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·25 septembre 2019

Jupiler Pro League, l’avenir est au levant

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On compte actuellement dix joueurs japonais au sein du championnat belge. Plus que dans tout autre championnat européen de première division. Une tendance qui tend à se confirmer depuis deux saisons. Retour sur un phénomène et les profils nippons à suivre cette saison en Jupiler Pro League.

Longtemps les joueurs japonais n’ont pas eu la cote dans le plat pays. Il y a deux saisons, ils n’étaient que trois. Cette saison ils sont dix, la quatrième nationalité la plus représentée du championnat derrière la Belgique, la France et le Sénégal. Genk, Charleroi, La Gantoise, Waasland-Beveren, Eupen, le Cercle Bruges, l’Antwerp et Saint-Trond, tous ces clubs ont au moins un joueur japonais dans leurs rangs.


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Une nationalité autrefois absente de la JPL

Il faut attendre la saison 2002/2003 pour voir le premier japonais évoluer sur les pelouses de Jupiler Pro League. Sortant d’un mondial où il a marqué face à la Belgique, Takayuki Suzuki débarque à Genk. Les attentes sont présentes et le flop du précurseur nippon est retentissant : vingt-cinq matchs, zéro but.

Les saisons suivantes, on ne compte alors que peu de représentants du pays du Soleil Levant en Jupiler Pro League. Il faudra attendre 2010/2011 et Eiji Kawashima pour voir un joueur japonais s’inscrire durablement en première division belge. En effet, c’est aujourd’hui le joueur japonais a avoir disputé le plus de matchs de Jupiler Pro League avec 121 matchs sous les couleurs de Lierse et du Standard de Liège. Si sportivement il ne laisse pas une empreinte hors du commun en Belgique, au Japon c’est une star !

Il est alors considéré à l’époque comme le troisième footballeur le plus populaire du pays derrière Shinji Kagawa et Keisuke Honda. Des journalistes nippons sont même envoyés spéciaux permanents dans le plat pays pour suivre sa carrière ! Depuis le phénomène s’est démocratisé. Tellement que lors du Charleroi/Saint-Trond de la saison dernière, on comptait six Japonais sur la pelouse !

Première raison d’une tel succès : la progression du football japonais. À la Coupe du Monde 2006, les Japonais finissent derniers de leur groupe avec dans leur équipe seulement huit joueurs sur vingt-trois qui évoluent en Europe. Douze ans plus tard, au dernier mondial, les Japonais, héroïques, tombent en huitième face à la Belgique. Dans le groupe d’alors, on dénombre quinze joueurs évoluant en Europe.

Le fossé qui pouvait exister auparavant en terme de niveau s’est considérablement compensé. Le footballeur japonais donne l’image d’un joueur mobile, technique, rigoureux et professionnel. Les réussites d’Hiroki Sakai à Marseille, Makoto Hasebe à Francfort, Shinji Kagawa à Dortmund ou encore Yuto Nagatomo à l’Inter font le reste.

Deuxième caractéristique, le joueur japonais détient l’avantage de ne pas être onéreux. Les clubs nippons ne demandent pas des indemnités exorbitantes et les joueurs signent souvent libres. Cela avait été le cas de Kawashima qui avait été recruté libre par Lierse ou plus récemment, Naomichi Ueda qui lui aussi vient de signer libre au Cercle de Bruges. Le risque d’effectuer un flop est alors amorti par le faible coût du joueur.

Bien sûr tous ne sont pas des réussites et n’atteignent pas le niveau d’un Keisuke Honda au CSKA ou Shunsuke Nakamura au Celtic, mais devant ces arguments, leur nombre s’est clairement démocratisé dans les championnats européens. Forcément, la JPL est également impactée.

Le cas Saint-Trond

Et si les joueurs japonais sont aujourd’hui aussi nombreux aujourd’hui en JPL, le club de Saint-Trond n’y est pas étranger. En juin 2017, la société d’électronique spécialisée dans l’E-commerce, DMM.com (Digital Media Mart), prend 20% des parts du club.

« Grâce à ce partenariat, Saint-Trond aura accès au marché japonais. À terme, l’objectif est de voir des talents japonais évoluer au Stayen et donner un rayonnement plus large au club »Communiqué du club de Saint-Trond suite à l’entrée des investisseurs japonais

Très vite, en novembre 2017, l’entreprise japonaise rachète les 80% restants au propriétaire historique Roland Duchâtelet.

Depuis, une cohorte de joueurs japonais a rejoint l’effectif du club. La réussite est contrastée avec beaucoup de joueurs retournés au pays, mais certains percent définitivement au haut niveau à l’image de Takehiro Tomiyasu. Acheté 800 000 euros à Avispa Fukuoka (J2 League), club devenu partenaire, il a été revendu cet été neuf millions d’euros à Bologne. Un record pour les Canaris avec un défenseur central qui fait figure de gros espoir japonais avec déjà dix-sept sélections à vingt ans.

« Nous voulons travailler en étroite collaboration avec la ville, les habitants de Saint-Trond et les partenaires commerciaux existants, et si possible, nous voulons également transférer la culture japonaise à Saint-Trond »  Yusuke Muranaka, membre du conseil d’administration de St-Trond, à la presse lors du rachat du club

Cette recrudescence de joueurs japonais entraîne une médiatisation importante. En juillet 2018, la chaîne Sky PerfecTV a acquis les droits télévisuels de la Jupiler Pro League pour les saisons 2018/2019 et 2019/2020. Cela fait du Japon le premier pays asiatique à retransmettre la Jupiler Pro League. Impensable il y a dix ans !

« Les diffuseurs veulent pouvoir suivre leurs compatriotes dans notre compétition, mais aussi découvrir les futurs Courtois, De Bruyne, Witsel, Kompany ou Meunier » Pierre François, Directeur Général de la Pro League (Dernière Heure)

Une médiatisation qui rapporte de nouveaux revenus à la Fédération belge mais aussi de potentiels nouveaux investisseurs japonais. Récemment des rumeurs faisaient état d’un sponsoring de trois millions d’euros dans le club d’Ostende. Désormais il faut compter avec cette omniprésence nippone d’où émergent quelques talents qui régulièrement performent en JPL.

Les Nippons de JPL à suivre

La nouvelle sensation, Junya Ito

Estimé à 4,5 millions d’euros, c’est la plus grosse valeur marchande japonaise du championnat. Titulaire indiscutable de l’aile droite de Genk avec huit matchs au compteur, Junya Ito est la nouvelle sensation nippone de Jupiler Pro League. Il a rejoint les Flamands en prêt en janvier 2019. Depuis ? Au départ joker, il devient titulaire lors des play-off où ses dribbles font des ravages. Qualifié d’ « étoile montante » par Sport Foot Magazine, c’est certainement le Nippon le plus prometteur et une prochaine plus-value importante pour Genk. Rapide et percutant, l’ailier manque encore de finition mais est plus déterminant cette saison avec déjà quatre passes décisives à son actif.

La valeur sûre, Ryota Morioka

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À vingt-huit ans, le milieu offensif est certainement le plus régulier des représentants japonais au sein du championnat belge. Utilisé en meneur de jeu ou milieu relayeur, c’est souvent la caution créative de son équipe. Formé au Vissel Kobe, il rejoint l’Europe et le Wisla Cracovie en 2017, à vingt-quatre ans. Après une très bonne adaptation et un an et demi en Pologne, il rejoint la Flandre.

En une demi-saison (2017/2018), il met la Jupiler Pro League dans sa poche avec sept buts et onze passes décisives dans l’équipe de Waasland-Beveren. Des performances remarquées qui convainquent Anderlecht de déposer 2,5 millions d’euros sur la table dès janvier 2018. La suite sera plus compliquée. Souvent utilisé sur la fin de saison 2017/2018, il commencera la suivante dans la peau d’un remplaçant. Prêté avec option d’achat à Charleroi, il retrouve ses sensations et redevient titulaire indiscutable. Racheté 1,5 million d’euros, il demeure une valeur sûre du championnat. Cette saison, il porte déjà les Carolos avec quatre buts et une passe décisive en sept matchs.

Le baroudeur, Yuya Kubo

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Là où ses compatriotes sont habitués à quitter leur pays tard, Yuya Kubo fait figure de globe-trotter. À dix-neuf ans à peine. le Nippon rejoint la Suisse et les Young Boys de Berne en provenance du Kyoto Sanga, en deuxième division japonaise. Un certain pari qui s’avère gagnant pour les Bernois. Performant et décisif, il éveille l’intérêt de la Gantoise qui l’enrôle alors pour 2,5 millions d’euros. Il est alors ultra décisif avec onze buts en dix-sept matchs. Spectaculaire, vif et technique c’est une des révélations de la saison. Utilisé en neuf ou neuf et demi, il excelle dans la gestion de la profondeur et du placement. Par la suite, la réussite est moins présente malgré une saison 2017/2018 à douze buts. Il sera prêté dans la foulée à Nuremberg où c’est un flop. Revenu cette saison à La Gantoise, il se cantonne aujourd’hui à un rôle de joker.

L’innatendu, Yuta Toyokawa

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En janvier 2018, Eupen est dans une situation critique. Le club de la communauté germanophone de Belgique est dernier de Jupiler Pro League. Claude Makélélé débarqué en novembre ne trouve pas la bonne formule. Le club recrute alors un attaquant inconnu au bataillon en provenance des Kashima Antlers. Le joueur sort de deux saisons en prêt en deuxième division japonaise au club de Fagiano Okayama. Le flop semble inévitable. Trop d’écart de niveau, un joueur qui ne parle pas anglais et une adaptation qui peut être difficile aussi dans une commune germanophone de seize mille habitants. Tout semble jouer contre le Japonais.

Pourtant la mayonnaise prend ! Utilisé comme joker, il gagne sa place à force de buts et devient le talisman des Pandas. Avec sept buts en douze matchs, il participe activement au sauvetage d’Eupen. Il enchaîne avec une saison 2018/2019 convaincante où il score à neuf reprises. Cette saison, la réussite n’est pas au rendez-vous avec un seul petit but face à Waasland-Beveren, mais à sa décharge, l’équipe d’Eupen est pour l’instant en grande difficulté.

La liste des « Nippons belges » ou « Belges nippons » est encore longue : Yuki Kobayashi (Waasland-Beveren), Naomichi Ueda (Cercle Bruges), Koji Miyoshi (Antwerp), Yuma Suzuki (St-Trond)… Les bonnes pioches japonaises sont désormais légion dans une Jupiler Pro League dont l’avenir s’inscrit, plus que jamais, au levant.

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