Olympique-et-Lyonnais
·22 août 2024
Olympique-et-Lyonnais
·22 août 2024
28 minutes de jeu en professionnels et pourtant une annonce qui a fait l’effet d’une bombe. Certains diront qu’il n’y a qu’à l’OL que la vente d’un jeune du centre de formation avec aucun pedigree peut déclencher de telles passions et contestations. Sur le principe, la critique peut se comprendre, toutefois, l’annonce du départ de Mamadou Sarr vers Strasbourg dépasse le simple amour de l’Académie que peuvent avoir certains supporters. La vente du jeune défenseur intervient dans un contexte plus que particulier entre Rhône et Saône. L’OL a été balayé sportivement par le Stade rennais pour son entrée en lice en Ligue 1, mais surtout vit des heures compliquées sur le marché des transferts.
À neuf jours de la fin du mercato estival, le club lyonnais compte toujours ses départs. Les dirigeants n’ont malheureusement besoin que d’une seule main pour faire le décompte. Tout l’inverse quand il s’agit de lister le nombre de joueurs poussés vers la sortie et qui n’ont toujours pas trouvé preneur. En créant un loft, l’OL a voulu alléger le groupe de Pierre Sage pour mieux travailler, mais se retrouve aujourd’hui coincé. Les courtisans potentiels ont bien compris que rien ne servait de courir pour un de ces indésirables et qu’une ristourne de dernière minute pourrait bien intervenir au fur et à mesure que la fin du mercato se rapproche.
Dos au mur, l’OL n’a donc pas d’autres choix de vendre des éléments qu’il comptait garder. C’est le cas de Mamadou Sarr. Au début de l’été, Reims avait été éconduit par son homologue lyonnais pour une offre similaire à celle de Strasbourg. Après six mois en prêt à Molenbeek, le message était clair avec Sarr. En laissant Diomandé et Lovren dans le loft, Pierre Sage et la direction souhaitaient faire de la place au vainqueur de la Coupe Gambardella 2022.
En mai dernier, lors de son passage dans "Tant qu’il y aura des Gones", l’entraîneur lyonnais était d’ailleurs revenu sur cette stratégie de prêt dans le contexte lyonnais difficile. "On a été très clair avec son entourage à la trêve, en disant que les conditions et le contexte n’étaient favorables donc peut-être qu’un prêt et plus de temps de jeu lui permettraient de revenir avec d’autres arguments dans des conditions peut-être plus softs."
De retour à l’OL durant l’été, mais seulement à l’entraînement fin juillet en raison de l’Euro U19, Mamadou Sarr n’aura finalement jamais sa chance en professionnels. Comme Anthony Martial ou Abdoulaye Ndiaye avant lui. "C’est frustrant, car tout avait été fait pour qu’il trouve sa place petit à petit. Avec la Ligue Europa, il aurait pu avoir un peu plus de temps de jeu, nous confie Jean-François Vulliez, ancien directeur de l’Académie. Il avait vraiment envie de réussir à l’OL. Normalement, il aurait dû suivre la trajectoire de Castello (Lukeba). C'était le plan durant sa formation."
Ces dernières saisons et notamment à l’été 2023, la mentalité des jeunes de l’Académie a largement été pointée du doigt. En quittant leur club formateur après seulement quelques matchs pour certains, Malo Gusto, Castello Lukeba et Bradley Barcola s’étaient attirés les foudres des supporters. Si la forme du départ a pu laisser à désirer sur certains dossiers, qu’en est-il désormais de la place accordée aux pépites du centre ? Avec Sarr, c’est une nouvelle preuve que le sportif sera retrouve sacrifié sur l’autel de finances dans le rouge. En 2013, l’OL n’avait pu cracher sur les cinq millions d’euros offerts par Monaco pour Martial, seulement quatre matchs en pros.
L’été dernier, même combat avec Ndiaye que beaucoup voyaient intégrer la rotation défensive après son prêt réussi à Bastia. Mais à l’image de ces deux mercatos estivaux, la direction lyonnaise n’a pas réussi à se débarrasser de ces gros salaires et donc sacrifié Sarr. "Entre Sarr et Martial, le cas est un peu similaire avec un départ surprise à la fin de l’été. Seulement, les raisons semblent différentes, poursuit l’ancien directeur du centre. Aulas avait vendu Martial pour des besoins économiques, mais n’avait pas recruté à côté durant tout l’été (4 millions de dépenses). Là, les sommes dépensées au début de l'été soulèvent forcément une question, à se dire que tu en es obligé de vendre un de tes jeunes."
Alors cet été, John Textor et son équipe peuvent encore et toujours rejeter la faute à l’ancienne direction, coupable d’avoir régalé plus d’un joueur avec un pont d’or qu’il est aujourd’hui compliqué de faire sortir. Difficile de leur donner tort sur ce point. Mais qu’en est-il d’être obligé de vendre un jeune comme Sarr pour une coquette somme (10M€), certes, car les caisses sont vides ? "C'est bien vendu, mais cela correspondait plus ou moins à la cote de Mamadou sur le marché en raison de son potentiel. Avec six mois ou un an à jouer, sa valeur aurait été encore bien différente."
Il y a eu la vente de l’Arena, la cession de l’OL féminin ou de l'OL Reign, mais si Textor a vendu les bijoux de famille, cela interroge sur les finances réelles du club. Cela faisait déjà jaser depuis le début de l’été, mais les sommes astronomiques dépensées pour le recrutement précoce se retournent encore un peu plus contre cette direction. Lors des six derniers mois, Laurent Prud’homme, John Textor et même David Friio avaient réussi à créer un vrai engouement et une vraie communion autour de Pierre Sage et de son groupe. En l’espace de deux mois, c’est comme si tout était parti en fumée. Bien malgré lui, Mamadou Sarr est devenu le symbole de cette fracture naissante qui guette avec les supporters.
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