UltimoDiez
·18 avril 2019
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·18 avril 2019
Quand certains joueurs voient leur carrière se dérouler sans que rien ne vienne gâcher la fête, d’autres la voient totalement ruinée à cause d’une importante blessure dont ils ne sont jamais complètement remis. D’autres, encore, ne cessent de se battre pour vivre leur rêve et jouer au plus haut niveau sans jamais abandonner, alors que personne ne les attend à un tel degré. Pour ce dernier exemple, nous pouvons nommer Leonardo Spinazzola. Le latéral gauche de la Juventus, après des années de travail acharné et de rechutes permanentes, est en concurrence avec Alex Sandro pour le poste de titulaire dans l’un des plus grands clubs d’Europe.
C’est le 25 mars 1993 à Foligno que commence le chemin atypique de Leonardo Spinazzola qui grandit dans le football grâce à sa famille et s’y jette les deux pieds joints dès l’âge de six ans. Il rejoint le Virtus Foligno, club de sa ville natale où il grandit et mûrit. Doté d’un talent repéré par beaucoup de centres de formation d’Italie, c’est finalement Sienne qui le recrute en 2007, alors qu’il est âgé de treize ans, et le fait évoluer sous les couleurs de l’équipe jeune jusqu’en 2010. Son talent est si grand qu’il attire l’attention des plus grands d’Italie. La Roma, l’Inter et la Juventus bataillent pour sa signature, mais le choix de Leonardo est tout fait et son père le fait signer chez les bianconeri. Pendant deux ans, il joue avec la Primavera et enchaîne les grandes performances par rapport à son jeune âge (il n’a alors que seize ans), avant d’être signé définitivement par la Vieille Dame pour 400 000 euros. Alors que cette signature a un goût de rêve pour le jeune italien, sa carrière va vite prendre une toute autre tournure à cause de ses blessures répétitives.
Avec son nouveau club, il remporte avec la primavera du club le tournoi de Viareggio en 2012. C’est la révélation du tournoi : il est désigné meilleur joueur de la compétition et, malgré sa jeunesse, de nombreux clubs accordent beaucoup d’attention au jeune italien. Finalement, c’est l’Empoli de Maurizio Sarri qui recrute Spinazzola via un prêt d’un an. Malheureusement, il ne va pas trouver sa place dans l’effectif du club et commence alors un enchaînement de sept prêts sans véritable succès. Il passe par Lanciano, retourne à Sienne, va ensuite à l’Atalanta avant de rejoindre Vicenza, sans jamais s’imposer. Entre les blessures et les matchs en demi-teinte, tous les espoirs placés en lui s’atténuent et le jeune joueur tombe dans l’oubli, ou presque. Spinazzola se cherche et ses différents entraîneurs le testent à un grand nombre de postes : latéral, milieu relayeur, ailier et même défenseur central. En 2015, les dirigeants de la Juve hésitent à revendre le joueur à Perugia qui est prêt à investir dedans, alors que la valeur du joueur sur le marché a complètement chuté. Finalement, la Juventus décide de le garder, le président Agnelli assurant à plusieurs reprises que le jour où un club lui offrira un temps de jeu régulier, le joueur prendrait une autre dimension. C’est donc sous forme de prêt que Spinazzola rejoint Perugia, où il explose enfin. Derrière cette explosion se trouve Pierpaolo Bisoli, qui décide de placer sa nouvelle recrue en tant que latéral gauche tout au long de la saison. Sa virtuosité et son aisance balle au pied ne font pas de doute, et il joue la quasi-totalité des matchs du club cette saison (34). Après cette révélation à l’âge de 22 ans, l’Atalanta revient à la charge et veut soutirer le joueur aux bianconeri. Une nouvelle fois, la Juve parvient à le prêter au club de Bergame sans le vendre, pour une durée de deux ans. Jouant 57 matchs en deux saisons, le joueur est indiscutablement titulaire et est l’un des joueurs préférés des tifosi qui lui dédient des chants et des banderoles. Pourtant, à l’été 2017, un feuilleton se fait autour du joueur qui n’a qu’une envie : rejoindre la Juventus. Il se justifie auprès des tifosi en écrivant : « Avoir l’occasion de revenir à la Juventus, ce serait l’accomplissement d’un rêve. Un rêve pour lequel j’ai mouillé le maillot et pour lequel je me suis battu, un rêve que j’ai toujours voulu et qui se concrétise enfin après des années de prêts et de sacrifices. » Finalement, Spinazzola ne rejoint son club de cœur qu’un an plus tard, à l’été 2018. Les blessures semblent alors bien loin et la Juventus décide de reprendre le joueur.
A la toute fin de sa saison avec l’Atalanta, le joueur se blesse et semble être écarté des terrains quelques temps. Ses examens du 16 juin révèlent une réalité bien pire : le joueur est victime d’une rupture des ligaments croisés, ce qui l’empêche de jouer toute la première partie de la saison avec les bianconeri. Finalement, il joue son premier match en noir et blanc le 12 janvier 2019 contre Bologna, en Coupe d’Italie. Pendant le mercato d’hiver, des négociations ont lieu entre les dirigeants de la Vieille Dame et ceux de Bologna pour discuter d’un éventuel prêt. C’est finalement Massimiliano Allegri, jugeant que la totalité de l’effectif doit être disponible pour progresser en Ligue des Champions, qui met fin aux rumeurs et qui décide de garder l’international italien. Aujourd’hui, le joueur a fait sept apparitions en Serie A et une en Ligue des Champions. En concurrence à son poste de latéral gauche, c’est Alex Sandro qui occupe sa place. Celui-ci a des envies d’ailleurs : il était lié au PSG lors de l’été 2018, mais est finalement resté à la Juventus, probablement convaincu par le projet à court terme du club et par l’arrivée de Cristiano Ronaldo. Toutefois, il est de nouveau lié au PSG aujourd’hui et semble avoir la tête ailleurs depuis bien des mois : il a perdu son niveau d’autrefois et multiplie les mauvaises performances. Si Allegri décide pour le moment de laisser l’international brésilien devant Spinazzola dans la hiérarchie, les tifosi sont unanimes : c’est Leonardo qui devrait être plus régulièrement titulaire, lui qui s’est toujours montré rassurant sur son côté gauche. Finalement, c’est le 12 mars que Spinazzola a saisi sa chance. Après un match désastreux de la Juventus au match aller contre l’Atletico Madrid dans lequel Alex Sandro a écopé d’un carton jaune et a été suspendu pour le match retour, l’international italien a vu une opportunité de se faire un nom sur la scène européenne. Allegri, mené 2-0 par la toute meilleure défense de Liga, est forcé de placer Spinazzola en latéral gauche, lui qui n’a pas encore d’expérience à un tel niveau. C’est mission impossible. Contre toute attente et aux yeux de l’Europe toute entière, l’Italien de 26 ans réalise une performance de haut rang. Santiago Arias, sur le côté droit de l’Atletico, n’a pas vu le jour de toute la rencontre et a passé celle-ci dans la poche de Spinazzola, l’un des patrons de la soirée. En plus de cela, le jeune italien a combiné un nombre de fois incalculables avec Cristiano Ronaldo ce soir-là, probablement plus qu’Alex Sandro sur l’intégralité de la saison.
Spinazzola est un joueur qui a passé sa vie à rêver d’un club qui semblait totalement hors de portée. Pendant de nombreuses années, alors que presque personne n’osait croire en son potentiel, il n’a cessé de se battre pour atteindre son rêve et montrer son talent exceptionnel. Après sept prêts, une rupture des ligaments croisés et un rapprochement avec Bologne lors du mercato d’hiver, le natif de Foligno est enfin à l’apogée de sa carrière, symbolisant l’acharnement et le travail que peu sont capables de fournir.
Crédit photo : ALESSIO MORGESE / DPPI Media / DPPI
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