MaLigue2
·23 juillet 2024
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Qualifié par certains d’«acrobate de la finance », Gérard Lopez n’est pas parvenu à retomber sur ses pieds cette fois, après une succession de passages devant la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG). Ce mardi 23 juillet, le propriétaire des Girondins de Bordeaux, à court de solutions, a renoncé à défendre en appel le dossier du club, actant la rétrogradation administrative en National, avant un probable redressement judiciaire, dans le meilleur des cas. La liste des aventures sportives qui finissent mal s’allonge pour l’investisseur.
La passion sportive de Gérard Lopez ne se limite pas au ballon rond. En 2009, il rachète l’écurie de Formule 1 Lotus F1 Team. Au fil des saisons, les résultats sont encourageants avec le recrutement de la star finlandaise Kimi Räikkönen et deux quatrièmes places (2012, 2013) au classement des constructeurs. Seulement, en 2013, le champion du monde explique : « Les raisons pour lesquelles j’ai décidé de quitter l’équipe sont purement financières, et les choses que je n’ai pas reçues, comme mon salaire ». Pilotes comme mécaniciens ne sont plus payés et une dette de 140 millions d’euros est évoquée. En 2015, il revend l’écurie à Renault pour un euro symbolique.
En 2017, Gérard Lopez conclut la reprise du LOSC avec Michel Seydoux. Sous sa direction, et avec l’aide de Luis Campos, le club nordiste réalisera quelques beaux coups sur le front du mercato, notamment avec le serial buteur Victor Osimhen, acheté pour 22 millions d’euros à Charleroi et revendu, officiellement, pour 81 millions à Naples l’année suivante. Selon une enquête de L’Équipe, entre commissions, intérêts bancaires et échange de joueurs, ce transfert ne rapportera en réalité que 36 millions au club nordiste. Le transfert fait d’ailleurs l’objet d’une enquête judiciaire côté italien. En décembre 2020, Gérard Lopez est poussé dehors sous la pression des créanciers (Elliott Management) et forcé de vendre. Le club sera champion de Ligue 1 quelques mois plus tard, grâce à l’équipe bâtie par le président démis. Le LOSC devra aussi éponger un lourd bilan financier.
Successeur de Lopez à Lille, Olivier Létang expliquera : « Quand un club génère un déficit opérationnel structurel, et présente une dette de près de 160 millions d’euros avec un cash disponible de 9 millions d’euros, ce club était dans une situation de naufrage économique. »
Quelques mois avant son départ de Lille, en juillet 2020, Gérard Lopez avait fait l’acquisition d’un club belge, le Royal Excel Mouscron, avec l’idée d’en faire un satellite du LOSC. Un partenariat sera mis en œuvre entre les deux clubs, jusqu’à ce que Gérard Lopez ne soit évincé du LOSC. L’Excel est alors laissé dans un état de quasi-abandon. Relégué en D2 en 2021, le club enchaîne avec une autre saison catastrophique. À l’automne 2021, les joueurs ne sont plus payés et se mettent en grève. La faillite est déclarée le 31 mai 2022.
À la différence de buts, le Boavista Porto a échappé de justesse à la relégation en première division portugaise cette saison. Le club se porte mieux que le FCGB mais c’est peu dire. Le club portugais, acquis en octobre 2020 par Gérard Lopez fait face lui aussi à des problèmes financiers, déjà existants avant l’arrivée de l’investisseur. L’hiver dernier, le club a frôlé l’interdiction de recrutement, en raison de retard dans le paiement des salaires.
En juillet 2021, Gérard Lopez succède à King Street et devient propriétaire des Girondins de Bordeaux. La reprise du club par l’ex-patron du LOSC permet alors au club d’échapper à une rétrogradation en Ligue 2 par la DNCG. Néanmoins, sans Luis Campos au recrutement, la construction de l’équipe est bien moins couronnée de succès. Le FCGB descend sportivement en Ligue 2 après une saison cataclysmique, en affichant une des pires défenses de l’histoire du championnat.
À l’été 2022, le club est rétrogradé en national par la DNCG en première instance et en appel mais Gérard Lopez obtient gain de cause en demandant une conciliation devant le Comité national olympique (CNOSF). David Guion devra attendre tout l’été les recrues (Barbet, Nsimba, Johnsson) en attendant le feu vert administratif. Bordeaux manquera la remontée de très peu en 2023. Malgré les ventes de joueurs (Bakwa, Mwanga, Gregersen), malgré le sacrifice de la section féminine, le FCGB continue à perdre de l’argent, faute de restructuration, avec une masse salariale trop élevée pour la L2. Après une première alerte lors du passage hivernal devant la DNCG, Gérard Lopez annoncera pendant de nombreuses semaines, sa volonté de s’associer à un partenaire financier, un actionnaire minoritaire puis en dernier recours de vendre le club. L’échec des négociations avec le Fenway Sports Group laissera le FCGB sans solution et bel et bien rétrogradé, au minimum, en National.