Fcbayern-fr
·19 mars 2025
« La domination fait partie du Bayern »

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·19 mars 2025
Arjen Robben a disputé 309 matchs officiels pour le Bayern et inscrit 144 buts. Après la fin de sa carrière en 2021, le Néerlandais s’est de plus en plus retiré du devant de la scène. Robben entraîne actuellement les équipes de jeunes de son club natal, Groningue. « En famille, nous essayons de rattraper le temps perdu lorsque j’étais professionnel », explique l’homme de 41 ans. C’est pourquoi il ne court plus de marathons pendant des heures, préférant jouer au padel pour rester en forme. Franck Ribéry a joué 425 matchs pour le Bayern, marquant 124 buts. Aujourd’hui, il est entraîneur adjoint à la Salernitana en Italie, le club où le joueur de 41 ans a mis fin à sa carrière de joueur il y a deux ans. Le Français, qui vit à Munich, prépare sa licence UEFA Pro. « C’est mon objectif principal », explique-t-il.
Robben et Ribéry se sont retrouvés pour la première fois depuis longtemps à l’occasion de la Coupe Beckenbauer. Entretien avec l’un des meilleurs duos d’ailiers de l’histoire du football, à propos du Bayern, de Franz Beckenbauer et de souvenirs merveilleux et douloureux.
Franck Ribéry et Arjen Robben se saluent chaleureusement lors de la Soirée des Légendes du Bayern, à la veille de la Coupe Beckenbauer au Paulaner Nockherberg. | © FC Bayern
Arjen, en attendant que Franck nous rejoigne, pourquoi ne pas parler du Bayern ? Quelle a été la performance de l’équipe en 2025 ? Arjen Robben : « Je pense qu’ils ont été bons. Les quarts de finale de la Ligue des champions vont maintenant être très intéressants face à une équipe italienne super organisée, surtout défensivement. C’est toujours difficile de faire mouche face à l’Inter. Mais les choses se présentent aussi bien en Bundesliga, avec six points d’avance sur Leverkusen. Bien sûr, c’est facile à dire de l’extérieur, mais je ne vois pas d’autre champion que le Bayern. »
Le Bayern parviendra-t-il à battre l’Inter ? Robben : « On verra bien. Ce sera serré, serré. Le Bayern a peut-être un léger avantage, mais la défense adverse est très, très solide. C’est un adversaire très dangereux, même en contre-attaque. »
La domination sera importante. Avez-vous été surpris par la performance du Bayern à ce niveau cette année, après une année difficile ? Robben : « Pour moi, c’est avant tout grâce au nouveau staff technique. Ils sont bien préparés, il y a suffisamment de qualité dans l’équipe, tout fonctionne bien, il y a beaucoup d’énergie. Et je pense qu’il y a aussi un esprit de communauté positif au sein de l’équipe. Vincent Kompany et ses coéquipiers font du très bon travail. »
Vous avez vous-même joué contre Kompany, le défenseur de classe mondiale. Robben : « Oui, je m’en souviens. Je ne connais pas Vincent personnellement, mais même en tant que joueur, j’étais impressionné par sa grande ambition, qui le caractérise aussi aujourd’hui en tant qu’entraîneur. Je pense que c’est un travailleur acharné qui veut donner le meilleur de lui-même et de son équipe. »
Sous la direction de Kompany, le Bayern pratique un pressing haut et privilégie la possession. Robben : « La domination fait partie intégrante du Bayern. Il faut imposer sa volonté à chaque adversaire, c’est naturel. Cela peut se produire de manières très différentes. Je pense de plus en plus comme un entraîneur et je pense que le pressing donne de la domination et de l’énergie. »
Comment Arjen Robben et Franck Ribéry se seraient-ils intégrés dans ce système Kompany ? Robben : « Si vous êtes un bon footballeur, vous pouvez évoluer dans n’importe quel système. Il faudra peut-être s’adapter plus ou moins en fonction des motivations de l’entraîneur. Mais au final, c’est une question de qualité. Chaque joueur apporte des qualités différentes, comme ce fut mon cas. Un Javi Martínez ou un Bastian Schweinsteiger étaient des joueurs complètement différents. Un bon exemple est l’arrivée de Pep Guardiola au Bayern. On a beaucoup parlé de tiki-taka et de positionnement du ballon. À un moment, on a dit que Robben n’était peut-être pas à sa place, car il prenait trop de situations de un contre un. Mais finalement, tout s’est très bien passé, car on s’adapte en tant que joueur. »
« Ce sera serré, serré. Le Bayern a peut-être un léger avantage, mais la défense adverse est très, très solide. »
Ribéry se joint à l’interview. Ils rient tous les deux de bon cœur en se voyant et s’enlacent. Le Français crie à travers la pièce en souriant : « N’oubliez pas Robbéry ! » Ribéry prend alors l’enregistreur du rédacteur en chef et veut le mettre dans sa poche : « Oh, c’est un cadeau pour moi ? »
Franck, es-tu heureux de revoir Arjen à la Beckenbauer Cup ? Franck Ribéry : « Je suis toujours heureux quand on se voit. On se parle généralement au téléphone. J’ai toujours dit que ce qu’on a vécu ensemble sur le terrain et dans les vestiaires pendant dix ans était difficile à décrire. Ça me revient toujours en mémoire et je me dis que c’était vraiment merveilleux, et que je ne l’oublierai jamais. »
Pourquoi vous voyez-vous si rarement ? Robben : « Eh bien, c’est pareil pour tous les anciens joueurs. Chacun a son propre emploi du temps maintenant. Il se passe beaucoup de choses à la maison avec les familles. Je vis de nouveau aux Pays-Bas, Franck est ici ou en Italie. Rafinha, par exemple, vit au Brésil. Ce n’est pas si simple. C’est pourquoi c’est toujours quelque chose de très spécial. Que ce soit six mois, un, deux ou cinq ans, peu importe. »
Ribéry : « Quand on se retrouve, c’est très, très agréable. »
Quelqu’un que vous ne voyez malheureusement plus, mais dont vous gardez peut-être encore des souvenirs, est Franz Beckenbauer. Ribéry : « Bien sûr, c’était une grande figure, un footballeur d’une grande élégance. Il a été très important pour le Bayern, en tant que personne et en tant que joueur. Arjen et moi étions peut-être encore de jeunes enfants lorsqu’il jouait. Nous avons vu son élégance balle au pied. Ce que nous avons ensuite ressenti à Munich, c’est sa personnalité particulière. »
Robben : « Franck a déjà tout dit. Il appartient au Bayern, au Kaiser, et il en sera toujours ainsi. Si quelqu’un mérite qu’un tournoi porte son nom, c’est bien M. Beckenbauer. C’est un grand honneur pour nous d’y participer et de jouer pour lui et sa fondation. »
Robben et Ribéry ont remporté la Bundesliga et ont marqué pour le club une dernière fois lors de leur dernier match pour le club contre l’Eintracht Francfort en 2019.
Ils ont battu le Real Madrid en finale de la Coupe Beckenbauer à Munich. Les supporters espèrent un résultat similaire pour la finale de la Ligue des champions, qui se déroulera à l’Allianz Arena le 31 mai. Ribéry : « Je pense que le Bayern a deux grandes chances cette saison : remporter la Bundesliga et la Ligue des champions. J’espère surtout qu’ils atteindront la finale . »
Vous deux, vous l’avez vécu, la Finale Dahoam2012 … Ribéry : « Je n’en ai volontairement pas parlé tout à l’heure. Parce que ça fait encore tellement mal qu’on ait perdu ça… »
Robben a l’air triste, puis secoue la tête. Ce souvenir lui fait mal, à tel point qu’il est soulagé de ne pas avoir à en parler. Robben lui dit brièvement au revoir, puis il doit se rendre à une séance photo avec les légendes de la Coupe Beckenbauer. Ribéry a déjà pris sa photo. « Je serai juste derrière toi », dit-il en serrant Robben dans ses bras.
Franck, peux-tu nous en dire plus ? À quel point une finale comme celle-ci à Munich est-elle déjà présente dans l’esprit des joueurs ? Est-ce que cela joue un rôle pour un joueur ? Ribéry : « C’est une bonne motivation d’un côté, mais aussi beaucoup de pression de l’autre. C’était merveilleux avant 2012. On joue à domicile, on connaît l’ambiance, le stade, la ville, les supporters. Mais après, quand on perd, c’est plus douloureux que tout. 2012 a été un choc pour nous, pour tout le club, la ville, les supporters. Un an plus tard, on remportait le titre. C’est ça le football. »
Franck Ribéry sur Jamal Musiala
Michael Olise est un ailier talentueux qui vous rappelle les experts par sa vitesse, son style, ses dribbles et sa menace de but… Ribéry : « Je suis très content de sa performance jusqu’à présent. Ce qui est spécial pour moi, bien sûr, c’est qu’il est aussi français. Je suis toujours heureux quand des joueurs français jouent au Bayern. Olise est un bon garçon. Il adore être jeune, insouciant et s’amuser. Il doit conserver tout cela, même s’il reste plus longtemps au Bayern, et ne pas se laisser submerger par la pression qui règne toujours au Bayern. »
Un autre joueur qui nous fait penser à toi avec ses dribbles précis – bien qu’à un poste différent et qui ne soit pas français – est Jamal Musiala … Ribéry : « Jamal est un joueur à part entière, tout comme Michael. Même s’ils ne jouent pas comme moi, ils sont uniques et extrêmement importants pour le Bayern. L’important, c’est de voir le football comme un jeu, d’y prendre du plaisir. Quand on est jeune, les attentes sont naturellement élevées, elles ne cessent de croître. Mais nous, les footballeurs, ne sommes pas des machines. J’ai pu connaître Jamal à l’entraînement, en le regardant. Je lui ai dit qu’il devait continuer à jouer comme ça et qu’il devait rester au Bayern. C’est un peu comme avec un petit frère. »
Manuel Neuer et Thomas Müller pourraient être vos grands frères. Ils jouent encore tous les deux. Ribéry : « Ce sont deux légendes absolues. On n’oubliera jamais ce qu’ils ont accompli. Pour moi, Manuel est le meilleur gardien de but du monde. Et Thomas est un grand joueur qui a remporté tant de victoires. J’espère que lui aussi pourra tenir le coup encore au moins un an. »