Le Corner
·20 juin 2020
Le Corner
·20 juin 2020
Il y a le palmarès, les guerres médiatiques avec Wenger ou Guardiola, les titres et les stars. Mais avant cela, il y eu la jeunesse, la formation et la montée en puissance dans l’anonymat. Une période pendant laquelle il fut tour à tour étudiant à la fac, professeur d’EPS, entraîneur de jeunes, et adjoint plus ou moins traducteur. José Mourinho, ou la genèse d’une carrière hors-normes.
1982, l’Instituto Superior de Educação Fisica (ISEF) de l’Université Technique de Lisbonne reçoit sa nouvelle promotion d’étudiants. Au milieu des nouveaux arrivants, un jeune footballeur de dix-neuf ans, originaire de Setubal. Jose Mario Dos Santos Mourinho Felix est le fils de Felix Mourinho. Ancien gardien de but de première division portugaise sélectionné une fois en équipe nationale, Felix Mourinho est ensuite devenu entraîneur. Exerçant essentiellement en deuxième division, il change souvent de club au gré des contrats et des licenciements.
Le jeune José est un bon footballeur mais clairement trop limité pour devenir pro. Sa mère tente bien de le diriger vers un cursus commercial mais il renâcle. Sa conviction est faite. Il intégrera l’ISEF et deviendra entraîneur.
A peine arrivé, il fait la connaissance de Manuel Sergio, légendaire professeur de philosophie au sein de l’institution. Quand ce dernier apprend que son nouvel étudiant vise le métier d’entraîneur, il lui donne de précieux conseils : ne pas se borner à apprendre le football, élargir au maximum son champ de compétences et prendre l’homme dans sa globalité, pas seulement les aspects physiques ou technico-tactiques car « le football n’est pas seulement une activité physique, mais humaine. Il faut toujours se demander quel homme ressortira de l’entraînement. »
Pour mettre en pratique les conseils de celui qui deviendra sa principale source d’inspiration, Jose Mourinho va bénéficier de la conséquente formation dispensée à l’ISEF. La fac est surtout une formation destinée à devenir professeur de sport. De fait, la formation purement footbalistique y est relativement faible. Mais on apprend à entraîner des athlètes via toutes les facettes de la performance : physiologie, philosophie, psychologie, biomécanique… Mourinho absorbe tout et apprend beaucoup. S’il réussit l’examen de professeur de sport à l’issue de son cursus et devient enseignant dans un lycée de Setubal, il ne perd pas de vue son objectif. Une première opportunité s’offre à lui en 1987 quand le Vitoria Setubal, le club phare de la ville, le nomme entraîneur des juniors.
Âgé de seulement vingt-quatre ans, Mourinho est une sorte de grand frère pour ses joueurs, qui sont d’ailleurs, pour certains, ses élèves en tant que prof d’EPS. Mais il décide de mettre en application dès le début les principes appris à l’ISEF en ajoutant un principe cardinal : tout faire avec le ballon, puisque de toute façon, le physique ne sera pas travaillé séparément du reste. L’ancien défenseur José Cancela se souvient : « Les entraînements étaient durs. On s’entraînait beaucoup avec le ballon. Les coups de pied arrêtés étaient très bien travaillés. Tout était bien défini. Il préparait des schémas avec les différentes situations possibles et le positionnement de chacun. »
La plupart de ses joueurs gardent un souvenir spécial de Mourinho. Un coach capable d’être complice ou très dur selon les circonstances. Un coach avec qui le foot reste un plaisir, mais avec lequel il est néanmoins hors de question de plaisanter dès qu’il s’agit de bosser. En témoigne cette anecdote où ses joueurs s’étaient vus opposer une fin de non recevoir à l’idée de s’entraîner maquillés pendant le carnaval de Setubal.
Surtout, Mourinho garde bien en tête l’aspect le plus crucial, seuls les résultats valident la méthode. Dans un pays vivant sous le joug du trinôme Benfica-Sporting-Porto, le Vitoria Setubal est certes un club de bon niveau, mais de second plan. Problème supplémentaire, la proximité entre Lisbonne et Setubal, couplée à l’organisation en poules régionales des compétitions de jeunes, offre aux joueurs de Mourinho le « privilège » de devoir affronter tous les ans les deux clubs de l’hydre lisboète. Pourtant, malgré un recrutement relativement limité, les résultats suivent.
Dès sa première saison, son équipe réalise une série de quinze matchs sans défaite et 1120 minutes sans encaisser de but. Et surtout, le Vitoria remporte un tournoi international francilien dont le plateau rassemble entre autres Saint-Etienne, l’Atletico Madrid, le PSG et le FC Bruges.
Mourinho impressionne et détonne avec ses idées novatrices. Manuel Fernandes, avant-centre chez les pros dont la carrière touche à sa fin lors de la saison 1987-1988 et entraîneur les deux saisons suivantes, observe les méthodes du prodige pourtant seulement entraîneur de jeunes et treize ans plus jeune que lui. Comprenant que ce jeune coach est clairement fait d’un autre métal, Fernandes décide de le prendre comme adjoint quand il est nommé entraîneur de l’Estrela da Amadora. José, qui se voit pour la première fois proposer d’intégrer un staff professionnel, ne peut pas laisser passer cette opportunité. Ses jeunes joueurs qu’il a amenés plus haut que dans leurs rêves les plus fous sont dévastés. La suite ne sera que déception. « Mourinho est parti et on a senti la différence, déplore João Mota. Son successeur n’y pouvait rien parce qu’il venait remplacer celui qui, pour nous, était déjà le meilleur du monde. »
La plupart des joueurs de l’Estrela se souvient des débuts de Ze Mario. Si son nom leur était inconnu avant son arrivée, eux aussi comprennent vite que le petit nouveau est bien plus compétent que son anonymat le laisse supposer: « C’était moderne et agréable pour les joueurs, se souvient Rui Neves. Souvent, cette partie physique était contrariante mais Mourinho avait des méthodes intégrées et intégrantes.» L’Estrela da Amadora est un club arrivé au plus haut niveau en 1988 seulement. Mais sur sa dynamique, il remporte la Coupe du Portugal en 1990. Quand Fernandes arrive cet été là avec Mourinho dans un club qui va disputer sa première coupe d’Europe, le duo pense profiter de la lancée pour monter encore. Le retour de bâton sera terrible.
Certes le club remporte son match aller de Supercoupe du Portugal et passe son premier tour de Coupe d’Europe contre les Suisses de Neuchâtel Xamax, mais l’Estrela est relégable après neuf journées. Mourinho s’épanouit quand même dans ses nouvelles fonctions notamment parce qu’il a le même âge que ses joueurs et que Fernandes lui laisse une grande liberté, surtout dans le relationnel avec le groupe, pour un adjoint. De plus, Mourinho et Fernandes lancent le jeune Abel Xavier, futur international portugais. Toutefois le juge de paix des résultats est terrible. Sept matchs sans succès avant la trêve hivernale couplés à une défaite dès le match de reprise et une place de relégable scellent la première expérience de coach professionnel de José Mourinho.
La saison suivante, Fernandes est nommé entraîneur d’Ovarense, un modeste club qui connaît sa première expérience en deuxième division. Dans un club à petit budget, Fernandes ne peut constituer de staff trop important et ne peut prendre Mourinho avec lui. Ce dernier redevient professeur d’EPS. Néanmoins, Fernandes lui propose quelques missions ponctuelles d’observateur des futurs adversaires d’Ovarense pour lui permettre de garder un pied dans le métier. De plus, Fernandes va une nouvelle fois forcer le destin du jeune coach. Nommé adjoint de Bobby Robson au Sporting pour la saison 1992-1993 Fernandes pistonne Mourinho pour le poste de deuxième adjoint. L’une des compétences requises étant la maîtrise de l’anglais, que Mourinho parle correctement, puisque Robson ne parle pas un mot de portugais. De cette histoire, reste d’ailleurs une légende urbaine, celle selon laquelle le Sporting l’avait recruté comme traducteur et non comme entraîneur. Certes, recruté par le club sans l’aval du coach en grande partie pour sa maîtrise de la langue de Shakespeare, Mourinho a pu être perçu seulement comme tel par Robson au tout début. Mais l’expérimenté coach anglais comprend lui aussi très vite que ce jeune entraîneur a un potentiel bien plus important. Même chose avec les joueurs qui vont très vite bénéficier des conseils de Mourinho.
La première saison est relativement correcte sur le plan domestique avec une troisième place en championnat et une demi-finale de Coupe du Portugal. La seule ombre au tableau est l’élimination dès le premier tour de Coupe de l’UEFA. Lors de la deuxième saison, l’équipe est en tête après onze journées, mais une élimination improbable dans cette même C3 face au Casino Salzbourg, le futur finaliste (connu aujourd’hui sous le nom de Red Bull Salzbourg), après avoir pourtant gagné l’aller 2-0 va sceller le sort du trio Robson-Fernandes-Mourinho d’une manière improbable. Sousa Cintra, le président du club, annonçant le licenciement du trio… au micro de l’avion qui ramenait l’équipe au Portugal après le match.
Le coup est rude mais les trois se relèvent vite. Si Fernandes devient entraîneur principal à Campomaiorense, Robson signe à Porto à peine un mois plus tard et emmène Mourinho avec lui. Les stars portuanes découvrent alors elles aussi cet adjoint pas comme les autres. « Mourinho apportait déjà de nouvelles méthodes » racontera d’ailleurs la star Rui Barros revenu au pays terminer sa grande carrière.
Si la première saison, qui a vu le duo arriver en janvier, se solde par un échec à deux points de Benfica dans la course au titre, la deuxième est la bonne. Lors de l’intersaison 1995, Bobby Robson doit subir une série de très sérieuses interventions chirurgicales qui le laissent sur le flan quelques mois. En l’absence du coach, c’est Augusto Inacio, ancien joueur du club et présent dans le staff avant l’arrivée de Robson qui devient entraîneur principal intérimaire. La période est difficile, les tensions entre les deux adjoints sont fréquentes.
Quand Robson revient, le club est déjà éliminé en Coupe d’Europe. Mais Porto conserve son titre de champion. Robson peut quitter le FC Porto en pleine gloire et partir au Barca pour succéder à Cruyff… toujours avec Mourinho dans les bagages. La situation est pourtant tout sauf simple. Nuñez, président du Barca a viré l’icône Cruyff et Robson est chargé de le remplacer. La comparaison est inévitable et pesante. Par ailleurs, les dirigeants catalans ne veulent pas d’un adjoint inconnu. Robson doit forcer pour imposer la présence de Mourinho.
Une nouvelle fois, Mourinho conquiert vite son monde. Notamment Hristo Stoichkov, ballon d’or 1994: « C’est à ce moment-là qu’il a commencé à se préparer pour devenir le meilleur entraîneur du monde. Tous les jours, il prenait des notes, il échangeait avec les membres du staff, les joueurs, il nous corrigeait, nous aidait… Il est très exigeant parce qu’on ne peut pas triompher sans exigence. »
Surtout, Mourinho prend de l’importance médiatique. Parlant couramment anglais, et correctement espagnol et français, le nouvel adjoint est souvent de corvée en conférence de presse dans la mesure où le Barca est un club médiatisé dans le monde entier. Ses premiers coups de sulfateuses sont célèbres. « Je lui conseillerais de moins parler et de travailler plus. » déclarera-t-il notamment au sujet de l’attaquant bosnien Meho Kodro, qui s’épanche dans les médias au moment de son départ.
Cette saison là verra l’éclosion du phénomène Ronaldo au Barca et les Blaugranas remporter la Coupe des coupes face au PSG et la Coupe du roi face au Betis. Mais une mauvaise saison en championnat scelle le sort de Robson. Trop nostalgique de Cruyff, les Catalans recrutent Van Gaal vainqueur de la C1 avec l’Ajax deux ans plus tôt et placent Robson dans un placard doré de directeur du recrutement.
Mourinho se voit offrir un poste d’entraîneur principal à Braga. Mais Van Gaal qui le connaît de réputation lui propose d’intégrer son staff. Mourinho décide de finir son contrat à Barcelone en se disant que Van Gaal pourra aussi le faire progresser. Robson quittera par ailleurs le Barca moins d’un an plus tard pour signer au PSV Eindhoven.
Mourinho va surtout en profiter pour apprendre et se faire la main. Van Gaal est un homme qui planifie beaucoup sur le long terme, ce que Mourinho apprend, et laisse énormément ses adjoints gérer le quotidien. José accumule une expérience considérable auprès du Néerlandais et complète son palmarès avec deux titres de champion en 1998 et 1999. Il fera d’ailleurs son premier match sur le banc en tant qu’entraîneur principal désigné lors d’un match de Coupe de… Catalogne au printemps 1998. Ironie du sort, il dirigera aussi au Barca celui qui n’est encore qu’un milieu de terrain à tout faire, son futur rival Pep Guardiola.
Lors de la saison 1999-2000, Mourinho en profite pour passer ses diplômes UEFA d’entraîneur. Ronald Koeman, autre adjoint de Van Gaal, part au Vitesse Arnhem inaugurer sa carrière de coach principal. Mourinho sait qu’il doit aussi en passer par un départ pour enfin devenir ce que son talent lui promet. Il refuse deux offres du SC Braga et une autre pour redevenir adjoint de Robson, entre temps parti à Newcastle, avec la garantie de lui succéder un an plus tard.
Par ailleurs, un changement de présidence intervient à la tête du club qui propulse Serra Ferrer coach principal à l’été 2000. Mourinho demande sa libération, alors qu’il lui reste un an de contrat, que le club lui accorde sans problème et rentre à Setubal où il en profite pour s’accorder du repos. La pause sera de courte durée. En septembre, Jupp Heynckes quitte Benfica après un début de saison poussif. Comme à chaque changement d’entraîneur d’un des trois mastodontes portugais, la presse est en effervescence. Celle-ci bruisse du retour de Toni sur le banc benfiquiste après les avoir déjà entraînés deux fois. Mourinho est alors invité pour un entretien et entend l’information à la radio sur le trajet. Furieux de se voir encore, croit-il, proposer un poste d’adjoint alors qu’il a clairement annoncé ne plus en vouloir il appelle le club. Les dirigeants doivent lui annoncer la nouvelle par téléphone : il est nommé entraîneur principal de Benfica.
Trop heureux de se voir enfin offrir sa chance, Mourinho ne fait aucune difficulté sur son salaire et prend comme adjoint une légende des aigles, l’ancien défenseur brésilien Carlos Mozer. Pour les joueurs, c’est la surprise. Certes, son poste au Barca lui a donné de la visibilité, mais pas au point, pensent-ils, de viser ce genre de poste. Pourtant, dès le début, Mourinho marque son territoire. « Que celui qui a peur reste à la maison. Celui qui ne pense pas avoir le potentiel psychologique travaille toute sa vie dans des clubs de plus petite dimension annonce-t-il pour la conférence de presse de son premier match face à Boavista. Celui qui se sent en confiance pour se lancer dans ces guerres et avec la capacité technique et psychologique sera présent. » Le match se soldera par une défaite et Boavista gagnera d’ailleurs le titre en fin de saison.
Dès ses débuts Mourinho responsabilise les jeunes. Tous les joueurs se sentent concernés, y compris la réserve. Si les premiers résultats sont poussifs, Mourinho obtient petit à petit des victoires importantes et s’impose sans forcer dans ses nouvelles fonctions. Mais le sort est contre lui. Fin novembre, le président Vale e Azevedo, qui l’avait choisi, perd les élections. Manuel Vilarinho, le nouveau patron, veut clairement Toni comme coach. Il a beau dire que Mourinho finira la saison, personne n’est dupe. Par ailleurs, de nombreux problèmes de contrats polluent l’environnement de l’équipe. Mais les résultats suivent malgré tout. Notamment une victoire 3-0 lors du derby contre le Sporting. Et pourtant… Le Benfica et Mourinho se séparent trois jours plus tard après que Mourinho a tenté de négocier une garantie de finir la saison.
La suite est irrationnelle. Sans entraîneur après un limogeage du fait de la défaite dans le derby, le Sporting propose le poste à Mourinho. Mais les célébrations, disons excessives, de Mourinho lors de ce derby ne passent pas auprès des supporters et les dirigeants, sur le point d’annoncer son arrivée, finissent par se rétracter.
Mourinho se retrouve au repos forcé à Setubal lorsqu’au printemps 2001, se présente une offre : l’União Desportiva de Leiria cherche un coach. José Veiga, agent de Mourinho qui travaille souvent avec Leiria pour les recrutements de joueurs leur propose son poulain mais João Bartolomeu, le président du club, est persuadé qu’un entraîneur qui est passé par Porto et le Barca comme adjoint, et Benfica comme entraîneur principal ne voudra jamais signer dans un club modeste comme le sien et surtout qu’il ne se contentera jamais du salaire qu’il lui proposera. Pourtant, Veiga insiste, conscient qu’un club comme Leiria est idéal pour lancer vraiment la carrière de Zé Mario. Suffisamment structuré pour lui permettre de mettre en place ses idées novatrices, mais suffisamment modeste pour ne pas être soumis à la pression de résultats immédiats et de tractations politiques comme à Benfica. Le 16 avril 2001, Leiria officialise la venue de Mourinho comme entraîneur pour la saison 2001-2002. Clin d’œil de l’histoire, lors de la première montée du club en première division portugaise en 1979, l’entraîneur s’appelait Félix Mourinho, le père du jeune José âgé de seize ans, qui fêtait alors cette promotion dans les vestiaires avec les joueurs.
Ayant le temps de se préparer à sa fonction, Mourinho découvre surtout une nouveauté : pour la première fois de sa carrière, il doit composer son propre staff technique. Celui de Benfica ayant été composé plus ou moins dans l’urgence avec des gens déjà en place au club. Baltemar Brito est un de ses anciens coéquipiers dans les équipes de jeunes, Rui Faria avait fait un stage sous ses ordres au Barca pendant ses études à la fac de sport de Porto et Vitor Pontes, entraîneur des gardiens, est un ancien de la maison, déjà présent dans le staff précédent.
Très vite, les méthodes novatrices du nouvel arrivant séduisent : « Les entraînements étaient tous différents, c’était révolutionnaire » raconte Vitor Pontes. « Tout était avec le ballon. Le physique, la tactique… On n’était que sur le terrain » rajoute le milieu de terrain Tiago. « Je n’étais pas habitué à des méthodes comme les siennes, c’était révolutionnaire pour l’époque » complète le président Bartolomeu. « Mourinho a amené ce que les joueurs n’avaient alors jamais vu » renchérit Paulo Duarte.
Pourtant, les premiers résultats ne sont pas transcendants. Mais les joueurs, qui croient dur comme fer aux méthodes de leur nouveau coach, ne lâchent pas Mourinho. Et la mayonnaise finit par prendre. A la trêve, Leiria est cinquième, un résultat presque inespéré. A tel point qu’en décembre, une rumeur bruisse, Mourinho serait sur le point de signer à Benfica, qui l’a pourtant écarté moins d’un an avant. Sauf que Mourinho ne veut pas retourner à Benfica qui l’a traité comme un sous-fifre. Se présente alors l’offre tant attendue. Le FC Porto cogne à la porte. Le deal de départ est basique : Mourinho finit son contrat à Leiria en fin de saison 2001-2002 et sera coach des dragões à la reprise à l’été 2002.
Mais les résultats vont accélérer le cours des évènements. Fin janvier, Porto est cinquième derrière Leiria. L’entraîneur Octavio Machado est licencié et Mourinho débarque à Porto plus vite que prévu. Dès le premier jour, il est clair avec ses joueurs, il faut finir cette saison correctement en assurant au moins une qualification européenne et jouer le titre dès la saison suivante. A l’été il fait venir avec lui quelques uns de ses meilleurs joueurs de Leiria, dont l’avant-centre Derlei. Il tient alors parole et ramène le titre tant convoité à Porto, avec une Coupe de l’UEFA en prime. En 2003-2004, Porto, intouchable, conserve son titre et remporte la Ligue des Champions en étrillant Monaco 3-0 en finale. L’Europe entière se pâme devant cette équipe sans grande star mais au jeu collectif quasiment infaillible.
En fin de contrat à Porto, Mourinho est alors l’entraîneur le plus demandé d’Europe. Il signe à Chelsea en emmenant dans ses bagages Ricardo Carvalho et Paulo Ferreira (Maniche suivra un peu plus tard). Lors de sa conférence de presse de présentation, Mourinho lance son désormais légendaire « I am the Special One ». La légende peut alors commencer…