Lucarne Opposée
·3 décembre 2024
Lucarne Opposée
·3 décembre 2024
Il n’y aura donc pas de finale cette année et il y a une certaine logique à cela : Peñarol a été exceptionnel et mérite le titre. Dans une course finale qui s’apparentait à une séance de tirs au but, Nacional a loupé son avant-dernier tir en concédant le match nul contre Danubio. De son côté, Peñarol a confirmé son incroyable domination.
Les deux grands se suivaient depuis plusieurs semaines et Nacional se devait de continuer à gagner pour espérer forcer une finale en remportant le Clausura. Malgré l’impression d’avoir toujours été à la traîne, Nacional a réussi une très bonne saison avec quatre-vingt six points en trente-sept journées (seulement trois défaites), une qualification en huitième de Libertadores en sortant des tours préliminaires et une équipe qui globalement a montré de belles choses avec les revenants Nicolás López et Luis Mejia, les jeunes comme Jeremía Recoba ou Gonzalo Petit, le retour de Sebastián Coates. Avec ce même total de point, Nacional aurait gagné le classement annuel n’importe qu’elle autre année ces derniers temps. Las, le Bolso est tombé sur un adversaire immense et a montré, de temps en temps, des baisses de régimes inquiétantes. C’est dommage, car Nacional a dominé son adversaire de toujours lors des trois confrontations officielles de l’année avec deux victoires (dont une aux tirs au but) et un nul ! Des trois défaites au total en championnat, deux sont marquantes : contre Fénix à domicile 1-4 lors de l’Apertura et contre Rampla 2-1 lors du Clausura, deux équipes qui finalement descendent ! À deux journées de la fin, Nacional avait encore son destin entre ses mains mais, à Jardines, le Bolso s’est cassé les dents contre un bon Danubio et un excellent Mauro Goicoechea. Martín Lasarte a aussi titularisé López en pointe, prouvant encore que cette année aurait pu être différente sans la grosse blessure de Gonzalo Carneiro et sans les petites de Ruben Bentancur. La victoire contre Boston River lors de la dernière journée ne sert finalement à rien, mais il faut espérer voir Nacional garder son niveau et ses joueurs, car il y a une très bonne base. Juan Izquierdo ne sera pas champion pour une troisième et dernière année, mais il restera dans les mémoires.
Avec ce nul, Peñarol savait qu’une victoire contre Fénix lui assurait le titre après sa victoire lors de l’Apertura et après avoir gagné le classement annuel. Fénix, relégué à une journée de la fin de la saison, participe à la fête en offrant le premier but après trente secondes de jeu à Eduardo Darias. Guillermo Pereira double la mise contre son camp (sur un but dont, vu la poussette sur le joueur, on ne comprend pas qu’il est pu être validé). Ce même Pereira relance le suspense en réduisant l’écart à 2-1 avant la pause. On voit alors, pendant dix-quinze minutes, un Peñarol un peu moins sûr de soi, commettant quelques erreurs. Comme souvent, quand son équipe doute (même si le doute a été très relatif), Peñarol peut compter sur le meilleur joueur de la saison, que dis-je, de la décennie en Uruguay. Le meilleur tireur de coup-franc en activité sur terre. Et franchement, c’est un point qui se débat comme tout superlatif, mais je demande à voir qui est capable que lui de marquer huit coups-franc sur une saison, des tirs magnifiques, comme celui donc contre Fénix, proche de la ligne de touche, qui termine dans la lucarne d’un Requena que l’on aurait pu croire plus intelligent et moins avancé au vu du pedigree du tireur. La dernière demi-heure n’est déjà plus que fête, chants et hourra. Score final 3-1, Peñarol est champion d’Uruguay avec quatre-vingt-treize points et seulement deux défaites en trente-sept matchs.
Ce titre qui arrive tôt en décembre permettra de faire un bilan de cette saison historique. Elle se résume en une scène : le titre est acquis depuis dix minutes quand Aguirre prend le micro et crie, devant le stade en délire, « Vamos por la sexta ! ». Peñarol est Peñarol. Et Aguirre reste. Il sera difficile de faire une équipe type du championnat uruguayen sans qu’elle soit composée exclusivement de joueurs de Peñarol. Quelle équipe, composée non pas de vieilles gloires comme c’est souvent le cas (il n’y a que Gastón Ramírez dans cette catégorie et il a peu joué au final), il n’y a pas de jeunes pépites pour orpailleur/influenceur/scout d’un jour. Il n’y a pas de joueur ayant gagné la Libertadores U20 sauf Damián García. Dans ce onze, il y a des bons joueurs. Des cons aussi, mais des cons qu’on aime aimer comme Washington Aguerre. Des joueurs avec du cœur comme Lucas Hernández. Des joueurs avec une moustache comme Eduardo Darias. Et, dans ce onze, Leo Fernández a évidemment une place à part. Il a encore réussi un bon match, avec un but magnifique, comme à son habitude. Il termine meilleur buteur du championnat et le stade a vibré de longues minutes au son de « Leo no se va ». Les rêves de tout un peuple risquent se briser sur le mur de l’argent, mais le joueur a dans tous les cas reçu beaucoup, beaucoup d’amour. Partir est un échec, Leo. Revenir jeune a sans doute été la plus belle décision que tu n’aies jamais prise.
Le dernier suspense de cette dernière journée concernait la descente. Qui allait accompagner Maldonado et Fénix, assez logiquement relégués ? C’est finalement Rampla Juniors qui descend après un dernier nul contre Wanderers. Une victoire aurait permis aux Picapiedras de se maintenir mais ils ont encore été dominé tout le match et l’égalisation vient sur un penalty étrange en fin de match. Descente logique donc, pour une équipe qui a eu du mal à entrer dans le championnat après une montée validée à un mois du début du championnat. Torque et Plaza sont déjà assurés de monter, les barrages de deuxième division sont les derniers matchs à jouer cette année avec la finale de la Coupe d’Uruguay qui verra Nacional affronter Defensor, compétition que beaucoup de clubs ont refusé de jouer, comme Peñarol.