UltimoDiez
·4 avril 2019
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·4 avril 2019
En début de saison, le doute planait en Hesse. Est-ce que l’Eintracht Francfort allait continuer à progresser malgré le départ de Niko Kovac ? Après des premiers matchs peu reluisants, des questions légitimes se posaient. Et pourtant, cela n’aura pas duré puisqu’il ne manquait qu’un déclic à cette équipe qui écrit doucement une bien belle page de l’histoire d’un club iconique en Allemagne et l’un des membres fondateurs de la Bundesliga.
Le balbutiement n’aura pas été long donc et ce déclic est sans doute arrivé lors du voyage dans le sud de la France. En s’imposant, de façon certes chanceuse, à Marseille durant la première rencontre des phases de groupes de l’Europa League, les Aigles (Die Adler en allemand) ont compris qu’ils avaient des forces. Avec cette seconde victoire de la saison, dans un match à la saveur particulière, ils ont su. Et malgré avoir trébuché une dernière fois face au Borussia Mönchengladbach en s’inclinant sur le score de 3-1, ils n’ont plus perdu un seul match jusqu’à début décembre. Deux mois et une grosse poignée de buts marqués plus tard, voilà que l’Eintracht Francfort n’affichait plus l’ombre d’un doute.
Sous la direction d’Adi Hütter, le club a continué de construire sur les fondations misent en place par l’entraîneur croate. Et il a érigé une magnifique forteresse. Il a fait de l’Eintracht Francfort la nouvelle coqueluche de l’Allemagne à tel point que l’on commence à se demander jusqu’où vont-ils aller ? À cet instant précis, ils sont installés à la quatrième place de la Bundesliga et toujours en compétition en Europa League avec un quart de finale face à Benfica qui pointe le bout de son nez. Le 3-4-1-2 parfaitement huilé ne cesse d’impressionner son monde. Quand on regarde de plus près, le constat est d’autant plus glorieux et c’est notamment grâce à un trio offensif qui a l’allure d’un ogre.
La France, la Croatie et la Serbie. Ces trois nations ne font qu’une sous le maillot blanc de l’Eintracht par l’intermédiaire de Sébastian Haller, Ante Rebić et Luka Jovic. À eux trois, entre la Bundesliga et l’Europa League, ils pèsent 51 buts et 31 passes décisives. Ils affolent les compteurs et les défenses adverses. Ils ne font preuve d’aucune pitié. Et c’est ainsi que les contres sont devenus leur spécialité. Le parfait équilibre entre rapidité, efficacité et justesse technique a été trouvé. Les observer sur un terrain devient alors une vraie partie de plaisir. La détermination couplée au plaisir qu’ils prennent à crucifier leurs adversaires font de chaque rencontre un plaisir pour les yeux.
Si ce trio offensif peu briller de la sorte, c’est aussi parce qu’il peut s’appuyer sur une base solide. Finalement, tous apprécient se sacrifier pour le collectif au prix de la victoire. Cela passe de facto par une forte défense. Kovac était d’ailleurs l’architecte de cet élément faisant la force de son équipe la saison dernière. Aujourd’hui, on y retrouve le jeune français Evan Ndicka qui flambe du haut de ses 19 ans, Marcel Hinteregger aussi depuis le début de la phase retour. Ce dernier était déjà un pilier pour le FC Augsbourg avant d’être forcé à l’exile après un différend avec l’entraîneur du club bavarois. L’ultime rempart a lui aussi son mot à dire. Depuis son retour à la maison, Kevin Trapp a retrouvé de sa superbe au point d’être l’un des meilleurs gardiens de Bundesliga sur la saison. Comme une renaissance, il brille de nouveau, comme il le faisait avant de rejoindre la France et le PSG. Tout comme Sébastian Rode, retourner en terres d’ores et déjà conquises lui permit de retomber sur ses pieds. Et on retrouve le joueur qui avait brillé sous ce même maillot plusieurs années auparavant.
Le renaissance ou plutôt l’explosion, ce sont aussi les étiquettes que l’on peut coller à Danny Da Costa et Filip Kostic. Depuis l’arrivée d’A. Hütter, les deux hommes brillent. L’un peut espérer taper à la porte de la sélection allemande et l’autre est devenu le joueur qu’il devait devenir. Il est enfin entré dans une nouvelle dimension. Évoluant tous deux dans un rôle de piston, respectivement sur le côté droit et gauche, Da Costa et Kostic sont des rouages essentiels au bon fonctionnement de la machine Eintracht. Da Costa disait d’ailleurs : « Nous ne savons pas jouer d’une autre façon qu’en mettant le pied au plancher. » Et quand on regarde cette équipe jouer, c’est ce qui saute de suite aux yeux. Un autre joueur peut entrer dans cette catégorie en la personne d’Almamy Touré puisque chacune de ses apparitions aura été bien exécutée.
La force d’Adi Hütter est finalement celle d’avoir trouvé le parfait équilibre entre toutes les forces à sa disposition. Il a trouvé la solution tactique parfaite, celle qui convenait le mieux à son effectif. Et cela crève désormais les yeux. Mais il a aussi su balancer un groupe où les jeunes joueurs et les plus expérimentés se côtoient. L’une des plus grandes qualités d’un entraîneur résidé aussi dans sa capacité à faire progresser ses joueurs, et c’est ce qu’il parvient à faire. Ce savant mélange triomphe aujourd’hui. Avec une série de 14 matchs sans défaite que l’on a pas envie de voir s’arrêter pour faire durer l’invincibilité sur l’année civile, les records tombent. Et c’est ainsi que le club de la Hesse réalise la meilleure saison de son histoire. L’histoire n’est cependant pas terminée. Avec une double confrontation face au géant portugais que L.Jovic connaît bien et sept rencontres de Bundesliga encore à jouer, le rêve est permis. Un potentiel trophée et une possible qualification pour la Ligue des champions (la première de l’histoire du club si cela se fait) sont en ligne de mire.
Un proverbe africain nous vient à l’esprit. Ce dernier dit : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » On a su être patient et indulgent. La bienveillance a été préféré à la précipitation et aujourd’hui, l’Eintracht Francfort est plus proche du ciel que de l’enfer. Comme un aigle, il plane, tout en haut. Et même s’il reste difficile de savoir jusqu’où cet aigle ira, sa mission apparaît déjà comme une réussite. Mais quelque chose nous dit que cet aigle est encore affamé et qu’il n’est pas encore prêt à arrêter de chasser.
Crédit photo: ALESSIO MORGESE / DPPI Media / DPPI