Foot National
·11 marzo 2025
Interview - Enzo Valentim (Paris 13 Atletico) : « Sortir du monde professionnel, c’est la chose qui m’a fait le plus de bien »

Foot National
·11 marzo 2025
Un pas en arrière pour mieux sauter. Formé au Tours FC, avec lequel il a disputé la finale de la Gambardella en 2018 puis découvert la Ligue 2, Enzo Valentim a ensuite rejoint le Stade de Reims pour signer son premier contrat professionnel. Mais s’il présente ce passage de quatre années dans la Marne comme sa « meilleure expérience », le défenseur central de 24 ans n’a jamais pu ou su s’imposer avec l’équipe première en Ligue 1. Et c’est au contraire en National 2, sous les couleurs de l’US Créteil, que le Tourangeau d’origine a insufflé un nouvel élan à sa jeune carrière. Un retour dans le monde amateur nécessaire pour l’actuel joueur du Paris 13 Atletico (National), qui évoque avec franchise les différentes étapes de son parcours. Entretien.
Enzo, comment tu te sens au moment d’entamer la dernière ligne droite de la saison de National ?
Je me sens bien parce que je joue. Comme j’enchaîne les matchs et que je fais de bonnes performances, tout le monde est content de moi. Moi aussi je suis très content de moi. Ça va super.
Tu évolues au Paris 13 Atletico depuis l’été dernier. Qu’est-ce que t’apporte aujourd’hui tes expériences en professionnel au Tours FC et au Stade de Reims ?
À Tours, j’ai directement été raccroché au monde professionnel parce que je m’entraînais souvent avec les pros. En étant jeune, ça m’a apporté une certaine expérience. Quand je m’entraînais la semaine avec les pros et que j’allais jouer avec la réserve le week-end, je « descendais » comme un professionnel. Entre guillemet, parce que je n’avais pas le contrat professionnel. Je me sentais bien parce qu’aux entraînements, je me frottais à plus fort que moi. Puis j’ai disputé deux rencontres consécutives de Ligue 2 (en avril 2018, ndlr).
La même année où vous avez atteint la finale de la Gambardella avec les U19 (défaite contre Troyes en finale) …
J’ai aussi commencé à toucher l’équipe de France. Je n’ai pas fait de grande compétition parce que j’étais souvent blessé. Je m’étais fait deux pubalgies, donc ça m’avait ralenti un peu. Après tout ça, j’ai pu signer mon premier contrat pro à Reims. Là-bas, j’ai fait quatre années professionnelles où je n’ai jamais pu jouer mais où je m’entraînais régulièrement avec les pros. C’est là où je pense avoir vraiment évolué. En tant qu’homme surtout. Je jouais beaucoup en réserve, en National 2. Je n’avais jamais touché à ce championnat. Pour ma première année à Reims, j’étais satisfait. J’ai pu faire quelques groupes en Ligue 1 par la suite, sans malheureusement pouvoir jouer. Ça m’a apporté une grande expérience. J’étais au côté de Yunis Abdelhamid par exemple. En tant qu’homme, c’est déjà quelqu’un de très passionnant à écouter et aussi à voir jouer. Ma meilleure expérience est à Reims. J’ai passé quatre ans assez exceptionnels. J’ai vécu que des bons moments, même si je n’ai pas forcément joué.
Pourquoi ne pas avoir poursuivi là-bas en 2022 ?
Après mes quatre ans, le club m’avait proposé une prolongation de trois ans. Un côté de moi me disait de signer, parce que j’allais encore être intégré à un groupe pro mais je savais que je n’allais pas forcément jouer. Et en tant que jeune joueur, je n’avais qu’une envie c’était de jouer. À côté de ça, j’étais malheureusement accompagné de gens qui me promettaient des beaux contrats en Ligue 2 ou en National. Sauf que pas du tout.
Et tu as donc rejoint l’US Créteil en National 2.
Oui, et ça s’est bien passé. Ça aurait pu mieux se passer parce qu’avec toutes les infrastructures et le groupe qu’on avait, on aurait pu et on aurait dû monter en National. Mais malheureusement, nous n’avons pas réussi.
Mais le National, tu l’as découvert cette saison avec le Paris 13 Atletico donc …
Oui car après Créteil, je me suis dit que je voulais tenter d’aller plus haut. J’étais plutôt sûr de mes qualités mais je voulais que tout le monde voie que je pouvais jouer plus haut. J’ai quand même fait six ans en National 2. Les gens pouvaient se dire que j’étais un bon joueur pour ce championnat mais se demander si j’avais le niveau pour l’étage au-dessus. C’est compréhensible. C’est pour ça que je me suis engagé avec DK SPORT CONSEIL. Ils m’apportent beaucoup de professionnalisme dans ma pratique, que ce soit bien ou mauvais ils me le disent, c’est ce que j’apprécie. C’est quelque chose qui me fallait dès le début, parce que d’entendre « oui c’est bien », « tu fais tout bien » … À force, je me reposais sur mes acquis. Je te donne un exemple : à Reims, j’avais pris un petit peu de poids et c’est peut-être pour ça que je n'ai pas pu m’imposer en tant que titulaire en Ligue 1.
Signer au Paris 13, c’était donc une manière de prouver que tu étais capable de t’imposer en National ?
On a ambitionné le championnat de National pour montrer de quoi j’étais capable, pour prouver et tenter de viser plus haut, oui. En signant au Paris 13, je m’étais fixé un premier petit objectif, à savoir jouer le plus de matchs possibles. L’autre objectif, c’était de devenir encore plus professionnel. Si je devais arriver avant tout le monde aux entraînements pour travailler sur mes défauts, il fallait que j’arrive avant tout le monde pour travailler sur mes défauts. Durant mes quatre ans à Reims et mes deux ans à Créteil, on m’a souvent reproché d’être beaucoup trop gentil. Je savais que le National était un championnat très relevé avec de grands clubs. J’ai commencé le premier match de la saison en tant que remplaçant. Je me suis dit que c’était le moment ou jamais, qu’il fallait que je montre que j’étais un vrai défenseur. Avec le travail que j’ai réussi à mettre en place en compagnie de Yoann, je pense que je suis devenu un vrai défenseur.
À Tours et Reims, tu estimes avoir manqué de professionnalisme ?
C’est ça ! Instinctivement, quand je signe mon premier contrat professionnel, je me dis que j’ai réussi. Alors que pas du tout. C’est à ce moment-là que tu dois intensifier ton travail.
Après ces deux expériences, c’était nécessaire selon toi de sortir du sentier professionnel ?
De sortir du monde professionnel, je pense que c’est la chose qui m’a fait le plus de bien. Quand j’avais besoin de quelque chose à Reims, on me le donnait. Je te donne un exemple : si je voulais une bouteille d’eau, je n’avais qu’à demander à l’intendant pour en avoir une. En venant à Créteil, et même si on avait un intendant aussi, c’était plus à moi d’aller chercher les choses dont j’avais besoin. Si je voulais réussir, c’était à moi d’aller chercher les choses.
Dans ces moments-là, l’entourage a un rôle primordial ?
J’ai signé avec l'agence lors de ma deuxième année à Créteil. La première chose qu’il m’a dit, je m’en souviens encore : « Tu es un très bon joueur mais tu n’es pas un très bon défenseur. Il va falloir que tu deviennes un très bon défenseur pour être un très très très bon joueur. » C’est une phrase qui m’a touché, même si je ne voyais pas forcément où il voulait en venir. Il m’a également dit que je pouvais encore gérer en National 2 avec les kilos que j’avais un peu en trop, mais que si j’allais en Ligue 1 tout de suite et que j’avais Mbappé devant moi qui se retournait pour accélérer, je ne pourrais pas le suivre. La personne qui m’a aussi fait grandir et qui a apporté beaucoup de bien en moi, c’est ma femme. Sur les repas par exemple, j’adore faire la cuisine. Mais il y a faire la cuisine et faire la cuisine (sourire). Quand je vais faire un steak, je vais mettre énormément d’huile. Quand c’est elle qui s’en occupe en revanche, elle me dit : « Je ne vais pas mettre d’huile sinon tu vas prendre deux kilos. » Ce sont des petits détails au quotidien mais qui font énormément la différence.
Aujourd’hui, tu t’estimes être dans la bonne direction ?
Exactement. En revenant dans le monde amateur, ça m’a fait passer un cap. J’étais tellement bien dans le monde professionnel que j’aimerai bien y retourner tout en gardant le professionnalisme que j’ai acquis dans le monde amateur.
Tu as été remplaçant lors du premier match, avant de t’imposer comme un titulaire en défense centrale.
Déjà, d’avoir la confiance du coach et de l’équipe, ça fait énormément de bien au mental. Puis de voir qu’on me rend le travail effectué à côté à travers cette confiance, je ne peux que me sentir bien. Et quand je rentre dans l’équipe (en début de saison, ndlr), on commence à faire quelques résultats, ça me donne encore plus de confiance. Je me dis que je ne fais pas tout ce travail pour rien. Je sais qu’à un moment, ça va payer.
Quelle place possède-tu dans le vestiaire ?
Je n’ai pas forcément une position de cadre ni de jeune. S’il faut prendre la parole, je la prendrai. Je ne suis pas la première personne à parler dans le vestiaire mais je sais que je ne serai pas la dernière. Je me dis qu’il y a beaucoup d’anciens dans notre effectif qui sont plus légitimes à parler à ma place que moi.
Tu es également capable de dépanner en tant qu’arrière-droit, voire comme milieu défensif. Développer cette polyvalence, c’est un objectif pour toi ?
Je sais que je peux dépanner n’importe où j’en suis capable. Ça ne me dérange en aucun problème. Mais d’un autre côté, je me dis qu’il faut que je sois vraiment fort sur un poste pour m’y installer et le travailler. Je me souviens aussi d’une phrase qu’on m’avait dit : que c’était souvent les polyvalents qui sortent plus vite de l’effectif. Je garde en tête que je suis polyvalent mais dans un premier temps, j’aimerai rester sur mes axes de progression en tant que défenseur central et pouvoir travailler sur ce poste pour être le plus performant possible.
As-tu une référence au poste de défenseur central ?
J’en ai une, c’est Sergio Ramos. Je suis pourtant à l’opposé de lui mais j’adore ce joueur. On voit qu’un défenseur peut être à l’aise techniquement et en même temps être un chien sur le terrain, être dur sur l’homme. Moi, je me dis que je suis bien techniquement mais que sur l’homme, je pourrais faire mieux. J’essaye de m’inspirer des plus grands pour y arriver.
Pourtant, tu es présenté comme un défenseur avec un profil de costaud …
Justement, vu que je suis grand et costaud, je pourrais et devrais être encore meilleur. Mais aussi être plus décisif sur les coups de pied arrêtés, bien défendre, être efficace dans la surface, …
Comment sens-tu le groupe dans cette dernière ligne droite dans laquelle il est engagé dans la course au maintien ?
Quand on a fait notre série, nous étions très bien (7 matchs consécutifs sans défaite entre mi-décembre et fin février, ndlr). On se disait qu’il fallait continuer. Mais le match qui nous a fait le plus de mal, je pense que c’est Dijon (le 14 février). On fait 0-0 alors qu’on doit gagner le match, on loupe notamment un penalty. Derrière, on enchaîne par une défaite 3-1 contre Boulogne-sur-Mer. On s’est dit qu’il fallait revenir les pieds sur terre et qu’il fallait assurer le maintien impérativement. Dans l’effectif, on a un groupe qui vit super bien et qui est dans la même optique : se maintenir. On ne pense qu’à ça.
Et ton avenir personnel, comment tu le vois ?
Dans un premier temps, j’ai envie de bien finir la saison. De faire le plus de matchs possibles. Et dans un second temps, je n’ai pas envie de gravir trop vite les échelons. Si je dois continuer en National, tant mieux. Et si je dois aller jouer en Ligue 2, tant mieux aussi. Mais je n’ai pas envie de me dire : « Enzo, il faut impérativement que tu ailles en Ligue 2 » pour au final gravir trop vite les échelons.
L’étranger, ça te tenterait ?
Je suis ouvert à tout. Comme je t’ai dit, j’ai énormément pris en maturité. Tu m’aurais posé la question à la sortie de mon expérience à Reims, je t’aurais répondu « pas forcément, pas tout de suite. » Parce qu’il y a la barrière de la langue, la famille qui sera loin, etc … Mais aujourd’hui, pourquoi pas ? Et pourquoi dire non ? C’est peut-être à l’étranger que je vais tout exploser, tout simplement.
Pour terminer, as-tu un mot pour supporters du Tours FC, ton club formateur, qui a récemment vécu une liquidation judiciaire ?
Ça restera tout simplement mon club de cœur. C’est ma ville, c’est chez moi. Ça fait toujours mal au cœur de voir ça. Mais je suis sûr que tous les supporters et toutes les personnes qui adorent ce club vont réussir à refaire quelque chose de bien, et pourquoi pas l’amener encore au plus haut niveau.
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