BeFootball
·17 janvier 2024
BeFootball
·17 janvier 2024
“Step by step”. Avec cette devise comme fil conducteur, Charles Pickel a traversé l’Europe en partant de Suisse, son pays natal. De l’Hexagone jusqu’au Portugal, c’est finalement en Italie que les portes de la sélection de la République démocratique du Congo se sont ouvertes. Le joueur de l’US Cremonese a tardé dans son choix, mais a finalement opté à 26 ans, pour les Léopards. Quatre mois après sa première sélection, Charles Pickel pourrait participer, ce soir, à son premier match en Coupe d’Afrique des nations, sous les yeux de toute l’Afrique. “Je suis très attaché à ce pays.
Quand je vais là-bas avec l’équipe nationale, je prends beaucoup plus les choses à cœur, surtout en rentrant. La République démocratique du Congo a moins de choses, donc c’est magnifique de lui donner cette joie de vivre à travers le football.” Breel Embolo, avec qui il a grappillé les catégories inférieures du FC Bâle, aurait bien aimé voir son frère de cœur évoluer avec lui avec la Nati : “C’est son choix du cœur, c’est dur, mais il fallait choisir. C’était un rêve de jouer avec lui en club, ou en sélection ça l’était”. L’amitié mise de côté, sérial buteur de l’AS Monaco, se satisfait du choix de son ancien coéquipier.
“Je savais que ça allait lui faire du bien. Quand tu vois l’amour que le peuple congolais lui ramène, c’est magnifique. Il est attaché au Congo. Mettre de côté la Suisse, pour quelques sélections, c’était la décision juste. Car le néo-Léopards a fait toutes ses classes en jeunes avec la Suisse, et sa trajectoire initiale ne le menait pas vers la République démocratique du Congo. le natif de Solothurn “Il était ailier gauche, très bon, style à la Loïc Rémy, c’était son style.”, dit celui qui a rencontré Charles Pickel à 13 ans, au centre de formation adjectif. Dès son arrivée, Breel Embolo et lui se lient d’amitié.
“Nous avons habité et étudié ensemble, donc nous avions à 80% les mêmes problèmes. Les coups de mou, les défaites, le foyer… nous partagions ça ensemble.” Les liens n’ont pas changé, comparé aux styles de jeu. Car le changement de poste en U18 va lui permettre de passer un cap. “Il marquait des buts et était dynamique, plus qu’aujourd’hui. C’est un des plus techniques de notre génération. Aujourd’hui, ses restes se reflètent dans son jeu” analyse Breel Embolo. Charles Pickel confirme : “Je marquais, et j’étais rapide.
Maintenant, je ne marque plus beaucoup et je ne suis plus celui qui va le plus vite, mais mon jeu vient de là.” Ils ont tout connu ensemble, des galères de dortoir à leur double sacre en championnat suisse. “Être champions ensemble, c’était des moments spéciaux” se remémore Breel Embolo. Les derniers avant la grande séparation, car en 2016, l’attaquant prend ses valises pour Schake, et le milieu de terrain continue son chemin en Suisse. De Zurich (Grasshopper) à Xamax, Charles Pickel s’est forgé. Le temps de faire mûrir un caractère qui faisait beaucoup parler lors de ses jeunes années.
« À Grenoble, c’est un des plus beaux moments de ma carrière et en plus, ma fille est née là-bas. »
“Lorsqu’il a commencé le football, il était ouvert, heureux, mais encore dur sur lui, c’est venu avec le temps. Il faisait tout correctement” se souvient Cyril, son frère, et l’aîné de la famille Pickel. “C’était un leader, il n’aimait pas perdre. Surtout, il aime provoquer sur le terrain. C’est toujours le cas.” Mais pour les deux proches du milieu grigiorossi, son tempérament sur le terrain est une marque forte de sa personnalité. “Il prenait beaucoup de cartons jaunes. Une fois avec son frère, des gens l’ont menacé à la fin de la rencontre. Il était beaucoup rentré dans leur tête, avec de la provocation et des fautes.”
Quelques heures plus tard, le Suisse reçoit des messages insultant son ami sur Instagram. “Heureusement, on ne m’écrit plus trop maintenant” se marre Breel Embolo. Hormis ses coups de chauds – qui ont même énervé un certain Manu Koné en Ligue 2 – on peut considérer Charles Pickel comme un joueur “très émotionnel” . Le véritable cap sera passé une fois partie de Suisse. “Il voulait absolument faire ses pas en France, et Grenoble le voulait vraiment. Il a tout fait tout seul : le voyage, la visite des installations, etc” raconte Cyril.
Deux saisons en Isères qui l’ont marqué en tant que joueur. “J’étais déjà quelqu’un de mûre, d’adulte. C’était un choix parfait et merveilleux grâce aux supporters. Pour ma deuxième saison, on finit dans le top 5 (synonyme de barrages, ndlr).” Mais aussi l’homme. “C’est un des plus beaux moments de ma carrière et en plus, ma fille est née là-bas.” Vient ensuite son passage au Portugal, à Famalicao, qui n’aura duré qu’un an. “Au Portugal, il voulait rester, mais a fait une de ses meilleures années dans le football professionnel. Beaucoup de clubs l’ont sollicité. La Série A était mieux que la D1 portugaise, et il a accepté pour le défi” dixit son frère, qui est aussi son agent.
Alors Charles Pickel a répondu aux sirènes italiennes. Le cinquième acte d’une transformation qui lui a permis de goûter au très haut niveau. “Mentalement, il est meilleur. Il s’en fiche de jouer devant 400, 8000 ou 3000 personnes. C’est soit lui soit son adversaire. Il est toujours dans un duel.” Dans cette saison pleine aux 33 matchs de championnats (dont 29 titularisations), Charles Pickel s’est senti là où il a toujours voulu être. “Je pense que ça a été la plus belle expérience de ma vie. Jouer en Série A, c’est quelque chose dont tu rêves quand tu es enfant. Pour ma première, c’était incroyable.
Enchaîner les matchs, surtout face aux grosses équipes, et marquer contre Naples… C’était comme un film.” Mais les belles histoires ont toujours des imprévus, et Cremonese termine 19e, synonyme de relégation. “Faire un pas en arrière, c’est toujours difficile”, souligne Cyril Pickel. Le club avait mis beaucoup d’espoirs sur lui. Il ne voulait pas quitter l’équipe ainsi.” Malgré les intérêts d’Empoli et de l’Hellas Vérone, le Léopard reste en Italie, redevable. “Dire ses adieux après un an, ça ne m’allait pas” lâche le joueur. C’est aussi – et surtout – grâce à sa nouvelle étape en Italie que le milieu de terrain est devenu un Léopards, et participe à sa première Coupe d’Afrique des nations.
Une occasion comme jamais d’ériger un statut dans le onze de Sébastien Desabre. “À 26 ans, il a déjà beaucoup d’expériences. Son rêve, c’était de s’installer dans une équipe. La Premier League et la Bundesliga, c’est son rêve. La Coupe d’Afrique est un plus pour un joueur, c’est vraiment la meilleure des opportunités”, réplique le frère. La République du Congo et Charles Pickel devront faire face aux vieux démons, eux qui n’ont pas remporté la compétition depuis 1974. “D’autres équipes sont plus avancées, mais Le Congo dégage cette fête et a une belle mentalité. C’est une génération avec d’excellents joueurs. En tournoi, c’est toujours un peu spécial.
« Je rêve encore plus grand. Le ciel est ma seule limite »
Mais avoir un ami champion d’Afrique, ça serait exceptionnel pour moi” estime Breel Embolo, qui sera derrière lui, sauf en cas de rencontre face au Cameroun. Et en connaissance de cause, car son ami d’enfance ne compte pas faire de cadeaux. “Je n’ai jamais fait un grand bon vers le haut niveau, mais pas à pas. Je n’ai jamais lâché les bras lors de moments difficiles. Je rêve encore plus grand. Le ciel est ma seule limite.” Ce soir face à la Zambie, le premier match en compétition officielle de sa carrière donnera le ton pour savoir si son credo sera respecté.
Direct