Furia Liga
·18 janvier 2021
Furia Liga
·18 janvier 2021
Bien malins ceux qui avaient pronostiqué le triomphe de l’Atlético de Madrid pour cette SuperCopa 2021. Un changement de coach la veille de la 1/2 finale contre le Barça a tout changé pour les Colchoneras qui ont non seulement renversé les favorites blaugranas mais également foudroyé Levante en finale en moins d’une mi-temps. De quoi présager une deuxième partie de saison ambitieuse.
Amanda Sampedro ne pouvait pas monter seule sur l’estrade pour recevoir la SuperCopa remportée au terme d’une finale pliée en 1re période contre Levante. La capitaine a absolument tenu à soulever le trophée avec sa coéquipière Virginia Torrecilla atteinte d’une tumeur cérébrale depuis le mois de mai dernier. Épilogue émouvant d’une semaine riche en rebondissements. Car si la situation de l’Atlético de Madrid n’est pas catastrophique, la concurrence est exacerbée cette saison, notamment par l’arrivée du Real Madrid en Primera et les résultats ne garantissent pas pour le moment de terminer sur le podium et donc de se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions.
L’Atlético est arrivé perclus de doutes à Almería pour disputer la SuperCopa. Dans l’incapacité de disputer la 15e journée de Ligue des Champions contre Valencia en raison de la tempête Filomena qui a enneigé la capitale espagnole, le dernier match disputé était un derbi contre le Rayo Vallecano et le match nul concédé (0-0) a constitué un sérieux coup d’arrêt car, dans le même temps, le Real Madrid, Tenerife et Levante ont gagné. Cinquièmes au classement, les Indias ne sont pas larguées mais la courbe de performance nécessitait un changement.
Mesure radicale : 24h avant le coup d’envoi de la demi-finale contre le FC Barcelone, Dani González est viré. Son remplaçant est loin d’être un inconnu : il s’agit de José Luis Sánchez Vera, le coach du 3e titre consécutif colchonero en 2019. C’est sous ses ordres que le club a accédé pour la 1re fois aux 1/8 de finale de la Ligue des Champions en éliminant Manchester City. Un gage à la fois de performance mais aussi de sécurité au moment de relancer un effectif qui paraît marquer le pas. Les effets ne sont donc pas faits attendre. Battre le Barça, certes avec beaucoup de réussite eu égard l’écrasante possession blaugrana et l’oubli de deux penalties évidents (il n’y a pas la VAR pour la SuperCopa), est un bel exploit. Car si les Colchoneras étaient tombées en 1/4 de finale du Final 8 de la Ligue des Champions à San Mamés sur la plus petite des marges (1-0), l’ampleur de la défaite subie en championnat en novembre (3-0) démontrait bien un décrochage par rapport à leurs rivales.
Une situation qui surprend guère à la lecture d’une interview publiée en mai 2021 dans Mundo Deportivo. « Mon départ est dû aux croyances et à la conviction, expliquait-il. J’ai cédé sur quelques points et est arrivé le moment où je ne me sentais pas capable de convaincre les joueuses dans différentes situations. Ce n’est la faute de personne ». Lucide, il a aussi été prémonitoire : « je suis très reconnaissant pour tout ce que m’a donné l’Atlético de Madrid. Si on m’appelait demain, j’irais les yeux fermés ». Entre temps, il a été annoncé à Manchester City et le moulin à rumeurs bruissait d’un accord acté avec les Citizens. Des clubs français se seraient aussi manifestés. Mais c’est finalement en adjoint de Tiago Mendes au Vitoria Guimaraes que l’ancien analyste colchonero a été revu pour la 1re prise de poste de l’ancien milieu de terrain portugais d’août à octobre 2020. Une parenthèse bénéfique pour le technicien au moment de reprendre en main les destinées des Indias.
Le principal changement opéré par Sánchez Vera concerne le poste de gardienne. Mauvaise nouvelle pour Corinne Diacre : Pauline Peyraud-Magnin, titulaire avec les Bleues depuis la mise en retrait de Sarah Bouhaddi, a été reléguée sur le banc pour cette SuperCopa au profit d’Heldvig Lindahl. Une décision à double-tranchant mais qui a été validée lors de la séance de tirs au but contre le Barça où la Suédoise a sorti la tentative de Marta Torrejón après que les montants ont repoussé les frappes de Jenni Hermoso et Mariona Caldentey. Pourtant, le match de l’expérimentée dernier rempart (37 ans) était loin d’être immaculé, marqué par plusieurs ballons relâchés et des sorties parfois hasardeuses compensées par les performances XXL d’Aïssatou Tounkara, Leia Aleixandri (MVP de la SuperCopa) et Merel van Dongen.
Cette modification est-elle temporaire ou permanente ? Introniser une nouvelle portera peut constituer un désir tactique de privilégier certains aspects, notamment à la relance. Quoi qu’il en soit, le succès en SuperCopa valide cette décision, du moins dans un premier temps.
La créativité d’Ángela Sosa, partie au Betis, manque et c’est une partie du jeu offensif des Indias qui doit redévelopper certains automatismes. Malgré tout, les bases sont solides. L’Atlético dispose en effet d’une attaque particulièrement attractive avec les Sud-Américaines Ludmila da Silva (Brésil), Deyna Castellanos (Venezuela) et Leicy Santos (Colombie). Da Silva est dans une forme étincelante, sa rapidité et sa définition sont un atout immense pour apporter de la vitesse dans le camp adverse. En Ligue des Champions contre le Servette, c’est elle qui a sonné la révolte alors que les Suissesses menaient 1-0. Ses accélérations ont fait très mal au Barça et à Levante en SuperCopa.
Le secteur offensif est en train de s’étoffer pendant ce mercato et les effets se sont déjà faits sentir lors des deux derniers matches. Trois joueuses ont posé leurs valises à Madrid depuis le début d’année. Titularisée en finale contre Levante, Ajara Nchout (Cameroun) a offert la SuperCopa sur un plateau avec une passe décisive pour Deyna Castellanos (18′) suivie d’un doublé. Le tout en 14 minutes. Autre renfort africain, Rasheedat Ajibade (Nigeria) est restée sur le banc. Enfin, le contingent français s’est étoffé avec le prêt par le PSG d’Aminata Diallo après une expérience aux Royals d’Utah. Malheureusement pour elle, son entrée en jeu contre le Barça a été gâché par son tir au but manqué en début de séance.
La conquête de ce titre après avoir perdu son leadership en Primera depuis que le FC Barcelone s’est transformé en machine (presque) invincible revêt une importance capitale pour l’Atlético. Le retour de José Luis Sánchez Vera peut redonner de la stabilité à un effectif talentueux capable d’effectuer une excellente deuxième moitié de saison en Espagne mais aussi en Europe. Proches d’atteindre le dernier carré de la Ligue des Champions la saison dernière, les Indias veulent s’inscrire dans la durée sur le devant de la scène. Cette SuperCopa a prouvé qu’elles étaient convaincues et convaincantes.
François Miguel Boudet