Le Journal du Real
·1 mars 2025
Un problème tactique aux solutions multiples pour le Real Madrid ou les conséquences de l’absence de Ceballos
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Le Journal du Real
·1 mars 2025
Une véritable éclaircie au Real Madrid, finalement assombrie à quelques minutes du terme de la demi-finale aller de Coupe du Roi, ce mercredi chez la Real Sociedad, lorsque Dani Ceballos s’est vu contraint de céder sa place. Le néo-titulaire souffre d’une lésion au muscle semi-membraneux affectant le tendon de sa jambe gauche. Autrement dit, selon les informations de la presse ibérique, une absence de deux mois aurait été fixée pour l’ancien joueur du Real Betis. Un verdict résonnant comme un coup de massue dans la capitale.
Partie en début de saison dans la peau d’un chauffeur de banc. Élevé ensuite au grade de titulaire intérimaire au sein d’un poste qu’il ne connaît pas. Pour finalement surprendre bon nombre de suiveurs, en représentant un élément insolvable du onze de départ du Real Madrid. Son absence se révèle ainsi accompagnée de nouvelles questions tactiques, dont les réponses apparaissent d’ores et déjà complexes, mais pas impossibles à résoudre.
Affirmer que Dani Ceballos incarnait le prédécesseur de Toni Kroos serait une hyperbole, certes. Néanmoins, obligé d’admettre que ce dernier a pleinement assumé ses responsabilités depuis novembre dernier. L’on parle ici d’un rôle de numéro six, véritable plaque tournante de l’équipe durant les phases préférentielles de relance courte, qui manquait à ce Real Madrid.
Pendant que Tchouaméni continuait à décevoir en tant que sentinelle, que Camavinga apprenait en alternant entre bon et moins bon. Ceballos, quant à lui, est parvenu à tirer son épingle du jeu. Contrairement à la grande majorité de ces partenaires, durant cette phase de jeu si décisive, le natif de Séville réussissait à accélérer le jeu en jouant en une, deux touches de balle afin de créer des décalages et de franchir le pressing adverse.
D’ailleurs, si ce poste clé du milieu détient pour mission de transmettre le ballon aux offensifs, il inclut surtout de ne pas perdre la possession. Au cœur de cette zone tant axiale que proche des cages, une récupération s’avère à minima synonyme de grosses occasions adverses.
Une tâche complexe que Ceballos semblait pourtant avoir pleinement intégré, le N°19 madrilène se révélant plus que fiable en ne prenant aucun risque inutile. Cela allait plus loin, ce dernier multipliant les gestes, les consignes envers ses partenaires, tel un chef d’orchestre guidant sereinement des musiciens en confiance.
Chercher à rendre ses partenaires limpides tout en se rendant constamment disponible sans ballon. Un rôle sur le papier simple, mais en réalité complexe, mais surtout presque unique à Madrid, qui représente dès lors sa principale valeur ajoutée. Ajoutez à cela une flexibilité, une capacité rare au Real à constamment s’adapter à la typologie du pressing adverse, et sa perte se manifeste d’autant plus importante.
Face à ce trou béant qui semble apparaître au cœur du jeu, deux ciments français semblent néanmoins être à disposition de Carlo Ancelotti pour colmater cette brèche. Les noms ? Eduardo Camavinga et Aurélien Tchouaméni. Tous deux titulaires en début de saison à ce rôle de sentinelle. Tous deux n’ayant au final pleinement satisfait… Mais tous deux possédant des qualités qui, utilisées à bon escient, pourraient parfaitement répondre à cette problématique.
D’un côté, Eduardo Camavinga nous a déjà exprimé, par séquence, toute sa classe balle au pied face à d’importantes vagues de pression adverses. Véritable plaque tournante au penchant « box to box », ce dernier s’avère lui aussi capable de se retourner tout en conservant la balle, même au milieu de plusieurs joueurs. Et contrairement à Dani Ceballos, l’international français amène à son jeu des projections balle au pied, laissant son volume de jeu guider ses initiatives.
De surcroît, passé cette première phase, Camavinga ne se contente de laisser les Jude, Vinicius ou encore Mbappé construire les offensives, non. L’ancien Rennais cherche constamment le décalage à l’aide de passes tranchantes, de projections sans ballon en direction de la surface, voire de frappes lointaines. Certes, ses sauts de concentration, couplés à une irrégularité, viennent entacher ses performances malgré son talent. Toutefois, Eduardo Camavinga nous l’a démontré de novembre à octobre 2024 : lorsque le Real Madrid a besoin de lui, il répond présent.
Dans un tout autre style, le défenseur par besoin, mais sentinelle par métier, Aurélien Tchouaméni incarne, de même, un remplaçant plus que satisfaisant à Ceballos. Car si le tricolore n’excelle dans le domaine de la relance courte, sa qualité de jeu long vient largement compenser cette minime carence. Cette verticale, saupoudrée de longues diagonales en profondeur qu’affectent tant les offensifs, sous-entend une rampe de lancement précise techniquement. Et cela tombe à pic, Tchouaméni est capable d’orienter, d’allonger le jeu à sa guise. Un atout, une véritable corde à son arc bien plus développé que celle de son coéquipier espagnol.
Finalement, cette capacité de Ceballos à avoir enchaîné les matchs sans jamais s’effondrer se voit tout de même à nuancer avec ce plafond de verre évident qui lui colle à la peau. Une limite que ces jeunes milieux madrilènes, faute pour l’instant de régularité, semblent pouvoir largement dépasser à terme.
Alexis Gallot
Direct