Furia Liga
·22 décembre 2020
Furia Liga
·22 décembre 2020
C’est l’histoire de deux 96 qui découvrent pour la première fois l’équipe première de Valladolid. Shon Weissman, arrive d’Autriche où il a affolé les compteurs. Marcos André est Brésilien mais connaît l’Espagne depuis maintenant près de 5 ans. Ce duo doit permettre à Valladolid de marquer des buts, beaucoup de buts et de passer un palier. Après des débuts difficiles, l’alchimie commence à apparaître. Retour sur les premiers mois de deux garçons qui ont été courtisés cet été mais qui sont restés près du roi Ronaldo.
Shon Weissman, le buteur israélien est le plus connu des deux. Sa saison dernière, sa première en Autriche à Wolfsberger a fait beaucoup parler. Une ribambelle de buts ont attiré de nombreux clubs allemands mais aussi du Celtic ou encore des Rangers. Pourtant c’est bien à Valladolid que le natif de Haïfa a posé ses valises contre près de 4 millions d’euros. De son côté, Marcos André est arrivé à Valladolid la saison dernière mais avait été tout de suite envoyé en prêt. Cet été, c’est Saint-Etienne mais aussi le Rayo qui étaient proches de signer le Brésilien, sans succès. Près de 3 mois après le début de saison et avant le match de gala face au Barça, portrait croisé d’un duo qui a connu l’ombre avant d’exploser aux yeux de tous.
Leur carrière commence la même année, en 2014. Ils sont très jeunes, Shon et Marcos ont à peine 18 ans. Le premier débute au Maccabi Haïfa en Israël quand le second enfile la tunique du Guaratingueta. L’Israélien va longtemps errer sans trop de succès au pays. Il marquera notamment son premier but en championnat en 2016, en D2 avec le Maccabi Netanya, lors de son second prêt. Marcos de son côté quitte très vite le Brésil pour l’Espagne et le Celta Vigo. En 2016 il est aussi prêté et commence à faire parler de lui à Logrones.
En 2016, Shon subit une grosse blessure, il songe à arrêter le foot. L’attaquant a grandi dans une famille modeste, et il a du mal à se faire une place dans le football. Le temps presse pour lui. Il remonte la pente et marque ses premiers buts en championnat pour le Maccabi Haïfa en 2018, 4 ans après son premier match. Cette saison 2018-2019 est horrible pour la formation israélienne qui enchaine les coachs. Marko Balbul va remettre l’équipe sur de bons rails et permettre à Shon Weissman d’enchainer les titularisations et de marquer pas moins de 6 buts.
De son côté, Marcos André enchaîne 3 saisons de suite avec Logrones en Segunda B, l’équivalent du national français mais qui ressemble plus à une N2 au vu du découpage en poules. Sans affoler les compteurs, il marque régulièrement ses 10 buts en championnat et s’impose comme un joueur fiable, à l’aise entre les lignes et surtout capable de faire mouche régulièrement.
Sans être très connu au niveau médiatique, les deux hommes se font remarquer par certains recruteurs. Shon Weissman choisi l’Autriche pour faire le grand saut et suivre les pas d’un Manus Dabbur qui avait mis le pays au pas. Il débarque à Wolfsberger en ayant bien mûri son choix, comme le raconte son agent. « J’ai parlé avec des équipes en Espagne, où il peut commencer à jouer pour les réservistes », a déclaré Shahar Greenberg, « mais nous avons ensuite décidé de nous concentrer sur l’Autriche. Ils jouent dans un style similaire au style de Weissman – haute pression avec des attaquants qui ne vous arrêtez pas de confondre les défenseurs. « . De son côté, Marcos André transite par son club formateur avant de retourner en Espagne, à Valladolid, club détenu par Ronaldo.
Le Brésilien ne reste pas longtemps à Soria, il est très vite envoyé en prêt, à Mirandes. Il découvre la Segunda, un championnat plus physique et surtout plus homogène que la Segunda B. Sous les ordres d’un jeune technicien, Andoni Iraola, et avec une pléiade d’autres joueurs prêtés comme Guridi ou encore Merqualenz, Marcos va confirmer ce qu’on avait aperçu à l’étage inférieur. Buteur à 12 reprises en championnat, il va être l’un des protagonistes de l’excellente saison du club. Peu utilisé en Copa où Matheus lui est préféré, il fait pourtant étalage de son talent avec ce maillot rouge et noir. Capable de joueur seul en pointe dans un 4-2-3-1 ou avec un coéquipier, il peut faire beaucoup de choses et surtout marquer.
De son côté, la réussite de Shon Weissman pour sa première saison en Europe est délirante. Dans une formation qui va changer trois fois de coachs, il ne va jamais baisser de niveau. Dans une formation pas adepte du turn over, il sera un point central de la bonne saison du club. Le 4-3-1-2 est de mise et Shon Weissman va montrer qu’il n’est pas le plus rapide, ni le plus grand, mais qu’il est sacrément intelligent et surtout qu’il lui faut peu de cartouche pour performer. Selon Totalfootballanalysis, l’Israélien réalise moins de 20 passes par matchs, et tente à peine plus de 2 dribbles par contre en moyenne. Cependant, il lui faut à peine plus de 3 tirs pour faire trembler les filets. 60% de ses frappes sont cadrées. Comme il aime le dire, son métier c’est de marquer des buts et Shon le fait bien. Dans une équipe bouleversée et pour une première en Europe, Weissman termine avec 30 buts en championnat, 37 buts toutes compétitions confondues. Des statistiques délirantes, tout simplement.
L’arrivée de Shon Weissman en Espagne nourrie énormément d’attentes. Surtout qu’il arrive dans une formation qui marque peu. La saison dernière, Valladolid n’a marqué que deux buts de plus que son nouvel attaquant sur l’ensemble de la saison. Des stats éloquentes et peu flatteuses pour un Enes Unal parti à Getafe et un Sandro de nouveau prêté à Huesca par son propriétaire Anglais. Cet investissement sur l’un des attaquants les plus bankables d’Europe montre bien que Ronaldo veut renforcer sa formation sans pour autant tout chambouler. 4 millions d’euros c’est beaucoup mais c’est pas non plus une grosse folie.
De son côté, Marcos André est regardé avec curiosité. Bien sûr, sa saison à Mirandes a été remarquée et l’ensemble des suiveurs sont curieux de le voir à l’oeuvre mais peu l’imaginent capable de chambouler le duo qui se dessine à la tête du 4-4-2 cher à Sergio Gonzalez. Shon sera le buteur, celui qui fait régulièrement trembler les filets quand Sergi Guardiola sera le pivot qui use la charnière et utilise les espaces libres pour faire remonter le ballon. L’arrivée de Jota sur les recommandations de Jorge Mendes retire encore un peu d’intérêt à la présence de Marcos André dans l’effectif du club de Pucela. Il a appris à se construire seul, il a cravaché, il a ramé pour y arriver et maintenant, il a faim de réussite et de matchs.
Les débuts sont difficiles pour les deux joueurs. Shon débute son premier match avec Valladolid lors de la quatrième journée, face au Real Madrid. Marcos André doit attendre le match suivant pour gouter aux joies de la titularisation avec les blancs et violets. Valladolid est durant un long moment la pire équipe de Liga en terme de jeu et de résultats. Les défaites s’enchaînent et certains demandent la tête de Sergio Gonzalez. Cet environnement pesant ne permet pas une intégration optimale des deux nouvelles têtes qui alternent les passages sur le banc et les titularisations. Le tunnel est long et la lumière difficile à apercevoir.
Lors de la neuvième journée, tout bascule. Valladolid reçoit un Athletic tout aussi en difficulté que lui. Marcos André est titulaire, Shon Weissman sur le banc. Le Brésilien va marquer le second but, le premier avec le club de Pucela et gouter à la première victoire de sa formation en Liga. L’Israélien de son côté jouera aucune minute lors de ce premier succès. Marcos enchaine avec deux autres titularisations, avec un but par match à chaque fois. Valladolid prend 7 points sur 9, après avoir pris seulement 3 points sur 24 matchs sur les premiers matchs. Shon Weissman reste timide, entre en fin de rencontre sans faire trembler les filets.
Face à Osasuna, pour le compte de la 13e journée juste après la défaite face à l’Atleti qui a stoppé la bonne dynamique du club, le duo débute la rencontre. Cette fois, c’est Shon Weissman qui va s’illustrer, et de très belles manières. Sur un ballon qui semble mal négocier par l’Israélien au départ, le buteur réussi à se retourner et étrille le gardien adverse. Un premier but qui sonne comme une délivrance pour un buteur qui a un fort besoin de buts. Le Brésilien reste muet lors de ce match, quand Shon marque un second but, de la tête pour mettre le score à 3-2 et valider le succès de son équipe. Ce regain de forme, est aussi à mettre au crédit d’un Plano qui a trouvé une paire d’attaquants mobile et intéressante et qui lui permet de faire parler sa science du jeu.
Ce match a mis en valeur la complémentarité du duo. Shon est attiré par le but, et ne cherche que très peu à s’associer avec ses coéquipiers en phase de possession même si il peut servir de point d’appui au besoin. Shon aime bien se positionner entre le central et le latéral, que ça soit côté droit et coté gauche, se faire oublier pour surgir au bon moment pour profiter de son temps d’avance pour ajuster le gardien. Il peut aussi se faire oublier dans la surface en étant statique pour reprendre un centre. Shon privilégie le placement à la puissance pour ses frappes de balle. De son côté, Marcos va tirer deux fois au but mais va surtout exister loin de la surface. En exploitant les espaces entre la ligne défensive et celle du milieu des Navarrais. Sur cette rencontre, il va toucher 14 ballons de plus, jouer 7 duels aériens de plus tout en perdant bien plus de ballons.
Face à Séville, les deux sont restés muets mais Valladolid a confirmé son retour en forme en accrochant le nul en fin de rencontre. Face au Barça pour ce second match de gala de suite, il est difficile d’imaginer que les deux soient de nouveau titulaires, il faut les ménager notamment Marcos André qui a enchaîné dernièrement et qui a été blessé au pubis en début de saison. Cependant, les cartes sont bien rebattues à la pointe de l’attaque du club de Pucela et la concurrence bien plus féroce que prévue. Sergi Guardiola a déjà joué 800 minutes pour un seul petit but quand Marcos André et Shon Weissmann qui ont eu moins de temps de jeu ont déjà marqué respectivement 3 fois et 2 fois. Comme à Getafe, des équipes réputées peu joueuses se sont dotées de doublettes offensivement très sexys sur le papier. Suffisant pour marquer régulièrement et se stabiliser en première partie de tableau ?
Benjamin Chahine
@BenjaminB_13
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