Le Petit Lillois
·29 de janeiro de 2025
Le Petit Lillois
·29 de janeiro de 2025
Le LOSC reçoit le Feyenoord Rotterdam ce mercredi (21h) à l’occasion de la huitième et dernière journée journée de phase de ligue de la Ligue des Champions. À cette occasion, Le Petit Lillois a retrouvé Enzo Pailot (alias Box to Box sur Youtube), spécialiste du football néerlandais, afin de nous projeter sur le duel à venir.
Comment se déroule la saison du Feyenoord Rotterdam ?
Il faut se souvenir que la saison dernière, le Feyenoord était dirigé par Arne Slot, qui fait aujourd’hui des merveilles à Liverpool. Son successeur se nomme Brian Priske et il vient du Sparta Prague. Il y faisait du bon travail, mais c’est plus compliqué depuis son arrivée. Le Feyenoord est quatrième du championnat, ce qui n’est pas catastrophique sur le papier, mais qui est déjà largué dans la course au titre alors que ses concurrents ne sont pas aussi impériaux que la saison passée. Même Utrecht, qui n’est pas censé se mêler à cette lutte, devance le Feyenoord. Ce qui rend les résultats d’autant plus décevants, c’est que la direction du club avait bloqué le départ de certains cadres l’été dernier pour que Brian Priske puisse performer suite au départ d’Arne Slot. Santiago Gimenez, qui est très suivi, est toujours au club, comme David Hancko, qui est le meilleur défenseur des Pays-Bas.
Le souci, c’est que c’est poussif dans le jeu, notamment face à des équipes théoriquement inférieures. On a vu très récemment que le Feyenoord a su performer contre le Bayern (3-0). C’est parce que c’est une équipe qui lui convient, qui prend le jeu à son compte et permet à Feyenoord de pouvoir s’exprimer dans un jeu de transition. Quand le Feyenoord doit faire le jeu, c’est beaucoup plus compliqué. Le jeu de position de Brian Priske est bien moins clair, bien moins établi que celui d’Arne Slot. On peut le voir sur plein de petits matchs. On l’a vu avant le Bayern, avec un match nul contre Willem II alors qu’il n’est pas censé y avoir match. Plein de points ont été perdus de cette façon, face à des équipes jugées inférieures. Quand le Feyenoord a gagné, ce n’est jamais flamboyant et le jeu est assez imprévisible avec ballon. Il y a des difficultés défensives également, notamment dans la gestion de la profondeur.
Il ne faut pas se laisser aveugler par la victoire contre le Bayern, qui a été acquise dans un contexte tactique qui leur plaît. Et puis, en voyant les statistiques, c’est un résultat qui n’était pas vraiment mérité. Le Bayern a été totalement inefficace.
Il faut donc relativiser l’exploit réalisé contre le Bayern ?
Pour le coup, ce match, c’est sans aucun doute l’un des meilleurs du Feyenoord de la saison et ça, c’est aussi parce qu’il est enjolivé par cette efficacité maximale et le manque de réussite adverse. Il ne faut pas dire que tout s’est joué à la baraka, parce que le jeu de transition était quand même très solide, mais le Bayern était largement supérieur et aurait dû l’emporter. Après, cela prouve tout de même la capacité du Feyenoord à subir, ce qui explique les bons résultats engrangés en Ligue des Champions.
La dynamique en Ligue des Champions est nettement plus positive, que retiennent-ils aux Pays-Bas ?
C’est assez difficile à décrire, parce que le jeu est loin d’être enivrant. Il y a des doutes sur le fait que le Feyenoord peut viser plus haut qu’un seizième de finale. Là, le parcours est très bon, il y a quelques matchs marquants à l’image du Bayern, mais est-ce que cette équipe a véritablement les capacités d’aller plus loin au vu de ce qui est proposé ? C’est une vraie question.
Par exemple, si l’on compare au LOSC. Le LOSC a eu un parcours très relevé et a prouvé, durant celui-ci, qu’il était capable, pas seulement par la réussite mais également de ce qui était proposé dans le jeu, d’embêter les grosses équipes. Le Feyenoord, c’est beaucoup moins clair. Le parcours est donc plutôt loué, mais paraît être un trompe l’œil vis-à-vis de tout ce que l’on peut observer chaque semaine aux Pays-Bas en championnat. Une équipe comme le PSV, qui a un moins bon classement, a peut-être plus de qualités pour espérer vivre une épopée alors que le Feyenoord a de vraies limites.
Si on se concentre sur les individualités, quels sont les joueurs dont le LOSC devrait se méfier ?
Le joueur dont il faut absolument se méfier, c’est Santiago Gimenez. Il a collé deux buts au Bayern et c’est toujours le meilleur joueur de cette équipe, et d’assez loin. C’est un numéro 9 qui est très complet, suivi par les plus grands clubs. Il est capable de jouer en remise, d’être bon dos au jeu, capable de prendre la profondeur… C’est un très bon finisseur également et il se déplace très bien. Il va vraiment falloir que les Lillois soient vigilants parce que dans la surface, il fait déjà partie des meilleurs à l’heure actuelle.
Défensivement, le patron se nomme David Hancko. Sans lui, la défense du Feyenoord serait en grandes difficultés. C’est un défenseur très moderne, qui va sûrement rejoindre un cador l’été prochain. Il est très intelligent dans son jeu, bon à la relance également. Et puis, il y a les ailiers avec Anis Hadj Moussa, que les supporters connaissent un peu aujourd’hui.
S’il faut le présenter, c’est un joueur similaire à Edon Zhegrova, même s’il est moins athlétique. Il est très vif, très dribbleur, très percutant. Il a un bon pied droit également, ce qui le rend un peu plus imprévisible dans ses dribbles. Il sort un petit peu de nulle part. Il n’était pas si connu que ça l’été dernier, mais là, il va sûrement partir cet hiver ou l’été prochain.
J’en profite. Pour toi, cette éclosion soudaine pourrait-elle être un feu de paille et, serait-ce une bonne pioche pour le LOSC ?
Pour moi, c’est soudain mais pas sans lendemain parce que l’on est sur un joueur qui a prouvé dans différents contextes. La saison dernière, il était prêté par un club belge au Vitesse Arnhem, un club qui a été administrativement et sportivement. C’était très compliqué, l’un des plus mauvais clubs d’Eredivisie la saison dernière. Et lui, quand il est arrivé à l’hiver, il a brillé dans un contexte très compliqué, une équipe qui était dominée. Il continue sur sa lancée au Feyenoord, franchit les étapes une à une. Il a mis un peu de temps à s’imposer cette saison, il a dû batailler, mais il a prouvé qu’il pouvait également briller dans une équipe plus dominante, face à des équipes plus retranchées. Il montre qu’il est encore dimensionné pour franchir un cap.
Ce serait un excellent coup pour le LOSC puisqu’honnêtement, je le voyais intégrer un club plus huppé que le LOSC en cas de départ. Je l’imaginais plutôt dans les grands clubs allemands, bien établis en Ligue des Champions. Pour le LOSC, ce serait un excellent coup. J’aurais d’ailleurs hâte de voir la concurrence avec Zhegrova.
Si on se projette sur le match, vois-tu le LOSC comme une équipe au style de jeu tel que celui du Bayern, et donc il faut avoir peur, ou se rapprochant plutôt de Willem II et il faut être rassuré ?
(rire). Je ne sais pas si on peut comparer Lille à l’une de ces deux équipes. Je pense quand même que le LOSC se voudra dominant, comme c’est souvent le cas à domicile, ce qui pourrait arranger le Feyenoord. Mais ce ne sera pas dans les mêmes proportions que le Bayern. S’il fallait décrire le rapport de force, je mettrais le LOSC un poil au-dessus du Feyenoord. Le LOSC a plus de certitudes dans le jeu, propose quelque chose de plus concret footballistiquement parlant. Il a aussi l’avantage de jouer à domicile. Aujourd’hui, le Feyenoord est une équipe un cran en dessous dans tous les domaines. Il faudra évidemment se méfier, puisque c’est une équipe qui peut être très forte en transition. Si elle se contente de ce schéma et d’attendre bas, cela pourrait être bien plus compliqué pour le LOSC qui a eu des difficultés contre Strasbourg le week-end dernier. Cela pourrait porter préjudice, même si le LOSC est un grand au-dessus pour moi.
C’est un match de ce genre que tu imagines ? Une équipe de Feyenoord dans l’attente qui n’hésitera pas à se projeter ?
On pourrait imaginer ça comme ça : un jeu de transition contre un jeu de possession. Le truc, c’est que Brian Priske est, malgré la dynamique et le résultat face au Bayern, un coach qui a l’ambition d’être protagoniste et de faire le jeu. Bon, cela ne se passe pas très bien et sans une victoire contre le Bayern il aurait peut-être été limogé, mais ce sera intéressant de voir quels seront ses choix. Cela donnera beaucoup d’indications sur le déroulé du match. C’est difficile d’anticiper. Mais s’il s’inspire de la victoire empochée sur le Bayern, il sera normalement un peu plus défensif que le LOSC.
Quel joueur de Lille, à tes yeux, pourrait faire la différence dans ce match, ou du moins aura un rôle clef ?
J’aurais bien aimé pouvoir te parler d’un Matias Fernandez-Pardo, mais il n’est malheureusement pas disponible. Je pense que la charnière centrale, que ce soit Alexsandro ou (Bafodé) Diakité, aura un sacré challenge avec Santiago Gimenez. C’est un peu sur lui que repose l’efficacité offensive et l’animation offensive de cette équipe. Je pense aussi que les deux ailiers auront une grosse importance à Lille parce que les deux latéraux titulaires sont blessés à Feyenoord et les remplaçants ne sont clairement pas au même niveau, notamment à droite. C’est le maillon faible de mon point de vue.
Comment voit-on cette rencontre aux Pays-Bas ?
On est assez curieux, puisque l’on se dit qu’il y a toujours cette possibilité d’aller accrocher un Top 8. Le LOSC n’est pas un géant et on se dit que la victoire du Feyenoord n’est pas un résultat totalement improbable. On l’attend un peu de la même manière qu’en France, espérant qu’un de ses clubs puisse atteindre directement les huitièmes de finale alors que ce n’était pas attendu. C’est un match très important au pays, d’autant plus que le PSV ne joue pas grand-chose lors de cette dernière journée. Tous les regards, aux Pays-Bas, sont tournés vers ce match.
Enfin, quel serait ton pronostic ?
C’est assez difficile à dire. Je vais rester sur ma lignée en disant que le LOSC est un poil favori. Je dirais donc une victoire deux buts à un pour le LOSC, même si c’est difficile à prédire. Cela dépendra de la volonté du Feyenoord.
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