OnzeMondial
·20 mai 2025
Rivaldo, cette légende brésilienne du Barça trop souvent oubliée

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·20 mai 2025
Avec le Barça ou le Brésil, Rivaldo est sûrement un des plus grands joueurs de l'histoire. Pourtant, on l'oublie souvent quand les discussions deviennent sérieuses.
Dans sa boîte à bijoux, Rivaldo a d'abord trouvé de la poussière. Né dans une favela de Recife, il est issu d'une famille extrêmement pauvre et souffre de malnutrition. Il en perd quelques chicots et se concentre sur la survie plutôt que l'école. Ses journées, il les passe à vendre des babioles sur la plage, laver des voitures et jouer au ballon. Il grandit, il a les jambes arquées et une allure bizarre. Il lave toujours les pare-brises, joue de mieux en mieux au ballon et fouille un peu mieux dans sa boîte à bijoux.
Il y trouve un rêve: devenir footballeur. Il s'entraîne dur, fait des essais dans tous les clubs de la région et se fait repérer par le Santa Cruz FC, un club de seconde division à 15 km de chez lui. Pas d'argent pour le bus, il y va à pied, matin et soir. Un jour, il rentre chez lui, il a 16 ans et apprend que son père est mort, écrasé par un bus de la ligne 37. Il regarde d'un peu plus près son rêve et se dit qu'il deviendra professionnel au Santa Cruz FC. C'est ce que la vie lui a donné et c'est déjà pas mal.
Seulement voilà, dans sa boîte à bijoux, Rivaldo a aussi un formidable pied gauche. Un truc venu des cieux capable de caresser le ballon comme personne, de l'envoyer dans la lucarne de 30 mètres aussi bien que de le déposer en feuille morte avec la délicatesse d'un comte. Mori Mirim, club de première division vient le chercher puis les Corinthians en prêt voient bien que le gamin a un truc en plus. Il quitte les Corinthians pour le club rival de Palmeiras, y plante 55 buts en deux saisons et y gagne son premier titre, celui du championnat Paulista.
En 1996, départ vers l'Europe, au Deportivo La Corogne, le monde va pouvoir le découvrir. Il a posé le couvercle de sa boîte à bijoux sur la table et montre tout ce qu'il a dans le ventre. C'est un pur crack, tout le monde peut le constater. Ses feintes font frémir les défenseurs de Liga, sa panoplie est si large, ils ne savent jamais ce qui va leur arriver, crochets, petits ponts, feintes de corps, il maîtrise tout. Mais c'est surtout son rythme qui les terrorise. Rivaldo a une capacité jamais vue à s'arrêter et démarrer, à accélérer et ralentir qui laisse tout le monde sur le bas-côté. Il est insaisissable et forme un duo dévastateur avec Mickaël Madar sur le front de l'attaque galicienne.
Le monde ne lui résiste plus. Barcelone vient le chercher pour fureter avec lui cette boite à bijoux qui paraît désormais sans fond. Sa tâche s'annonce ardue, il doit remplacer Ronaldo Fenomeno et s'entendre avec Van Gaal. Il n'est pas un surhomme, les prises de bec avec le Batave seront nombreuses mais 19 pions dans la besace et un doublé Liga - Copa del Rey clôtureront son premier exercice. Il est l'alpha et l'omega des Catalans, celui par qui tout passe, et s'il oublie parfois ses coéquipiers, c'est parce qu'il sait trop bien se débrouiller seul. Et s'il était tout simplement devenu le meilleur joueur du monde ?
La réponse se trouve comme toujours dans sa boîte à bijoux. En plein milieu, sous les avalanches de buts et les passes décisives, il trouve le Ballon d'Or qui lui va si bien. On est en 1999, il est toujours aussi timide et réservé, mais son jeu parle pour lui. Il est au sommet de son art et rien ne lui résiste. Dans sa boîte à bijoux, il y a tellement d'autres choses. Ce triplé fabuleux inscrit un soir de juin 2001 alors que Barcelone joue sa qualification en LDC pour la saison d'après. Un coup franc magistral pour commencer, une frappe de mammouth pour la suite et puis ce retourné évidemment. À l'entrée de la surface, à la 94ème minute, contrôle poitrine et bicyclette, peut être le plus grand but de toute l'histoire.
En fouillant encore un peu au fond de sa boîte à bijoux, Rivaldo trouve une Coupe du monde en 2002 dont il est sûrement le meilleur joueur mais ne récolte aucun honneur, et une LDC avec le Milan où il ne joue pas mais reçoit la médaille. Un joueur de paradoxes, à l'aura spéciale, incontestablement un des plus grands à n'avoir jamais tapé dans un ballon et pourtant si souvent oublié quand on vient à parler des tout puissants.
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