Lucarne Opposée
·13 octobre 2021
Lucarne Opposée
·13 octobre 2021
Nacional et Peñarol s’imposent et mettent la pression sur Plaza Colonia au classement annuel. Liverpool redresse la barre avec une victoire difficile à Maroñas contre la IASA, alors que Torque, sans lever les foules, continue sa bonne campagne. Il reste une dizaine de matchs en Uruguay, rien n’est fait.
Le football moderne est fait de mouvements de joueur incessants. La raison en est assez simple : faire sortir de l’argent du monde du football, monde souvent « à but non lucratif », vers celui d’intermédiaires, agents, représentants. C’est d’autant plus le cas dans un football pauvre comme l’est le football uruguayen. Son football est pauvre, mais l’homme qui se dit « le plus riche du pays » n’est autre que Francisco Paco Casal, qui a fait fortune avec sa société d’agents/possesseurs de parts dans des joueurs de football. Tout cela fait qu’on s’attache à une institution mais rarement à un joueur en Uruguay. On a à peine le temps de les connaître qu’ils partent. Puis ils reviennent, puis ils repartent. Jamais ils ne s’installent dans le championnat, encore moins dans un club. Alors parfois, surtout pour les équipes que l’on voit moins, il est difficile de suivre la logique des effectifs. Certaines équipes (comme Cerro Largo par exemple) changent tellement souvent de joueurs qu’il est impossible de sortir des joueurs du onze même après les avoir vu quatre-cinq fois dans la saison.
Et puis il y a le match de ce week-end entre Fénix et Nacional au Capurrro. Un match chargé de petites histoires, de souvenirs, de carrières brisées et de joueurs que l’on a vu tout au long des dix dernières années, en bien ou en mal, des « pépites », des étoiles filantes, des astéroïdes, des comètes, des joueurs ayant passés une décennie sous la lumière des quelques rampes du football uruguayen, tout un bestiaire céleste (en français dans le texte). Et cela laisse un sentiment étrange mais assez satisfaisant. Côté Fénix, on avait deux étoiles filantes qui comme toute bonne étoile filante n’est qu’un petit caillou ayant pris feu dans l’atmosphère et qui donc n’a même pas eu le temps de toucher le sol. On parle ici de Rodrigo Amaral et de José Luis Rodríguez. Amaral, quel joueur ! Balle au pied, le meilleur de sa génération, et il est de la génération U20 de 2017 dans laquelle il évoluait avec Valverde et De la Cruz… Dans cette génération figuraient également Pumita Rodríguez latéral droit ayant ce vice insupportable dans le football moderne de vouloir monter toujours et toujours dans son couloir. Il a lui aussi atterri du côté de Capurro. On avait aussi tout un tas d’autres étoiles avec par exemple Maureen Franco, meilleur buteur en activité du championnat uruguayen, mais aussi Ángel Rodríguez (étoile variable puisqu’il s’agit de celui du River de Carrasco mais aussi du Peñarol de Da Silva) ou encore Juan Álvez, trente-huit ans dont huit avec Fénix. J’en passe et des meilleurs, puisque sur le banc figure une étoile de la chanson, Fabian Larry Estoyanoff. Côté Nacional, on retrouve en attaque Gonzalo Bergessio, étoile du club au XXe siècle puisqu’il en est devenu le meilleur buteur pour cette période, mais aussi la comète Brian Ocampo qui est tranquillement en train de s’éloigner de notre horizon par des performances plus que moyennes, ou encore Maxi Cantera qui, pour filer la métaphore jusqu’au bout est un astre errant, ayant déjà joué pour cinq clubs de première division uruguayenne à vingt-sept ans… Le tout est dirigé par deux vieilles étoiles, Pallas côté Fénix et Ligüera côté Nacional, même si Ligüera a reçu un hommage appuyé de Fénix car il y a joué une bonne partie de sa carrière.
Tout cela faisait que ce match avait un brillant un peu spécial. Une certaine magnitude. Et parfois, les matchs pour lesquels il y a une certaine attente sont finalement moins intéressants que prévus. Ce ne fut pas le cas, avec un match tout feu tout flamme. Maxi Cantera, attaquant en soutient de Gonzalo Bergessio, ouvre d’abord la marque d’une frappe contrée du bras droit par un joueur de Fénix. Nacional domine les quarante premières minutes, touche le poteau par un Bergessio peu brillant, mais il est rejoint en cela par Maureen Franco qui touche lui aussi la barre transversale. Il faudra attendre une erreur de Marichal sur corner pour que Fénix égalise juste avant la pause. Le retour des vestiaires est l’apogée d’un joueur pendant vingt minutes, Rodrigo Amaral. Il n’était pas titulaire au début de saison, car une équipe de Carrasco joue trop vite, trop écartelée sur le terrain pour lui. Il a besoin de patience, de ne pas trop courir et d’avoir les clefs de l’équipe. Dans la tactique de Pallas, arrivé en cours de route, beaucoup plus défensive, il joue comme dans un fauteuil. Il n’est clairement pas dans la meilleure des formes possibles, impossible de savoir si c’est un problème de santé ou d’alimentation, mais il a encore un touché de balle merveilleux, qui lui permet de se procurer une constellation d’occasions incroyables, dont une reprise de volée très compliquée, magnifiquement effectuée, qui vient s’écraser sur la barre transversale d’un Rodríguez (Rochet étant avec la sélection) qui a effleuré le ballon. Avant cela, Fénix avait obtenu un penalty bien arrêté par le même Rodríguez qui a particulièrement brillé hier. La demi-heure après la reprise a aussi été celle du Pumita Rodríguez, repositionné au milieu par Pallas pour pouvoir plus graviter en attaque sans mettre en danger sa défense. Petit-pont, grand-pont, le Pumita a tout fait… Et à la fin, c’est le Bolso qui a gagné sur un but de Méndez sur un très bon centre de Leandro Fernández. La vie est parfois injuste, Rodrigo Amaral en sait quelque chose. Parfois, aussi, les étoiles s’éteignent.
Côté Nacional, grosse satisfaction avec la deuxième victoire en toute fin de match en deux semaines. Cela permet de se laisser quelques espoirs au classement, même si Peñarol est devant. Les points d’hier portent le nom de Martín Rodríguez, le gardien remplaçant, qui a fait l’impossible sur quelques occasions et qui a complètement éclipsé la bonne performance de l’attaque de Fénix. Il n’a encaissé qu’un but, celui de son collègue Marichal, fébrile hier. Pour le reste, les remplaçants ont fait du bien en fin de match, que ce soit Santiago Ramírez (frère de celui de l’ASSE) ou D’Alessandro qui a dynamisé le jeu étant partout avec le ballon alors que Fénix s’éteignait. Côté Fénix, il n’a pas manqué grand-chose. Quelques centimètres parfois. Bon match donc d’Amaral, des défenseurs Martirena, Toledo mais aussi Álvez. Il n’a manqué qu’un peu d’efficacité. Dans tous les cas, avec sa huitième place au classement annuel, le club est plutôt sur une bonne trajectoire.
Le match entre Peñarol et Rentistas la veille a été beaucoup moins intéressant avec une belle ouverture du score du Mono Pereira dès la deuxième minute sur une passe de Gargano (une action très Uruguay 2011). Cet avantage, Peñarol va le conserver pendant tout le match. Bentancourt, titularisé pour la première fois côté Peñarol a été brouillon, il faut dire qu’il n’a pas joué depuis longtemps. Du côté du Bicho, le match n’a pas été foncièrement mauvais mais il manqué un vrai buteur, Franco Pérez étant encore un peu tendre. Peñarol souffre sans ses trois internationaux mais prend les trois points. C’était son objectif et ils se contenteront de ce match tiède.
Pour le reste, Progreso continue les bonnes performances avec une victoire importante pour le maintien contre River Plate. Torque bat Wanderers et reste en embuscade au classement annuel. Cerro Largo et le Deportivo Maldonado font match nul pendant que Boston River marque aussi des points importants pour le maintien contre le presque-déjà condamné Villa Española.
Direct