La Roumanie à l’Euro U21 : briller pour remettre le couvert | OneFootball

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Derniers Défenseurs

·23 mars 2021

La Roumanie à l’Euro U21 : briller pour remettre le couvert

Image de l'article :La Roumanie à l’Euro U21 : briller pour remettre le couvert

Il y a deux ans quasiment jour pour jour, « Tricolorii mici » suprenaient leur monde au championnat d’Europe espoirs. Emmenés par Ionuț Radu, Ianis Hagi, George Pușcaș, Dennis Man, Florinel Coman et Alexandru Cicâldău, un groupe que l’on pourrait qualifier de « gașcă nebună » marchait sur ses homologues croates et anglais avant de tenir les Français en respect et la dragée haute aux Allemands. Une demi-finale qui a résonné comme une médaille, d’argent certes, 21 ans après sa seule participation en tant que pays hôte. Depuis portée par un vivifiant élan d’enthousiasme, l’antichambre de la sélection roumaine surfe sur la vague. Si faire mieux en terme de jeu sera difficile, la Roumanie aura également fort à faire en poules avec deux favoris déclarés à la victoire finale (les Pays-Bas et l’Allemagne) et le co-pays hôte… l’éternel ennemi hongrois. Revue d’effectif ligne par ligne et mise en perspective, à quelques heures d’un nouveau défi : disputer une troisième phase à élimination directe, en autant de participations.

Sous les ordres de « Briliantul », l’emblématique Adrian Mutu, la Roumanie s’est qualifiée de justesse pour la compétition organisée en Hongrie et en Slovénie. Deuxièmes de leur groupe de qualification, six points derrière le Danemark et quatre devant l’Ukraine, Tricolorii mici se sont retrouvés parmi les meilleurs seconds grâce à un nul final contre des Danois démobilisés. Désormais sans ses atouts charme Hagi, Man, Mihăilă et Coman, laissés à disposition de Mirel Rădoi pour le début des éliminatoires de la sulfureuse Coupe du monde qatarie, Mutu a fait plus ou moins au mieux avec sa liste des 23. Mais certains choix douteux demeurent.


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Les forces en présence

Gardiens : Andrei Vlad (FCSB), Marian Aioani (Chindia Târgoviște), Mihai Eșanu (Dinamo București)Défenseurs : Ștefan Vlădoiu (CSU Craiova), Denis Haruț (FCSB), Alexandru Pașcanu (Ponferradina/Espagne, Segunda División), Andrei Chindriș (FC Botoșani), Denis Ciobotariu (CFR Cluj), Radu Drăgușin (Juventus/Italie), Raul Opruț (Hermannstadt), Radu Boboc (Viitorul)Milieux : Marius Marin (AC Pisa/Italie, Serie B), Marco Dulca (Chindia Târgoviște), Răzvan Oaidă (FCSB), Cătălin Itu (CFR Cluj), Darius Olaru (FCSB), Andrei Ciobanu (Viitorul), Olimpiu Moruțan (FCSB), Octavian Popescu (FCSB), Alexandru Cîmpanu (CSU Craiova), Alexandru Mățan (Columbus Crew/MLS)Attaquants : George Ganea (Viitorul), Adrian Petre (UTA Arad)

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Vlad, Pașcanu, Boboc, Ciobanu, Olaru et Petre étaient déjà là en 2019 mais seul Pașcanu était titulaire indiscutable, dans l’axe de la défense. Adi Petre a remplacé numériquement Valentin Costache (CFR Cluj), touché par le COVID-19.Sur liste additionnelle, nous retrouvons onze noms : Mihai Popa (Astra Giurgiu), Mihai Velisar (Gaz Metan Mediaș), Ricardo Grigore (Dinamo București), Andrei Rațiu (Villarreal/Espagne), Adrian Șut (FCSB), Gabriel Simion (FCSB), Vlad Dragomir (Virtus Entella/Italie, Serie B), Denis Drăguș (Crotone/Italie), Claudiu Petrila (Sepsi OSK), Nicolae Carnat (CFR Cluj), Louis Munteanu (Fiorentina/Italie). Tous susceptibles d’être appelés en cas de pépin physique de dernière minute d’un des protagonistes, comme ce fut le cas pour Costache.

La muraille de l’espoir

Commençons par la tête de l’aigle. Dans les buts, c’est le portier de FCSB Andrei Vlad, troisième gardien il y a deux ans, qui sera privilégié. Très critiqué dès son intronisation forcée à 18 ans par Gigi Becali, Vlad a depuis troqué les bourdes grotesques et le body language défaillant contre les parades providentielles et la gouaille. Compte tenu de son excellente saison (15 clean sheets en 26 matchs), les espoirs placés en lui ne semblent plus vain et le dâmbovițean a l’occasion de le démontrer à l’Europe, avec la tunique tricolore. Pour résumer, on pourrait dire que Vlad a un peu les réflexes de Ionuț Radu et les sorties aériennes de Tătărușanu. C’est donc un espoir hybride, qui doit encore s’améliorer dans la lecture du jeu ou le jeu au pied mais qui est très fiable sur sa ligne et a pris confiance en lui. Et la confiance, ça vous change un homme.Au poste de gardien, la Roumanie est assez protégée et n’a pas vraiment grand chose à craindre : le numéro 2, Aioani, est un des plus réguliers depuis maintenant deux ans. Une valeur sûre, véritable rempart de la surprenante Chindia, promise à la dernière place mais actuellement neuvième. Très bon en un contre un, sur les penaltys et les plongeons acrobatiques, il est même réclamé par une partie des supporters à la place de Vlad. Eșanu, empêtré dans la galère Dinamo et lâché par sa défense, est récompensé pour l’ensemble de son œuvre entamée en janvier. Avec peu de chances de rentrer en jeu, c’est aussi un personnage parfait pour le fameux « esprit de groupe » : lui l’ultra, devenu joueur professionnel dans son club de toujours. Alexy Bosetti version orthodoxe, aimant bénir et embrasser ses poteaux.

Une arrière-garde rassurante… ou presque

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Le problème des A n’est pas vraiment celui des espoirs. Malgré le forfait regrettable de Virgil Ghiță, Tricolorii mici possèdent en Pașcanu et Chindriș une paire de centraux physiques et difficiles à bouger, bien que pas des plus rapides. Non désiré du temps de Petrescu à CFR Cluj, Pașcanu fait ses armes avec poigne en haut de tableau de D2 espagnole. Nul doute que sa progression, alors qu’il était déjà à la tête de la défense en 2019, devrait vite l’amener en A. Chindriș est un des meilleurs à son poste en Liga 1. Convoité l’an dernier par des écuries de Liga espagnole, il devra faire attention dans la surface et bien rester sur ses appuis. Ses crocs-en-jambe maladroits sont réputés. Alignée sur la moitié des matchs de qualification, la paire sera logiquement titulaire dans une défense à 4. Même si Radu Drăgușin frappe à la porte et pourrait faire pencher Mutu en faveur d’un 3-5-2, en fonction de l’adversaire.Véritable ovni, le golgoth de 19 ans (1m91) formé au Regal București mais devenu homme avec la Primavera de la Juventus, a connu la saison des débuts : en Ligue des champions (2 décembre), en Serie A (13 décembre) et en Coupe d’Italie (13 janvier) sous les ordres d’Andrea Pirlo. Humble et dissuasif, il suit le processus du « étape par étape » mais a été surclassé en sélection. Initialement capitaine des U19 roumains, Mutu lui prépare le terrain pour deux ans de leadership : en 2023, la Roumanie accueillera à son tour l’Euro espoirs… Denis Ciobotariu ? Le quatrième homme, un choix forcé par la blessure de Ghiță même si ses minutes seront limitées voire nulles. Le fils de Liviu n’est pas en confiance et traverse une saison galère où ses rares apparitions avec CFR ne sont pas regardables (cf. AS Roma 5-0 CFR Cluj).Mais ce sont les côtés qui posent réellement question. A droite, le roi de la polyvalence Denis Haruț tient la corde. Même s’il se sent de son propre aveu plus à l’aise en défense centrale, son profil de couteau suisse jamais avare d’efforts et propre sur l’homme offre une solution non négligeable face aux ailiers supersoniques des autres sélections, habitués à briller dans ce genre de compétitions ouvertes. L’alternative Ștefan Vlădoiu est néanmoins tout aussi crédible, devant les problèmes du couloir gauche qui pourraient pousser Mutu à faire débuter les deux. En effet, la perspective d’y voir Boboc (latéral droit de formation) ou Opruț, n’est pas des plus réjouissantes. Des joueurs de playouts en Liga 1, un qui plafonne sérieusement et ne confirme pas malgré sa technique native (Boboc), un qui risque de prendre totalement l’eau face à l’intensité batave ou allemande et sujet aux erreurs individuelles (Opruț). Vlădoiu, au contraire, est un centreur hors pair qui sait alterner contribution défensive et offensive.

Terre du Milieu : le maître à jouer et ses lieutenants

C’est l’atout majeur. Le milieu de terrain de la sélection U21 est sans doute un des plus variés et complets sur la ligne de départ, bien que les noms ne soient pas encore sonores. Avec un profil de pitbull travailleur, la sentinelle Marius Marin fait figure d’incontournable. Agressif et bon tacleur, le joueur de Pisa sait aussi casser des lignes par la passe et accompagner les actions sans découvrir ses centraux. Attention aux cartons quand même.Vient ensuite le gratin technique : Ciobanu, Olaru et Moruțan. Le premier n’est pas sur la saison du siècle (6 buts, aucune passe, impact relatif) mais sa capacité à s’orienter et à se sortir du pressing adverse sera un atout face aux rouleaux compresseurs de la poule A. Vista, qualité de centre… certaines choses ne peuvent s’effacer et Andrei « le berger » en VF est également réputé pour sa frappe lourde et ses violents patators. Olaru au prénom royal (Darius) s’est lui imposé en patron du côté de FCSB. Attiré par le but mais baladé sur le front de l’attaque depuis la découverte de sa polyvalence, cet accélérateur de particules au volume de jeu hors-sol a eu besoin de s’adapter aux exigences et à la pression locale, jusqu’à y devenir hermétique. Définitivement installé au milieu et libre de ses mouvements, il est parfois si facile sur ses prises de balle, projections, frappes mi-distance et reprises de volée que cela en est déroutant. C’est aussi, statistiquement, un des joueurs les plus efficaces du championnat et le plus efficace de son équipe. Dans le jeu comme dans le dernier geste. Et il déteste les tatouages. Le gendre idéal ?

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Des lieutenants… puisque le joyau Olimpiu Moruțan, sans doute futur MVP de la saison de Liga 1, sera l’option numéro 1 à la création. Serial passeur (11) et fin dribbleur, le natif de Cluj se devait d’exploser. Longtemps timoré et hésitant depuis son arrivée dans la capitale en 2018, le milieu offensif a pris le taureau par les cornes pour se sortir de sa zone de confort. Une technique insolente, une agilité déconcertante, une vision de sniper version unité d’élite… difficile de trouver des failles à son pied gauche, aux accents de James Rodríguez et du Caravage. Toupet activé pour celui qui peut officier sur l’aile droite… et pas sûr que les administrateurs de Transfermarkt soient prêts pour son introduction en bourse.Au rayon des remplaçants, Dulca est un bon backup de Marin. Passé par la réserve de Swansea et dans un registre défensif complet quoique moins tranchant, celui qui est né en Corée du Sud du temps où son père y évoluait, ne se laissera intimidé par personne s’il venait à avoir un rôle plus important que celui prévu. Oaidă et Itu, eux, n’ont encore rien prouvé. Leur convocation pose même question vu leur saison sans relief dans des équipes qui tournent bien. Dans un fauteuil à Cluj où il profite de la règle U21, Itu n’a par exemple pas un seul match référence en deux ans. Pire, son manque de finesse et son absence de concentration pourrait combler les meilleurs bêtisiers de fin décembre.

Des ailes couvertes mais une pointe désœuvrée

Les ailes de l’aigle ont fière allure pour cette catégorie d’âge. Au-delà de Moruțan dont c’est la formation et qui pourrait y jouer, le feu follet Alex Mățan aura à cœur de rendre fou son vis-à-vis. Ailier gauche de poche (1m67) pouvant prendre l’axe, Mățan profite clairement du passage de Vali Mihăilă dans la cour des grands. Extrêmement vif, rapide et à l’aise avec le ballon, il sera souvent recherché dans la profondeur pour provoquer jusque dans la surface. Son profil et sa petite taille ne sont pas sans rappeler un autre Alex, cadre des Tricolorii : Mitriță. Il semble d’ailleurs suivre une trajectoire similaire avec son arrivée récente en MLS.Chouchou du grand Liță Dumitru, Alex Cîmpanu pourrait surprendre. Futur remplaçant de luxe pour cet Euro mais sans doute cadre en 2023, le gaucher à l’enfance complexe peut évoluer absolument partout sur le front de l’attaque. Même en faux 9. Aimant repiquer, il détient un bagage technique supérieur et des atouts de botteur sur coups de pied arrêtés. Son entraîneur à CSU Craiova, Marínos Ouzounídis, l’a bien compris : son taux de titularisation grimpe.

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Né en 2002 comme Drăgușin, Octavian Popescu est une des attractions du groupe. Son explosion récente bouleverse un peu les cartes puisqu’il n’a pas encore disputé la moindre rencontre en sélection de jeunes ! Il faut dire que seuls de véritables experts pouvaient écarter d’office un diamant désormais pisté par Manchester City et la Juventus. Jugé « trop frêle » par les responsables nationaux et négligé par CSU Craiova, il a débuté en professionnel en septembre dernier. De très bons appels, une vista, une technique et un sens du positionnement déjà ultra-développés, cette première touche de balle dévastatrice… alors oui, ce n’est « que » le championnat roumain mais quand on maîtrise tant de fondamentaux à la majorité, c’est un excellent signe de faisabilité. Surtout lorsque l’on sait que les perles roumaines ont du mal à se révéler à cet âge-là. Remplaçant de Dennis Man sur l’aile droite de FCSB, cet ambidextre a été formé à gauche. Aimant à fautes grossières, Mutu pourrait ainsi choisir de beaucoup miser sur lui malgré son inexpérience…

En pointe, à défaut d’avoir le très critiqué Costache, nous aurons droit au non moins critiqué Ganea et à un Adi Petre en panne totale. George Ganea n’est autre que le fils de la légende vivante Ionel « Ganezul » Ganea (19 buts en 45 sélections), bourreau des Three Lions un irrespirable soir de juin 2000. Du talent, il en a. Mais cela va faire trois saisons qu’il stagne, sans progression manifeste et avec un physique léger pour ce poste. Beaucoup moins bagarreur que son géniteur, il n’a inscrit qu’une dizaine de pions en 70 matchs au niveau pro. Avec cette convocation nette et précise, Mutu mise clairement sur un réveil et un abandon de la vendange. Ionel, lui, l’a soutenu publiquement ces derniers jours : « Je lui ai dit de marquer l’histoire de la Roumanie. »Un sursaut d’orgueil est aussi attendu concernant Adrian Petre. Théoriquement le plus talentueux de sa génération, l’arădean bénéficie du forfait de Costache. Remplaçant de Pușcaș à l’édition 2019 et buteur face à la Croatie en ouverture, Petre arrive dans une forme exécrable. Abandonné au placard, humilié par Becali et ses sbires à FCSB, très peu utilisé à Cosenza (Serie B), il a finalement été cédé gratuitement au club qui l’a lancé : UTA Arad. Un but en six matchs depuis son retour et quelques immanquables plus tard, il ne rassure pas. Pourtant, il est loin d’être maladroit techniquement malgré son gabarit et nul doute qu’une titularisation longtemps inespérée pourrait réveiller la bête. Entouré de distributeurs et de provocateurs (dans le bon sens du terme), il serait dans un environnement propice.

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« Nous n’avons peur de personne. Notre identité, c’est l’équipe. Et nous avons des petits génies. Ce sont eux les acteurs principaux, pas moi. Il est temps de passer au niveau supérieur. »Adrian Mutu, Decebal moderne.

Malgré certaines absences étranges (Șut, Petrila, Munteanu), Tricolorii mici d’Adrian Mutu s’avancent comme leurs aînés de 2019, sans complexes. Le match d’ouverture face aux Néerlandais risque d’être un feu d’artifice offensif et l’opposition face à l’Allemagne constitue un remake de la demi-finale de 2019. Avec des airs de revanche. Enfin, le sort propose un affrontement contre la Hongrie dans un huis clos angoissant. A la Bozsik Aréna, ce n’est pas l’énième chapitre d’une rivalité qui se jouera. Mais celle d’une haine tenace et ancestrale qui trouve sa source dans les tourments de l’Histoire. Alors que les relations diplomatiques et interethniques se tendent toujours plus jusqu’à reprendre les accents des années 1990, il est évident que la rencontre sera spéciale et que la seule motivation des uns et des autres suffira pour préparer le match. Et souvenez-vous, Adrian Mutu a marqué son dernier but en sélection à… Budapest, en 2013. Un signe ? « Sky is the limit » et sûrement pas Botond Balogh.

Crédits Photos : sport.ro / frf.ro / Alexandru Dobre (MEDIAFAX FOTO) / realitateasportiva.net / Lineup11

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