Lucarne Opposée
·9 novembre 2023
Lucarne Opposée
·9 novembre 2023
Il aura fallu attendre une décennie pour qu’Universitario réinscrive son nom au palmarès d’une saison péruvienne. L’attente fut longue, mais la récompense grande. D’autant que la vingt-septième étoile a été conquise en terres rivales.
Décembre 2013. Au moment où Néstor Duarte s’élance, la pression est forte sur ses épaules. Au bout de son tir au but, la vingt-sixième étoile d’Universitario, la troisième seulement depuis que le siècle s’écrit en commençant par un deux. Le but inscrit, le club le plus titré du Pérou peut alors entrevoir reprendre sa marche en avant. Il n’en est rien. Depuis, l’Alianza Lima est revenue à une longueur, décrochant trois titres en six ans, le Sporting Cristal s’est installé comme l’équipe du XXIe siècle, avec sept titres. Autant dire que l’hégémonie était menacée, que l’attente était devenue très, trop, longue.
Aussi, au moment de retrouver l’Alianza Lima pour la sixième finale de l’histoire des superclásicos péruviens, la pression était forte. Et le chemin parcouru long. Pour les Cremas, cette saison s’est faite avec deux entraîneurs : Carlos Compagnucci avait initié l’Apertura, sa quatorzième place après six journées lui a valu son remplacement. Après l’intérim d’un match de Jorge Araujo, Jorge Fossati s’est installé sur le banc. Champion en Uruguay, en Équateur, au Qatar et au Paraguay, l’Uruguayen sait gagner. Sous sa conduite, Universitario s’est d’abord reconstruit : Willams Riveros, Matías Di Benedetto et Horacio Calcaterra sont arrivés en même temps qu’un nouveau facteur X nommé Edison Flores. Fossati a ainsi posé son 3-5-2 capable de presser haut mais aussi de bondir, misant beaucoup sur les changements d’aile – le duo Ureña – Quispe jouant un rôle essentiel dans ce jeu – et les débordements des joueurs de couloir, a rassuré sa défense, transformant les cages de José Carvallo en muraille infranchissable (seulement huit buts encaissés en dix-huit matchs du Clausura) et a fini par instiller sa touche : celle d’une redoutable efficacité. Ainsi, Universitario est d’abord remonté, restant tout de même derrière une Alianza Lima qui perdait peu lors d’un Apertura qu’elle a largement dominé, avant de souffler le Clausura au nez et à la barbe de Melgar. Et ainsi s’offrir cette finale.
L’aller n’a pas été des plus simples. Car si les Cremas ont totalement dominé l’Alianza Lima, ils n’ont jamais réussi à s’échapper au score, multipliant les occasions, et se sont faits rejoindre à la 90e minute sur un but de Gabriel Costa sur l’unique occasion du match pour les Blanquiazules. Autant dire que le danger était grand à l’heure de se rendre à Matute pour la finale retour. Mais cette fois, les hommes de Fossati ont choisi de frapper d’entrée. Il ne fallait en effet que deux minutes pour qu’el Oreja Flores place sa tête sur un centre tendu d’Andy Polo et ouvre la marque pour les visiteurs. De quoi contrôler une rencontre qui voyait l’Alianza sans idée, incapable de menacer les lignes arrière de la U. Alors les meilleures occasions restaient en faveur des Cremas, mais comme à l’aller, l’écart n’était pas creusé, le risque d’un retour aliancista demeurait. Jusqu’à la 81e et une frappe déposée par Calcaterra, sur le terrain depuis une dizaine de minutes, dans les filets de Campos. 2-0, score final, la vingt-septième étoile de la U était décrochée dans la nuit de Matute, les locaux éteignant immédiatement le stade.
Dix ans plus tard, la U retrouve les sommets, l’Alianza Lima se consolera avec une place en phase de groupes de la prochaine Libertadores, le Sporting Cristal et Melgar entrant respectivement au deuxième et premier tour. Enfin pour compléter le tableau d’honneur de la saison, Sport Huancayo, Tarna, le Deportivo Garcilaso et l’UCV batailleront entre eux pour l’une des deux places en Sudamericana alors que l’Academia Cantolao accompagnera deux gros en Liga 2 : le Deportivo Municipal et Binacional. Ils seront tous trois remplacés par Comerciantes Unidos, de retour dans une élite quittée en 2018, et une sensation, le Club Deportivo Los Chankas, du nom du peuple qui s’opposa notamment aux Incas et qui peuplait le d’Apurímac dont le club sera le premier représentant de l’histoire en première division péruvienne.