
ASM-SUPPORTERS.FR
·28 aprile 2025
La commercialisation extrême du football : jusqu’où les supporters suivront-ils?

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·28 aprile 2025
Autrefois, un ballon, deux buts et un peu de boue suffisaient. Aujourd’hui, il faut des abonnements de streaming, des logos de sponsors surdimensionnés et des pauses publicitaires à la mi-temps, comme s’il s’agissait d’un Superbowl. Le football moderne s’est transformé, passant d’une expérience communautaire chargée d’émotion à une industrie pesant plusieurs milliards.
Le jeu est resté le même, mais tout ce qui l’entoure a radicalement changé. Et au milieu de tout cela, les fans se demandent jusqu’à quel point la passion peut supporter le commerce.
Il était une fois un club pour lequel les armoiries étaient plus importantes que la stratégie de marque. Cette époque est révolue, les projecteurs et le vernis ont disparu. L’identité a cédé la place à l’image, et les tribunes sont devenues un groupe cible. Quand le stade porte soudain le nom d’un opérateur de téléphonie mobile, que le club présente chaque année un nouveau design de maillot et que les actions de relations publiques sont plus applaudies qu’un une-deux bien joué, même les plus fidèles des supporters se posent des questions. Mais les clubs sont dépendants des sponsors, car ils sont contraints de suivre le rythme international. Ces dernières années, outre les recettes publicitaires, ce sont surtout les entreprises du secteur des jeux de hasard qui cherchent à promouvoir, par exemple, le casino baccarat et qui voient dans les clubs de football des supports publicitaires idéaux.
Les rituels qui constituaient autrefois le cœur de la culture des supporters, les chorégraphies, les bannières, les chants, sont de plus en plus considérés comme des facteurs perturbateurs dans le divertissement lissé. Alors que dans les loges VIP, le verre de champagne tinte, il n’est pas rare que les supporters debout regrettent les racines du club. Le lien émotionnel menace de s’éroder.
Autrefois, le match du week-end était un plaisir accessible à tous. Aujourd’hui, il s’apparente financièrement à de courtes vacances. Les prix des billets grimpent en flèche et ceux qui n’ont pas souscrit d’abonnement auprès de l’un des services de streaming se retrouvent devant leur téléviseur ou ne regardent pas le match. En France, la plus haute division est désormais répartie entre plusieurs fournisseurs. Les détenteurs de droits changent régulièrement, tandis que les spectateurs en supportent les coûts.
Celui qui se hisse au sommet grâce à ses succès sportifs veut aussi réussir financièrement. Mais la réalité de la Ligue 1 française est tout autre. Alors que les grands clubs peuvent s’attendre à de gros contrats avec les chaînes de télévision, les promus ou les petits clubs traditionnels n’ont souvent que des miettes. Au cours d’une saison, un grand club a reçu près de quatre fois plus d’argent que le promu de l’époque. Même ligue, chances totalement inégales.
Ce déséquilibre ne se limite pas à des chiffres sur le papier. Il a des répercussions sur les centres d’entraînement, l’équipement médical, le travail avec les jeunes et, en fin de compte, sur la qualité de l’équipe. Il en résulte une course sportive avec des chaussures de course inégales. Alors que les uns se couvrent de renforts à coups de millions, les autres doivent se demander s’ils vont réparer la tondeuse à gazon ou engager un remplaçant.
Les sponsors et les partenaires médiatiques se concentrent de toute façon sur les clubs qui ont un rayonnement international. Ceux qui n’ont pas de facteur glamour se retrouvent rapidement dans l’insignifiance médiatique. Pour les petits clubs, l’air se raréfie, économiquement mais aussi émotionnellement.
Un coup d’œil sur la structure de propriété de nombreux clubs révèle une nouvelle réalité. Les clubs de football ne sont plus depuis longtemps des organisations à but non lucratif, mais des entreprises avec des attentes de la part des investisseurs. En France, ce modèle s’est solidement établi. Des fonds souverains, des investisseurs américains et des holdings internationaux dirigent aujourd’hui le destin de certains clubs.
Ces structures apportent de l’argent et des objectifs. Les décisions sportives sont souvent influencées par des intérêts économiques. Les entraîneurs doivent non seulement gagner, mais aussi être médiatiques, avoir une bonne image à l’international et, de préférence, un charisme de superstar. Le club devient une scène, le jeu un format. Il s’agit de créer une marque, d’atteindre un public plus large et d’augmenter les parts de marché.
Un club de la capitale pousse ce principe à l’extrême. Le club ne se présente plus seulement comme une équipe, mais comme une marque mondiale de la culture pop. Les frontières entre le shooting de mode et le clip vidéo s’estompent.
Aucun autre pays européen ne montre aussi clairement à quel point la commercialisation est déjà ancrée dans le football. Les clubs dépendent financièrement des recettes publicitaires, qui représentent parfois plus de 70 % de leur budget. Cette dépendance extrême fragilise l’ensemble du fonctionnement de la ligue. Lorsqu’un distributeur de droits espagnol n’a pas respecté ses contrats, des trous financiers béants se sont soudainement ouverts. Conséquence : plans de crise à court terme, ventes de joueurs, fonctionnement d’urgence.
Dans le même temps, les relations entre les supporters et les clubs se sont nettement refroidies. Les ultras, qui étaient autrefois le cœur et la voix des stades, se sentent de plus en plus marginalisés. Ces dernières années, les restrictions imposées par l’État se sont multipliées.
Interdiction de se rendre dans les stades adverses, obligation de respecter certaines règles pour les chorégraphies, présence massive de la police : ce qui a commencé comme une mesure de sécurité apparaît à beaucoup comme une mise sous tutelle.
Il y a de l’agitation. Dans les forums, les bars de supporters et les virages, on ne se contente pas de discuter, on proteste aussi. La patience a des limites et les premières fissures apparaissent. Le nombre de spectateurs stagne ou diminue, même dans les clubs qui réussissent sur le plan sportif. L’euphorie n’a pas disparu, mais elle devient plus sélective. Ceux qui ne se sentent plus entendus en tirent les conséquences.