WebGirondins
·18 Maret 2025
ENTRETIEN. Cédric Hengbart : "Bordeaux a encore un esprit professionnel dans le jeu"

WebGirondins
·18 Maret 2025
L'entraineur de Blois Foot 41, Cédric Hengbart (44 ans) s'est confié à WebGirondins. Il a parlé sans détour avant le déplacement à Bordeaux ce vendredi pour la 22e journée de National 2.
Cédric Hengbart (44 ans) est un ancien joueur professionnel (plus de 500 matchs) qui a embrassé une carrière d'entraîneur depuis 6 ans. Le podcast de l'entretien est disponible en bas d'article.
WebGirondins : que retenez-vous de votre match face à Bourges le week-end dernier où vous arrachez un match (1 à 1) alors que vous êtes réduit à 10 dès la 3e minute de jeu ?
Cédric Hengbart dans le Talk : je suis content, car on prend un carton rouge au bout de deux minutes de jeu et Bourges était sur une série de 5 victoires de suite. C'était un match compliqué à jouer. J’avais décidé d'être en bloc plus bas qu'habituellement. On ouvre le score sur corner avec de la réussite, et Bourges égalise, c'est un très bon point pour nous.
Elle vous a impressionné cette équipe de Bourges, car, face aux Girondins, elle met beaucoup d'intensité ?
Oui, c'est pour ça que nous avons joué en jeu plus direct de d'habitude. On les a craints, car c'est une belle force de frappe. C'est une équipe très complète. C'est l'une des belles équipes du championnat.
Comment abordez-vous le déplacement à Bordeaux ce vendredi ?
Nous aurions préféré jouer au Matmut comme tout le monde. C'est toujours un plaisir de rencontrer des clubs que j'ai connu en étant joueur professionnel. Même si je préfère qu'ils soient en haut. On aborde ce match sereinement. La situation des Girondins est presque idéale pour nous, car ils sont en plein doute. Le prochain mauvais résultat sera fatal pour eux. On n'a rien à perdre et on va jouer notre jeu. Bordeaux est dans une situation plus délicate que nous.
Comment jugez-vous la saison des Girondins ?
J'avais dit que ce serait anormal qu’ils ne montent pas. On l'a vu, ils ont réussi à récupérer cette première place. Puis ils se sont déréglés, avec peut-être de la suffisance. Le chemin est encore très long. La saison n'est pas finie. Le football est fait de série. Par rapport aux CV de leurs joueurs, les Girondins doivent faire un peu mieux.
Comment stopper une série négative et retrouver la marche en avant ? Vous l'avez fait avec votre équipe cette saison.
C'est difficile à dire pour Bordeaux, et ça dépend des groupes. En général, il faut faire jouer la concurrence et mettre les joueurs sous pression. Il faut bouger les statuts. Il faut faire attention, car c'est fragile. À Bourges, l'entraineur Romain Revelli l'a bien fait en écartant 5-6 joueurs du groupe et en mettant ses soldates, puis c'est reparti. Tout entraineur a sa vérité et je ne peux pas parler à la place de Bruno Irlès. Mais il faut montrer aux joueurs qu'ils doivent aller chercher leur place dans le 11 chaque semaine.
Comment se porte la pelouse du stade de Blois ?
Elle a un peu récupéré, mais elle est bosselée. C'est très difficile de jouer dessus. Vous avez de la chance, car vous allez jouer au Stade de la Source à Orléans face à Saint-Pryvé. Vous évitez un autre stade avec une pelouse pire que la nôtre. On se bat tous les jours avec la mairie, idem pour notre terrain d'entraînement. Quand je vois les images de la pelouse d'entrainement des Girondins, ça me fait rêver. Ce n'est pas le même standing.
Au match aller, vous aviez bien muselé Andy Carroll malgré son but en fin de match, avez-vous de regretter de ne pas avoir remporté cette rencontre ?
Oui, on a eu des regrets, car nous avions été bons pendant une heure. Son but vient sur un faux rebond sur une motte. J’avais mis un plan en place avec un marquage individuel sur lui, mon défenseur mesure 1,97m. On avait peur qu'il dézone, et on avait réussi à gagner beaucoup de duels de la tête, et de gagner les seconds ballons. C'est un grand jouer qui a marqué au bon moment.
Ce choix d'entraîner en N2 est une école solide pour apprendre ce métier ?
Il y a deux options, soit on a la chance d'être adjoint en Ligue 1 et Ligue 2 ou à la formation et on attende de prendre la place d'un entraineur qui se fait remercier, mais ce n'est pas mon style. J'ai pris mon destin en main et je suis reparti d'en bas. Il y a des joueurs de grande qualité et des entraineurs avec moins de pression qu'en L1 ou L2. Ils peuvent essayer des choses tactiquement. Les équipes osent jouer. Cela permet de s'aguerrir et de rencontrer des coachs de renommée nationale pour se conforter à eux, comme avec Bruno Irlès.
Le niveau en N2 a-t-il progressé ?
C'est quasiment un niveau professionnel, on s'entraine 4 à 5 fois par semaine, on utilise la vidéo, et quasiment que des joueurs qui sortent de centre de formation. Je vois moins de choses tactiquement en Ligue 2 parfois. On le voit en Coupe de France où la N2 rivalise avec la Ligue 2. Les entraineurs ont le même niveau pour certains.
Quelle est la suite pour vous ?
Mon objectif et d'entrainer en haut et d'être préformant en sortant du lot. Il y a très peu de places, et beaucoup de candidats et se faire un CV. Je suis patient et je travaille en attendant les opportunités.
Vous avez été un joueur emblématique du CM Caen, avez-vous peur pour le club qui est dernier de Ligue 2 ?
Je vois mal comment ils peuvent s'en sortir et sont sur une spirale négative avec deux changements d'entraineur pas nécessaire pour moi. On ne sent pas une équipe qui a la mentalité de se sauver. Il joue comme s'ils jouaient une 7e ou 8e place. Il y a urgence et je vois mal comment ils peuvent redresser la barre. J'espère un déclic ou une série.
Même à Blois, nous sommes à 3 points de la 6e place, mais on est à 4 points de la relégation. Je leur parle plus de cela que des premières places. La réalité est de ne pas trainer pour prendre des points.
Vous avez souffert dans le jeu en début de saison, pourquoi ?
Nous avions une philosophie de jeu prononcée en partant de dernière, mais l'état des terrains en décembre a entrainé une cassure. On est moins régulier. J’ai des joueurs qui jouent un peu pour eux et plus pour le groupe. On est dans un club compliqué à Blois avec les plus petits salaires de la N2 et des conditions catastrophiques. Je comprends les joueurs, ce sont leurs stats qui comptent et je perds cette cohésion d'équipe. On a perdu Nagasaki qui a eu une belle offre dans le sud de la France. Mon faux départ à Martigues a aussi peut-être bouleversé les choses. On doit arriver à retrouver de la régularité.
On sent la passion sans langue de bois dans vos paroles
Même en tant que joueur, j'étais honnête dans mes propos. Le but c'est d'être soi-même et de dire ce que je pense.
Avez-vous un souvenir marquant comme joueur face aux Girondins ?
Mon souvenir marquant c'est le 5-0 face à Bordeaux avec le SM Caen (Saison 2007-2008), car Bordeaux avait une équipe de folie. Nous avions Gouffran, Grandin. Ce match nous permit d'être conformés à l'équipe des Girondins qui a été championne. Les matchs à Lescure m'ont marqué, cela a toujours été un club que j'aime depuis tout petit.
Votre effectif est composé de peu de milieux de terrains
J’ai un groupe restreint à l'entraînement avec 19 joueurs, dont 4 jeunes qui jouent en réserve. Je n'ai pas les postes doublés dans tous les secteurs de jeu. On joue souvent en 343 pour avoir seulement deux milieux de terrain. Je m'adapte en changeant mon système. J'entretiens la concurrence.
Qui jouera en attaque vendredi face à Bordeaux ?
Je ne le sais pas encore, cela dépend du système que je vais mettre en place (rire). J’ai un point fort sur le côté droit avec un latéral très offensif. Je ne peux pas tout dire et j'ai des idées. Le but est de faire mal ou ça fait mal aux Girondins. Bordeaux a encore un esprit "professionnel". Elle reste en place, et coulisse bien en attendant. Avec Bordeaux, on peut avoir beaucoup plus que le ballon que face à d'autres équipes. Il faut éviter les corners et les coups francs qui sont leurs plus grosses forces.
N.P et l'équipe du Talk.
Le podcast de cet entretien :