le11
·4 décembre 2024
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·4 décembre 2024
Entre changement de système, poids des années et concurrence accrue, le statut des cadres que sont Florian Sotoca et Jonathan Gradit est de plus en plus remis en cause au RC Lens. Un équilibre rompu définitivement ? Décryptage.
Ils ne comptent chacun que deux titularisations sur les quatre derniers matches du RC Lens, et aucun n’a disputé une rencontre en intégralité sur cette même période. Cela relevait pourtant de l’évidence il y a encore quelques semaines pour les inamovibles Florian Sotoca et Jonathan Gradit, mais les deux trentenaires sont pourtant sur la pente descendante dans la hiérarchie établie par Will Still à leur poste. Si chaque cas a ses spécificités, les deux hommes au parcours similaire et à la maturation lente se retrouvent aujourd’hui dans une situation semblable, avec des causes qui le sont tout autant.
Élément le plus récent mais peut-être le plus impactant, le staff du RC Lens a décidé d’opérer un virage à 180 degrés à Reims en délaissant sa défense à trois pour installer un 4-2-3-1. Un système loin d’être idéal pour les deux cadres lensois. Florian Sotoca, joueur de demi-espace droit par excellence, pouvait s’exprimer comme bon lui semblait en soutien de l’attaquant au cœur du 3-4-2-1 de Franck Haise, ou dans une attaque à deux têtes dans le 3-4-1-2 initialement installé par Still. Dans le 4-2-3-1, son manque d’explosivité et de percussion le rend moins pertinent sur l’aile droite, quand la concurrence en pointe (Nzola, Saïd, Labeau-Lascary) ou en 10 (Fulgini, Zaroury, Pereira da Costa…) bouche tout horizon à court terme.
Pour Jonathan Gradit, le constat est sensiblement le même. Devenu une référence en Ligue 1 dans un rôle d’axial droit d’une défense à trois, le défenseur de 32 ans n’est pas aussi à l’aise à quatre. Les raisons : un profil athlétique un poil léger et pas forcément adapté à une charnière à deux ; un rôle de latéral droit qui, s’il était son poste à Tours, est peu à peu devenu une option de dépannage au fil de la carrière et du poids des années. À respectivement 34 et 32 ans, Sotoca et Gradit sont aussi contraints par le cycle de la vie et le poids des années se fait logiquement ressentir sur leur rendement. Si le second tient globalement le choc, ne faisant pas tache dans la défense lensoise, le premier subit un réel coup de moins bien – il affiche d’ailleurs la moins bonne moyenne de la saison du RC Lens dans notre baromètre.
Le RC Lens sauvé par ses individualités défensives
Derrière eux, pousse un groupe rajeuni par les précédents mercato ou l’intégration de jeunes issus de la Gaillette. Jonathan Gradit est le plus exposé à cette concurrence renforcée. Aux côtés des indiscutables Kevin Danso et Facundo Medina, défenseurs de niveau international, l’ancien Caennais avait été le premier à trinquer face à l’émergence de l’impressionnant Abdukodir Khusanov (20 ans). Le passage à quatre l’a définitivement condamné, mais il était menacé par une concurrence croissante depuis le début de saison. Ce qui est un peu moins le cas pour Florian Sotoca.
L’attaquant avait bien remarqué que le secteur offensif avait été renforcé par les arrivées de M’Bala Nzola et Martin Satriano, en plus du retour de prêt de Rémy Labeau-Lascary, mais son profil unique de joueur d’association, son vécu lensois et son statut de cadre lui assurait une place de titulaire, au moins durant les premières semaines de compétition. Si le passage en 4-2-3-1 ne va pas forcément valoriser ses qualités, il pourrait moins l’exposer à la concurrence. Dans l’effectif actuel du RC Lens, aucun joueur n’est un ailier droit de prédilection. Seul Labeau-Lascary (21 ans), encore loin d’être installé, peut le concurrence jusqu’au mercato d’hiver. Alors qu’il a prévu de dégraisser, il n’est pas dit que le board lensois recrute de façon certaine à ce poste.
Baptiste Fernandez/Icon Sport
Przemyslaw Frankowski pourrait être une option, mais le Polonais est le seul latéral droit disponibles en l’absence de Ruben Aguilar et Jimmy Cabot. Jonathan Gradit pourrait être amené à dépanner à ce poste, mais il ne représente aujourd’hui pas une option viable. Le natif de Talence demeure tributaire du mercato lensois, qui devrait toutefois l’arranger. Abdukodir Khusanov est suivi de toutes parts, et un départ hivernal est clairement envisagé. Ce qui pourrait offrir une possibilité à Gradit, possible axial droit aux côtés de Kevin Danso quand Facundo Medina est décalé au poste de latéral gauche.
Autrement dit, si l’avenir de Florian Sotoca et Jonathan Gradit au RC Lens n’est évidemment pas barré et que tous deux ont des arguments à faire valoir – sans même parler de leur leadership -, les deux trentenaires n’ont aujourd’hui plus les cartes entre leurs mains. Une première pour deux symboles de la renaissance lensoise et de ses valeurs, de la Ligue 2 à la Ligue des champions.
Crédits photo : Maxime Le Pihif/Icon Sport