Derniers Défenseurs
·15 juin 2021
Derniers Défenseurs
·15 juin 2021
Après plusieurs décennies loin des grandes compétitions estivales, la Hongrie s’apprête à disputer son deuxième Euro consécutif, une première dans son Histoire. Opposés aux géants allemands, français et portugais dans le groupe F, les Magyars espèrent déjouer les pronostics grâce à un regain de forme inespéré ces derniers mois.
Aux abonnés absents des grandes compétitions depuis la fin des années 1980, la Hongrie n’en reste pas moins un des bastions historiques du ballon rond avec quelques performances à faire rougir plus d’une nation. Finalistes du mondial 1938 face à l’Italie à Colombes, c’est principalement dans les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale que le football hongrois acquis ses plus belles lettres de noblesse.
En effet, considéré comme l’une des meilleures sélections de tous les temps, le Onze d’or (Aranycsapat) ne connaîtra la défaite qu’à une seule reprise entre 1950 et 1956. La génération dorée de Ferenc Puskás, Sándor Kocsis ou József Bozsik pour ne citer qu’eux, et leur sélectionneur Gusztáv Sebes, révolutionneront le football par leur jeu offensif et une grande polyvalence de chaque joueur. Le « football total » avant l’heure.
Champions olympique à Helsinki en 1952, puis d’Europe Centrale en 1953, les Hongrois s’inclineront de nouveau en finale de la coupe du monde en 1954, cette fois face à la RFA. La courte mais grande Histoire de ce onze d’or s’achève ensuite en 1956, la faute à la révolution hongroise face au régime imposé par Moscou qui entraînera la fuite de nombreux joueurs de l’autre côté du rideau de fer.
Malgré tout, la sélection se maintient comme une place forte du football sur les années qui suivent avec notamment deux nouvelles médailles d’or olympique en 1964 à Tokyo puis à Mexico quatre ans plus tard. Ses six participations au mondial entre 1958 et 1986, et ses deux demi-finales européennes en 1964 et 1972 resteront les derniers moments de gloire de la sélection. S’ensuit une longue traversée du désert avant l’Euro 2016 où la Hongrie atteindra les huitièmes de finales, éliminée par la Belgique.
Arrivé au lendemain d’une campagne de qualification pour le mondial 2018 totalement ratée (seulement 13 points en 10 matchs et une défaite en Andorre notamment), le nouveau sélectionneur Marco Rossi héritait d’un groupe meurtri et vieillissant. Trois ans plus tard, l’italien et ses hommes débarquent au championnat d’Europe avec l’une des meilleures dynamiques du vieux continent.
Les débuts furent pourtant mitigés pour l’ancien entraîneur du mythique Budapest Honvéd. D’abord deuxièmes de leur groupe de Nations League C derrière la Finlande en 2018, les hongrois finiront à une très décevante quatrième place aux éliminatoires de l’Euro 2020 derrière la Croatie, le Pays de Galles et la Slovaquie.
C’est seulement après la coupure due à la pandémie que le sélectionneur trouva la bonne formule, et avec elle, la victoire. Réorganisés autour d’une défense à cinq très solide, les Hongrois impressionneront par leurs transitions rapides et leurs longs ballons. Avec ce plan de jeu clair et très peu de turnover dans le onze, les hommes du capitaine Ádám Szalai (Mainz 05) enchaînent les très bonnes performances à l’automne dernier. Premiers d’un groupe de Nations League B très relevé avec la Russie, la Serbie et la Turquie, et seulement défaits à une reprise, ils seront promus en première division pour la prochaine édition.
Également faciles vainqueurs de la Bulgarie (3-1) à Sofia au premier tour des barrages pour l’Euro, les Magyars devaient disputer un dernier combat face à l’Islande pour valider leur ticket. Menés malencontreusement dès le début du match suite à une erreur de main de Péter Gulácsi , les Hongrois surent renverser la vapeur au terme de dernières minutes de folie. Remobilisés suite à l’égalisation de Loïc Négo (international en jeunes avec la France avant d’être naturalisé l’année dernière) à la toute fin du temps réglementaire, ils mirent fin aux ambitions islandaises seulement quelques instants plus tard. Après une folle chevauchée, le nouveau joyau national Dominik Szoboszlai, 20 ans, envoyait son pays à l’Euro d’une frappe parfaitement placée au ras du poteau depuis l’extérieur de la surface.
Malgré cette formidable dynamique entamée il y a quelques mois, la Hongrie fait office de Petit Poucet dans le groupe F où ils affronteront le Portugal, la France, puis l’Allemagne. Un groupe que l’on qualifie déjà de « groupe de la mort ». La faute au nouveau système mis en place par l’UEFA qui a respectivement placé les champions du monde et d’Europe en titre dans les chapeaux 2 et 3.
Dans leur malheur, les hommes de Marco Rossi pourront tout de même compter sur la ferveur de leur public. En effet, ils accueilleront les Portugais puis les français dans leur flambante neuve Puskás Aréna de Budapest, construite pour l’occasion. Le stade de Budapest sera d’ailleurs le seul de la compétition à ne connaître aucune restriction de capacité, les 67000 places de l’enceinte ayant été commercialisées.
Malgré quelques interrogations suite à des blessures et une profondeur de banc qui laisse à désirer, la Hongrie peut se reposer sur plusieurs cadres pour son euro « à domicile ». Le portier titulaire sera bien évidemment Péter Gulácsi, bien installé à Leipzig depuis plusieurs saisons. Il occupe le poste de titulaire en équipe nationale depuis la retraite internationale du légendaire gardien au survêtement Gábor Király après l’Euro 2016. Il sera accompagné des deux gardiens du champion national Ferencváros : Dénes Dibusz et Ádám Bogdán, passé notamment par Liverpool.
Dans leur habituelle défense à trois, Willi Orbán (RB Leipzig), né et formé en Allemagne d’un père hongrois, sera le véritable taulier. Il sera sauf surprise de dernière minute accompagné d’Attila Szalai, impressionnant depuis son arrivée à Fenerbahçe en janvier, ainsi que de l’expérimenté Attila Fiola (Fehérvár) qui apportera sa vitesse au trio. Ádám Lang (Omonia/Chypre), 36 sélections, sera leur principal concurrent. Endre Botka (Ferencváros) et le néophyte Ákos Kecskés (Lugano/Suisse) complètent le groupe.
Sur le côté droit, Lovrencsics (Ferencváros) apportera sa vitesse alors que Bendegúz Bolla, révélation du championnat avec Fehérvár sera sa doublure. Une des premières grosses interrogations se situe sur le flanc gauche. C’est Kevin Varga, attaquant de Kasımpaşa qui a été aligné lors des matchs de préparation suite au forfait de l’habituel titulaire Hangya. Virevoltant sur le plan offensif, son positionnement défensif et son manque d’impact dans les duels posent question.
La plus grande préoccupation côté Magyar se situe dans le cœur du jeu avec deux blessures de deux cadres de l’équipe. Tout d’abord, Dominik Szoboszlai, le nouveau joyau de la sélection et héros de la qualification, sera l’un des grands absents du tournoi. Arrivé blessé aux adducteurs à Leipzig depuis Salzburg cet hiver, il n’a toujours pas disputé la moindre minute avec le vice-champion d’Allemagne. Tout de même présent dans la pré-liste de Marco Rossi, son forfait a été officialisé le 1er juin. Ce forfait s’ajoute à celui de Zsolt Kalmár, milieu créatif de DAC Dunajská Streda en Slovaquie et autre pilier habituel de la sélection.
Avec ces absences importantes, les performances d’Ádám Nagy seront d’une importance capitale dans la réussite hongroise. Avec ses 47 sélections à seulement 25 ans, le milieu de Bristol City en Championship est déjà expérimenté au niveau international et aura la lourde tâche d’organiser le jeu hongrois. Il devrait former un trio avec András Schäfer (DAC Dunajská Streda/Slovaquie) et un László Kleinheisler (Osijek/Croatie) au profil plus offensif. Loïc Négo (Fehérvár), le français naturalisé, formé à Nantes et passé par la Roma est également pressenti dans le onze. Dániel Gazdag, excellent cette saison avec le Honvéd avant son transfert au Philadelphia Union (MLS) pourrait quant à lui être la surprise de Marco Rossi pour cet Euro.
Piliers de la sélection, les très complémentaires Ádám Szalai (Mainz 05) et Roland Sallai (SC Freiburg) animeront l’attaque hongroise. Le premier fera parler son physique (1,93m/90kg) pour libérer des espaces à son coéquipier auteur de 8 buts et 6 passes décisives en Bundesliga cette saison. À 33 ans, Nikolić (Fehérvár) participera sûrement à sa dernière grande compétition. Meilleur buteur des championnats hongrois, polonais et de la MLS par le passé, il apportera une expérience inestimable dans ce groupe. Holender (Partizan/Serbie) ou encore János Hahn (Paks), meilleur buteur du championnat cette saison, espèrent également avoir leur chance sur le front de l’attaque.
Groupe F : Hongrie / Portugal / France / Allemagne
Crédits photo : AFP / Getty / GEPA Pictures
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