OnzeMondial
·28 décembre 2023
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·28 décembre 2023
Vivre du football est un rêve intergénérationnel pour de nombreux passionnés. Et lorsque la carrière de joueur de Pape s’est arrêtée prématurément, un vide s’est installé. Reconverti créateur de contenus, ce fan absolu de l’Olympique de Marseille a découvert la possibilité de gagner sa vie grâce à sa passion. Entretien avec l’influenceur préféré des footballeurs et des supporters (de l'OM et du Sénégal).
Voici quelques extraits de notre interview de Pape. L’intégralité de cet interview de 2 pages est à retrouver dans le magazine n°362 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 22 septembre.
Quel est ton rapport au football ?
Je joue au foot depuis petit, c'est une passion innée. Je n’ai pas pratiqué d’autre sport, mon père m’a directement inscrit au foot, à l’âge de 4 ans. J’ai commencé à l’Olympique de Marseille jusqu’en U17. Je ne jouais pas dans les meilleures équipes et lorsque le club a décidé de garder uniquement les équipes A, j’ai été invité à quitter le club. Ensuite, j’ai rejoint Mazargues durant deux saisons, puis deux ans à Aubagne en U20 DHR. Lorsque le Covid est arrivé, j’ai arrêté le football. En plus, au même moment, les vidéos ont commencé à marcher pour moi. Du coup, à la fin des matchs, les gens m’attendaient, ils pensaient que j’étais Messi. Ça devenait trop compliqué (rires).
À ce point-là ?
Oui, ce n’était plus possible. Au début, je n’étais pas connu, j'étais un joueur comme un autre. Lorsque j’ai commencé à être présent sur les réseaux sociaux, et que mes followers augmentaient, ça devenait dur à gérer. Les gens venaient spécialement pour me voir. Je faisais des photos avec les gens, le coach ne comprenait rien, tout se mélangeait dans ma vie.
Tu as croisé la route de bons joueurs à l’OM ?
Évidemment, mais ce n’était pas des joueurs de ma génération. Je pense à Bouba Kamara, Maxime Lopez ou encore Laurent Abergel. Je les voyais jouer, ils étaient déjà au-dessus. J’ai joué avec Manuel Nazaretian aussi, mais il n’est plus à l’OM.
Tu évoluais à quel poste ?
J’ai toujours joué défenseur central ou numéro 6. J'étais un joueur agressif. Je récupérais les ballons, je taclais, je n'avais pas peur d'aller au combat. Attention, je n’étais pas Sergio Ramos non plus (rires). Techniquement, j’avais du ballon quand même. Mais je préférais rester derrière. De temps en temps, je joue encore avec des amis au five ou lorsqu’il y a des tournois sur Marseille. C’est une passion qui sera toujours en moi.
Tes vidéos ont toujours été en rapport avec le football ?
Non, au départ, je faisais des vidéos humoristiques, rien à voir avec le football. Et petit à petit, j’ai compris que dans le football, il y avait plein de métiers parallèles : dans les médias, dans la communication ou même en tant que conseiller. J’ai compris qu’on pouvait vivre du football sans être joueur de football. Je ne vais pas te mentir, le rêve de mon père, et mon rêve aussi, c’était que je devienne footballeur pour mettre ma famille à l’abri. Depuis petit, je ne connais que le foot. Le destin est incroyable.
Ton père est tout de même fier de ton parcours ?
Oui, ça lui fait plaisir, il kiffe. Comme c’est un fan de foot, je le ramène partout avec moi, que ce soit au Ballon d’Or, à la CAN, à la Coupe du Monde, il est toujours près de moi. Et il kiffe avec moi.
Comment as-tu orienté ton contenu vers le football ?
J’ai commencé par l’humour, pendant le confinement, mes vidéos fonctionnaient bien. Lorsque la CAN au Cameroun approchait, je me suis dit : « J’ai envie de voir des matchs de l’équipe du Sénégal ». Je me suis donc rendu au Cameroun pour les encourager. J’ai partagé mon voyage sur les réseaux, juste pour le fun, sans objectif précis. Et au bout d’un moment, je suis devenu sans le vouloir, un envoyé spécial (sourire).
Tu connaissais personnellement certains joueurs ?
Depuis petit, mon père m’amène aux hôtels des joueurs avant ou après les matchs de l’OM, il connaissait de nombreux agents sénégalais. Lui aussi était agent. Il ramenait des jeunes du Sénégal pour des essais en France. Du coup, je connaissais déjà quelques joueurs de l’époque. Concernant la nouvelle génération, certains me suivaient sur Instagram, du coup, ils savaient qui j’étais. Aujourd’hui, j’ai de bonnes relations avec Camavinga, Tchouaméni, Wahi, Dieng, Pape Matar Sarr et plein d’autres. Je m’entends bien avec les jeunes. On a le même âge, les mêmes habitudes, c’est fluide entre nous lorsqu’on se rencontre.
Comment s’est passé ton voyage à la Coupe du Monde ?
Mon séjour au Qatar était incroyable. De base, je voulais organiser mon voyage tout seul, comme je l’avais fait pour la CAN. Lorsque j’ai regardé les billets, j’ai compris que ce n’était pas possible, tout était cher, les prix flambaient. J’ai donc perdu espoir, jusqu’au jour où j’ai reçu un mail de la FIFA me disant que j’étais invité, deux semaines avant le début du Mondial.
Comment la FIFA a pu penser à toi ?
Ils avaient vu le contenu que j'avais fait à la CAN. En plus, au Cameroun, je n’avais aucun sponsor, j’ai tout fait seul. J’ai tout géré seul, j’ai ramené mon père avec moi, nous sommes restés un mois sur place, jusqu’à la finale. Parfois, on dormait chez l’habitant. Mon contenu a plu, en plus, je m’intéressais à toutes les équipes : Maroc, Algérie, Côte d’Ivoire, Cameroun, c’était top. Je partageais mes rencontres sur les réseaux. Mon séjour a fait du bruit et ça a donné des idées à la FIFA pour le Mondial. Au Qatar, je regardais trois matchs par jour, avec mon père. On était comme des fous, on kiffait. On n’avait jamais eu la chance d’assister à une Coupe du Monde, c’était magnifique.
De nombreux joueurs t’ont offert leur maillot pendant la Coupe du Monde…
Oui, comme de nombreux joueurs avaient déjà vu mon contenu lors de la CAN, ils me reconnaissaient. Du coup, ils venaient vers moi, ou j’allais vers eux, on discutait. Simon Ngapandouetnbu, Eduardo Camavinga, Iliman Ndiaye, Aurélien Tchouaméni, Randal Kolo Muani, et j’en oublie, m’ont donné leur maillot. Ils voulaient me faire plaisir, il y avait cette alchimie entre nous. J’ai profité de la meilleure Coupe du Monde de l’histoire quand même. Mon père kiffait aussi, il a esquivé le travail, dans sa tête, c’était lui l’influenceur (rires).
J’imagine que tu es supporter de l’OM…
Évidemment ! Déjà, j’ai joué à l’OM, en plus, je suis un mec de Marseille, comment ne pas être fan de l’OM ? C’est impossible ! Quand tu es né à Marseille, tu es obligé d’être fan de l’OM. C’est interdit de supporter un autre club. Depuis tout petit, c’est OM, OM, OM.
Comment sens-tu cette nouvelle saison ?
L’OM a une belle équipe, avec de bons renforts, l’alchimie n’est pas encore là, mais lorsque la sauce va prendre, l’OM va faire de grandes choses ! L’OM a fait le meilleur recrutement de Ligue 1. Le titre est jouable, il y a de très beaux noms. Franchement, il faut remercier Pablo Longoria parce qu’on revient de loin. Quand tu venais au stade et que tu voyais Kóstas Mítroglou et Valère Germain, c’était chaud.
Tu as déjà échangé avec Pablo Longoria ?
Je l’ai déjà croisé. Il est jeune pour un président de club. Je pense qu’il sait qui sont les gens qui essaient de faire briller au maximum l’Olympique de Marseille et la ville. Je n’ai jamais discuté avec lui, il m’a, peut-être, reconnu, je ne sais pas.
Quelle est ta plus belle anecdote au Vélodrome ?
Marseille - Leipzig, notre victoire 5-2, c’était un match incroyable ! On avait perdu le match aller, mais grâce au douzième homme, les joueurs ont renversé la situation. Le match était exceptionnel.
Tu as déjà été au Parc des Princes ?
Voir le PSG ? Jamais de la vie ! J’ai été deux fois au Parc des Princes, c’était pour voir PSG - OM. Il faut dire la vérité, on s’ennuie au Parc des Princes, l’ambiance n’est pas au rendez-vous, ça n’a rien à voir avec nous. J’ai visité plein de stades de Ligue 1, je n’ai jamais trouvé une ambiance comme au Vélodrome. Quand tu es habitué au Vélodrome, c’est dur de kiffer dans un autre stade… Je suis abonné depuis tout petit, mon père est un vrai dingue de foot. Il m’a toujours amené avec lui.
Quels sont tes joueurs préférés ?
Ça ne va pas plaire à tout le monde parce qu'il est passé par le Paris Saint-Germain, mais j’ai toujours aimé Thiago Silva. Je kiffais Paul Pogba aussi, voilà mes deux joueurs préférés. À une époque, tellement je kiffais Thiago Silva, je commençais à regarder les matchs de Ligue des Champions du PSG, contre Chelsea notamment. Mais impossible de faire vriller mon cœur, c’est l’OM et personne d’autre (rires).
Iliman Ndiaye vit un début de saison compliqué, as-tu un message pour lui ?
Je n’ai pas de message pour lui, mais plutôt pour les fans. Ce n’est que le début, il arrive dans un nouveau championnat, il n’a jamais connu la Ligue 1, il lui faut un temps d’adaptation. Il faut être patient, être derrière lui, le soutenir. Il joue avec son cœur, il a toujours kiffé l’OM. Et pour la petite anecdote, quand j’étais petit, j’ai participé au même tournoi de foot en salle que lui. Mais je n’étais pas dans la même équipe.
As-tu une petite histoire pour finir ?
Je vais revenir sur Iliman, lorsqu’il était venu faire la détection à l’OM, tous les coachs parlaient de lui. Ils disaient : « Il y a un joueur très fort au club en ce moment ». Et nous, les autres joueurs du club, on le regardait car c’était un dribbleur, un joueur de foot en salle, comme Ben Yedder. Tout le monde était choqué par son niveau. Et finalement, il n’a pas signé à l’OM. Et je me suis souvenu de lui lorsque la vidéo de son transfert est sortie. J’ai reconnu les vidéos dans le gymnase, car j’avais participé à ce tournoi la même année. L’histoire est incroyable. Pour finir, je pensais que le football était mort pour moi lorsque j’ai arrêté le foot. Je m'éloignais du foot et d'ailleurs, je commençais à être dégoûté parce que je suis un fou de foot, je mange et je dors foot ! Et maintenant, le fait de me retrouver dans ce milieu, c’est un kif total. C’est plus qu’une passion.
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