le11
·15 avril 2025
Ligue 1 : un mardi décisif dans la crise des droits TV

le11
·15 avril 2025
La Ligue 1 traverse une nouvelle tempête autour de ses droits TV, avec un mardi 15 avril qui s’annonce décisif pour l’avenir financier du football professionnel français. Après des semaines de médiation infructueuse entre la Ligue de football professionnel (LFP) et DAZN, le principal diffuseur, les clubs et dirigeants doivent trancher entre plusieurs scénarios, tous lourds de conséquences pour l’équilibre du championnat.
Depuis janvier, DAZN et la LFP sont engagés dans un bras de fer judiciaire. DAZN réclame 573 millions d’euros à la Ligue, invoquant des « manquements observés » et une « tromperie sur la marchandise ». Malgré un mois et demi de médiation, aucun terrain d’entente n’a été trouvé. Comme indiqué par nos confrères de L’équipe, le médiateur Frank Gentin a fixé ce mardi 15 avril comme date limite pour parvenir à un accord entre la LFP et DAZN.
Face à l’impasse, DAZN propose de renégocier totalement le contrat signé à l’été 2024. Selon RMC Sport, le diffuseur, qui accuse près de 240 millions d’euros de perte cette saison, souhaite récupérer l’intégralité des matchs, y compris ceux actuellement diffusés par beIN Sports. En échange, DAZN s’engagerait sur un montant fixe de 200 à 250 millions d’euros par saison sur cinq ans, assorti d’une part variable de 150 à 200 millions selon la performance du produit et l’ouverture des clubs à la création de contenus premium. D’après une source interne au diffuseur, DAZN propose également un partage de la valeur générée sur cette part variable, espérant ainsi aligner les intérêts de toutes les parties et atteindre jusqu’à 400 millions d’euros annuels.
La situation est d’autant plus tendue que DAZN a retardé le paiement de sa dernière échéance en février, fragilisant considérablement la confiance des présidents de clubs envers le diffuseur. La plupart veulent désormais se détacher de DAZN, mais une séparation supposerait un accord financier, notamment sur le montant de l’indemnité de rupture. La LFP réclame 200 millions d’euros, une somme jugée excessive par DAZN, qui se dit prêt à payer les deux dernières échéances de la saison (140 millions d’euros) mais pas davantage.
Comme récemment dévoilé par L’Équipe, plusieurs options étaient encore sur la table ce lundi. Une rupture immédiate du contrat avec DAZN, la LFP espérant obtenir un dédommagement correspondant à une partie du montant dû pour la saison suivante (375 millions d’euros). Le maintien de DAZN comme diffuseur jusqu’en 2029 pourrait être une autre solution, mais avec une refonte du contrat incluant la totalité des matchs et une part variable importante. Et enfin, un compromis pourrait être trouvé où la clause de sortie, initialement prévue à l’issue de la saison prochaine, serait repoussée, moyennant une baisse du montant versé par DAZN pour les deux prochaines saisons.
La clause de sortie, activable si DAZN ne dépasse pas 1,5 million d’abonnés d’ici décembre (le diffuseur en compte actuellement environ 550 000), affaiblit la position de la LFP dans les négociations. Si aucun accord n’est trouvé, la Ligue devra puiser dans ses réserves pour payer les clubs, mettant en péril la trésorerie de nombreux acteurs du championnat. Cette crise pourrait donc en créer une autre si celle-ci ne se règle pas rapidement.
Des répercussions pourraient même avoir lieu au-delà de DAZN, avec un possible effet domino sur les autres partenaires médiatiques. Une chose est sûre : cette journée historique marquera un tournant, qu’il débouche sur un compromis inespéré ou une rupture aux conséquences imprévisibles.
Les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 se réunissent ce mardi après-midi, suivis d’un conseil d’administration de la LFP. L’issue de ces discussions déterminera non seulement le nom du diffuseur pour les prochaines saisons, mais aussi la stabilité financière de tout un écosystème. Le football français joue gros, et la journée s’annonce décisive pour l’avenir de la Ligue 1.
Marius DELOBEL
Crédits photo : Sylvain Thomas/FEP/Icon Sport