Arsenal French Club
·23 décembre 2024
Arsenal French Club
·23 décembre 2024
Depuis le début de saison, les performances de Gabriel Martinelli sont énormément discutées au sein de la fanbase des Gunners.
Si son style très direct et donc à fort taux d’échec est connu, ses apparitions cette saison n’ont pas semblé satisfaire la majeure partie des supporters. Il semble que sa capacité à faire la différence et/ou les bons choix est en berne.
Rappelons que déjà la saison dernière, ses performances en déclin ont déjà pu faire parler.
Avec un compère sur l’aile opposée (Saka) à la production statistique au top (9 buts et 13 passes décisives TCC) et au style plus fluide et efficace, la comparaison ne peut que faire mal pour notre ailier brésilien (5 buts et 2 passes décisives TCC).
Ses prestations cette saison sont-elles pour autant si critiquables et lui étant seulement imputables ?
Pour analyser les performances de Martinelli, il est important d’analyser le contexte dans lequel il évolue et surtout notre manière d’atteindre la moitié de terrain adverse.
Peu de temps est nécessaire à quiconque aime le football pour se rendre compte qu’Arsenal privilégie un côté pour faire progresser le ballon : le droit.
Les statistiques depuis le début de saison sont claires : Arsenal attaque 46% du temps sur son côté droit : avec une pointe à 61% d’attaque à droite contre le PSG en Ligue des Champions et un plancher à 38% contre Newcastle (source : whoscored.com). Ce dernier match aura d’ailleurs été le seul où une autre zone du terrain aura été privilégiée (le côté gauche à 40%).
Heatmap des ballons touchés contre le PSG.
Ceci s’explique par certains choix tactiques liés aux profils de nos joueurs régulièrement titulaires.
Ainsi depuis l’arrivée de Zinchenko lors de l’été 2022, Arsenal adopte une structure avec ballon en 3-2 sur les premières lignes pour relancer.
Un latéral est ainsi chargé de rester dans la première ligne, alors que le deuxième (généralement le gauche) se met au côté de notre milieu défensif. Cela assure une structure défensive numériquement et spatialement solide en cas de perte de balle. Cela permet également de pouvoir combiner en ayant des joueurs à différents niveaux horizontaux et verticaux. Cependant, ce n’est pas par une suite de passes entre ces joueurs qu’Arsenal réussit à avancer dans le terrain en cassant des lignes adverses.
La disposition évoquée plus haut pour nos relances possède cependant un gros défaut : le manque de largeur.
L’adversaire n’a alors que l’axe à couvrir pour empêcher une passe pour notre milieu défensif et le latéral réaxé.
Exemple lors du match face à Aston Villa.
Les hommes d’Unai Emery avaient par exemple très bien su nous gêner pour relancer en se concentrant sur la prévention de passes dans l’axe.
Tout cela a en plus pour conséquence de resserrer les joueurs adverses et donc de rendre de toute façon plus compliquée la réalisation de passes dans l’axe entre les lignes pour des joueurs plus haut.
Ce « désavantage » est cependant ce qui est exploité dans notre animation. Pour parvenir à progresser dans le camp adverse, les Gunners vont alors s’appuyer sur un joueur placé plus haut sur le terrain au départ : Martin Odegaard.
Le capitaine et ses décrochages apportent ainsi cette largeur nécessaire et offrent une première option de passe vers l’avant au jeu de l’équipe. Il va ainsi venir dans la zone à droite du latéral droit.
En se proposant ici, il sort de la zone de densité adverse au milieu et du dos des attaquants adverses et permet à Arsenal de contourner le pressing adverse. Cela pose de plus un dilemme à l’équipe adverse : le suivre (et si oui, qui ?) ou non ?
Odegaard suivi par Paqueta.
Dans le premier cas, c’est accepter de laisser un espace dans sa structure défensive et potentiellement permettre à un autre Gunners de s’y positionner pour être trouvé (exemple avec Havertz juste au-dessus).
Odegaard non suivi.
Dans l’autre, c’est accepter de laisser du temps au créateur Norvégien pour avancer et/ou trouver un partenaire plus haut.
Nombre d’équipes font alors le choix de laisser Odegaard aller vers cette zone du terrain. Ils partent du principe qu’en étant aussi bas, il n’est pas assez dangereux pour représenter une menace. Ils préfèrent se concentrer sur ce qu’il fera ensuite.
Surtout, cela leur permet de rester avec leurs différentes lignes défensives, sans avoir de « trou ». Odegaard a alors généralement le temps de choisir quoi faire, dans le but de faire avancer le ballon.
Généralement, le Norvégien recherchera en priorité Saka, collé à la ligne de touche. La saison dernière, l’Anglais était d’ailleurs le destinataire préféré de notre capitaine avec 322 passes, deuxième réseau de passes du Championnat pour des joueurs non-défenseurs (source : theanalyst.com).
Une fois que le ballon a réussi à atteindre un joueur haut placé côté droit, différentes possibilités se présentent.
La première est une percussion de Saka, soit en rentrant dans l’axe pour chercher un angle de frappe ou un centre, ou en débordant sur son aile pour centrer là aussi.
Il peut également revenir en retrait sur Odegaard, à son tour cherchant une opportunité d’atteindre la surface adverse par une conduite de balle ou une passe/centre.
De plus, Timber ou Partey n’hésitent pas à apporter une solution dans la profondeur lorsque Saka est trouvé dans la moitié adverse, en dédoublant sur le côté, même si ce n’est pas régulier (surtout pour le Ghanéen).
On reverra cette image plus tard.
Enfin, Havertz va régulièrement se déplacer sur notre côté droit pour proposer un appui et pouvoir combiner.
Exemple ici avec les ballons touchés par l’Allemand face à Nottingham Forest.
Le côté droit montre ainsi, par un surnombre, un intérêt dans la progression sur le terrain de nos Gunners. Chaque joueur trouvé tour à tour dispose de solutions en appui ou en soutien. Cette présence en nombre gêne évidemment l’adversaire avec plusieurs choses à prendre en compte avant de chercher à récupérer le ballon.
C’est sur ce côté que l’on se montre alors le plus dangereux, en profitant notamment des qualités de percussion et de déplacement de Bukayo Saka. Celui-ci, profitant lui-même à son tour des mouvements de ses coéquipiers et de l’incertitude que tout cela crée chez l’adversaire (malgré de nombreuses prises à 2 le concernant). Mêlé à sa formidable efficacité, cela donne alors un début de saison tonitruant.
C’est ce qu’a déclaré Thierry Henry sur Sky Sports le 16 décembre dernier.
Toute équipe cherche à avoir une animation mêlant appui sur les points forts et équilibre spatial. Cela leur permet d’exploiter leurs ressources tout en se montrant dangereux sur différents fronts et avoir une structure équilibrée.
Arteta fait quant à lui le choix de maximiser ce qu’il considère comme les points forts de l’équipe, au risque de la rendre de plus en plus dépendante de ses points forts.
(source : theanalyst.com)
Comme décrit plus haut, notre solution de relance préférentielle étant Odegaard, cela nous fait alors pencher à droite. Avec en plus un Bukayo Saka en feu ce n’est que logique d’exploiter cette aile.
La période avec la blessure de notre capitaine a cependant été un bon test pour Arsenal afin de trouver une autre manière de progresser balle au pied. En plus d’un changement de disposition (passage en 4-4-2), Arteta et son staff ont dû trouver d’autres solutions afin d’avancer dans le terrain par la passe face aux blocs adverses.
L’équipe a alors développé un jeu plus direct (notamment sur Havertz, attaquant… droit). Reste qu’il a aussi fallu face à des blocs bas, trouver des solutions par le jeu court. On a alors pu voir apparaître un carré au milieu de terrain se proposant au premier relanceur (Rice – Merino avec Havertz – Trossard plus haut) à différents niveaux horizontaux et verticaux.
Le carré magique
Mais finalement lorsqu’on regarde les chiffres, Arsenal aura utilisé le côté droit 46% du temps en son absence, en comparaison des 47% avec le Norvégien titulaire.
Ceci s’explique sans doute par le poids pris par Saka dans l’équipe et les attentes pesant sur lui pour créer une occasion de but, et l’option Havertz dans un jeu aérien.
Cette série de matchs aura néanmoins été compliquée comptablement avec un taux de victoires de 45% sur 11 matchs (5 victoires, 3 nuls et 3 défaites).
Le retour d’Odegaard aura ainsi été perçu comme une délivrance par tous les fans et le staff, preuve de son importance (trop grande ?).
Mais alors ne serait-il pas possible de reproduire, ne serait-ce qu’en partie, la même chose de l’autre côté ?
Le compère au milieu de terrain d’Odegaard, que ce soit Merino ou Rice, a un rôle différent de celui du Norvégien. Il doit avoir une présence entre les lignes, en étant positionné haut notamment pour gêner la ligne de milieu de terrain et le latéral droit adverse. Il a plutôt une importance pour la deuxième phase d’avancée.
Ceci va de pair avec leurs qualités, différentes de celles du créateur norvégien.
Ils ne représentent pas des options de passe pour nos premières lignes de relance par la position qui leur est demandée de prendre. Ils doivent surtout permettre d’avoir une supériorité numérique face au latéral droit adverse, mais ne sont pas tant recherchés et donc trouvés par nos relanceurs.
Et s’ils viennent se proposer, notamment Rice, c’est souvent plus bas que ce que peut le faire Odegaard. Il prend parfois la place du latéral gauche se réaxant, mais ne trouve pour autant pas tellement de possibilités d’avancement sur cette aile.
Sur le côté gauche, les possibilités de progression par la passe sont donc faibles. L’une des rares mises en œuvre cette saison a été l’axe Gabriel – Trossard lors du match contre Nottingham Forest.
Avec un ailier droit adverse très axial (l’un des avantages d’avoir des latéraux se réaxant) lorsque Arsenal avait la balle, une passe directe était possible et permettait aux Gunners d’avancer facilement dans la moitié adverse, en mettant le Belge dans une situation de 1 contre 1.
Encore des progrès à faire sur la choré de YMCA.
Toute cette phase de progression sur le terrain aura alors des conséquences plus haut. Avec un latéral gauche restant dans la structure défensive en cas de perte de balle, et un milieu central gauche haut placé pour peser plus physiquement que techniquement, rares sont les possibilités de combinaison et d’avantage numérique et/ou positionnel.
Arrivé cet été, Calafiori se voit par exemple demandé de rester assez bas sur le terrain en cas de perte de balle, lorsque nous avons le ballon dans le camp adverse. Ses montées sur l’aile ou plus axiales sont assez rares et ne permettent pas de créer du danger chez l’adversaire.
Une des rares montées de Calafiori, profitant d’un coup franc rapidement joué pour se proposer en retrait à Martinelli parti dans la profondeur.
Rien ne change dernièrement avec Lewis-Skelly en titulaire :
Seul Timber, comme lorsqu’il est côté gauche, se permet quelques montées (mais sur son mauvais pied), ou surtout le revenant Tierney qui a su montrer lors de sa seule apparition cette saison, son profil de « vrai » latéral.
Les ballons touchés par l’Ecossais face à Crystal Palace en Carabao Cup.
Martinelli, sur son aile, se retrouve alors régulièrement seul face au latéral droit adverse, souvent doublé par l’ailier droit adverse. Que faire en 2 contre 1 si ce n’est revenir en arrière ou tenter un miracle. Sa mentalité de « fonceur » fait alors qu’il ose par moment des choses irréalisables dès le départ, rajoutant du déchet à son jeu déjà à risque.
On retombe alors sur des problèmes déjà vus, face au même Everton de Sean Dyche qu’affronté le week-end dernier d’ailleurs.
Pas grand chose est fait pour aider à créer de l’incertitude chez l’adversaire en aidant notre ailier gauche. Même si quelques mouvements autour de lui commencent à devenir réguliers.
Dire que rien n’est mis en place autour de l’ailier, pour le mettre en situation favorable est exagéré. Certains mouvements et schémas préférentiels reviennent au fil des matchs, et offrent des possibilités (bien qu’encore timides).
Lorsque nos défenseurs ont le ballon au niveau de la ligne médiane, le milieu central gauche (Rice ou Merino) est censé se placer entre les lignes, entre le latéral droit et le central droit adverse. L’idée est de gêner ces joueurs (notamment le latéral) en se positionnant à côté de lui, en plus de Martinelli collé à la ligne de touche. L’adversaire peut alors hésiter entre qui prendre lorsqu’on essaye de construire depuis ce côté.
Ici, Young suit Merino qui décroche pour se proposer à Gabriel, ouvrant l’espace à Martinelli pour prendre la profondeur.
De plus, ces joueurs par leurs qualités physiques et leur verticalité, peuvent se proposer dans la profondeur, en profitant de l’attention des adversaires braquée sur le Brésilien.
Merino essaye par moment, avec encore du déchet dans ses centres, d’apporter une solution dans la profondeur à Martinelli.
Martinelli parvient aussi à se montrer dangereux en misant sur ses qualités de vitesse. Il apporte une option dans la profondeur lorsque l’équipe adverse n’est pas en bloc bas et n’exerce pas forcément un gros pressing sur le porteur de balle plus bas.
Une solution d’avancée sur le côté gauche est un jeu plus direct. Par sa position assez basse, Lewis-Skelly n’inspire pas de danger et peut avoir le temps de chercher une solution. Ici, Martinelli profite alors de ses qualités de vitesse pour prendre l’espace devant lui.
Tout n’est pas pardonnable à notre ailier brésilien, mais on peut cependant essayer de comprendre ses statistiques si faibles sur certains aspects. Comme décrit par Thierry Henry lors du MNF, on peut par exemple lui reprocher du déchet dans des situations de 1 vs 1 (ou de ne pas les tenter).
Reste qu’il serait injuste de reposer l’entière responsabilité de sa production offensive sur Martinelli. Celui-ci ne fait qu’avec ce qui lui est offert à disposition. Nul ne saurait minimiser l’importance d’avoir des options de passe afin de créer l’incertitude chez l’adversaire. Mais comme expliqué jusqu‘ici, rare est cette incertitude. Notre côté gauche s’appuyant sur la capacité du Brésilien à faire un exploit, un plan pour contrecarrer cela est plutôt : le cadrer correctement tout en apportant du soutien au défenseur.
Le manque de soutien envers notre ailier gauche, quel qu’il soit, est de plus en plus criant. Pour preuve, à Craven Cottage, les hommes de Manuel Silva ont par exemple préféré bloquer Trossard (titulaire à la place de Martinelli) en faisant redescendre leur ailier droit Iwobi, que de s’occuper de notre latéral gauche (Timber) peu enclin à monter et ne représentant pas une menace selon eux.
Ainsi, quand Saka se voit soutenir par Odegaard, Havertz et le latéral droit titulaire (Timber/Partey/White), de l’autre côté le constat est tout autre pour Martinelli ou Trossard.
Malgré tout ce qui a été dit, Martinelli profite lui aussi d’une manière de cette attention portée à notre côté droit. En effet, isolé sur une aile ne semblant pas représenter de danger et avec un côté droit capable de créer des différences, il peut se retrouver à la conclusion d’action.
Depuis le début de saison, on a ainsi pu le voir à la réception de centres au second poteau, que ce soit de Saka :
Oublié au second poteau, Martinelli profite notamment du positionnement de Merino qui attire le latéral droit adverse.
Ou de Timber :
Sans avoir besoin de Merino ici, Martinelli parvient grâce à sa vitesse et son anticipation, à se retrouver face au gardien.
Il profite également de possibilités en 1 contre 1 face au latéral adverse, lorsqu’on bascule rapidement le jeu de l’autre côté. L’ailier droit adverse n’étant pas immédiatement là pour aider son latéral, Martinelli peut se retrouver dans une situation qu’il affectionne (même s’il est en difficulté dans cet aspect comme expliqué par Henry).
Être ailier dans une équipe dominatrice est souvent le poste avec le plus de pression. Exilé sur son aile, il est le joueur ayant le plus d’espace dans le camp adverse (relativement aux autres) et donc celui par qui le danger doit arriver. Reste que chaque joueur est dépendant des autres (coéquipiers comme adversaires). Et si Martinelli a des choses à se reprocher dans ses choix et son efficacité, le staff technique ne semble pas l’aider suffisamment.
Finalement, être ailier gauche à Arsenal c’est savoir maximiser chaque opportunité dans des situations d’infériorité numérique.
Tout ce qui a été évoqué jusqu’à présent est connu par les adversaires. Ceux-ci font des choix tactiques et acceptent ou non d’entrer dans un rapport de force pour trouver un équilibre entre leurs qualités et celles des Gunners. Il est aisé pour les adversaires d’anticiper de quel côté viendra en majorité le danger en nous affrontant, nous rendant ainsi prévisible.
Sur certains matchs, on a pu voir que ce manque d’alternative pour atteindre la moitié de terrain adverse, pouvait nous faire du mal. Sans autre solution, il faut parfois attendre de trouver un joueur dans l’axe, ou passer par du jeu plus direct afin d’espérer gagner le duel et le 2nd ballon.
Avec Saka sorti sur blessure ce samedi et probablement absent pour quelques temps, va-t-on voir un nouvel équilibre se mettre en place dans notre jeu ? Ou bien va-t-on simplement voir Martinelli replacé à droite et s’épanouir (comme ce samedi) en étant entouré de plusieurs coéquipiers, mais sans résoudre le « problème » côté gauche ? Ceci permettrait sans doute de savoir si Martinelli est bien en difficulté cette saison, ou bien si occuper le rôle d’ailier gauche des Gunners est plutôt compliqué.
On a déjà pu voir ce samedi, notamment sur notre 3ème but qu’il est toujours capable de faire des différences. Continuons alors à croire en lui et questionnons-nous d’une manière plus globale sur le contexte dans lequel il évolue cette saison. Arteta ne cesse de répéter que l’équipe est en éternelle évolution, à lui de nous montrer cela pour exploiter au mieux les qualités de notre flèche brésilienne.
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