God Save The Foot
·28 août 2019
God Save The Foot
·28 août 2019
Pour la reprise de la saison 2019/20 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Vainqueur héroïque de la Ligue des Champions la saison passée, Liverpool a encore échoué tout près du but en championnat. Cette année, l’objectif est clair et unique : remporter la première Premier League de son histoire.
1er juin 2019. Divock Origi délivre les siens en catapultant le ballon au fond des filets de Hugo Lloris, et Liverpool sur le toit de l’Europe. L’effervescence fut inégalée, aussi bien le jour du match que durant la parade qui a suivi. Enfin, un trophée majeur retournait sur les bords de la Mersey depuis 2005 (si l’on fait fi de la timide Carling Cup de 2012). Jürgen Klopp a réussi son pari, et le peuple rouge ne peut que s’incliner devant ses nouvelles idoles. Mais il ne faut cependant pas occulter les problématiques qu’a posées cette saison du Liverpool Football Club à son entraîneur. Le prêt de Nathaniel Clyne à Bournemouth avait plus que surpris les observateurs, laissant l’effectif titulaire de Liverpool sans solution satisfaisante en cas de blessure du jeune Trent Alexander-Arnold. Si de nombreux joueurs pouvaient assurer l’intérim à ce poste, le départ d’un ancien titulaire en pleine saison fut plutôt mal reçu par les supporters.
Liverpool a encore une fois marqué l’histoire en s’offrant sa sixième coupe d’Europe, notamment suite à un retournement de situation rocambolesque face à Barcelone comme seul le LFC en a le secret… mais qu’en serait-il si cela n’avait pas fonctionné ? Et si Lionel Messi, d’un plat du pied rageur venait à tromper la vigilance d’Alisson et offrir ainsi aux catalans leur place en finale ? On aurait loué la “presque remontada” des hommes de Klopp après le désastre du match aller, le caractère des joueurs et la qualité intrinsèque de Sadio Mané et Roberto Firmino, mais la saison aurait encore une fois été “trophyless”. Aurions-nous Jürgen Klopp le génie, ou Jürgen Klopp le maudit des finales ? Entendons-nous bien : Klopp a réussi à construire à Liverpool une équipe comme peu depuis Bill Shankly ont su le faire, mais il est impossible de passer sous silence que sa victoire a résulté d’un miracle et d’une finale bien gérée. Liverpool doit montrer plus pour faire face à l’ogre Manchester City, qui aligne aujourd’hui une équipe que certains considèrent comme la plus solide de l’histoire de la Premier League.
On dit souvent que l’année d’après est la plus dure. Pour Klopp, l’effectif actuel du Liverpool Football Club est le meilleur possible pour affronter une nouvelle fois Manchester City (indirectement) durant la saison 2019/20. En dehors des arrivées de Sepp Van der Berg du PEC Zwolle et de celle de Harvey Eliott de Fulham, aucun joueur visant à être titulaire ne fut enrôlé dans l’équipe. Le bal des prêts et transferts a aussi suivi son cours, avec le départ de l’oublié Marko Grujic une nouvelle année vers le Herta Berlin, le transfert définitif de Danny Ings vers Southampton et les fins de contrat de Adam Bogdàn, Connor Randall, Alberto Moreno et Daniel Sturridge. Si ces deux derniers ont pu rebondir respectivement à Villareal et Trabzonspor, Bodgdàn et Randall se retrouvent aujourd’hui sans club. Harry Wilson, impressionnant avec Derby County la saison dernière n’aura pas sa chance sous le maillot des Reds cette saison, et retourne en prêt chez les Cherries.
Devant le manque d’activité de ce mercato et les inquiétudes soulevés par les fans à ce sujet, Jürgen Klopp a déclaré “les retours de blessure de Adam Lallana et Alex Oxlade-Chamberlain sont à considérer comme de nouvelles recrues”. Une communication qui n’a pas plu à tout le monde tant celle-ci peut sembler déplacée.
Un dernier fait du mercato a entrainé quelques modifications, c’est le départ du fidèle Simon Mignolet du coté du Club de Bruges. Liverpool étant sans deuxième gardien professionnel, le club s’est attaché les services du gardien andalou Adriàn, arrivé libre de West Ham.
Liverpool repart donc sur des bases quasi-identiques à la saison dernière, sans que cela inquiète outre-mesure. La petite déception des supporters de ne voir personne arriver, alors que les rivaux ont tous renforcé – à des degrés différents – leurs effectifs a vite laissé sa place au plaisir de voir évoluer certains des meilleurs joueurs du monde, dans un système bien rôdé fonctionnant à merveille.
Parfois décrié dans son rôle de “faux numéro 9”, les performances de Roberto Firmino ne sont plus sujet à débat. Le temps où Liverpool souhaitait remplacer le brésilien par un buteur “de métier” est révolu tant Firmino apporte dans le système de jeu de Jürgen Klopp. Tantôt à la construction, tantôt à la finition, si Firmino n’est pas toujours le plus en vue dans la partie, son absence fait toujours cruellement défaut à l’équipe de Klopp. Aujourd’hui parfaitement à l’aise dans son rôle hybride, Roberto Firmino peut être la clé de ce qui a manqué aux Reds l’année dernière pour l’emporter : ces matchs qui semblent faciles, et qui ne rapportent pas finalement les trois points espérés aux joueurs de la Mersey.
L’autre force de cet effectif de Liverpool se trouve sur les côtés. Deux joueurs ont impressionné en fin de saison dernière, symbole de la qualité du recrutement de Jürgen Klopp et de sa politique vis-à-vis du centre de formation – Andrew Robertson et Trent Alexander-Arnold. Robertson a eu bien du mal à obtenir du temps de jeu au début, mais en saisissant sa chance au détriment d’Alberto Moreno, il s’est imposé comme un titulaire indiscutable. Combattif, rapide et ayant une débauche d’énergie absolument folle, Andrew Robertson est devenu à gauche un atout offensif indéniable, profitant d’une solide défense centrale pour pouvoir se porter vers l’avant. De l’autre côté, Alexander-Arnold ravit les supporters par sa qualité de centre et la précision de ses coups-francs. En plus d’être “the scouser in the team”, Alexander-Arnold fait preuve d’une maturité défensive impressionnante pour son âge. Ces deux joueurs sont des pierres angulaires du Liverpool FC aujourd’hui, et peuvent profiter de la qualité du jeu de tête de Virgil Van Dijk.
“Poetry in motion” aurait pu être écrite pour Virgil van Dijk. Reconnu unanimement comme le meilleur défenseur au monde actuellement, les médias et les observateurs s’affolent quand un joueur réussi plus ou moins exceptionnellement à tromper sa vigilance. Longtemps aligné auprès de Dejan Lovren, c’est aujourd’hui Joël Matip et plus rarement Joe Gomez qui ont les faveurs de Jürgen Klopp pour épauler le géant néerlandais. Un placement impeccable, un jeu de tête offensif de qualité notamment sur corner et une relance qui sait mettre en danger rapidement les défenseurs adverses.
Virgil van Dijk s’est aussi illustré dans sa capacité de meneur d’hommes. En l’absence de Jordan Henderson, c’est lui qui prend tout naturellement le relais à la tête de l’équipe sur le terrain, et il sait garder la tête froide dans les situations compliquées. C’est un joueur extrêmement précieux de l’effectif actuel du LFC, et encore un coup de maître de Jürgen Klopp dans son recrutement, tant le prix était élevé.
Si le duo offensif le plus prolifique de Premier League se sont opposés cet été lors de la Coupe d’Afrique des Nations, leur retour dans le nord de l’Angleterre fera oublier cette rivalité éphémère. Dotés chacun d’une qualité offensive extraordinaire qui les a propulsé parmi les meilleurs buteurs la saison dernière, ces derniers ont chacun quelques points à travailler pour devenir plus efficaces : si la capacité de Salah à tromper le gardien n’est plus à démontrer, celui-ci manque cruellement de lucidité dans ses duels, et n’arrive plus à faire la différence face aux défenseurs comme il y a deux saisons. Si on peut y voir un manque de confiance, les bons résultats qui s’enchainent devraient corriger cette tare. Concernant Sadio Mané, il ne fait pas toujours les bons choix et a tendance à peut-être porter le ballon un peu trop longtemps. Leurs jeux sont perfectibles, mais leur talent et leur entente est inégalée, et il est difficile d’imaginer ne pas les compter dans les meilleurs buteurs de Premier League cette saison encore.
Si l’équipe première de Liverpool cette saison ferait trembler n’importe quelle formation, la grande inconnue sera la qualité de leur banc. Quand Manchester City peut se permettre de ne pas aligner Aguero ou Gundogan dans des matchs de Premier League, Liverpool manque d’atouts convaincants dans ses remplaçants. Xherdan Shaqiri n’a pas bénéficié de la confiance de Klopp la saison dernière, et ne semble pas plus enclin à être utilisé régulièrement cette saison, James Milner commence à être vieillissant malgré des performances physiques impressionnantes, et peu d’alternatives défensives se retrouvent présentes aux cotés de Jürgen Klopp pendant les matchs.
Aussi, de nombreux joueurs de Liverpool sortent d’un été fatiguant entre la Copa America et la Coupe d’Afrique des Nations, ce qui pourrait être un facteur décisif concernant d’éventuelles blessures. La blessure d’Alisson lors du premier match a forcé Adriàn à reprendre du service plus tôt, et si celui-ci a su offrir la victoire aux Reds en Super Coupe d’Europe, ses relances au pied désastreuses ont déjà coûté un but aux joueurs de la ville des Beatles.
Ainsi, Liverpool semble capable cette saison de renverser l’ogre City, mais devra pour cela, éviter au maximum le démon des blessures qui pourrait leur être fatal, notamment dans des périodes clés comme Boxing Day. L’objectif de Jürgen Klopp est simple et unique : rapporter le dernier trophée valant railleries et sarcasmes aux scouses depuis plusieurs décennies.