[Interview Girondins4Ever] Patrick Olive (Saumur) : « Je suis très agréablement surpris, et de leurs qualités, et de leur régularité par rapport à Saint-Malo » | OneFootball

Avant la rencontre entre les Girondins de Bordeaux et celui de l’Olympique Saumur, comptant pour la 21ème journée du championnat de National 2, nous nous sommes entretenus avec Patrick Olive, entraîneur de cette équipe. Un nouvel échange très agréable avec une personne qui aime le football et qui découvre le National 2 en tant qu’entraîneur principal d’une équipe. Nous avons évoqué avec lui son premier bilan, le match aller, le match à venir, la saison de Saumur, le duel Wail Bouhoutt / Andy Carroll et ce sprint final.

Vous nous disiez au match aller que c’était votre première expérience en National 2 en tant que coach principal. Quel bilan tirez-vous pour cette première à ce stade de la compétition ?

C’est un championnat que je connaissais, mais de le vivre c’est autre chose. C’est très éprouvant, il n’y a que des gros adversaires, que des staffs bien préparés, des belles équipes. Donc chaque match se joue à pas grand-chose. C’est à la fois super excitant et plaisant à préparer, à vivre, mais aussi fatiguant parce qu’on est toujours pris par les émotions des victoires, des défaites, du classement. La saison est longue avec seize équipes. C’est une superbe expérience, je suis très content de la vivre et très content aussi qu’on arrive aussi à vivre malgré tout.

Votre début de saison était bien lancé et à l’approche de ce match retour vous êtes en 13ème position. Que s’est-il passé entre les deux rencontres ?

Comme pour le match de Bordeaux à l’aller, où on fait plutôt une belle prestation puis on perd deux à un au final… On a enchaîné quelques matchs comme ça où on n’était pas loin à chaque fois, en faisant des bons matchs, mais ça ne tournait pas du bon côté. Puis derrière, quand il y a cette non-réussite, la confiance s’en mêle et on a du mal à remettre des choses positives et avoir de la réussite. Donc il faut avoir un gros mental, une grosse solidarité. On a été éprouvés par rapport à ça. Je trouve qu’on n’a pas lâché, qu’on s’en sort bien et qu’on est encore là. Donc on a réussi à relever la tête et maintenant on est dans le sprint final pour rester en National 2. Il y a eu cette longue période… J’ai le souvenir que la bascule c’est ce match à Avranches où on mène 2-1 à cinq minutes de la fin, et on perd 3-2. On a senti que moralement on avait été un peu touchés. Derrière on a eu cet enchaînement de matchs qui était correct mais sans la réussite.

Lors du match aller, vous aviez réalisé une belle prestation et Bordeaux avait eu du mal, pour finalement s’imposer 2-1 avec un doublé d’Andy Carroll. Qu’avait-il manqué à vos joueurs sur cette rencontre ?

On s’était créés pas mal de situations. De ne pas avoir eu la réussite sur des moments clés, qui nous aurait fait basculer devant. On revient à un quart d’heure de la fin et on se dit qu’un nul serait un bon résultat mais qu’on est aussi capable de gagner. Au final, il y a Andy Carroll qui était en feu ce jour-là et qui fait la différence sur un long ballon aérien. Donc c’est vrai qu’on n’a pas réussi à le contenir dans le jeu aérien alors qu’on avait plutôt bien réussi à cadrer le jeu des bordelais. Donc il n’a pas manqué grand-chose mais on a vu la différence avec un joueur de haut niveau et il faut trouver des astuces pour le contrecarrer (sourire).

Photo EJ_Digitale

Vous sortez d’une lourde défaite 6-0 aux Herbiers lors d’un match en retard disputé le week-end dernier. Que s’est-il passé ? Un accident de parcours comme ça peut arriver ?

On le saura dans les matchs qui arrivent si c’était un accident de parcours. Je le pense parce que c’était une semaine où on avait enchaîné trois matchs, ce qui n’est pas habituel. On a beaucoup donné sur le match du samedi précédent contre Bourges. On perd un à zéro dans un match très serré où on y croit jusqu’au bout. On enchaîne le mercredi contre La Roche, qui est dans les mêmes eaux que nous au classement. On fait un match avec une grosse intensité et une victoire un à zéro. Puis j’espérais que sur l’euphorie et la confiance on puisse enchaîner aux Herbiers mais on était cuits. Les Herbiers ont été cliniques, pleins de réussite. C’est un match qui n’a vraiment pas tourné dans notre sens, on prend un but à la première minute. On prend un deuxième but extraordinaire, une frappe de 25 mètres sous la barre. On frappe deux fois les montants, il n’y a rien qui allait. Au final on prend un score qui est lourd, qui est vexant, mais ça allait trop vite pour nous ce jour-là. On n’était pas prêts physiquement, dû à l’enchaînement des matchs notamment, même mentalement parce que ça avait été éprouvant. Donc il faut se remettre maintenant en condition physique et morale. Autant on est vexés d’avoir perdu sur ce score-là, autant ça ne change rien à notre objectif de fin de saison et ça ne va pas nous atteindre moralement plus que ça.

Vous voilà bientôt au Stade Matmut Atlantique, dans une grande enceinte et devant un public nombreux. Est-ce un point positif pour vos joueurs avec la motivation que ça engendre, mais en même temps une peur de les voir impressionnés par le contexte plus que l’enjeu ?

Il ne faudra surtout pas ça, surtout pas être impressionné. Il faudra apprécier le moment. Ce n’est pas si courant que ça de jouer dans un stade de cette envergure avec un public aussi nombreux et aussi fervent. Donc il faut en profiter mais à condition de faire un vrai match de foot et puis on a besoin de points. Il faut essayer à la fois d’apprécier mais aussi d’être très concentrés sur notre sujet et d’aller faire notre match pour aller chercher ce dont on a besoin.

Dans vos rangs vous avez sans doute l’un des meilleurs joueurs, voire le meilleur joueur de la poule en la personne de Wail Bouhoutt. Pouvez-vous nous présenter ce buteur ?

Wail, je suis arrivé au club mais je le connaissais un petit peu parce qu’il vit sur Le Mans et j’étais sur Le Mans pendant quelques années, donc on avait des connaissances communes, etc… C’est un joueur très généreux dans la vie, une personne très généreuse dans la vie. Sur le terrain il l’est aussi mais il est mauvais perdant donc quand ça ne tourne pas comme il le veut, parfois il peut être un peu déstabilisant (sourire). En tout cas c’est un guerrier, il court partout, il se bat. C’est un joueur capable de faire basculer des rencontres dans le bon sens. C’est un joueur qui a un profil très créatif, puissant, pas très grand mais qui tient bien sur ses pattes, qui est capable de marquer de loin, d’avoir des gestes imprévus. Un joueur complet ? Ouais, ouais je pense. Il peut jouer dans le milieu, il peut jouer sur les côtés, il peut jouer un peu partout. Donc il est difficile à lire et à défendre pour les adversaires. Après, il faut qu’on l’ait dans des bonnes dispositions mentales et c’est vrai que quand il est en confiance et que la connexion se fait bien avec ses coéquipiers, il est difficile de bien défendre sur lui.

Photo EJ_Digitale

Si vous deviez faire la comparaison entre votre joueur et Andy Carroll, que diriez-vous ?

C’est différent… Ce sont deux profils différents mais qui pourraient être complémentaires (sourire). Andy Carroll a mis une dynamique au niveau de l’exigence, une mentalité tout de suite après son arrivée et puis de l’espoir chez tout le monde autour du club. Un joueur de ce calibre-là qui vient jouer pour les Girondins en National 2, ça donne tout de suite une dynamique. Puis il a tout de suite marqué des buts, il a fait gagner l’équipe. Donc la comparaison, il n’y en a pas. Wail, ça fait des années qu’il est à Saumur, qu’il est dans les meilleurs buteurs du National 2. Il a connu plus haut mais à l’étranger. Ils sont tous deux très importants parce qu’ils sont à la conclusion des actions de leurs équipes, mais avec des styles qui sont complètement différents.

Les Girondins sont en train de douter après deux défaites de suite. A quel type de match vous attendez-vous samedi ?

Je m’attends à une équipe qui revient dans son stade après deux défaites à l’extérieur et qui veut reprendre la place de leader certainement. Ça dépendra aussi de Saint-Malo du coup. Mais en tout cas à domicile ils n’ont pas le choix. Il faut qu’ils fassent une grosse entame, qu’ils mettent une grosse pression et qu’ils gagnent ce match-là. Donc je m’attends à une équipe surmotivée. Ce qui aurait pu être à notre avantage c’est qu’ils soient sur une dynamique inverse, où ils sont en excès de confiance, mais ce ne sera pas le cas (sourire). Donc il faut qu’on soit préparés à ça.

Dans cette fin de championnat, on semble se diriger vers un duel entre Saint-Malo et Bordeaux pour la montée en National. Selon vous, quelle équipe tiendra la pression pour terminer à cette première place ? A moins que Saint-Pryvé ou Les Herbiers viennent se mêler à la lutte ?

La logique voudrait que ce soit Bordeaux. Après, je suis très agréablement surpris, et de leurs qualités, et de leur régularité par rapport à Saint-Malo. Surpris, parce que c’est très difficile d’être premier toute une saison, mais pas du tout par rapport à leurs qualités. C’est un adversaire qui a vraiment été très bon contre nous, qui a maîtrisé beaucoup de choses et qui dégage beaucoup de sérénité, de force collective. Saint-Malo s’est du coup remis en ordre et peut y aller, Bordeaux est capable d’y aller. Et pour la petite surprise, on n’était peut-être pas dans nos meilleures dispositions mais Les Herbiers m’ont quand même fait une grosse impression. Ils ont un peu de retard mais bon, on ne sait jamais. S’il doit y avoir une surprise ce sera peut-être eux.

Un grand merci à Patrick Olive pour sa disponibilité et sa bienveillance à l’égard du club.

@Snakill