God Save The Foot
·3 septembre 2020
God Save The Foot
·3 septembre 2020
Pour la reprise de la saison 2020/21 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. Troisième du classement et qualifié pour la Ligue des champions au prix d’un final bien maitrisé et anticipé malgré la pause, Manchester United aborde sa seconde saison pleine avec Ole Gunnar Solskjaer. Le manager norvégien continue sa révolution pour réduire le gap creusé par ses rivaux honnis et replacer les Red Devils au sommet.
Sa joie à peine dissimulée sur le but le plus facile du monde inscrit par Jesse Lingard, au bout du temps additionnel au King Power Stadium, traduit bien le soulagement exprimé après quatre-vingt-dix minutes de bataille intense, couronnant une saison destinée à passer par toutes les émotions et dont personne n’imaginait l’issue. Surtout celle qui se dessinait dans cette finale de la dernière journée, validant une qualification dans la plus prestigieuse des coupes européennes, indispensable pour envisager la suite du projet. De son projet.
Et si MU menait déjà au score contre les Foxes suite à un penalty transformé par Bruno Fernandes – son cas sera largement abordé au cours de cette preview – ce cuir déposé au fond des filets (suite à une énorme erreur de Kasper Schmeichel, certes) par celui dont la planète entière nargue et méprise depuis un an et demi (soit le temps où Lingard n’a plus été décisif en PL), sinon plus, révèle le côté cocasse de la situation pour Solskjaer. Qui a donc rempli le premier objectif dans sa quête de révolution du plus titré des clubs outre-Manche (20 titres).
Un dénouement heureux pour cette saison 2019/2020 avec cette troisième place dont peu d’observateurs auraient parié avant le départ, tant les Red Devils ont plus ressemblé à de petits diablotins équipés de tridents à bout arrondi qu’à de véritables démons à fourches aiguisées au cours de la première partie de saison. Au sortir de la période du Boxing Day, United est cinquième mais dresse un bilan digne d’une formation de milieu de tableau (8 victoires, 7 nuls et déjà 6 défaites après la 21e journée) et ses espoirs toujours vivants de basculer dans le top 4 sont plus dus aux contre-performances et stagnation de ses concurrents directs qu’à une vraie maîtrise des événements.
L’irrégularité des prestations durant cette période se retrouve également dans le jeu déployé par les ouailles de Solskjaer, flamboyants plus moribonds d’une rencontre à l’autre, d’une séquence à l’autre, et les fans, bien que derrière leur équipe quoiqu’il arrive, voyaient déjà naître le spectre d’une nouvelle saison sans C1. Le « baby face killer », du temps de ses glorieuses foulées sur le pré d’Old Trafford (1996-2007) ne semblait toujours pas avoir trouvé la bonne formule, celle entraperçue suite à sa prise de fonction en décembre 2018 en tant qu’intérimaire et qui avait mené à une formidable série de douze matches consécutifs sans défaites (dont six succès de suite).
Le contenu de ces six premiers mois de la saison faisait écho à une dernière ligne droite ratée dans les grandes largeurs lors de la précédente – alors que United luttait pour obtenir une place dans le top 4 (finalement sixième). Le héros du Camp Nou un soir de mai 1999 avait pourtant pris les devants face à ce scénario déplaisant sur le marché des transferts l’été dernier. Solskjaer le sait, pour réellement imposer sa patte et fonder son propre effectif et engager une réelle évolution, le club devait se débarrasser d’éléments vieillissants ou non adaptables à son projet. En commençant par le plus symbolique : le capitaine Antonio Valencia, au club depuis dix ans et en fin de contrat, est rentré au pays (LDC Quito) pour terminer une carrière ô combien valeureuse.
Au terme d’un contrat également arrivé à expiration, le milieu Ander Herrera, en discussion depuis de nombreux mois avec le club pour la signature d’un nouveau bail avec revalorisation salariale à la clé, n’a pas trouvé d’accord avec le board et pris les devants en s’engageant avec le PSG, tandis que le départ le plus retentissant reste sans doute celui de Romelu Lukaku (parti rejoindre Antonio Conte à l’Inter Milan), débarqué d’Everton à l’été 2017 pour £75M et considéré comme un des échecs majeurs de la direction depuis le départ de Sir Alex Ferguson. Ole ne comptait pas sur l’attaquant belge, mais le dégraissage n’est point terminé. Fiasco encore plus significatif, Alexis Sanchez n’a pas fait de vieux os du côté du ‘Théâtre des Rêves’, ses performances et niveau de jeu relevant plus du cauchemardesque qu’autre chose après sa venue en janvier 2018. Prêté également à l’Inter Milan, le Chilien va retrouver en Serie A Matteo Darmian (Parme), l’Italien n’ayant pas réussi à convaincre.
Marqué par les années Fergie, dont il a eu du mal parfois à se dégager pour affirmer sa personnalité, tant l’ombre du légendaire manager écossais plane encore au-dessus d’Old Trafford, le Norvégien souhaitait de nouveau s’appuyer ce qui a fait la force de Manchester United au cours des glorieuses années de Premier League. Comprenez : redessiner un socle britannique dans son équipe avec les meilleurs joueurs du Royaume (autant dans un souci de performance que d’augmenter le fameux quota des « homegrown players »), tout en le saupoudrant d’éléments majeurs venant de l’étranger
Dans cette optique, pour garantir une place en C1 et soutenir leur manager à qui ils ont offert un job permanent fin mars 2019, Ed Woodward, vice-président exécutif du club, et Matt Judge, négociateur en chef au niveau des transferts et bras droit de ce dernier, n’ont pas fait dans la dentelle en attirant le défenseur central international anglais Harry Maguire (26 ans) pour la modique somme de £80M (devenu défenseur le plus cher de l’histoire). Objectif annoncé : stabiliser un back four toujours autant en difficulté depuis le début des années de vaches maigres. United n’a pas donc hésité à faire sauter la banque pour engager l’une des révélations de la dernière Coupe du monde, devenue un des cadres de Gareth Southgate. Une cible bien choisie autant que celle d’Aaron Wan-Bissaka (22 ans), arrière latéral débarqué en provenance de Crystal Palace pour £45M (+ £5M de bonus), destiné à occuper le couloir droit défensif sur le long terme.
Deux postes clés où le chéquier symbolisant le compte en banque bien rempli de Manchester United fut dégainé une troisième fois pour la pépite galloise de Swansea Daniel James (21 ans, £15M), ailier prometteur et virevoltant dont la vitesse et les dribbles doivent permettre d’amener une certaine folie sur cette partie du terrain.
Les débuts sont prometteurs. Une victoire stupéfiante, encourageante quoiqu’un peu en trompe-l’œil contre Chelsea (4-0) lors d’une première journée où l’efficacité fut maximale augurait du positif pour la suite de l’aventure. Mais les premières difficultés furent rapidement dressées sur le chemin que Solskjaer avait tracé. Le jeu de ses Mancuniens se trouve brouillon dont on ne distingue quasi aucune identité, mis à part sans doute une sorte de pragmatisme caché pour gérer au mieux les événements. Assez peu pour rêver du top 4, et l’ancien « Super Sub » va se retrouver devant un problème de taille, avec l’absence sur blessure pendant près de quatre mois de Paul Pogba. Cheville touchée, face à Southampton fin août, et la rechute pour son retour contre la modeste de League One Rochdale un mois plus tard dans le cadre du 3e tour de League Cup fut imputée au Norvégien, la presse et les observateurs pensant justement la présence du milieu français non indispensable pour ce type de rencontre.
Blessures chroniques, irrégularité dans les résultats, mais des motifs de satisfaction tout de même affichés lors de performances remarquées. Par des coups tactiques de Solskjaer (qui utilise principalement le 4-2-3-1) et notamment sa défense à trois utilisée face à un Liverpool (1-1, 20 octobre 2019) qui marche sur l’eau. Mais aussi des choix assumés, avec le repositionnement d’Anthony Martial en pointe (et la récupération de son numéro 9). L’attaquant français a retrouvé des couleurs offensivement et la complémentarité technique avec Marcus Rashford n’est plus à l’heure du fantasme. Après une première saison délicate, Fred a semblé enfin trouver sa place au milieu grâce à sa capacité à bloquer les lignes de passe adverses et jouer vite vers l’avant pour lancer les offensives mancuniennes (contrairement à un Matic blessé ou placé sur le banc au début).
Mais la vraie satisfaction fut l’éclosion du joyau local Mason Greenwood, avant-centre de formation et utilisé principalement par Solskjaer au poste d’ailier. Sa fraîcheur, sa qualité technique et sa fougue ont fait soulever plus d’une fois Old Trafford et rappelle aux plus belles heures du passage de Robin Van Persie, auquel la pépite de l’Académie est souvent comparée.
De l’espoir, il en existe pour Manchester United, et la phase de groupe d’Europa League terminée à la première place sans difficulté apparente, et où les jeunes se sont mis en évidence (Mason Greenwood avec 4 buts mais aussi Brandon Williams, latéral droit qui a suppléé à gauche Luke Shaw) tenait à rappeler les bons côtés entrevus lors de la première partie de la saison. Mais Ole fait toujours face à un autre problème : sans Pogba (revenu éphémèrement fin décembre avant de subir une opération à la cheville) l’équipe manque de créativité au milieu – autant que l’ancien Havrais n’en soit un – et les difficultés affichées face aux blocs bas où United doit faire le jeu sont pointées du doigt. Le club doit agir sur le marché des transferts et après plusieurs tergiversations, Solskjaer et la cellule de recrutement mettent leur va-tout sur Bruno Fernandes, le crack du Sporting (milieu le plus prolifique en Europe sur une saison, 31 buts en 2018-2019), déjà proche de rallier le Lancashire l’été précédent. La somme déboursée est certes conséquente pour un mouvement réalisé en plein hiver (£47M + £21M et un contrat de 5 ans et demi).
Les conséquences sur le jeu déployé par l’équipe vont être plus que vertigineuses. Dans les chiffres et les statistiques d’abord. C’est simple, depuis la première apparition du Portugais en Premier League face à Wolverhampton (0-0, 1er février 2020), les Red Devils n’ont plus perdu (14 matches sans défaite, 9 victoires contre 5 matches nuls) et ont engrangé 32 points sur 42 possibles, pour profiter d’une dynamique folle (que la pause sanitaire n’a pas stoppée) et des contre-performances de Chelsea et surtout de Leicester City, et venir chiper une place sur le podium (très loin cependant des Liverpool et autre Manchester City). A lui seul, Fernandes est impliqué sur 15 buts depuis son arrivée en Angleterre (8 buts, 7 assists, plus que tout autre joueur sur la période), ce qui lui a valu ni plus ni moins que le trophée du meilleur du mois pour février et juin en PL. Son positionnement dans un style de meneur de jeu technique et altruiste derrière Anthony Martial d’ailleurs profite à tous ses coéquipiers.
L’ancien monégasque (qui réalise la saison la plus prolifique de sa carrière en PL avec 17 réalisations, 23 TCC) coordonne mieux ses mouvements, demande dans le bon tempo le ballon en profondeur ou dans des espaces exploitables pour faire parler sa pointe de vitesse, sa qualité à prendre les espaces et sa technique. De même que Marcus Rashford, revenu après une absence de quatre mois et une fracture de fatigue du dos contractée en janvier. Positionné dans un rôle d’ailier gauche, le “Manc born and bred”, comme Martial, a réalisé une saison dantesque – la meilleure au niveau statistique depuis ses débuts au avec 17 buts en championnat (22 TCC). Plus en difficulté lors du restart (qui correspondait à son retour sur les terrains), sa vision de jeu pour créer des décalages et sa mauvaise habitude à persister avec des gourmandises techniques pas forcément indispensables restent cependant des axes à améliorer.
L’autre bénéficiaire de l’arrivée de Bruno Fernandes n’est autre que Paul Pogba. Son rôle, avec le Portugais devant lui, se rapproche de celui occupé en équipe de France lors du Mondial 2018, dans une configuration assez semblable malgré des caractéristiques de joueur évidemment différentes. Placé dans un double pivot et lesté des tâches défensives grâce à la présence de Matic (Kanté en équipe de France) dans le rôle de l’essuie-glace devant la défense, l’ancien Turinois peut donc se projeter davantage et développer une relation technique privilégiée avec le maestro portugais (Griezmann).
Après de très belles promesses observées fin 2019, Mason Greenwood représente l’autre grande satisfaction de cette saison côté individualité à Manchester United. Apparu à plusieurs reprises dans l’équipe lors de la première partie de saison, il a ensuite gagné sa place de titulaire sur le côté droit de l’attaque mancunienne à partir du Restart. Une position dans laquelle le gamin de Bradford (18 ans) a plus que dépanné, aussi bien dans les chiffres (10 buts en PL, 17 TCC), que dans l’explosivité et le danger perpétuels amenés chez l’adversaire. L’avenir semble radieux pour le jeune n°26 des Red Devils, le ‘Théâtre des Rêves’ en est déjà fou, mais Solskjaer sait que sa grande priorité du mercato se situe dans cette position stratégique.
Le Norvégien, s’il couve son protégé à la perfection – quitte à ne pas l’envoyer tôt au charbon fin 2019 -, reconnait le manque de solution et de qualité de son effectif à ce poste. Daniel James (qui n’était pas voué à jouer autant en début de saison) n’a pas répondu aux attentes lors de ses titularisations ou entrées en jeu. Malgré un départ en équipe première en forme de fanfare (1er but pour sa première apparition face à Chelsea lors de la 1ère journée), le petit ailier gallois a semblé surperformer et après deux autres pions claqués pour boucler un mois d’août idyllique (trois buts en quatre matches), ses difficultés à apporter le danger dans la surface adverse et faire la différence ont vite sauté aux yeux (d’où l’utilisation de Greenwood).
Le choix d’un gros poisson a été avancé et la priorité numéro 1 à ce poste pour Solskjaer est connu de tous : Jadon Sancho. L’ailier du BVB, post-formé chez l’ennemi citizen, coche toutes les cases pour le boss de MU : joueur virevoltant, déstabilisant, qui colle à la ligne, buteur, (très) gros pourvoyeur de passes décisives. Ajoutez à cela sa nationalité (anglais obviously) et son nouveau statut en équipe nationale et vous obtenez le candidat idéal. Mais un candidat cher, très cher, puisque le vice-champion d’Allemagne en demande près de 120M€, expliqué en partie par cette nouvelle hype que l’on porte à la jeunesse performante du ballon rond (33 buts et 39 assists au cours des deux dernières saisons), et un contrat qui court jusqu’en 2023. Pour l’attirer dans ses filets, le club connaît la marche à suivre : s’acquitter du montant demandé par Dortmund, même si des alternatives existent (des noms sont sortis par la presse comme ceux d’Ousmane Dembélé et Douglas Costa notamment) mais dont les profils sont nettement moins appréciés que celui du numéro 7 des Jaune et Noir.
Par ailleurs, au niveau de la ligne d’attaque, Solskjaer comptera aussi bien évidemment sur Anthony Martial et Marcus Rashford (également 17 buts en championnat), ainsi que sur Odion Ighalo, recruté en prêt du Shanghai Shenhua en janvier dernier (reconduit jusqu’en janvier 2021), pour compléter un secteur offensif qui se trouvait plus que léger. Mais la quête d’un nouveau numéro 9 pourrait se poser avant la fermeture du marché des transferts le 5 octobre (sans qu’aucun nom ne soit avancé).
L’autre grande priorité du coach mancunien se situe plus bas dans un secteur non moins primordial, la défense centrale. United a fait sauter la banque pour Harry Maguire, qui a réellement eu un impact sur les résultats dans l’équipe au sortir de la période du Boxing Day jusqu’à la fin de la saison. Après six premiers mois où il a alterné le chaud et le froid, l’ex-Tiger a pris du galon sous Solskjaer, devenant capitaine permanent après le départ pour l’Inter (encore) d’Ashley Young en janvier (l’ailier reconverti latéral débarqué en 2011 recherchait un dernier contrat que le club n’était pas prêt à lui proposer, ce qui allait dans le sens du départ des éléments vieillissants de l’effectif).
Mais les piètres performances alignées par Victor Lindelöf, qui n’a jamais fait l’unanimité au club depuis sa signature en 2017, couplées aux trop nombreuses blessures d’Eric Bailly et à la jeunesse d’Axel Tuanzebe en passant par les profils de Phil Jones (seulement 2 apparitions en PL), Chris Smalling et Marcos Rojo (respectivement prêtés à la Roma et Estudiantes) qui ne seront tous les trois pas conservés, poussent le Norvégien à opter pour une nouvelle solution. Outre le nom de Kalidou Koulibaly (très cher et qui va sur ses 29 ans) sorti par la presse britannique et européenne, c’est celui de Dayot Upamecano qui se retrouve mis en avant. Son physique athlétique, sa force dans les duels aériens, sa capacité à monter la balle et participer au jeu ainsi que son jeune âge (21 ans) et son statut de néo-international en font un prospect plus qu’intéressant.
Quant aux latéraux, eux ne devraient pas bouger : à droite, Diogo Dalot (malgré plusieurs rumeurs de départ) se contentera toujours des miettes laissées par Aaron Wan-Bissaka, auteur d’un bon premier exercice sous la tunique mais coupable malgré lui de savoir sans doute trop bien défendre en un contre un comme ne rien proposer offensivement (le trait est volontairement grossi). A gauche, Luke Shaw, toujours gêné par ses blessures récurrentes mais plutôt intéressant, et Brandon Williams, « le bagarreur au pied droit placé à gauche », seront en concurrence.
Paradoxalement, la première signature que MU va enregistrer au cours de ce mercato inhabituel (s’étirant jusqu’au 5 octobre) se situe au milieu. Les Mancuniens vont en effet accueillir dans les prochains jours l’international néerlandais Donny van de Beek, un des artisans principaux de la formidable saison de l’Ajax en 2018/2019. Sa venue pour £40M environ (et un contrat de 5 ans + 1 en option) s’annonce comme la bienvenue puisque le talent relayeur, capable d’évoluer également en position de meneur de jeu, apportera son gros volume, sa vista et sa combativité dans un secteur qui manquait quelque peu de mordant. Et qui ne signifierait pas un possible départ des éléments au profil offensif déjà présents dans l’effectif et sur lesquels Solskjaer compte évidemment s’appuyer. Bruno Fernandes sera plus que jamais de la partie la saison prochaine, tout comme Paul Pogba, en fin de contrat dans un an et des négociations pour parapher un nouveau bail qui devraient débuter prochainement.
L’animation offensive au milieu (Fernandes/Pogba/van de Beek) dépendra sans doute de la possible arrivée de Sancho à l’aile pour déterminer l’organisation future sur laquelle le manager scandinave souhaite s’appuyer (même si son 4-2-3-1 a toujours la cote). L’ancien playmaker devenu porteur d’eau Juan Mata semblerait rester au club, même si la question du temps de jeu va clairement se poser sur son cas, l’Espagnol étant devenu ces dernières années un homme formidable de vestiaire. Enfin, le poste de sentinelle verra une lutte acharnée entre trois profils aux caractéristiques distinctes : Nemanja Matic, Scott McTominay et Fred, même si le Brésilien pourrait faire l’objet de demandes de transferts/prêts.
Une revue complète de l’effectif à venir n’en serait pas une sans aborder le cas épineux du gardien de but. Puisque, à ce jour, l’autre événement de l’actualité des Red Devils sur le marché des transferts, est le retour de Dean Henderson à Carrington. Le néo-international anglais sort d’une saison absolument formidable en Premier League du côté de Sheffield United (où le gardien était déjà prêté en 2018/2019, en Championship), s’imposant comme l’un des tout meilleurs à son poste. Paraphant un nouveau contrat de six ans (5 + 1 en option) il y a quelques jours pour devenir l’un des portiers les mieux rémunérés au monde (£120,000 par semaine), sa mission est claire : bousculer le titulaire habituel David De Gea dans les cages mancuniennes.
L’ex-Colchonero et vainqueur du trophée ‘Matt Busby Player of the Year’ à quatre reprises (record, qui récompense le meilleur joueur de United de la saison) n’apparait plus serein sur sa ligne (c’est peu de le signaler) et fut responsable de nouvelles cagades (8 depuis le début de la saison 2018/2019) qui ne cessent de plomber son équipe. L’avenir dira si la concurrence et le choix de ne pas désigner de véritable numéro 1 au poste pour la saison à venir s’avérera payant pour Solskjaer. Quoique qu’il en soit, cette décision majeure scelle l’avenir de Sergio Romero, doublure au club depuis 2015, qui recherchera du temps de jeu ailleurs mais dont les fans sauront reconnaître les grands services apportés par l’international argentin au cours de son aventure mancunienne.
Pour ce qui est du calendrier, Manchester United est désormais fixé pour son premier rendez-vous dans cette nouvelle saison 2020/2021. Et les Red Devils ne rentreront pas en piste le week-end de rentrée calé le 12 septembre et un déplacement programmé à Turf Moor contre Burnley (tout comme Manchester City face à Aston Villa), trente jours étant au minimum imposés entre le dernier match de la saison 2019/2020 (demi-finalistes de la Ligue Europa, MU a disputé sa rencontre face au FC Séville le 16 août) et le premier de 2020/2021. Mais la première mission est claire à remplir : trouver rapidement une régularité dans les performances et une dynamique positive sur le terrain pour perdre le moins de points en route avant la traditionnelle et difficile période du Boxing Day. Et ne pas cravacher – à l’instar de cette deuxième partie de saison – ou compter sur les éventuelles méformes ou inconstances de ses concurrents directs.
United possède d’ailleurs un calendrier en championnat plutôt clément sur cet exercice 2020/2021 avec des confrontations face à des membres du Big 6 peu rapprochées entre elles. Le fait de disputer la Ligue des champions (plus les coupes nationales) ne cesse de rappeler malgré tout le rythme dense et effréné auquel les hommes de Solskjaer auront à faire face. Surtout dans un exercice retardé par la situation sanitaire et le report de l’Euro en juin prochain. La fin de la prochaine campagne pourrait en plus s’avérer piégeuse (Leeds, Liverpool, Aston Villa, Leicester, Fulham, Wolverhampton sur les six dernières journées).
La régularité de ses hommes forts (Fernandes, Pogba, Martial, Rashford, Maguire, Matic) ajoutée de gros renforts bien identifiés et réfléchis (van de Beek, Sancho? Upamecano ? Autres ?) et une jeunesse à l’émancipation débordante (Greenwood, Williams) qui reste toujours l’une des forces du club vingt fois champion d’Angleterre – MU a dépassé en décembre dernier la marque symbolique des 4000 matches consécutifs avec un membre formé à l’Academy présent sur la feuille de match, en cours depuis octobre 1937 – doit permettre à Manchester United de progresser encore et de viser un objectif réaliste. Soit une place dans le top 4 au minimum (le club n’a pas enchaîné cette performance lors de deux saisons consécutives depuis 2011-2012 et 2012-2013) tout en visant le podium derrière les deux favoris annoncés, Liverpool et City.
Le rêve de viser plus haut existe, si les circonstances et les défaillances d’un des deux gros le permettent. Les trois demi-finales disputées (League Cup, FA Cup, Europa League) sans la possibilité de rêver d’une dernière rencontre pour la gloire (dernière finale disputée en FA Cup en 2018 sous l’ère Mourinho) attestent de l’avancée effectuée par l’équipe du « baby face killer ». Toutes les compétitions doivent se jouer à fond, dans cette quête d’un premier trophée depuis 2017.
Cette rédemption qu’Ole Gunnar Solskjaer, accompagné de ses trois fidèles adjoints (Mike Phelan, Michael Carrick et Kieran McKenna) souhaitent mener est en marche. Ces valeurs propres à United, et si longtemps disparues, paraissent de nouveau bien inculquées à l’ensemble de l’institution. La route reste longue pour United. Mais le club semble enfin emprunter la bonne voie. Reste à espérer qu’il ne s’agisse pas une nouvelle fois d’une impasse. So, Ole’s at the wheel ?