EXCLU - Yassine Kechta : « Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir » | OneFootball

EXCLU - Yassine Kechta : « Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir » | OneFootball

Icon: OnzeMondial

OnzeMondial

·8 juin 2023

EXCLU - Yassine Kechta : « Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir »

Image de l'article :EXCLU - Yassine Kechta : « Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir »

La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l'ombre. En fin de contrat l’été dernier au Havre, Yassine Kechta a prolongé l’aventure en Normandie sur le gong à la demande de Mathieu Bodmer. Le directeur sportif a eu le nez creux. Révélation de la saison, l’enfant de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) a même célébré sa première convocation en équipe du Maroc lors de la dernière trêve. Rencontre avec un timide épanoui.


Vidéos OneFootball


Enfance

Yassine, peux-tu me raconter tes premiers pas dans le foot ?

Je me présente, Yassine Kechta, j’ai 21 ans. J’ai commencé le football en région parisienne, dans la ville où j’ai grandi, Gennevilliers. J’ai joué dans le club de ma ville jusqu’à mes 11 ans, après, je suis parti au Racing, à Colombes, pas très loin de chez moi. J’ai passé deux ans là-bas, en U12 et en U13, puis j’ai rejoint le Paris FC en U14 avant de signer au Havre en U15.

Qu’est-ce qui t’a poussé vers ce sport et as-tu pratiqué d’autres sports ?

Petit, j’ai fait du karaté. Ça a duré deux ans. Ce n’était pas trop mon domaine (sourire). J’ai préféré le foot. Depuis tout petit, c’est le foot. Mon père aimait regarder le foot et il allait aussi jouer le dimanche. Je l’accompagnais et je jouais à côté avec un petit ballon. Dans mon quartier aussi, je ne faisais que de jouer au foot, tout le monde jouait au foot, j’ai grandi avec ça.

Tu étais quel type de garçon ?

J’étais plus un garçon timide. Je ne parlais pas trop. J’étais là, je venais jouer au foot et je ne parlais pas. À l’école, ça va, ça se passait bien, mais j’étais vraiment timide. Je suis arrivé jusqu’au bac, j’ai passé le bac ES, je l’ai obtenu et j’ai arrêté. C’était en 2021. Quand tu es jeune, tu es au centre de formation, tu ne sais pas si tu vas réussir dans le foot, donc tu dois bien travailler à l’école pour essayer d’avoir un avenir. Et si ça commence à marcher dans le foot, tu peux prendre le risque de stopper les cours.

Formation

Pourquoi Le Havre et comment as-tu été recruté ?

Le Havre parce que c’est un très gros club avec une très bonne réputation. J’ai été recruté à l’époque par l’ancien recruteur Momo El Kharraze, qui est maintenant directeur sportif adjoint. C’est lui qui a appelé mes parents. Il nous a proposé un stage d’une semaine. Je viens pour l’essai et ça se passe bien. Il nous demande de prolonger encore une semaine et ça se passe encore bien. Et à la suite de ça, il nous propose de signer directement.

As-tu une anecdote sur ta formation ?

J’ai plein de bons souvenirs ici. On a tous grandi ensemble, au centre de formation, comme Arouna (Sangante), Josué (Casimir) , Amir (Richardson), on se connait depuis longtemps. Il y a trop d’histoires avec eux (rires). Déjà, dans le domaine du foot, à la Cavée ça se passait super bien. Les coachs nous aimaient bien, on avait une bonne génération, 2002 notamment. L’année du Covid, on a réalisé un beau parcours, on était premier en championnat, mais le Covid a tout cassé. Au niveau des bêtises, y a rien qui vient (rires).

Des personnes t’ont marqué durant ta formation ?

Le premier qui m’a marqué en arrivant au Havre, c’est Rafik Guitane. Par son style de jeu, il était vraiment fort. Il était au centre de formation avec nous et s’entraînait déjà avec les pros. On voulait tous être comme lui.

Beaucoup de grands joueurs comme Diarra ou Mandanda sont passés par le centre de formation du HAC. Vous en parliez entre vous ?

Tout le temps. En plus, la Cavée, c’est comme une famille. Tu as des joueurs passés par là qui vont réussir, puis revenir rendre visite aux jeunes du centre. Je pense à Pape Gueye, Loïc Badé… Il y en a plein. Ils te donnent de la force, tu les prends pour exemple. Tu te dis : « S’il a réussi, je peux le faire aussi, il y a moyen ».

Comment décrirais-tu le centre de formation du HAC ?

Extraordinaire, c’est la Cavée ! C’est une famille, plein de bons moments, plein de bonheur, beaucoup de victoires aussi (sourire).

Comment fait-on pour sortir du lot avec autant de concurrence ?

Il n’y a pas de secret, c’est le travail. Plus tu travailles, plus tu progresses, et plus tu progresses, plus tu as de chance de sortir du lot. Et si ce n’est pas maintenant, ce sera plus tard.

On dit souvent que les joueurs de Paris ont un état d’esprit spécial. Comment expliques-tu ça ?

Quand tu viens de Paris, tu as une faim, une dalle. Tu veux tout faire pour réussir, tu ne vas pas lâcher la chance qui est en train de passer. Le foot, c’est quelque chose d’incroyable. Jouer au foot, c’est une passion, tu es obligé de tout donner pour réussir et jouer au foot le plus longtemps ensemble.

Le Havre

Tu as beaucoup fait parler de toi chez les jeunes, notamment en Gambardella, mais tu n’es pas parvenu à franchir le cap. Pourquoi selon toi ?

Chez les jeunes et dans le monde pro, ce n’est pas la même chose. Chez les jeunes, j’ai beaucoup joué, notamment en réserve et en U19. Mais quand tu arrives chez les pros, ce n’est pas facile pour un coach de tout changer pour un joueur. Il a ses habitudes, il ne peut pas enlever facilement un joueur pour faire de la place à un jeune.

Qu’est-ce qui fait qu’un coach te fait confiance et pas un autre ?

Cette année, j’ai repris directement avec les pros. J’ai réalisé une bonne prépa, ça a permis au nouveau staff de me connaître. L’an dernier, je n’ai pas repris avec les pros, j’ai été blessé, donc le staff ne me faisait pas autant confiance que cette année.

En moins d’un an, tu es passé de joueur de N3 à néo-international marocain qui va bientôt découvrir la L1. Ça t’inspire quoi ?

Déjà, c’est un plaisir. La saison n’est pas finie. On espère accrocher la première place et la Ligue 1. Après, il ne faut pas s’enflammer, se dire « J’ai fait une carrière » alors que je n’ai rien fait. Je suis tout jeune, je viens de commencer. L’année dernière, j’ai galéré, du coup, je savoure cette année, je suis conscient de ma chance. Quand tu sais que tu as pris un peu plus de temps, la récompense est meilleure.

Ton directeur sportif, Mathieu Bodmer, a déclaré qu’il ne pensait pas que ça irait aussi vite. Et toi tu le pensais ?

C’est vrai que ça va vite, mais moi, depuis la prépa, j’ai beaucoup bossé. J’ai tout fait pour que ce moment arrive. Je ne suis pas surpris, mais content.

Quelle est ta relation avec Luka Elsner ?

Une bonne relation, c’est un bon coach. Il me fait progresser tous les jours, m’apprend des choses à chaque entraînement. C’est un coach qui m’a donné beaucoup de confiance. Me lancer comme ça dans le grand bain dès la première année, ce n’est pas à la portée de tous les coachs. Je lui en suis reconnaissant. On discute énormément, notamment lors des séances vidéos, il me fait des retours sur mes matchs, me donne des conseils.

Sélection

Après ta convocation en équipe du Maroc, tu as tenu à remercier ton club. Tout le monde ne le fait pas forcément. Ça te tenait à cœur ?

Oui parce que c’est grâce au collectif que les récompenses individuelles arrivent. Si on ne réalisait pas une année exceptionnelle avec Le Havre, je ne pense pas que j’aurais été appelé en équipe nationale. C’est pour ça que je tenais à remercier tout le monde : le club, le coach, mes coéquipiers et le staff.

Tu as échangé avec Walid Regragui ?

Il est venu une fois à l’occasion d’un match contre Sochaux. Il était venu nous voir, il avait pris son temps, c’est une bonne personne. Après, je ne le connais pas dans l’intimité, mais on avait discuté et ça s’était bien passé. Après, je m’attendais plutôt à être convoqué en U23, pas en A.

Qu’as-tu ressenti quand tu as vu ton nom sur la liste ?

(Sourire) Franchement, j’étais content. C’était un plaisir. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que j’ai ressenti. Mes parents étaient fiers aussi, mais la nuance, c’est que j’ai toujours joué pour la sélection marocaine, en U16 ou en U20, j’ai disputé plusieurs CAN. Du coup, c’est un peu le chemin logique.

J’imagine que tu as suivi le Mondial et notamment le parcours du Maroc ?

Ils ont fait un parcours formidable, incroyable. Dommage, il y a eu la France en demi-finale. J’ai regardé tous les matchs. En plus, pendant la trêve, je suis parti au Maroc et j’ai pu suivre des matchs là-bas, c’était quelque chose, ambiance de fou. On a même fait un stage de quelques jours au Maroc avec Le Havre, on a suivi le quart de finale contre le Portugal là-bas.

Quels sont tes objectifs avec la sélection ?

Aller, prendre des repères, voir comment ça se passe, côtoyer les personnes qui sont là-bas et essayer de m’imposer petit à petit.

Personnalité

Qui est vraiment Yassine Kechta ?

C’est une personne tranquille, un peu réservée. Je viens faire mes séances, je bosse avec mes coéquipiers, notamment avec Arouna (Sangante) avec qui je passe beaucoup de temps.

C’est quoi ta journée type ?

Je me réveille à 8h/8h30. On a rendez-vous au club à 9h15. J’habite à même pas cinq minutes du centre d’entraînement. Donc je descends tranquillement, je prends mon petit déjeuner ici, puis je vais en salle. Je me prépare avant la séance, puis on s’entraîne, et derrière, je m’étire ou je fais des soins avec le kiné. Puis douche et déjeuner. S’il y a entraînement l’après-midi, on recommence, sinon je rentre à la maison faire une petite sieste. Après, je reste à la maison et je finis ma journée calmement en jouant à la play.

Ça fait quoi d’être considéré comme un joueur très prometteur ?

Ça ne change rien. Je suis comme je suis tout le temps, comme depuis tout petit, et je ne changerai pas. Qu’on me dise prometteur ou pas, ça n’a aucune importance pour moi. Ça ne me perturbe pas et ça ne me met pas la pression.

Comment résistes-tu aux "tentations" comme les filles, les sorties, la mauvaise nourriture ?

Les filles et les sorties, je ne calcule pas trop. Le plus dur en vrai, c’est la nourriture et l’alimentation. Quand on te dit : « Viens, on va manger », toi tu dis : « Je peux pas, j’ai un match ». Tu ne peux pas manger n’importe quoi. Après, ça vient avec l’habitude, ça devient normal, tu manges sainement sans faire attention.

Tu es un gros travailleur ?

On s’entraîne déjà beaucoup avec le club. On double deux fois par semaine, ça veut dire deux journées à quatre heures d’entraînement. Pour être performant au plus haut niveau, tu es obligé de travailler en plus. Si tu ne t’habitues pas à un rythme de travail élevé, les blessures vont vite arriver. Tu vas tenir un an ou deux, et après… Moi, j’ai plein de routines : étirements ou gainage après les séances, et réveil musculaire avant le début de l’entraînement. J’ai aussi un préparateur personnel qui m’envoie des séances à faire, des repas précis à manger. Tout est carré.

Tu as des surnoms ?

On m’appelle parfois "Yalach", mais ça ne veut rien dire. C’était un truc quand j’étais petit, mais ça n’a aucune signification.

Quel est ton plus grand objectif ?

Faire la plus belle des carrières, aller le plus loin possible, tout donner sans avoir de regret.

As-tu peur de l’échec ?

Non. Il ne faut pas avoir peur de l’échec. Même si tu rencontres un échec, il faut tout faire pour rebondir et repartir de l’avant. Ce n’est pas facile, mais c’est comme ça que tu te forges un mental. À la fin, tu deviens plus fort.

Tu te définis comme quel type de joueur ?

On me dit souvent que je joue comme un ancien. J’ai des qualités techniques, un gros volume de jeu. Voilà mes qualités. Globalement, tout ce qui concerne le jeu avec ballon.

Si tu devais parler de tes points faibles, tu dirais quoi ?

Le côté athlétique. Je n’ai pas un gabarit incroyable. Je dois travailler cet aspect. Sinon, sur le terrain, j’essaie de combler ça en jouant avec ma tête, en réfléchissant. Quand il y a un duel, tu essayes de prendre le ballon en esquivant le duel par exemple. C’est aussi simple que ça.

Qui est ton exemple ?

Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Özil. Je le prenais en exemple. Sinon, j’aime aussi Modric, des milieux de ce style en gros.

Qu’est-ce qu’un grand milieu de terrain selon toi ?

C’est un milieu moderne, qui sait tout faire. C’est un joueur qui sait défendre, attaquer, garder le ballon par moments, jouer vite quand il faut. Bref, un footballeur qui sait mettre en évidence ses partenaires.

Conclusion

Tu as des rêves  ?

Je rêve toujours, ça c’est sûr. Dans le foot, c’est de faire une carrière incroyable : gagner un Ballon d’Or, gagner des championnats, des titres. C’est ça le rêve de tout footballeur.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

Très bonne question. Je pense que j’aurais continué l’école. Mais il n’y a pas un métier qui me plaisait plus que ça. À l’école, j’écrivais footballeur. Mon plan B, c’était le foot (rires). Je pense que j’aurais travaillé dans le monde du foot. Peut-être journaliste, pourquoi pas !

Si tu avais pu avoir un super-pouvoir, tu choisirais lequel ?

Celui de lire dans les pensées des gens. Je suis curieux.

Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Yassine ?

Je lui dirais : « Ça fait quoi de vivre la vie dont tu as toujours rêvé ? »

Et tu répondrais quoi ?

C’est beau, c’est le kiffe total. J’espère que ça va durer le plus longtemps possible. Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir. Pour l’instant, je vis bien ma célébrité naissante. Je ne refuse jamais un autographe ou une photo.

Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

On a la réussite qu’avec le travail. Mes parents m’inculquent ça depuis tout petit. Encore aujourd’hui, quand mon père m’appelle, il me dit : « J’espère que tu as bien travaillé », « J’espère que tu as été sérieux ». C’est ancré en moi.

Si tu devais te donner une note pour cet entretien ?

Un petit 7 sur 10. Et toi, tu me mettrais combien ?J’aurais dit 7 aussi. Tu as été pas mal, mais tu aurais pu te livrer davantage.

J'essaierai la prochaine fois (sourire).

Enfance

Yassine, peux-tu me raconter tes premiers pas dans le foot ?

Je me présente, Yassine Kechta, j’ai 21 ans. J’ai commencé le football en région parisienne, dans la ville où j’ai grandi, Gennevilliers. J’ai joué dans le club de ma ville jusqu’à mes 11 ans, après, je suis parti au Racing, à Colombes, pas très loin de chez moi. J’ai passé deux ans là-bas, en U12 et en U13, puis j’ai rejoint le Paris FC en U14 avant de signer au Havre en U15.

Qu’est-ce qui t’a poussé vers ce sport et as-tu pratiqué d’autres sports ?

Petit, j’ai fait du karaté. Ça a duré deux ans. Ce n’était pas trop mon domaine (sourire). J’ai préféré le foot. Depuis tout petit, c’est le foot. Mon père aimait regarder le foot et il allait aussi jouer le dimanche. Je l’accompagnais et je jouais à côté avec un petit ballon. Dans mon quartier aussi, je ne faisais que de jouer au foot, tout le monde jouait au foot, j’ai grandi avec ça.

Tu étais quel type de garçon ?

J’étais plus un garçon timide. Je ne parlais pas trop. J’étais là, je venais jouer au foot et je ne parlais pas. À l’école, ça va, ça se passait bien, mais j’étais vraiment timide. Je suis arrivé jusqu’au bac, j’ai passé le bac ES, je l’ai obtenu et j’ai arrêté. C’était en 2021. Quand tu es jeune, tu es au centre de formation, tu ne sais pas si tu vas réussir dans le foot, donc tu dois bien travailler à l’école pour essayer d’avoir un avenir. Et si ça commence à marcher dans le foot, tu peux prendre le risque de stopper les cours.

Formation

Pourquoi Le Havre et comment as-tu été recruté ?

Le Havre parce que c’est un très gros club avec une très bonne réputation. J’ai été recruté à l’époque par l’ancien recruteur Momo El Kharraze, qui est maintenant directeur sportif adjoint. C’est lui qui a appelé mes parents. Il nous a proposé un stage d’une semaine. Je viens pour l’essai et ça se passe bien. Il nous demande de prolonger encore une semaine et ça se passe encore bien. Et à la suite de ça, il nous propose de signer directement.

As-tu une anecdote sur ta formation ?

J’ai plein de bons souvenirs ici. On a tous grandi ensemble, au centre de formation, comme Arouna (Sangante), Josué (Casimir) , Amir (Richardson), on se connait depuis longtemps. Il y a trop d’histoires avec eux (rires). Déjà, dans le domaine du foot, à la Cavée ça se passait super bien. Les coachs nous aimaient bien, on avait une bonne génération, 2002 notamment. L’année du Covid, on a réalisé un beau parcours, on était premier en championnat, mais le Covid a tout cassé. Au niveau des bêtises, y a rien qui vient (rires).

Des personnes t’ont marqué durant ta formation ?

Le premier qui m’a marqué en arrivant au Havre, c’est Rafik Guitane. Par son style de jeu, il était vraiment fort. Il était au centre de formation avec nous et s’entraînait déjà avec les pros. On voulait tous être comme lui.

Beaucoup de grands joueurs comme Diarra ou Mandanda sont passés par le centre de formation du HAC. Vous en parliez entre vous ?

Tout le temps. En plus, la Cavée, c’est comme une famille. Tu as des joueurs passés par là qui vont réussir, puis revenir rendre visite aux jeunes du centre. Je pense à Pape Gueye, Loïc Badé… Il y en a plein. Ils te donnent de la force, tu les prends pour exemple. Tu te dis : « S’il a réussi, je peux le faire aussi, il y a moyen ».

Comment décrirais-tu le centre de formation du HAC ?

Extraordinaire, c’est la Cavée ! C’est une famille, plein de bons moments, plein de bonheur, beaucoup de victoires aussi (sourire).

Comment fait-on pour sortir du lot avec autant de concurrence ?

Il n’y a pas de secret, c’est le travail. Plus tu travailles, plus tu progresses, et plus tu progresses, plus tu as de chance de sortir du lot. Et si ce n’est pas maintenant, ce sera plus tard.

On dit souvent que les joueurs de Paris ont un état d’esprit spécial. Comment expliques-tu ça ?

Quand tu viens de Paris, tu as une faim, une dalle. Tu veux tout faire pour réussir, tu ne vas pas lâcher la chance qui est en train de passer. Le foot, c’est quelque chose d’incroyable. Jouer au foot, c’est une passion, tu es obligé de tout donner pour réussir et jouer au foot le plus longtemps ensemble.

Le Havre

Tu as beaucoup fait parler de toi chez les jeunes, notamment en Gambardella, mais tu n’es pas parvenu à franchir le cap. Pourquoi selon toi ?

Chez les jeunes et dans le monde pro, ce n’est pas la même chose. Chez les jeunes, j’ai beaucoup joué, notamment en réserve et en U19. Mais quand tu arrives chez les pros, ce n’est pas facile pour un coach de tout changer pour un joueur. Il a ses habitudes, il ne peut pas enlever facilement un joueur pour faire de la place à un jeune.

Qu’est-ce qui fait qu’un coach te fait confiance et pas un autre ?

Cette année, j’ai repris directement avec les pros. J’ai réalisé une bonne prépa, ça a permis au nouveau staff de me connaître. L’an dernier, je n’ai pas repris avec les pros, j’ai été blessé, donc le staff ne me faisait pas autant confiance que cette année.

En moins d’un an, tu es passé de joueur de N3 à néo-international marocain qui va bientôt découvrir la L1. Ça t’inspire quoi ?

Déjà, c’est un plaisir. La saison n’est pas finie. On espère accrocher la première place et la Ligue 1. Après, il ne faut pas s’enflammer, se dire « J’ai fait une carrière » alors que je n’ai rien fait. Je suis tout jeune, je viens de commencer. L’année dernière, j’ai galéré, du coup, je savoure cette année, je suis conscient de ma chance. Quand tu sais que tu as pris un peu plus de temps, la récompense est meilleure.

Ton directeur sportif, Mathieu Bodmer, a déclaré qu’il ne pensait pas que ça irait aussi vite. Et toi tu le pensais ?

C’est vrai que ça va vite, mais moi, depuis la prépa, j’ai beaucoup bossé. J’ai tout fait pour que ce moment arrive. Je ne suis pas surpris, mais content.

Quelle est ta relation avec Luka Elsner ?

Une bonne relation, c’est un bon coach. Il me fait progresser tous les jours, m’apprend des choses à chaque entraînement. C’est un coach qui m’a donné beaucoup de confiance. Me lancer comme ça dans le grand bain dès la première année, ce n’est pas à la portée de tous les coachs. Je lui en suis reconnaissant. On discute énormément, notamment lors des séances vidéos, il me fait des retours sur mes matchs, me donne des conseils.

Sélection

Après ta convocation en équipe du Maroc, tu as tenu à remercier ton club. Tout le monde ne le fait pas forcément. Ça te tenait à cœur ?

Oui parce que c’est grâce au collectif que les récompenses individuelles arrivent. Si on ne réalisait pas une année exceptionnelle avec Le Havre, je ne pense pas que j’aurais été appelé en équipe nationale. C’est pour ça que je tenais à remercier tout le monde : le club, le coach, mes coéquipiers et le staff.

Tu as échangé avec Walid Regragui ?

Il est venu une fois à l’occasion d’un match contre Sochaux. Il était venu nous voir, il avait pris son temps, c’est une bonne personne. Après, je ne le connais pas dans l’intimité, mais on avait discuté et ça s’était bien passé. Après, je m’attendais plutôt à être convoqué en U23, pas en A.

Qu’as-tu ressenti quand tu as vu ton nom sur la liste ?

(Sourire) Franchement, j’étais content. C’était un plaisir. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que j’ai ressenti. Mes parents étaient fiers aussi, mais la nuance, c’est que j’ai toujours joué pour la sélection marocaine, en U16 ou en U20, j’ai disputé plusieurs CAN. Du coup, c’est un peu le chemin logique.

J’imagine que tu as suivi le Mondial et notamment le parcours du Maroc ?

Ils ont fait un parcours formidable, incroyable. Dommage, il y a eu la France en demi-finale. J’ai regardé tous les matchs. En plus, pendant la trêve, je suis parti au Maroc et j’ai pu suivre des matchs là-bas, c’était quelque chose, ambiance de fou. On a même fait un stage de quelques jours au Maroc avec Le Havre, on a suivi le quart de finale contre le Portugal là-bas.

Quels sont tes objectifs avec la sélection ?

Aller, prendre des repères, voir comment ça se passe, côtoyer les personnes qui sont là-bas et essayer de m’imposer petit à petit.

Personnalité

Qui est vraiment Yassine Kechta ?

C’est une personne tranquille, un peu réservée. Je viens faire mes séances, je bosse avec mes coéquipiers, notamment avec Arouna (Sangante) avec qui je passe beaucoup de temps.

C’est quoi ta journée type ?

Je me réveille à 8h/8h30. On a rendez-vous au club à 9h15. J’habite à même pas cinq minutes du centre d’entraînement. Donc je descends tranquillement, je prends mon petit déjeuner ici, puis je vais en salle. Je me prépare avant la séance, puis on s’entraîne, et derrière, je m’étire ou je fais des soins avec le kiné. Puis douche et déjeuner. S’il y a entraînement l’après-midi, on recommence, sinon je rentre à la maison faire une petite sieste. Après, je reste à la maison et je finis ma journée calmement en jouant à la play.

Ça fait quoi d’être considéré comme un joueur très prometteur ?

Ça ne change rien. Je suis comme je suis tout le temps, comme depuis tout petit, et je ne changerai pas. Qu’on me dise prometteur ou pas, ça n’a aucune importance pour moi. Ça ne me perturbe pas et ça ne me met pas la pression.

Comment résistes-tu aux "tentations" comme les filles, les sorties, la mauvaise nourriture ?

Les filles et les sorties, je ne calcule pas trop. Le plus dur en vrai, c’est la nourriture et l’alimentation. Quand on te dit : « Viens, on va manger », toi tu dis : « Je peux pas, j’ai un match ». Tu ne peux pas manger n’importe quoi. Après, ça vient avec l’habitude, ça devient normal, tu manges sainement sans faire attention.

Tu es un gros travailleur ?

On s’entraîne déjà beaucoup avec le club. On double deux fois par semaine, ça veut dire deux journées à quatre heures d’entraînement. Pour être performant au plus haut niveau, tu es obligé de travailler en plus. Si tu ne t’habitues pas à un rythme de travail élevé, les blessures vont vite arriver. Tu vas tenir un an ou deux, et après… Moi, j’ai plein de routines : étirements ou gainage après les séances, et réveil musculaire avant le début de l’entraînement. J’ai aussi un préparateur personnel qui m’envoie des séances à faire, des repas précis à manger. Tout est carré.

Tu as des surnoms ?

On m’appelle parfois "Yalach", mais ça ne veut rien dire. C’était un truc quand j’étais petit, mais ça n’a aucune signification.

Quel est ton plus grand objectif ?

Faire la plus belle des carrières, aller le plus loin possible, tout donner sans avoir de regret.

As-tu peur de l’échec ?

Non. Il ne faut pas avoir peur de l’échec. Même si tu rencontres un échec, il faut tout faire pour rebondir et repartir de l’avant. Ce n’est pas facile, mais c’est comme ça que tu te forges un mental. À la fin, tu deviens plus fort.

Tu te définis comme quel type de joueur ?

On me dit souvent que je joue comme un ancien. J’ai des qualités techniques, un gros volume de jeu. Voilà mes qualités. Globalement, tout ce qui concerne le jeu avec ballon.

Si tu devais parler de tes points faibles, tu dirais quoi ?

Le côté athlétique. Je n’ai pas un gabarit incroyable. Je dois travailler cet aspect. Sinon, sur le terrain, j’essaie de combler ça en jouant avec ma tête, en réfléchissant. Quand il y a un duel, tu essayes de prendre le ballon en esquivant le duel par exemple. C’est aussi simple que ça.

Qui est ton exemple ?

Quand j’étais petit, j’aimais beaucoup Özil. Je le prenais en exemple. Sinon, j’aime aussi Modric, des milieux de ce style en gros.

Qu’est-ce qu’un grand milieu de terrain selon toi ?

C’est un milieu moderne, qui sait tout faire. C’est un joueur qui sait défendre, attaquer, garder le ballon par moments, jouer vite quand il faut. Bref, un footballeur qui sait mettre en évidence ses partenaires.

Conclusion

Tu as des rêves  ?

Je rêve toujours, ça c’est sûr. Dans le foot, c’est de faire une carrière incroyable : gagner un Ballon d’Or, gagner des championnats, des titres. C’est ça le rêve de tout footballeur.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?

Très bonne question. Je pense que j’aurais continué l’école. Mais il n’y a pas un métier qui me plaisait plus que ça. À l’école, j’écrivais footballeur. Mon plan B, c’était le foot (rires). Je pense que j’aurais travaillé dans le monde du foot. Peut-être journaliste, pourquoi pas !

Si tu avais pu avoir un super-pouvoir, tu choisirais lequel ?

Celui de lire dans les pensées des gens. Je suis curieux.

Si tu étais journaliste, tu poserais quelle question à Yassine ?

Je lui dirais : « Ça fait quoi de vivre la vie dont tu as toujours rêvé ? »

Et tu répondrais quoi ?

C’est beau, c’est le kiffe total. J’espère que ça va durer le plus longtemps possible. Je vis une vie que beaucoup aimeraient avoir. Pour l’instant, je vis bien ma célébrité naissante. Je ne refuse jamais un autographe ou une photo.

Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

On a la réussite qu’avec le travail. Mes parents m’inculquent ça depuis tout petit. Encore aujourd’hui, quand mon père m’appelle, il me dit : « J’espère que tu as bien travaillé », « J’espère que tu as été sérieux ». C’est ancré en moi.

Si tu devais te donner une note pour cet entretien ?

Un petit 7 sur 10. Et toi, tu me mettrais combien ?J’aurais dit 7 aussi. Tu as été pas mal, mais tu aurais pu te livrer davantage.

J'essaierai la prochaine fois (sourire).

Retrouvez l'actualité du monde du football en France et dans le monde sur notre site avec nos reporters au coeur des clubs.

À propos de Publisher