied gauche s’est grave développé. Du coup, j’avais les deux pieds, puisque j’étais droitier naturellement. Le coach Issa Camara a vu que j’étais bon des deux pieds et que j’avais un bon jeu de tête. Et là, il a dit à tout le monde : « Ce petit, il faut le mettre attaquant ». Mais personne ne voulait, car j’étais bien comme latéral. En U13, je suis passé attaquant de pointe.

Comment se passaient tes autres activités ?

Très bien, je m’amusais. J'ai kiffé le théâtre. Il fallait jouer des scènes, des rôles. Ça me correspondait bien. Le hip-hop et le breakdance, c'était pour me défouler. J'ai même fait du judo. Ma mère voulait qu’on touche à tout.

Parcours

Quel est ton parcours footballistique ?

J'ai commencé à Choisy-le-Roi en U11. Je suis resté au club jusqu’en U15 excellence. Le coach de Créteil, Sébastien Fontaine, est venu me chercher. Au départ, je ne voulais pas quitter Choisy, j’habitais juste à côté du stade, j’étais bien. J’ai ensuite basculé à Créteil, en U15 DH. Après, j’ai directement été surclassé en U17 DHR lors de mon année U16. Pour mon année U17, nous étions en DH, et nous sommes montés en U17 nationaux. Du coup, cette année-là, on finit champion. Et pour moi, c’était clair : soit je signe dans un club pro, soit j’arrête le foot. Je ne voulais pas aller jusqu’à Torcy ou Montfermeil pour jouer en U19 nationaux. Je préférais arrêter le foot à 11 et me mettre au futsal à côté de la maison. Et finalement, j’ai pu signer une convention de deux ans à Dijon.

Comment se passe la découverte du centre de formation ?

Au début, c’était un peu dur. J’avais le mal du quartier. Mes potes étaient en vacances pendant l’été et moi, j’étais en préparation avec mon club, loin des miens. Ce n’était pas facile, mais c’est moi qui ai choisi ça. Après l’adaptation, tout a roulé.

Comment était ta nouvelle vie au centre de formation ?

Les premières semaines étaient difficiles à supporter, surtout mentalement. On s’entraînait à 8 heures du matin, je n’étais pas habitué.  Au niveau de ma scolarité, je me suis bien adapté. J’étais dans un lycée privé. Et pour revenir au football, j’avais un peu de retard au début. Mais j’avais un coach formidable, Christophe Point. Il m’a tellement fait progresser. C’était un bon coach. On avait une relation père-fils. Quand il n’était pas content de moi, il me le faisait comprendre. Parfois, il ne me parlait pas, car il n’était pas content de moi. Et quand c’était bien, il me le disait. J’ai été rapidement surclassé, avec la réserve notamment, ce n’était pas facile.

Tu as découvert le monde adulte, n'est-ce pas ?

Exactement. Quand je suis passé en réserve, pour ma première saison, j’étais sur le banc. Les joueurs nés en 1999 et 2000 jouaient titulaires, moi, j’étais remplaçant car né en 2001. Et quand j’ai commencé à m’imposer et à mettre des buts en N3, le Covid est apparu. La saison a été interrompue, du coup, on faisait uniquement des matchs amicaux entre clubs professionnels. J’ai pu participer à mes premiers entraînements avec les pros, avec Stéphane Jobard. Je m’entraînais la semaine avec les pros, et le week-end, je faisais les matchs amicaux avec les pros. Et lorsqu’il a été limogé, l’adjoint, David Linarès a repris l’équipe en intérim. Et pour l’anecdote, ma première en pro, c’était un samedi matin, on jouait contre Metz avec la N3. Le coach m’a mis sur le banc, je ne comprenais pas ce choix. Et là, il me prend sur le côté et me dit : « Tu vas peut-être aller avec les pros, un joueur ne s’est pas réveillé, on ne sait pas qui c'est encore ». Le match démarre, je vais à l’échauffement, et à ce moment-là, l’intendant vient me chercher pour que j’aille avec les pros. En fait, c’était Moussa Konaté qui ne s’était pas réveillé. Du coup, première en pro face à l’AS Monaco. J’étais choqué et surpris, j’étais en chambre avec Fouad Chafik. Je me disais : « Ah ouais, je suis avec les pros quand même ». Je ne m’attendais pas du tout à entrer en jeu. J’étais calé sur le banc avec mon masque, comme c’était le Covid. D’un coup, il me dit : « Va t’échauffer ». Je m’échauffe à peine cinq minutes, et j’entends au micro : « Ramène moi Jacko » car il parlait avec des oreillettes. Le prépa me dit : « Allez Jacko, c’est parti », je commençais à avoir peur. J’entre en jeu et je suis hyper content. J’ai enchaîné ensuite. J’ai fait un banc contre Nice, puis ma première titularisation face à Nantes. J’ai disputé 60 minutes, j’ai failli marquer, j’ai découvert le vrai niveau professionnel. Et le dernier match face à Saint-Étienne, le coach m’a dit : « Tu vas faire 90 minutes aujourd’hui ». Pendant le match, j’étais mort, fatigué, je demande le changement, le coach refuse. Je provoque un penalty qui n’a pas été transformé. C’était incroyable.

Pourquoi tu n’as pas signé pro à Dijon ?

J’ai aligné deux titularisations en Ligue 1, trois bancs de touche, mais je ne suis pas passé professionnel, car le contrat proposé ne me convenait pas. Dijon me proposait un contrat d'un an avec deux années en option. J’ai refusé, tout le monde était étonné de mon choix, car c’est dur de dire non à un contrat professionnel. Surtout à cet âge-là. Beaucoup de clubs appelaient, mais les projets ne m’intéressaient pas. Le temps passe. Le FC Annecy se présente, un club maintenu en National grâce au Covid. Je venais de Ligue 1, je connaissais un peu le haut niveau, il fallait reculer pour mieux sauter. Je signe donc à Annecy.

À-ce moment-là, regrettes-tu d’avoir refusé Dijon ?

Mon regret, c’est que Dijon ne m’a pas donné ce que je méritais. J’étais le petit du club, issu de la formation, tout le monde était content de moi. J'étais un bon garçon, sans histoire. Je voulais que le club me fasse confiance et m’offre au moins deux ans de contrat. Du coup, je me retrouve à Annecy. Je fais ma préparation, tout se déroule bien, je joue mes premiers matchs, je prends un peu mes marques, je montre ce que je sais faire. Je me blesse face à une équipe suisse, une blessure assez méchante, une vilaine béquille. Il fallait donc me ponctionner du sang. Si je n’avais pas fait ça, j’aurais dû être opéré, car le sang aurait durci dans ma cuisse. Malgré la blessure, Laurent Guyot me fait confiance et me lance contre le Red Star. On gagne 6-0, je mets mon premier but, on rentre au vestiaire, tout le monde fête la victoire. Et là, le coach me dit : « Demain, tu joues avec la R1 ». Dans ma tête, je n’en revenais pas. Je me disais : « Comment ça je vais jouer en R1 ? Je ne connais pas de réserve en R1 ». Moi, j’avais oublié que je jouais dans un club amateur. En l’espace de trois mois, je suis passé de la Ligue 1 à la R1. Je n’en revenais pas. Ensuite, je retourne avec l’équipe première, j’enchaîne les matchs. Et je me blesse à nouveau, entorse de la cheville et du genou en même temps. Résultat : un mois et demi d’arrêt. Je devais porter une botte, je ne connaissais pas ça. Je passais des jours à pleurer. C’était un truc de fou. Ma situation était trop dure, j’en voulais à tout le monde. Je repensais à mon contrat refusé à Dijon, à mes blessures, au fait que je sois en R1. Après, je me suis remis en question. Je me suis dit : « Je me suis mis dans cette situation, à moi d’en sortir ».

Comment as-tu géré cette période ?

Heureusement que le kiné du club, JP, était derrière moi. J’étais dans le dur, ma famille, mon agent et deux-trois amis me soutenaient. Sinon, rien du tout, alors que lorsque j’étais en Ligue 1, tout le monde m’appelait pour me dire « Incroyable ». À mon retour de blessure, je me retrouve à la cave. Entre novembre et février, je joue en R1. L’équipe première tournait bien. Et sur la fin de saison, le coach m’a remis dans le groupe. Pour le match de la montée face à Sedan, je suis impliqué sur un but, on gagne 2-0 et on monte. Et le cauchemar débute pour moi. Lors du rendez-vous de fin de saison, on m’annonce que je ne suis pas conservé. L’entretien a duré une minute. On me dit : « On ne veut pas te garder, tu t’es trop blessé. Franchement, tu es un super joueur, mais tu ne peux pas rester avec nous en Ligue 2 ». Moi, je leur réponds : « Vous savez, le foot, ça va vite, on va se revoir ». Quand je sors du bureau, je me retrouve sans club. Pendant un mois, on cherche un club avec mon agent. Et rien ne vient. Je sortais d’une saison à 10 matchs tronquée par les blessures. Personne ne me voulait, personne ne m’appelait.

Guingamp

Comment as-tu rebondi ?

Tous les clubs avaient repris, mais mon profil n’intéressait pas. Finalement, Guingamp se manifeste pour sa réserve. Et j’arrive à Guingamp en juillet 2022. Par contre, je ne signe aucun contrat, je prends simplement une licence, je suis donc au chômage. Du coup, je passe de la Ligue 1 à la R1, puis au chômage. Tu vois le truc ? En l’espace d’un an, je me suis retrouvé au fond du trou. J’étais en N2 avec Guingamp. Et un appel a tout changé, celui de ma mère. Elle m’a dit : « Mon fils, tu es au chômage, ce sont les épreuves de la vie. Tu n’as plus le choix, il faut que tu arraches tout à Guingamp pour obtenir ce contrat professionnel ». J’ai tout donné, j’ai marqué mon premier but face à Beauvais. J’ai pu mettre quelques buts, ensuite, on m’a envoyé faire des entraînements avec le groupe pro de Stéphane Dumont. Le coach aimait bien mon profil. En décembre 2022, la réserve était en vacances, mais pas les pros. Il n’y avait pas de coupure pour eux. Le coach me demande de rester avec les pros pendant la trêve hivernale. Et Guingamp me propose mon premier contrat professionnel d’un an et demi. En l’espace de six mois, j’ai été chercher ma récompense.

Comment ça s’est opéré ?

Stéphane Dumont a poussé pour moi, il a demandé à Jérémy Sorbon de me signer pro. Le président a donné son accord. Et voilà. Je retrouve définitivement un groupe professionnel. J'effectue mes premiers matchs avec les pros de Guingamp, j’enchaîne. Et comme par hasard, on joue face à Dijon, mon club formateur. Je marque mon premier but en professionnel ce jour-là. Gaëtan Courtet m’avait servi sur un plateau. J’étais trop content. Le match suivant, on joue face à Annecy, chez eux. À ma sortie du car, je croise directement le président. Il me fait un câlin et me dit : « On est content, tu as rebondi, tu n’as pas parlé pour rien, tu n’as pas sombré ». Je croise Laurent Guyot dans le couloir. Il faut savoir que quelques jours avant, j’avais fait une interview pour Le Dauphiné. Comme je ne suis pas rancunier, j’ai dit du bien de Laurent Guyot dans mon interview, même si j’étais à la cave. Ce coach m’a apporté humainement et sportivement. J’ai toujours dit du bien de lui, en dehors du foot, on avait une bonne relation. Du coup, il avait apprécié. On a fait match nul, mais tout le monde était content pour moi. Je fais mes matchs de Ligue 2, puis je finis la saison avec la réserve car elle jouait le maintien. Et on s’est maintenu.

Comment s’est déroulée la suite ?

J’ai fait ma prépa avec Guingamp, j’étais affûté, j’étais bien. J’ai poursuivi sur ma lignée. Du coup, des clubs se sont manifestés pour moi. Et Guingamp a décidé de me prolonger deux ans,  jusqu’en 2026. À partir de là, je n’ai plus quitté le groupe pro. De temps en temps, le coach me mettait comme 19ème joueur, mais il voulait que je sois présent. Je participais à la vie du groupe, je faisais les cris de guerre. Je mettais l’ambiance. On me faisait toujours entrer en jeu, mais on me reprochait de ne pas assez apporter lors de mes entrées. Après, c’est difficile d’entrer en jeu, surtout quand tu as seulement 5/10 minutes. Je me devais quand même de faire mieux. Un match a tout changé : face à Dunkerque, Baptiste Guillaume se blesse à la 20ème minute, et j’entre en jeu. Le coach adjoint, Jean-Baptiste Le Bescond, qui était mon coach en réserve, me prend avant d’entrer et me dit : « Jacques, fais ce que tu sais faire, je veux que tu fasses comme en réserve, tu cours partout, tu arraches tout et tu fais des appels ». Et j'ai marqué ce jour-là. Derrière, j'alterne des titularisations, des entrées et des bancs. La saison se termine, tout le monde sait que le coach quitte le club. Et là, tu as plusieurs joueurs qui partent aussi. Tout change au club. Et cet été, le coach Sylvain Ripoll arrive avec son staff.

Une bonne chose pour toi ?

Quand j’arrive à la prépa, je suis le seul attaquant de pointe. Le club doit donc recruter, et moi, je me dis : « J’ai une carte à jouer ». La prépa se passe bien, le coach nous fait jouer dans un nouveau système qui nous permet d’avoir le ballon. Je prends assez vite mes marques, je suis récompensé de ma prépa, je débute la saison titulaire. Et je marque quelques buts. J’ai pu faire un premier bilan avec le coach, il ne pensait pas que j’allais avoir autant de temps de jeu. Il voit une belle marge de progression en moi. Ma prépa l’a fait réfléchir, le club n’a recruté qu’un seul attaquant. Le coach est content, mais il veut que rien ne change. Je suis un garçon qui met l’ambiance, il sait qu’avec mon début de saison, des choses pourraient bouger autour de moi. Mais il m’a dit : « Je sais que tu es issu d’une bonne famille, un bon entourage, reste bien concentré pour faire une belle saison ».

Comment juges-tu le niveau de Ligue 2 ?

Un bon niveau. Cette saison, le championnat s’est rajeuni. Il y a plus de jeunes joueurs. Le championnat est serré. Ça va être dur toute la saison. Mais j’ai le niveau pour jouer en Ligue 2.

As-tu un objectif de buts ?

Oui, il me faut deux chiffres, 10 buts minimum. Si j’y arrive, je serai très content. Ensuite, on verra. Je suis bien à Guingamp, je suis sous contrat jusqu’en 2026.

Personnalité

Peux-tu présenter Jacques Siwe ?

Je suis un mec joyeux, tout le temps content. Quand j'arrive à l'entraînement, je suis content d'être là. Je suis conscient de ce que je fais comme métier. Comme tout jeune de quartier, on rêve tous d’être footballeur. Je sais que j’ai de la chance. J’aime bien mettre l’ambiance, je kiffe, je vanne un peu, mais toujours dans le respect. Je suis un garçon respectueux, toujours souriant, poli. J'essaie de mettre l'éducation et les valeurs qu'on m'a inculquées en avant.  Je ne me prends pas la tête. Et je ne casse pas la tête.

Tu aimes faire quoi en dehors du foot ?

Je regarde du foot. Je regarde mon club préféré. Depuis petit, je supporte l’AS Roma. Tout le monde dit que je suis fou. Mais c’est comme ça. Parce que le premier survêtement que ma mère m'a acheté, c'est celui de l'AS Roma. J'ai une attache avec ce club. Je joue à la play. Le foot, c’est toute ma vie. Je regarde aussi le tennis. De temps en temps, je m’aère l’esprit, je vais au cinéma. J’essaie de couper avec le foot.

Tu as des surnoms ?

J'en ai plusieurs. Depuis petit, on m'appelle « Juju », parce que je m'appelle Jacques-Julien. Mais aux yeux de l'État, comme mes parents n’ont pas mis le tiret entre Jacques et Julien, je m’appelle Jacques. Au quartier, on m’appelle « Jack D ». En ce moment, on me surnomme « Dedans » par rapport aux buts inscrits.

Style de jeu

Comment définis-tu ton style de jeu ?

Je suis un joueur qui fait beaucoup d'appels, qui peut jouer en remise, qui sait caler. J’utilise mon pied droit et mon pied gauche. J’ai bien progressé. Je suis un joueur technique, mais je peux encore m’améliorer. Je suis bon dos au but, je sais me retourner et je suis tueur devant le but.

Qu’aimerais-tu améliorer ?

J’aimerais améliorer ma frappe. J’aimerais frapper plus souvent. Je veux être encore plus fin techniquement, être encore plus précis, propre.

Quels sont les attaquants que tu aimes bien ?

On m’a déjà trouvé des similitudes avec Marcus Thuram, avec Randal Kolo Muani. J’aime le jeu dos au but de Romelu Lukaku. Mon exemple, c’est Lukaku.

C’est quoi un grand attaquant selon toi ?

C'est un mec qui sent le but, un renard, un mec qui attire les ballons, un peu comme Inzaghi. Un mec capable de marquer partout et n’importe comment, de l’épaule, du ventre. Un mec toujours présent à la finition, un joueur surprenant, qui peut marquer de loin, comme être présent dans la surface. Un joueur capable de marquer en une touche, et en même temps, capable de marquer d’une reprise acrobatique. Il doit surprendre l’adversaire.

As-tu des rêves ?

Non, mais j’ai des objectifs. Par rapport à mon profil, je vise la Bundesliga. J’ai 23 ans, je pense que c’est le bon moment. Je veux aussi jouer en Ligue des Champions, je veux entendre cette musique, elle me fait vibrer à chaque fois que je l’entends. Sinon, en dehors du foot… (il coupe) Comme je l’ai dit, j’ai perdu mon père, j’ai pris le rôle du « boss de la famille », donc j’aimerais mettre tout le monde à l’abri. Je veux que ma maman et mon beau-père arrêtent de travailler. J’ai aussi mon petit frère qui est professionnel à Auxerre. J’espère qu’il va réussir. Je rêve de jouer contre lui. Il s’appelle Tellii Siwe, il est dans le groupe pro, mais il joue avec la réserve. Tout se passe bien pour lui. Il a pas mal galéré aussi. Il a joué à Fleury, aux Gobelins, à Choisy-le-Roi. Il est très bon à l’école, le foot n’était pas son option première. Même sans le foot, il aurait réussi. Ce serait magnifique qu’on se rencontre en professionnel. Je veux qu’on fasse ça bien avec mon petit frère, pour la famille.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

J’aurais été joueur de futsal (sourire). Non, sérieux, comme je suis un mec plutôt joyeux, j’aurais sûrement fait de l’animation avec les jeunes.

Si tu avais un super-pouvoir, lequel choisirais-tu ?

Être invisible. Pour aller partout sans qu'on me remarque. Pour voir un peu comment les gens se comportent. Voir un peu comment passe la vie quand je ne suis pas là. Ce serait pas mal.

Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Jacques Siwe ?

Je lui aurais demandé : « Est-ce que ton petit frère est plus fort que toi ? ». Et j’aurais répondu : « Je le mange ». Comme c’est un défenseur central, on a déjà fait des duels. Parfois, je lui mets des petits ponts, parfois, il me met des pieds durs. C’est le jeu. Tout le monde dit du bien de mon petit frère, il est très bon, il mesure 1m90, il a les deux pieds.

Si tu devais terminer l'interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

La phrase qui me représente : « 43 dedans ». Mon instagram, c’est « 43.siwe », et comme on m’a surnommé "dedans", bah, je dis « 43 dedans ». 43 dedans, c'est quand tu mets un but de fou. 43 dedans, c'est quand tu marques. Un jour, Tanguy Ndombele a sorti ce chiffre et je l’ai repris. Voilà.

Tu te notes comment pour cet entretien ?

Vu comme je me suis exprimé, je me mets 9,5 sur 10. J’ai été bon. J’ai tout bien raconté.

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